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Nous ne sommes jamais seuls.
On a tous un phare qui nous attend quelque part.
Afficher en entierJ’ai toujours été dégoûté par la beauté pure, celle qu’on voit dans les magazines, à la télé, au cinéma. Celle qui fait se retourner l’estomac, les jeunes filles, les jeunes hommes, qui fait crier et pleurer. Celle qu’on adule. Peut-être que j’en étais jaloux, je ne sais pas. Deviner les méandres de mon esprit ravagé d’eau salée et piquante n’a jamais été chose aisée. Mais il y avait dans cette sublimité qui ne me touchait pas la ferveur invisible et presque romanesque d’un autre être de grâce. Par le mépris qu’elle m’inspirait, elle me faisait voir autre chose. Là où les gens observent des défauts, mon cœur palpite. Et ça a toujours été le cas avec Zadig. Si les gens entendent en son prénom des consonances obscures et risibles, il est comme les alizés, polis et délicats, qui surfent sur la pointe des vagues. Si les gens trouvent à redire de ses dents de travers, de ses oreilles quelque peu décollées, elles se conforment dans mon esprit comme une unique peinture de couleur sur un mur gris. Les petites taches de rousseur sur son nez me rappellent un champ de jachère surplombé çà et là de fleurs baignant au soleil.
Afficher en entierTout mon être n'est qu'un océan de rêves et de désespoir. Il y a, en mon cœur, des torrents et des vagues, au milieu des remous et des marées, l'eau agitée qui jamais ne se repose. Comme un tourbillon, elle ressasse les mêmes pensées intimes, caverneuses, et aussi noires que le fond de mon âme.
Afficher en entierPleurer, pour moi, a toujours été gage de sentiment, et de vulnérabilité. J'ai toujours vu dans mes larmes l'expression de ma honte et de ma faiblesse, mais aussi, tout l'astre du sensible. Les larmes sont les témoins de nos émotions, elles ne devraient pas être à blâmer, mais les expériences, et toutes ces fois où elles ont coulé et qu'elles m'ont humilié, ont eu raison de ma croyance naïve.
Afficher en entierLorsque j’ouvre de nouveau les yeux, la lumière est toujours allumée et mes rétines s’y habituent. Le gris anthracite des murs contraste avec les couleurs vives des meubles, et les battements de mon cœur se calment en apercevant le désordre dans cette chambre d’adolescent.
Pourtant, aucune des choses qui se trouvent dans cette pièce ne m’a jamais appartenu. Ni les posters, les livres, la batte de base-ball, les chaussures abandonnées près de la porte, les jaquettes de jeux vidéo, les draps dans lesquels je me trouve.
Ni ce corps.
Je baisse les yeux sur la peau mate et sombre qui recouvre mes mains, mes bras, mes épaules, mes jambes, mes joues, mon torse. J’observe ces ongles rongés, une habitude que je n’ai jamais eue. Partout où je regarde, je ne me vois pas. Pourtant, j’ai cette impression d’être à ma place, dans mon environnement. Je suis serein, comme si tout était normal. Mais ça ne l’est pas. Ce n’est pas mon corps, il ne lui ressemble en rien.
Afficher en entierTant de sourires auxquels répondre, tant de rires à imiter.
Je pense à cet ami laissé sur la berge, à la blessure de ne plus voir de mains tendues. L’obscurité a peu à peu recouvert l’océan.
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