Extraits

— Je n’ai pas trop envie de te voir pour le moment, Violette.

Violette. Pas Violette-qui-sent-la-violette. Juste Violette.

— Va-t’en.

Je serre les lèvres, atterrée, mais je refuse encore de retirer mon pied tellement je suis perdue. Mon âme lui crie « Pourquoi ? », mais ma bouche reste close. J’ai trop peur de la réponse. Peut-être que le laisser digérer est une meilleure idée. Après tout, il a bien dit « pour le moment ». Rien n’est définitif. Pas vrai ?

Il doit prendre conscience de la violence de ses propos puisqu’il renchérit, histoire de bien enfoncer le clou :

— Ça va passer. Peut-être. Mais là dans l’immédiat, j’ai tout sauf besoin de ton amitié.

Mesdames et Messieurs, je vous présente le troisième coup de poignard. En plein cœur, comme je l’avais prévu. Et ça fait mal… tellement mal. Tellement mal que mon pied se retire de lui-même et que je recule d’un pas comme s’il m’avait brûlée. La perplexité doit se lire sur mon visage, car je le vois baisser les yeux avant de me fermer la porte au nez.

Je reste plantée là comme une idiote, contemplant le numéro de sa porte dans un état second. Une gifle aurait été plus expressive que ça. Enfin, je laisse mes larmes inonder mes joues en silence, incapable de faire le moindre geste. Je n’arrive pas tout de suite à assimiler ce qui vient juste de se passer. Pourtant, il n’y a rien de plus simple à comprendre :

C’est la première fois que Loan Millet me brise le cœur. 

Je baisse de nouveau le regard, prenant un air désinvolte, et pose mes coudes sur la table en effectuant un geste évasif de la main.

- Oh tu sais, ma virginité.

Loan s'étouffe dans son verre, abasourdi. Le couple d'à côté jette un regard surpris a Loan.....

.....

Je profite donc de son moment d'incrédulité pour me pencher vers les petits vieux.

- Tout va bien, il vient d'apprendre qu'on allait avoir un bébé. ça ne se voit pas comme ça, mais il est super heureux!

Je me penche vers lui et lui chuchote:

- Maintenant, tu es obligé de sourire et de ne pas me crier dessus, sinon tu vas passer pour un gros enfoiré.

Il me fusille su regard.

- Pourquoi est-ce que tu me parles de ta virginité? J'étais entrain de diner, Violette. Ce n'est pas vraiment un mot que tu peux me balancer pendant que je mange des huîtres.

Spoiler(cliquez pour révéler)La vérité, c’est que je peux plus me passer de toi. Lucie a été mon premier amour et elle aura toujours une place dans mon cœur, mais tu es le seul visage que j’ai en tête quand je me réveille le matin. Le soir après le travail, tu es celle à qui j’ai envie de demander si elle a passé une bonne journée. Tu es la seule femme que j’ai envie de faire rire, la seule à qui j’ai envie d’accorder mes « je t’aime ». Parce qu’ils seront sincères.

— Allô.

— Salut, c’est moi. Ça va ?

— Super, et toi ?

L’ascenseur était au dernier étage, si bien qu’il peine à descendre. Je fulmine contre lui dans ma barbe. Zoé va me tuer. Elle déteste les gens qui n’arrivent pas à l’heure.

— S’il te plaît, ne me dis pas que tu es en retard.

— Moi ? Pas du tout, nié-je en appuyant sur le bouton comme une forcenée, à croire que ça le fera descendre plus vite.

— Tu es sûre ?

Elle a l’air méfiante. J’ai presque peur de la retrouver dans l’ascenseur au moment où les portes s’ouvriront, pointant sur moi un doigt accusateur : « MENTEUSE ! »

— Puisque je te le dis ! Vous êtes où, là ?

— Au bar en face de chez Claire.

— Et tu ne me vois pas ? fais-je semblant de m’étonner.

— Euh… non.

Je sais qu’elle ne me croit pas.

Je l'aime, mais ça ne suffit pas. Je ne suffis pas. Je ne suffis jamais.

Il y a trois jours, tu m'as dit que je n'étais pas obligé de te répondre tout de suite. Et même si je le savais déjà à ce moment-là, je le fais maintenant, je t'aime Violette.

Tu es une fleur qui a besoin de s'ouvrir, de s'épanouir, et non de se replier sur ses pétales.

- Le plan, c'était qu'on couche ensemble et basta, sauf qu'au milieu de tout ça je suis tombée amoureuse de la personne que tu es, et c'est ma plus grande qualité jusqu'ici, parce que je ce que j'aime le plus chez moi, c'est mon amour pour toi ; et j'espère que ça suffira parce que même si je risque de te ruiner un coup de Maltesers, je peux te promettre que je t'aime. Je t'ai aimé dès que tu m'as souri pour la première fois dans la semaine un ascenseur. Je t'ai aimé dès que tu m'a rendu ce paquet de farine comme si tu me tenais le ciel et les étoiles

- Pourquoi tu veux devenir normale quand tu es unique ? Moi je ne veux pas que tu sois normale, je veux que tu continues d’être toi, Violette ; bizarre, spontanée, drôle et maladroite, du genre à faire des blagues sur les handicapés. C’est tellement pas marrant d’être normal, soupiré-je en secouant la tête. Crois-moi.

- Alors... Qu'est-ce que tu préfères : planter des aiguilles de couture dans les couilles d'une poupée à son effigie, ou frôler la crise de foie avec du chocolat et des films d'amour débiles qu'on peut critiquer toute la nuit ?