Extraits

Son regard gris en amande soutient le mien. Tout à coup l’atmosphère semble avoir changé entre nous. Peut - être que je me fais des idées. Mais l’ambiance semble chargée comme si nous étions en train de flirter. Nick fixe mon regard sans ciller. Ses lèvres sont entrouvertes et il parait légèrement haletant. Je ne peux pas détacher mon regard de lui, pas pour tout l’or du monde.

Son regard s’arrêta sur une tâche sombre devant eux. Une forme qui était si proche de la marée montante que les vaguelettes semblaient la lécher. C’était la forme d’une personne endormie  ! Nick fit ralentir son cheval pour mieux l’observer. Tant pis si Cosmo voulait galoper à perdre haleine.

Il le mit au trot et s’approcha de la personne qui gisait dans le sable. Au début Nick ne vit qu’une silhouette noyée dans une parka trop large. Il décida alors de descendre de cheval pour essayer d’en savoir plus. Si cette personne était endormie il ne pouvait pas la laisser se faire emporter par la marée haute. Nick se pencha et toucha doucement l’épaule de la personne dont il ne voyait toujours pas le visage caché dans sa capuche. Aucune réaction. Nick s’agenouilla dans le sable, près de la forme immobile. Il abaissa la capuche pour découvrir un visage et vérifier si la personne inconnue respirait.

Nick se figea de surprise. Il avait devant lui le visage du jeune voleur qu’il avait surpris en flagrant délit hier soir au casino. Oui c’était bien lui, il reconnut les boucles blondes, le nez bien tracé, et le visage d’un tracé pur, comme un tableau vénitien. En revanche ses yeux bleus étaient clos. Il était pâle comme un mort. Nick sentit son inquiétude redoubler. Il se pencha sur le visage du jeune homme pour entendre sa respiration. Elle était très faible, mais il respirait. Nick toucha la joue du dormeur, elle était glacée. Il se demanda brièvement comment cet être si lumineux, qui l’avait tellement troublé la veille quand Nick l’avait suivi jusque devant le casino pour le voir se mettre à danser comme un danseur de ballet, qui avait alors paru si vivant, pouvait être aussi figé à cet instant. Mais il devait agir vite  ! Il souffrait sans doute d’hypothermie. Avait-il passé toute la nuit sur la plage  ? Et pourquoi  ?

Nick cessa de s’interroger et enleva sa veste. Il la posa sur le jeune homme et commença à lui frictionner les épaules. Il ne savait pas quoi faire d’autre. Peut-être devrait-il appeler des secours. Au moment où Nick sortait son téléphone, le jeune homme ouvrit les yeux et murmura  : «  Froid…trop froid…  »

Nick se précipita vers lui.

«  Vous m’entendez  ? Est-ce que vous pouvez bouger  ?  »

Par réflexe il se remit à l’envelopper dans sa veste et le prit dans ses bras. Le jeune homme le regarda un instant complètement stupéfait puis il répondit.

«  J’ai très froid…  »

Nick le serra plus fort contre lui pour le réchauffer. L’inconnu appuya sa tête contre son torse, cherchant de la chaleur.

«  Comment vous appelez-vous  ?  » demanda Nick.

«  Char…lie.  »

Pour me rassurer je repasse en boucle la chorégraphie que j’ai choisi pour la première épreuve éliminatoire. C’est une variation libre que j’ai inventée moi-même au fil de ces derniers mois et qui a reçu l’approbation de Kate. Dans ma tête je l’ai appelé La Renaissance de Charlie.

Je n’ai pas eu de chance. Voilà ce que je me répète depuis plus de deux ans. Deux longues années dans la rue. Depuis qu’ils m’ont jeté dehors.