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Un peu plus tard, on apprit par Klimov, l'éclaireur, que les Allemands s'apprêtaient à faire brûler un enfant et une vieille femme tziganes, soupçonnés d'espionnage. La veille, Klimov avait laissé du linge sale à une vieille qui vivait avec son petit-fils et une chèvre dans une cave et lui avait dit qu'il reviendrait le lendemain chercher le linge lavé. Il voulait obtenir de la vieille des renseignements sur les Tziganes. Avaient-ils été tués par les obus soviétiques ou bien avaient-ils eu le temps de brûler sur le bûcher allemand ? Klimov rampa par des passages que lui seul connaissait mais un bombardier de nuit soviétique avait lâché une bombe à l'endroit où se trouvait l'abri de la vieille et il n'y avait plus ni vieille, ni petit-fils, ni caleçons et chemises de Klimov. Parmi les débris de rondins et les gravats il ne découvrit qu'un chaton. Le chaton était en piètre état, il ne demandait rien, n'attendait rien, il devait croire que la vie sur terre c'était cela : le bruit, le feu, la faim.
Klimov ne parvint jamais à comprendre pourquoi il avait tout à coup fourré le chaton dans sa poche.
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L'innocence personnelle est un vestige du Moyen Age. c'est de l'Alchimie! Tostoï a dit qu'il n'y avait pas, sur terre d'hommes coupables.Nous autres, tchékistes, avons mis au point une thèse supérieure; il n'y a pas, sur terre, de gens innocents.
Afficher en entierIl y a une ressemblance hideuse entre les principes du facisme et les principes de la physique moderne. Le facisme a rejeté le concept de l'individu, le concept d'homme et il opère par masses énormes. La physique moderne parle d'une plus ou moins grande probabilité des phénomènes dans tel ou tel ensemble d'individus physiques. Le facisme ne se fonde t-il pas, dans sa terrifiante mécanique, sur les lois d'une politique quantique, sur une théorie des probabilités politiques ?
Afficher en entierLes hommes sont bons non en tant que Tartares ou Ukrainiens, ouvriers ou évêques ; les hommes sont égaux parce qu'ils sont des hommes. Il y a cinquante an, on pensait aveuglés par des oeillères partisanes, que Tchekhov a été le porte-parole d'une fin de siècle. Alors que Tchékhov a levé le drapeau le plus glorieux qu'ait connu la Russie dans son histoire millénaire : le drapeau d'une véritable démocratie russe, bonne et humaine ; le drapeau de la dignité de l'homme russe, de la liberté russe. Notre humanisme a toujours été sectaire, cruel, intolérant. D'Avvakoum à Lénine, notre conception de la liberté et de l'homme a toujours été partisane, fanatique ; elle a toujours sacrifié l'homme concret à une conception abstraite de l'homme.
Afficher en entierUn jour, pendant un raid aérien, alors que les forgerons en folie martelaient de leur masses la pierre, le fer, la terre, Grekov trouva Batrakov assis en haut de la cage d'escalier béante en train de lire un livre.
Afficher en entierToute tentative d'imposer à l'humanité un Bien général obligatoire absolu se termine par une catastrophe sanglante, semblable à celles qui ont accompagné toute l'histoire du christianisme, les mouvements socialistes ou la religion musulmane.
Afficher en entierL'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature (...) Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser. Une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. (Blaise Pascal)
Afficher en entierLa vie devient impossible quand on efface par la force les différences et les particularités.
Afficher en entierLe fascisme et l'homme ne peuvent coexister. Quand le fascisme est vainqueur, l'homme cesse d'exister, seuls subsistent des humanoïdes, extérieurement semblables à l'homme mais complètement modifiés à l'intérieur. Mais quand l'homme doué de raison et de bonté est vainqueur, le fascisme périt et les êtres qui s'y sont soumis redeviennent des hommes.
Afficher en entierBien sûr, l'opium absurde de l'optimisme vient au secours des hommes quand le sentiment aigu de l'horreur prend la place d'un désespoir résigné.
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