Extrait

Latimer, tout en donnant les signes de la plus grande attention, écoutait à peine mais s’abîmait au contraire dans la contemplation de la belle lady Audrey. Outre des yeux splendides que la fine dentelle de la voilette ne pouvait cacher, Latimer admirait à présent librement un visage gracieux dont la pâleur et l’ovale parfait le fascinaient. La voix de la jeune femme se fit de plus en plus lointaine et tandis qu’elle parlait, il ne suivait guère que le mouvement de ses lèvres. En même temps, nombre de questions le taraudaient. Ainsi, l’heure était bien matinale pour une visite impromptue et la méthode semblait d’autant plus cavalière que l’importun était une importune du meilleur monde. Lady Audrey Burton ne s’était d’ailleurs pas excusée de son intrusion. Était-elle à ce point troublée qu’elle en perdait le sens des convenances ? Ou fallait-il croire qu’elle considérait Latimer de si haut qu’elle croyait pouvoir s’affranchir de la plus élémentaire politesse à son égard ? Si tel était le cas, si le rang d’Audrey Burton expliquait son comportement, on pouvait alors s’étonner qu’une aristocrate se fut déplacée au lieu d’envoyer un valet. Cette idée fit songer Latimer qu’il ne se souvenait pas avoir entendu un fiacre s’arrêter devant chez lui. La jeune femme pouvait-elle être venue à pied