Ajouter un extrait
Liste des extraits
Vendredi, déjà. J’ai ma première entrevue avec Salomé et sa chef. Apparemment, la semaine s’est bien passée. Ses études sont bonnes et intéressantes. Elle ne s’est pas faite remarquée. Elle a respecté les horaires. Je me dois donc de la féliciter.
Afficher en entierJ’arrive en avance. Je suis stressée. Je ne sais même pas où est le bureau de la directrice. Je prends l’ascenseur. Il est bondé : des mecs en cravate, des femmes en tailleur. Il s’arrête plusieurs fois, avant que j’atteigne l’étage. Je sors et je dois m’adresser aux pétasses de secrétaires, qui me toisent bien sûr !
Afficher en entierJe me lève aux aurores : il est huit heures, je commence aujourd’hui dans cette entreprise de merde. Mais je n’ai pas le choix : mes comptes sont au rouge et j’ai bien été licenciée. Ma petite banque a fait faillite. Je vais me laver dans un état second, j’ai besoin de café. Quand j’arrive dans notre petite cuisine, Mathilde est déjà debout et en forme. Elle dit en me voyant habillée avec ma petite jupe courte noire et mon chemisier blanc :
- Waouh : une vraie femme d’affaires ! Il va craquer. Tu vas voir, d’ici la fin du mois, il est dans ton lit !
- Ouais, heureusement, qu’il y a ça ! Sinon, je resterai au lit !
Je bois mon café et je dis désespérément :
- Je vais me faire chier… ça ne me correspond pas ! Je n’ai rien à voir avec ses gens !
- Eh, c’est quand même 3000 euros par mois, ma belle. A toi, les fêtes, les belles fringues et les beaux mecs ! ça motive, non !
- Oui… Mais…
- Dépêche-toi : ne sois pas en retard pour ton premier jour ! Apollon ne va pas apprécier !
Je prends mon croissant, fini ma tasse en vitesse et je file.
Afficher en entierJ’attends depuis une heure, je perds patience, c’est long et en plus je suis la dernière. J’aurai pu passer dix fois aux toilettes pour m’arranger. Je dois être dans un état. Ils appellent enfin la femme avant moi, elle a toutes ses chances, elle est blonde et bien coiffée. Elle correspond bien au profil de l’entreprise : blonde, grande, bien foutue et bien coiffée. Les compétences : je ne les connais pas. C’est parti pour encore un quart d’heure d’attente.
Je décide de sortir mon téléphone portable. Je vais jouer à « candy crush saga », ça passera le temps. La secrétaire me regarde un peu atterrée, cela ne doit pas être le genre de la maison.
Afficher en entierAprès la visite d’Arthur, je me reconcentre : les affaires. Je dois passer des coups de fil avant de partir rejoindre ma petite Jeanne. Elle m’attend pour déjeuner, Tom mon chauffeur passe la chercher à l’école. C’est le rituel du lundi.
Afficher en entierCe jour-là, je recevais des personnes. Nous avions besoin d’une nouvelle chargée d’étude, qui passerait d’abord par une formation. J’avais horreur de cela. Heureusement, Rose, ma fidèle directrice des relations humaines allait m’aider. J’avais huit personnes à recevoir, ce matin : tous choisis pas Rose, bien sûr, sauf une Salomé Martin. Elle m’avait été recommandée par Arthur : mon fidèle ami. Elle travaillait, pour une de ses sociétés, dans une boîte sans petite prétention, qui allait mettre la clé sous la porte. Il l’avait licenciée en me la recommandant.
Afficher en entierJe lance un dernier regard dans mon rétroviseur pour savoir si je suis correcte. Je regrette d’avoir attaché mes cheveux, j’ai des frisettes. Tant, pis, je n’ai pas de brosse. Je me décide à sortir. Merde, il se met à pleuvoir. Je cours jusqu’à l’entrée de ce grand building. Je rentre, trempée. J’imagine ma tête : mes frisettes vont s’accentuer. Je regarde l’heure, je n’ai pas le temps de passer aux toilettes pour m’arranger. Je demande à l’accueil, la direction :
- 25ème étage, m’annonce une blondasse très sèchement.
Afficher en entierAu bout d’un quart d’heure de trajet, j’arrive. Je me gare. Je suis super mal à l’aise. Je vais quitter mon petit boulot dans cette petite banque pour peut-être intégrer un grand groupe. Pourquoi m’ont-ils envoyé cette lettre ? Comment ont-ils su que j’existais : moi Salomé Martin, fille d’un agent de voyage et d’une prof de français. Je n’ai rien à voir avec ce monde de la finance. Mais, bon, c’est une bonne opportunité : il double mon salaire, moi qui suis constamment dans le rouge, ça me fera du bien et en plus, Mathilde et moi, nous pourrons nous amuser encore plus.
Afficher en entierJe suis dans ma chambre. J’essaie de trouver une tenue correcte pour mon entretien. Je mets et j’enlève : rien n’est assez bien pour cette boîte. Comme je dois être assez longue, Mathilde, mon amie et ma colocataire arrive et s’exclame, me rappelant au passage que je suis à la bourre :
- Salomé, il est huit heures trente, tu es à la bourre !
- Je sais, mais je n’ai rien à me mettre !
- Tu rigoles, tu as trois tonnes de vêtements dans ton armoire !
- Mais ce n’est pas assez bien pour ce type de boîte. Et en plus, je suis sûre que tout va être rigide et ça n’ira pas : moi la banlieusarde.
Mathilde fouille dans mon armoire et me trouve un pantalon de lin beige ainsi qu’une chemise blanche de la même matière. Elle m‘ordonne :
- Mets ça et grouille.
- Oui…
- Ne sois pas stressée, tu es la meilleure. Je te prépare un café. Attache tes cheveux, ça fera plus respectable.
Afficher en entier