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Extrait ajouté par Zorgloub 2022-12-29T22:28:36+01:00

Quand on a un peu vieilli et comparé, cela rabat l'orgueil de voir à quel point le fond de nos destinées, en ce qu'elles ont de misérable, est le même.

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Extrait ajouté par Biquet 2011-11-03T19:16:07+01:00

XXIV

Mon ami, vous savez tout ; le reste de ma vie n'a été qu'une application, autant que je l'ai pu, des devoirs et des sentiments généraux envers les hommes ; beaucoup d'emplois, de l'étude, des voyages, des mouvements bien divers. Mais ce que j'ai senti de propre, ce qu'il y a eu d'original et de distinctif en ma destinée, la part marquée devant Dieu à mon nom dans ce tribut universel d'infortune humaine et de douleur, ce goût caché par où je reconnaîtrais une de mes larmes entre toutes les larmes, voilà ce qui se rattache éternellement, pour moi, aux circonstances de cette histoire. Presque tout homme, dont la jeunesse fut sensible, a eu également son histoire où la qualité principale de son âme et, en quelque sorte, la saveur naturelle de ses larmes, s'est produite, où il a apporté sa plus chère offrande pour prix de l'initiation à la vie : mais la plupart, loin de ménager et de respecter ce premier accomplissement en eux, le secouent, le brusquent, le dénaturent et finissent d'ordinaire par l'abolir ou le profaner. Cet ambitieux qui s'obstine misérablement et vieillit dans les ruses, il a eu, sans doute, en son âge meilleur, un premier et noble trésor de souffrances, quelque image gravée, quelque adoré sépulcre qu'il s'était promis en un moment généreux de visiter toujours ; mais il s'en est vite lassé, il l'a laissé choir et se recouvrir de terre après quelques saisons ; il a fini par bâtir dessus l'appareil de ses intrigues, l'échafaudage fatigant de sa puissance.

Le poète, lui-même, qui bâtit un mausolée à l'endroit des premières grandes douleurs, risque trop souvent d'oublier l'âme dans le marbre du monument ; l'idolâtrie pour la statue lui dérobe la cendre. Cet homme desséché, frivole, ce fat mondain qu'on évite, il a eu peut-être son histoire aussi comme l'ambitieux, comme le poète ; il a commencé par sentir ; mais il a depuis tant ajouté de fades enveloppes et de contrefaçons mensongères à ce premier et meilleur sentiment, qu'il se perd toujours en chemin avant d'en rien retrouver. N'est-ce donc pas le mieux, après avoir subi dans sa jeunesse une telle calamité déchirante et tendre, de s'y tenir, de la garder secrète, unique en soi, de la purifier avec simplicité dans le silence, de s'y réfugier aux intervalles de la vie active à laquelle le reste des ans est destiné, de l'avoir toujours dans le fond comme un sanctuaire et comme un tombeau auquel, en chaque route, nous ramènent de prompts sentiers à nous seuls connus, d'en revenir sans cesse avec une émotion indéfinissable, avec un accent singulier et cher aux hommes, qu'on leur apporte sans qu'ils sachent d'où, et qui les dispose en toute occasion à se laisser toucher par nos paroles et à croire à notre croyance ?

J'ai tâché, du moins, que ce fût pour moi ainsi ; que l'astre mystérieux et lointain jetât sur tous mes jours un reflet fidèle, qui n'est autre, à mes yeux, qu'un reflet adouci de ma Croix. Durant les vingt années, bientôt, qui ont suivi la dernière crise, ma vie a été assez diversement occupée à l'oeuvre divine, assez errante, et plutôt fixée vers le but qu'assujettie à aucun lieu.

Au sortir de semblables émotions, jeune encore, ayant tant à veiller sur moi-même, sur les anciennes et les récentes plaies, j'ai dû redouter tout fardeau trop lourd, toute charge régulière d'âmes. Rome, à plusieurs reprises, m'a tenu longtemps et m'a beaucoup affermi. Cette cité de méditation, de continuité, de souvenir éternel, m'allait avant tout ; j'avais besoin de ce cloître immense, de cette célébration lente et permanente, et du calme des saints tombeaux. C'est à Rome qu'on est le mieux, après tout naufrage, pour apaiser les derniers flots de son coeur ; c'est à Rome aussi qu'on est le mieux pour juger de là, comme du rocher le plus désert, le plus stable, l'écume et le tourbillonnement du monde. Je suis revenu souvent dans notre France, mais sans y désirer une résidence trop longue et des fonctions qui m'attachassent, me sentant plus maître de moi, plus capable de bien ailleurs. Diverses fois, depuis la soirée de la colline, j'ai revu M. de Couaën, mais jamais en Bretagne ; il ne se remit pas à y habiter constamment en effet. Le temps de son permis de séjour expiré, il négligea, malgré les insinuations de M. D..., de réclamer grâce entière. Une sorte d'habitude triste et quelques avantages qu'il y voyait pour sa fille le retinrent à Blois jusqu'à la première Restauration. Aux Cent-Jours, il passa de Bretagne en Angleterre avec sa fille, déjà grande personne et accomplie. Il revit l'Irlande, retrouva les débris de parenté qu'il y avait, ainsi que la famille restante de madame de Couaën.

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Extrait ajouté par Biquet 2011-11-03T19:13:05+01:00

I

J'avais dix-sept ou dix-huit ans quand j'entrai dans le monde le monde lui-même alors se rouvrait à peine et tâchait de se recomposer après les désastres de la Révolution. J'étais resté jusque-là isolé, au fond d'une campagne, étudiant et rêvant beaucoup ; grave, pieux et pur. J'avais fait une bonne première communion et, durant les deux ou trois années qui suivirent, ma ferveur religieuse ne s'était pas attiédie. Mes sentiments politiques se rapportaient à ceux de ma famille, de ma province, de la minorité dépouillée et proscrite ; je me les étais appropriés dans une méditation précoce et douloureuse, cherchant de moi-même la cause supérieure, le sens de ces catastrophes qu'autour de moi j'entendais accuser comme de soudains accidents. C'est une école inappréciable pour une enfance recueillie de ne pas se trouver dès sa naissance, et par la position de ses entours dans le mouvement du siècle, de ne pas faire ses premiers pas avec la foule au milieu de la fête, et d'aborder à l'écart la société présente par une contradiction de sentiments qui double la vigueur native et hâte la maturité. Les enfances venues en plein siècle, et que tout prédispose à l'opinion régnante, s'y épuisent plus vite et confondent longtemps en pure perte leur premier feu dans l'enthousiasme général. Le trop de facilité qu'elles trouvent à se rendre compte de ce qui triomphe les disperse souvent et les évapore. La résistance, au contraire, refoule, éprouve, et fait de bonne heure que la volonté dit Moi.

De même, pour la vigueur physique, il n'est pas indifférent de naître et de grandir le long de quelque plage, en lutte assidue avec l'Océan.

Ces chastes années qui sont comme une solide épargne amassée sans labeur et prélevée sur la corruption de la vie, se prolongèrent donc chez moi fort avant dans la puberté, et maintinrent en mon âme, au sein d'une pensée déjà forte, quelque chose de simple, d'humble et d'ingénument puéril. Quand je m'y reporte aujourd'hui, malgré ce que Dieu m'a rendu de calme, je les envie presque, tant il me fallait peu alors pour le plus saint bonheur ! Silence, régularité, travail et prière ; allée favorite où j'allais lire et méditer vers le milieu du jour, où je passais (sans croire redescendre) de Montesquieu à Rollin ; pauvre petite chambre, tout au haut de la maison où je me réfugiais loin des visiteurs et dont chaque objet à sa place me rappelait mille tâches successives d'étude et de piété ; toit de tuiles où tombait éternellement ma vue, et dont elle aimait la mousse rouillée plus que la verdure des pelouses ; coin de ciel inégal à l'angle des deux toits qui m'ouvrait son azur profond aux heures de tristesse, et dans lequel je me peignais les visions du pudique amour ! Ainsi discret et docile, avec une nourriture d'esprit croissante, on m'eût cru à l'abri de tout mal. Cela me touche encore et me fait sourire d'enchantement, quand je songe avec quelle anxiété personnelle je suivais dans l'histoire ancienne les héros louables les conquérants favorisés de Dieu, quoique païens Cyrus par exemple, ou Alexandre avant ses débauches.

Quant à ceux qui vinrent après Jésus-Christ, et dont la carrière eut des variations mon intérêt redoublait pour eux. J'étais sur les épines tant qu'ils restaient païens ou dès qu'ils inclinaient à l'hérésie : Constantin, Théodose, me causaient de vives alarmes ; la fausse route de Tertullien m'affligeait, et j'avais de la joie d'apprendre que Zénobie était morte chrétienne. Mais les héros à qui je m'attachais surtout, en qui je m'identifiais avec une foi passionnée et libre de crainte, c'étaient les missionnaires des Indes, les Jésuites des Réductions , les humbles et hardis confesseurs des Lettres édifiantes. Ils étaient pour moi, ce qu'à vous, mon ami, et aux enfants du siècle étaient les noms les plus glorieux et les plus décevants, ceux que votre bouche m'a si souvent cités les Bamave, les Hoche, madame Roland et Vergniaux. Dites aujourd'hui vous-même, croyez-vous mes personnages moins grands que les plus grands des vôtres ?

ne les croyez-vous pas plus purs que les plus purs ? En fait de vie sédentaire et reposée, j'avais une prédilection particulière pour celle de M. Daguesseau écrite par son fils . Et, à ce sujet, je vous dirai encore : le désir de savoir le grec m'étant venu par suite des récits qu'en font Daguesseau et Rollin, et personne autour de moi ne pouvant guère en déchiffrer que les caractères je l'abordai sans secours, opiniâtrement, et, tout en l'étudiant ainsi, je me berçais dans ma tête d'aller l'apprendre bientôt en ce Paris où seulement on le savait. Paris, pour moi, C'était le lieu du monde où le grec m'aurait été le plus facile ; je n'y voyais que cela.

Il y eut à ce début des moments où je mettais tout mon avenir d'ambition et de bonheur à lire un jour couramment Esope, seul, par un temps gris, au retour des leçons savantes, sous un pauvre petit toit qui m'aurait rappelé le mien, en quelqu'une de ces rues désertes où Descartes était resté enseveli trois années . Or, comment avec ces goûts réglés, cette frugalité d'imagination et dans cette saine discipline, l'idée de volupté vint-elle à s'engendrer doucement ? Car elle naquit dès lors, elle gagna peu à peu en moi par mille détours et sous de perfides dissimulations.

J'avais eu pour maître, pour professeur de latin jusqu'à treize ans environ, un homme d'une simplicité extrême, d'une parfaite ignorance du monde, d'ailleurs fort capable de ce qu'il se chargeait de m'enseigner. Le bon M. Ploa, retardé par un événement de famille au moment d'entrer dans les Ordres, n'avait jamais été que tonsuré. En esprit, en moeurs, en savoir, il s'était arrêté justement à cette limite qu'il est dans la loi de toute organisation complète de franchir, afin que l'épreuve humaine ait son cours. Lui, par une exception heureuse, depuis des années qu'un simple contretemps l'avait retenu, il demeurait sans effort à la modestie de ses goûts à ses auteurs de classe, à ses vertus d'écolier, à son plain-chant dont il ne perdait pas l'usage, aux jugements généraux que l'enseignement de ses maîtres lui avait transmis. Nul doute ne lui était jamais venu, nulle passion ne s'était jamais éveillée en cette âme égale où l'on ne pouvait apercevoir d'un peu remuant qu'une chatouilleuse et bien justifiable vanité dès qu'il s'agissait d'un sens de Virgile ou de Cicéron.

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Extrait ajouté par Biquet 2011-11-03T19:09:47+01:00

VOLUPTÉ

Mon ami, vous désespérez de vous ; avec l'idée du bien et le désir d'y atteindre, vous vous croyez sans retour emporté dans un cercle d'entraînements inférieurs et d'habitudes mauvaises. Vous vous dites que le pli en est pris, que votre passé pèse sur vous et vous fait choir, et, invoquant une expérience malheureuse, il vous semble que vos résolutions les plus fermes doivent céder toujours au moindre choc comme ces portes banales dont les gonds polis et trop usés ne savent que tourner indifféremment et n'ont pas même assez de résistance pour gémir. Pourtant, vous me l'avez assez de fois confié, votre mal est simple, votre plaie unique. Ce n'est ni de la fausse science, ni de l'orgueilleux amour de la domination, ni du besoin factice déblouir et de paraître, que vous êtes travaillé. Vos goûts sont humbles ; votre coeur modeste, après le premier enivrement des doctrines diverses, vous a averti que la vérité n'était pas là, bien qu'il y en eût partout des fragments épars. Vous savez que les disputes fourvoient, que l'étude la plus saine, pour fructifier, doit s'échauffer à quelque chose de plus intime et de plus vif ; que la science n'est qu'un amas mobile qui a besoin de support et de dôme ; océan plein de périls et d'abîmes, dès qu'il ne réfléchit pas les cieux. Vous savez cela, mon ami, et vous me l'avez exprimé souvent dans vos lettres ou dans nos dernières causeries, mieux que je ne le pourrais reproduire.

Vous n'avez non plus aucune de ces sottes passions artificielles qui s'incrustent comme des superfétations monstrueuses ou grotesques à l'écorce des sociétés vieillie si vous êtes une nature vraie, et vous avez su demeurer sincère. Arrivé jeune à un degré honorable dans l'estime publique par votre esprit et vos talents, vous appréciez ces succès à leur valeur ; vous ne prenez pas là votre point d'appui pour vous élever plus haut, et ce n'est nullement par cette anse fragile que vous cherchez à mettre la main sur votre avenir. Exempt de tant de fausses vues, libre de tant de lourdes chaînes, avec des ressources si nombreuses, ce semble, pour accomplir votre destination et vous sauver du naufrage, vous vous plaignez toutefois ; vous ne croyez plus à votre pouvoir, à votre direction, à vous-même, et sans qu'il y ait pour vous encore de quoi désespérer ainsi, vous avez, je l'avoue, quelque raison de craindre. Un seul attrait, mais le plus perfide, le plus insinuant de tous, vous a séduit dès longtemps, et vous vous y êtes livré avec imprudence. La volupté vous tient. Don corrompu du Créateur, vestige, emblème et gage d'un autre amour. trésor pernicieux et cher qu'il nous faut porter dans une sainte ignorance, ensevelir à jamais, s'il se peut, sous nos manteaux obscurs, et qu'on doit, si l'on en fait l'usage, ménager chastement comme le selle plus blanc de l'autel, la volupté a été pour vous de bonne heure un voeu brillant, une fleur humide, une grappe savoureuse où montaient vos désirs, l'aliment unique en idée, la couronne de votre jeunesse. Votre jeunesse l'a donc cueillie, et elle n'a pas été satisfaite de ce fruit étrange, et, noyée dans ce parfum elle ne s'est pas trouvée plus fraîche ni plus belle.

Vous avez continué néanmoins de poursuivre ce qui vous avait fui ; d'exprimer de ces calices de nouvelles odeurs toujours aussi vite dissipées. La volupté, qui vous était d'abord une inexprimable séduction s'est convertie par degrés en habitude ; mais sa fatigue monotone n'ôte rien à son empire. Vous savez à l'avance ce qu'elle vaut, ce qu'elle vous garde, à chaque fois, de mécomptes amers et de regrets ; mais qu'y faire ? elle a rompu son lien qui la refoulait aux parties inférieures et inconnues ; elle a saisi votre chair. Elle flotte dans votre sang, serpente en vos veines, scintille et nage au bord de vos yeux ; un regard échangé où elle se mêle suffit à déjouer les plus austères promesses. C'est là votre mal. Le premier entraînement a fait place à l'habitude, et l'habitude, après quelque durée, et quand aucune violence analogue à l'âge ne la motive plus s'appelle un vice. Vous sentez la pente, et lentement vous y glissez. Hâtez-vous de vous relever, mon ami, il le faut, et vous le pouvez en le voulant. Sevrez-vous une fois et vous admirerez combien il vous est concevable de guérir.

Je n'ai pas toujours été tel moi-même que vous me voyez : avant d'arriver à la base solide, au terme des erreurs et au développement de mes faibles facultés dans un but plus conforme au dessein suprême, - avant cette ardeur décidée pour le vrai dont vous faites honneur à ma nature, et cette existence rude, active et pourtant sereine, qui ne m'est pas venue par enchantement, j'ai vécu, mon jeune ami, d'une vie sans doute assez pareille à la vôtre ; j'ai subi, comme vous un long et lâche malaise provenant de la même cause : les accidents particuliers qui en ont marqué et changé le cours ressemblent peut-être à votre cas plus que vous ne le croyez.

Quand on a un peu vieilli et comparé, cela rabat l'orgueil de voir à quel point le fond de nos destinées en ce qu'elles ont de misérable, est le même.

On croit posséder en son sein d'incomparables secrets ; on se flatte d'avoir été l'objet de fatalités singulières et, pour peu que le coeur des autres le coeur de ceux qui nous coudoient dans la rue, s'ouvre à nous on s'étonne d'y apercevoir des misères toutes semblables des combinaisons équivalentes. Au point de départ, dans l'essor commun d'une même génération de jeunesse, il semble, à voir ces activités contemporaines qui se projettent diversement, qu'il va en résulter des différences inouïes. Mais un peu de patience, et bientôt toutes ces courbes diverses se seront abaissées avec une sorte d'uniformité ; tous les épis de cette gerbe retomberont, les uns à droite, les autres à gauche, également penchés ; heureux le grain mûr qui, en se détachant, résonnera sur l'aire, et qui trouvera grâce dans le van du Vanneur !

Les éléments de nos destinées mon ami, étant à peu près semblables et tout coeur humain complet, dans la société actuelle, passant par des phases secrètes dont les formes et le caprice même ne varient que légèrement, il ne faut pas plus se désespérer que s'enorgueillir des situations extrêmes des affaissements profonds où l'on se trouve réduit en sa jeunesse.

C'est à l'issue qu'il convient de s'attacher ; C'est dans le monde d'impression intime qu'on reçoit de ces traverses et dans la moralité pratique qu'on en tire, que consiste notre signe original et distinctif, notre mérite propre, notre vertu avec l'aide de Dieu. Vous m'avez plus d'une fois sondé indirectement, mon ami, sur l'époque déjà bien éloignée où j'ai dû subir cette crise, pour moi salutaire : je peux vous répondre à loisir aujourd'hui. Dans cette espèce de retraite forcée où des circonstances passagères me confinent, privé d'études suivies entouré d'étrangers dont je parle mal la langue, je m'entretiendrai chaque jour quelques heures avec vous ; je recommencerai, une dernière fois de feuilleter en mon coeur ces pages trop émouvantes auxquelles je n'ai pas osé toucher depuis si longtemps ; je vous les mettrai de côté, une à une, sans art, sans peinture, dans l'ordre un peu confus où elles me viendront, et si plus tard en lisant cela, vous en déduisez quelque profitable application à vous-même, je ne croirai pas avoir tout à fait perdu, pour les devoirs de mon état, ces deux ou trois mois d'inaction et de solitude.

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