Vlad

Soulevant ma jupe de tulle noir bordé de dentelles, écartant mon string, j’ai coincé la ficelle entre mon pouce et mon index, avant d’extraire la chose tout doucement.

Son regard se rivait sur l’objet de sa faim.

..................................................................

Il a retenu sa respiration tant qu’il a pu. J’ai cru qu’il allait crier quand le tampon a été extrait. Il a eu un bref mouvement de recul quand je me suis levée pour déposer la chose sur la petite coupelle en argent, juste à côté de sa main crispée sur le rebord du meuble.

..................................................................

Il a ouvert un tiroir, dont il a extrait une boîte en fer blanc, une de celles dont les infirmières se servent pour ranger les seringues. Il l’a ouverte. Je ne voyais pas le contenu : il me tournait le dos.

Avant de se retourner, de s’avancer vers moi, il a pris le tampon entre ses doigts, l’a reniflé à pleines narines avant d’y passer lentement sa langue. Ses yeux se sont révulsés ; il s’est tourné vers moi, la boîte ouverte en main. Je n’y ai pas cru sur l’instant, mais j’ai reconnu ce qu’elle contenait : des mouillettes. Ces mêmes mouillettes taillées dans la mie de pain que je me fais tous les matins avec mon œuf à la coque. J’ai réalisé son dessein et j’ai mouillé sur la tapisserie du fauteuil. Ses yeux se sont fixés sur la tache naissante.

Il a laissé tomber le tampon, a fondu sur moi.

......................................................................

J’ai tout vu, tout entendu, tout senti, et j’en ai joui. Il m’a introduite, méthodiquement d’abord, les mouillettes, une à une, les laissant s’humecter de mes sucs et de mon sang frais de longues secondes, avant de les porter à ses lèvres. Chaque bouchée s’accompagnait d’un bruit de succion et du craquement de la croûte du pain entre ses dents. Plus il me mangeait, plus je lui en donnais, plus je me vidais pour lui. J’aurais voulu que la boîte contienne plus de pain. La dernière a été la plus frustrante et la plus jouissive. Il a attendu plus longtemps tout en dégrafant mon corsage. Il m’a mordue au sang, et j’ai aimé ça, moi qui suis censée être douillette. Il aspirait chaque goutte avant de mordre plus fort de ses incisives tranchantes.

La dernière mouillette était pour moi. Ses yeux n’ont pas quitté les miens quand je l’ai mâchée, puis avalée devant lui, comme par défi.