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Vivre pour la raconter



Description ajoutée par x-Key 2012-05-03T21:55:47+02:00

Résumé

" La vie n'est pas celle qu'on a vécue, mais celle dont on se souvient et comment on s'en souvient pour la raconter " écrit Gabriel Garcia Marquez en préambule de ce livre de mémoires d'enfance et de jeunesse.

Roman d'une vie où, à chaque page, l'auteur fait revivre les personnages et les histoires qui ont peuplé son oeuvre, du monde magique d'Aracatana à sa formation au métier de journaliste, des tribulations de sa famille à sa découverte de la littérature et aux ressorts de sa propre écriture.

De ce fourmillement d'histoires où les figures hors du commun, les rencontres, les nuits blanches tiennent la plus grande place, surgit peut-être le plus romanesque des livres de Gabriel Garcia Marquez. On y retrouve l'émerveillement de cette Colombie cruelle et fascinante où la nature, le pouvoir, l'alcool, les femmes et les rires ont un goût de folie : celui-là même de Cent ans de solitude et de L'Amour au temps du choléra.

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Classement en biblio - 30 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par PoppyZ 2016-03-03T19:38:44+01:00

Souvent nous allions voir le soleil se lever dans un bordel sans nom du quartier chinois, où Orlando Rivera, Figurita, vécut pendant des années et peignit une fresque qui fit date. Je ne me rappelle pas avoir connu quelqu'un de plus extravagant, avec son regard lunatique, sa barbe de bouc et sa bonté d'orphelin. Dès l'école primaire, la fantaisie l'avait pris de se dire cubain et il avait fini par l'être plus et mieux que s'il l'avait été pour de bon. Il parlait, mangeait, peignait, s'habillait, aimait, dansait et vivait sa vie comme un Cubain et cubain il mourut sans jamais avoir vu Cuba.

Figurita ne dormait pas. Quand on passait le voir tard dans la nuit, il descendait de son échelle quatre à quatre, plus barbouillé que sa fresque et, abruti par la marijuana, blasphémait en langue mambí. Alfonso et moi nous lui portions des articles et des nouvelles à illustrer, et nous devions les lui raconter à haute voix parce qu'il n'avait pas la patience de les lire. Il faisait les dessins en un rien de temps dans un style qui rappelait la caricature, le seul en lequel il croyait. C'était presque toujours réussi, même si Germán Vargas lui disait pour le taquiner qu'ils étaient meilleurs quand il les ratait.

Barranquilla était cela: une ville qui ne ressemblait à aucune autre, surtout de décembre à mars, quand les alizés du nord compensaient la chaleur infernale de la journée par des bourrasques nocturnes qui tournoyaient dans les patios et emportaient les poules dans les airs. Seuls restaient ouverts les hôtels de passe et les cantines de mariniers près du port. Quelques oiselles de nuit attendaient des heures durant la clientèle toujours incertaine des bateaux du fleuve. Un orchestre de cuivre jouait sur le bord de mer des valses langoureuses que personne n'entendait car elles étaient couvertes par les hurlements des chauffeurs de taxi discutant de football parmi les voitures à l'arrêt sur le paseo Bolívar. Le seul endroit accueillant était le café Roma, une taverne de réfugiés espagnols qui restait toujours ouverte pour la bonne raison qu'elle n'avait pas de portes. Elle n'avait pas non plus de toit dans cette ville fouettée par des averses torrentielles, mais personne ne s'est jamais plaint de n'avoir pu manger une omelette aux pommes de terre ou parler affaires à cause de la pluie. Avec ses petites tables rondes peintes en blanc, ses chaises de fer à l'ombre des acacias en fleur, c'était un havre de paix en plein air. Vers onze heures du soir, après le bouclage des journaux du matin, El Heraldo et La Prensa, les rédacteurs s'y retrouvaient pour dîner. Les réfugiés espagnols arrivaient bien avant, vers sept heures, après avoir écouté chez eux le journal parlé du professeur Juan José Pérez Domenech, qui continuait à diffuser des nouvelles de la guerre d'Espagne alors qu'elle était finie depuis douze ans. Une nuit de chance, l'écrivain Eduardo Zalamea y avait jeté l'ancre en revenant de la Guajira et s'était tiré une balle dans la poitrine, sans conséquences graves. La table devint une relique historique que les serveurs montraient aux touristes sans leur permettre de s'y asseoir. Des années plus tard, Zalamea a publié sa mésaventure dans Cuatro años a bordo de mí mismo, un roman qui a ouvert à notre génération des horizons jusqu'alors insoupçonnés.

J'étais le plus nécessiteux de la bande et souvent je me réfugiais au café Roma pour écrire jusqu'à l'aube dans un coin isolé, car mes deux emplois avaient cette caractéristique paradoxale d'être importants et mal payés. Le petit jour me surprenait lisant sans répit, et quand la faim me tenaillait, je prenais un chocolat chaud bien épais avec un sandwich au bon jambon espagnol, et je passais les premières heures de l'aube sous les gliciridias fleuris du paseo Bolívar. Au début, je restais très tard à la rédaction du journal, écrivant jusqu'à une heure avancée, et je finissais par m'endormir dans la salle déserte ou sur les rouleaux du papier d'imprimerie, mais avec le temps je fus obligé de chercher un lieu moins original.

Ce furent les joyeux chauffeurs de taxi du paseo Bolívar qui trouvèrent la solution, comme tant de fois par la suite, en m'indiquant un hôtel de passe à quelques mètres de la cathédrale, où l'on pouvait dormir seul ou accompagné pour un peso cinquante la nuit. L'immeuble était très ancien mais bien entretenu, grâce aux filles qui tapinaient sur le paseo dès six heures du soir, en quête d'amoureux furtifs. Le veilleur de nuit s'appelait Lácides. Il avait un oeil de verre dont l'axe déviait et il bégayait par timidité, mais dès le soir de mon arrivée j'éprouvai pour lui une immense gratitude qui ne m'a jamais quitté depuis. Il rangea le peso et les cinquante centimes dans le tiroir de la réception, déjà rempli des billets froissés et en désordre des premières heures de la nuit, et me donna la clé de la chambre.

Je n'avais jamais habité un lieu aussi tranquille. C'était à peine si l'on entendait des pas étouffés, des chuchotis incompréhensibles et, de temps en temps, le grincement angoissé d'un sommier aux ressorts rouillés. Mais pas un murmure, pas un soupir: rien. Le seul inconvénient était qu'on se serait cru dans un four à cause de la fenêtre condamnée par des croisillons de bois. Pourtant, dès le premier soir, je m'y sentis très bien et lus William Irish presque jusqu'à l'aube.

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Commentaires récents

Bronze

Vivre pour la raconter... ou l'histoire de la première moitié de la vie (approximativement) du TRES GRAND Gabriel Garcia Marquez, qui marquera la littérature contemporaine mondiale jusqu'à la fin des temps, et cela, même si son autobiographie est romancée et qu'il faut par conséquent savoir démêler le vrai du faux. Personnellement, je préfère me laisser guider par lui, en ayant juste en tête que : « la vie, ce n'est pas ce qu'on a vécu, mais ce dont on se souvient pour le raconter. »

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Date de sortie

Vivre pour la raconter

  • France : 2006-03-29 - Poche (Français)

Activité récente

neoyni l'ajoute dans sa biblio or
2020-03-08T12:14:12+01:00

Titres alternatifs

  • Vivir para contarla - Espagnol

Les chiffres

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Note globale 8 / 10