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Ellie Kolstakis
21 ans
Non fumeuse
VIERGE
Je regardai avec horreur l’ordinateur du Dr E. Bowers. L’ état de mon hymen s’affichait sur son écran en lettres capitales.
VIERGE.
Les lettres brillaient affreusement sur le fond vert de l’écran, qui datait de l’époque où Steve Jobs n’avait pas encore inventé Apple. Elles se gravèrent dans mon esprit entourées d’un halo très années 1980. Ma gorge se serra, mes joues rougirent. J’eus la nausée.
Mon humiliant secret s’étalait sur la page de mon dossier médical et le Dr E. Bowers allait le découvrir. Je ne savais même pas à quoi correspondait l’initiale E., mais elle allait voir qu’en deux ans et demi d’université aucun garçon n’avait voulu me déflorer. Pas un seul. J’avais vingt et un ans et je faisais toujours partie du clan des vierges.
Afficher en entier- J'ai cru que tu étais avec quelqu'un.
Je piquai un fard en tentant de me convaincre que la grosse porte en bois à laquelle il avait frappé était suffisamment épaisse pour atténuer les bruits de la vidéo.
- Non, toute seule. J'étais simplement en train de... regarder un film.
Il hoche la tête en inspectant autour de lui.
- C'était quoi comme film ? Chaude et humide au sauna ?
Je le regarde, horrifiée.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? C'était un truc en lien avec mon mémoire. Une adaptation littéraire.
Tout en restant de marbre, il cligne des yeux hocha la tête et dit :
- Bien-sûr. Autant en emporte le gland ?
Afficher en entierOk, je l'avoue, je ne l'ai pas fait.
Encore.
C'est normal, non ? Je veux dire, c'est pas comme si tout le monde qui en parle comme s'ils l'avaient fait disent la vérité.
Ce n'est pas que je demande trop. Je ne veux pas le gars parfait. Je n'ai pas besoin de chandeliers ou de roses. Honnêtement, je n'ai même pas besoin d'un vrai lit.
Les hommes de ma connaissance se plaignent que les filles cherchent Mr. Parfait. Est-ce qu'il faut que je porte une pancarte disant que je cherche seulement Mr. Tout de Suite ?
Je ne vais pas mourir vierge. D'une manière ou d'une autre, cela va arriver...
Afficher en entierJe fermai les yeux quelques instants avant de me forcer à me baisser pour les ramasser. Les gens qui patientaient dans la salle me regardaient, alors je remontai mon jean en espérant qu’on ne voie pas ma vieille culotte Marks & Spencer dépasser de mon pantalon. Je me mis à genoux et, en tirant sur mon pull pour cacher un maximum ce qui dépassait, je ramassai les sachets. J’en avais remis à peu près la moitié dans la boîte quand je compris de quoi il s’agissait. Ce n’étaient pas simplement des pochettes argentées que j’étais en train de récupérer sous les pieds des gens. C’étaient des préservatifs.
J’étais bien consciente de l’ironie de la situation quand je fuis le cabinet médical, les yeux emplis de larmes. Je dévalai la rue puis jetai l’enveloppe marron dans la première poubelle que je croisai. Les joues en feu, je la regardai rejoindre des emballages McDonald, emportant avec elle ma dignité.
Je n’étais rien d’autre qu’une vierge de vingt et un ans.
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