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Il n'existait pas avant que vous ne le dessiniez, pas vrai ? Vous l'avez fait naître du néant. Eh bien, je fais la même chose, mais dans l'autre sens. Je prends une personne qui respire et qui vit, et je la soustrais à ce monde. Quand j'en ai fini avec elle, elle a totalement changé, de façon radicale, et c'est là un accomplissement monumental.
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LES DEUX COUPLES se rencontrèrent à l’occasion d’une fête de quartier, le troisième samedi de septembre. Hen ne voulait pas y aller, mais Lloyd avait fini par la convaincre.
— C’est en bas de la rue. Si tu n’es pas à l’aise, rien ne t’empêche de faire demi-tour et de rentrer.
— Justement si, répondit-elle. Si je n’y passe pas au moins une heure, les gens vont me remarquer.
— Mais non.
— Mais si. Je ne peux pas débarquer là-bas, regarder la tête de mes nouveaux voisins, puis tourner les talons et repartir.
— Si tu n’y vas pas, alors moi non plus.
— Eh bien n’y va pas, répliqua Hen sur le ton du défi. Elle savait qu’il irait seul s’il était mis au pied du mur. Lloyd resta un moment silencieux. Debout devant la bibliothèque du salon, il réagençait les livres.
Afficher en entierMira, à peu près aussi petite que son mari était grand, se pencha vers elle.
— Vous n’avez pas d’enfants non plus, dit-elle.
C’était moins une question qu’un constat, et Hen comprit que leurs nouveaux voisins les avaient à coup sûr épiés lorsqu’ils avaient emménagé en juillet. Bizarre qu’ils ne soient pas venus se présenter.
— Non, effectivement, nous n’en avons pas.
— Je crois que nous sommes les deux seuls couples de la rue à ne pas être parents, dit Mira.
Afficher en entierIl était charmant ; pas autant qu’Harrison Ford, mais il réunissait tous les traits d’un bel homme : cheveux bruns fournis, yeux bleu pâle, mâchoire carrée. L’ensemble était cependant un ton en dessous. Posture rigide, chemise habillée rentrée dans un jean basique taille haute. Avec sa large carrure et ses grandes mains osseuses, il lui faisait penser à un mannequin. Un peu plus tard, lors du dîner à quatre, elle le cataloguerait comme un homme jovial et inoffensif, de ceux qu’on rencontre avec plaisir mais qu’on oublie aussitôt. Et encore plus tard, elle se rendrait compte à quel point sa première impression avait été fausse. Mais en ce radieux samedi après-midi, Hen était simplement heureuse que Lloyd soit revenu à ses côtés et qu’il se charge de faire la conversation.
Afficher en entierIls papotèrent un petit quart d’heure et Hen nota qu’on ne leur avait pas encore demandé ce qu’ils voulaient boire : était-ce un foyer sans alcool ? Ça ne la dérangeait pas particulièrement, mais elle pensait à Lloyd.
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