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Vivre après la mort de son enfant : des parents témoignent



Description ajoutée par Hasnae 2012-05-03T14:52:16+02:00

Résumé

C'est un livre sur l'une des pires expériences que la vie puisse réserver. Une épreuve qui déchire le cœur à jamais. Josette Gril a recueilli le témoignage de quinze parents, six hommes et neuf femmes de tous âges, tous milieux, ayant perdu leur enfant par accident, maladie ou suicide, depuis quelques mois pour certains, de longues années pour d'autres. Comment ont-ils vécu cette tragédie ? Comment ont-ils supporté l'absence impossible à combler, l'immense vide.

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Classement en biblio - 3 lecteurs

extrait

Vendredi 5 août 1994, mon fils Guilhem, qui venait d’avoir 21 ans, est sorti en Zodiac vers la pointe du Grand Rouveaux, aux Embiez, dans les environs de Toulon. Il voulait essayer l’arbalète de pêche sous-marine qu’il s’était fabriquée avec minutie. Les camarades avec lesquels il était en vacances n’étant pas en mesure de le suivre en plongée, il était parti seul. Vers 21 heures, ne le voyant pas revenir, ils ont prévenu la gendarmerie. Son corps a été retrouvé le lendemain à une vingtaine de kilomètres, au large du Pradet. Selon les gendarmes, il avait été victime d’une syncope suivie de noyade.

Au moment de l’accident, nous étions, Maurice, notre fille Anna et moi, en vacances en Espagne. Nous avons appris l’effroyable nouvelle à notre retour, la veille de l’enterrement. Nous avions quitté Guilhem quelques jours auparavant, il était superbe, heureux de rejoindre ses amis sur la Côte. Nous ne retrouvions qu’un cercueil dans lequel il reposait, invisible.

Pendant des mois, j’ai vécu totalement anéantie, je ne savais plus qui j’étais. Je n’étais que douleur, ma tête était vide. Je n’avais plus mon corps, je flottais à côté ; pourtant j’avais mal, j’étais percluse de courbatures. Il me reste cette impression étrange : la première fois où je suis ressortie en ville, je marchais à côté d’Anna tel un automate. À chaque instant, j’avais peur que mon corps s’effondre. La seule force qui me permettait de le tenir debout était le bras qu’Anna avait passé autour du mien. La vie qui coulait dans ses veines traversait ma peau et venait ranimer la flamme qui s’éteignait en moi.

Jamais jusque-là je n’avais éprouvé une douleur d’une telle intensité. J’avais été épargnée par les malheurs. La première mort qui me foudroyait était celle de mon fils. Avec lui disparaissait l’une de mes principales raisons de vivre. Guilhem et Anna étaient mes deux rayons de vie. Tout de suite après l’annonce, l’idée qu’il s’agissait d’une erreur s’est imposée. Il ne pouvait être mort alors que, la veille, il était tellement resplendissant de vie ; ce n’était pas possible. Et puis ce qui était arrivé à ma mère ne pouvait pas m’arriver aussi. Elle avait perdu des bébés, avant et après ma naissance ; à l’époque les antibiotiques n’existaient pas. Malheureusement, je n’ai jamais pu parler avec elle de notre douleur de mères endeuillées, j’avais peur de lui faire mal. Mais au-delà des mots, nous nous sommes rapprochées dans un partage de tendresse et de compassion que nous n’avions jamais réussi à atteindre.

L’année qui a suivi le drame, dans un désarroi total, n’arrivant pas à sortir de l’effroi qui me paralysait, je me suis tournée vers la psychanalyse, que j’avais rencontrée des années auparavant et dont j’avais fait profession. J’ai consulté une psychanalyste qui a su accueillir ma douleur et m’aider à la traverser.

Peu à peu, la vie est revenue dans mon corps, mais j’étais toujours enfermée dans un univers coupé des autres. L’isolement rendant ma souffrance insupportable, j’ai décidé de participer à un groupe de parole de parents endeuillés, organisé par l’association Apprivoiser l’absence. Je pouvais partager ma douleur avec d’autres parents, j’étais enfin entendue, je pouvais me rassurer et me dire que je n’étais pas folle, même si des pensées étranges m’agitaient.

Cinq ans après avoir terminé le groupe, j’ai animé un groupe de parole de parents endeuillés. Très vite, j’ai compris que la seule place qui pouvait être la mienne était celle de mère endeuillée et non de psychanalyste, qui était ma profession. Ma douleur, qui s’était adoucie, pouvait à tout moment être ravivée par celle des parents récemment endeuillés, au plus vif de leur souffrance. La neutralité qui aurait dû être la mienne, pour être parfaitement disponible à la douleur des parents, m’était impossible. C’est en qualité de mère endeuillée que je pouvais écouter et animer les groupes. C’est de cette place-là, également, que j’ai recueilli les témoignages des parents et que je m’exprimerai dans ce livre.

L’envie d’écrire pour dire qui était Guilhem m’a tenaillée dès les premiers jours après l’accident. L’écriture était peut-être la seule façon de le garder près de moi, d’apaiser ma peur terrible de l’oubli, de donner du sens à une vie si courte. Je devais laisser trace de son existence, qui ne pouvait se résumer à un drame. Je voulais transmettre une image au plus près de ce qu’il était. Un an après, j’ai commencé à écrire un texte qui est devenu mon premier livre, Guilhem, la plongée, une passion interrompue.

Les six années d’écriture de ce texte ont été très douloureuses. Ma tête était vide, mes souvenirs avaient disparu, seuls les moments difficiles restaient gravés. Pour retrouver Guilhem, je devais revivre les émotions provoquées par ce qu’il me restait de lui, ses photos, ses dessins d’enfant, ses cahiers d’écolier, ses vêtements. J’ai dû lutter contre l’envie de tout ranger, afin de ne plus penser, de ne plus être déchirée par les souvenirs heureux qui accentuaient son absence. J’ai dû me battre contre l’envie d’anesthésier ma mémoire – mais j’aurais eu le sentiment de le perdre à nouveau, de l’abandonner.

Durant toutes ces années, j’ai été portée par le désir de le faire connaître à mes futurs petits-enfants, de lui donner une place de vivant. Je gardais en moi le vide laissé par mes sœurs dont je n’avais aucune représentation, sauf à les penser mortes. Je peux dire aujourd’hui que la force qui m’a permis d’aller jusqu’au bout avait son origine dans l’histoire de ma mère et le besoin de m’en différencier.

L’écriture a été un long travail de séparation, parfois d’une douleur extrême. J’ai cheminé avec mon fils pendant des années, à la recherche de toutes les traces qu’il avait laissées. Peu à peu je lui redonnais vie en redécouvrant tout ce qu’il avait fait, ce qu’il avait été. Arrivée au terme du livre, je pouvais le faire connaître aux autres, je n’étais plus seule avec lui. J’étais apaisée. Déposer l’histoire de Guilhem allait atténuer ma douleur de la perte, de l’absence, de l’oubli. En racontant son histoire, je lui rendais sa place à nos côtés, il n’avait pas disparu. Et j’allais être reconnue dans ma particularité de mère endeuillée.

Après ce premier livre, je croyais en rester là, pensant que ma mission auprès de mon fils était terminée. Mais ma réflexion s’est poursuivie par la lecture de textes autour du deuil, ce qui m’a conduite à écrire un article intitulé « L’écriture et le pire », qui a constitué l’ébauche de ce livre.

J’entamais alors une étape de mise à distance, plus globale : en m’appuyant sur l’expérience d’autres parents endeuillés et sur leur trajet de deuil, je souhaitais trouver des réponses aux questions suscitées par mon expérience personnelle, en lien avec ma réflexion de psychanalyste. J’ai fondamentalement cherché à éclairer les deux questions qui ont été celles de toute ma vie. D’abord, la question inconsciente, qui s’est posée à moi enfant et ensuite jeune mère, face à ma mère que je sentais en partie détruite et en partie incroyablement vivante. Puis ma question consciente de mère endeuillée : est-il possible de continuer à vivre après la mort de son enfant ?

Écrire, c’était continuer mon parcours de deuil, transmettre mon expérience en tentant de préciser la spécificité du deuil d’enfant, peu abordée dans la théorie psychanalytique. Mais le voyage a également beaucoup compté. Partir au loin m’a aidée à distancier ma souffrance, la misère de ceux que je croisais en Afrique ou en Asie, leurs difficultés de vie incroyables me permettant de relativiser mon malheur. Longtemps, j’ai pensé que si Anna n’avait pas été là, j’aurais mis fin à mes jours ou bien je serais partie m’occuper d’enfants démunis dans ces contrées où manger tous les jours n’est pas toujours possible.

En 2005, lors d’un voyage au Bénin, j’ai rencontré Mariette. Après la mort de son fils David âgé de 9 ans, Mariette a créé une organisation non gouvernementale afin que des bébés et des enfants orphelins aient une vie décente. Cette rencontre a été un choc : je rencontrais Mariette qui avait réalisé ce projet auquel j’avais pensé si souvent. J’ai décidé de la soutenir dans son action et d’y participer.

Durant ce voyage au Bénin, j’ai pu recueillir le témoignage de parents africains et trouver la confirmation de ce que la douleur du deuil d’un enfant est la même d’un milieu social à un autre comme d’un continent à un autre. En parlant avec des soignants de régions déshéritées où la mort infantile atteint un pourcentage impressionnant, j’ai compris que la douleur des mères est aussi forte là-bas qu’ailleurs. La seule différence est l’impossibilité de s’y attarder, la préoccupation essentielle étant de nourrir les enfants qui restent ou de concevoir le plus vite possible un autre enfant.

Enfin, une autre activité m’a aidée à panser ma douleur : le tango. Dans ma jeunesse, j’avais adoré danser le tango. Depuis longtemps, je voulais prendre des cours ; mais m’autoriser à danser, c’était accepter de vivre ; je n’en avais pas le droit puisque mon fils avait perdu la vie. Un jour, pourtant, j’ai poussé la porte d’un cours. Au début, je me suis battue avec moi-même : mon corps était glacé, incapable de se laisser aller au plaisir de la danse et à la rencontre de l’autre. Au bout de plusieurs mois, j’ai vaincu ce barrage, j’ai enfin lâché prise, j’ai pu avoir du plaisir dans le partage d’un moment de danse. Il est vrai que le tango est par excellence la danse qui conjugue plaisir et expression de la tristesse mélancolique, dont sont empreints les airs et les paroles. Dans ce plaisir que je retrouvais, il y avait place pour ma douleur. Une porte vers la vie s’ouvrait.

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Vivre après la mort de son enfant : des parents témoignent

  • France : 2007-03-07 - Poche (Français)

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