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Extrait ajouté par Lilinie 2011-09-25T21:20:10+02:00

— Gwyneth, ça va faire un sujet fantastique ! « Mort au parc d'attractions. »

Enthousiasmé, Joel marchait de long en large dans son bureau spacieux.

— C'est ta petite Laura Walsh qui nous a sorti cette idée. Tu te rappelles, elle cherche à intégrer l'équipe de production des programmes.

— Non, je n'étais pas au courant, corrigea Gwyneth d'une voix glaciale.

Joel poursuivit son raisonnement.

— Si on ne le fait pas maintenant, il sera trop tard. On n'aura plus personne à interviewer, les gens qui ont vécu l'affaire seront tous morts.

Il alluma une cigarette, malgré l'interdiction de fumer dans les locaux de Key News.

Gwyneth Gilpatric, vêtue d'un blazer de cachemire jaune pâle choisi pour accentuer encore le bleu de son regard tranchant, se tenait assise sur le sofa. Elle affichait une expression dure, fermée. À travers la baie vitrée, elle fixait au loin les falaises du New Jersey, surmontées d'un manteau de neige, de l'autre côté de l'Hudson.

— Il ne subsiste plus rien de Palisades Park, Joel, soupira-t-elle, levant la main pour toucher son cou en un geste plein d'élégance, l'air absent. Tout a été rasé pour construire un complexe immobilier, tu ne te souviens pas ?

Peu affecté par la froideur de la journaliste-vedette, Joel persévéra.

— OK, mais on a ce stock formidable de bobines d'actualités. On peut présenter le parc, ses attractions, le Palais du Rire, le Tunnel de l'Amour, les antiques montagnes russes en bois. Avec ça, on a largement de quoi cadrer la disparition du gosse, présentée comme « l'histoire de cette mort qui a mis trente ans à faire surface ».

Gwyneth préleva délicatement sur sa veste un cheveu d'un blond cendré artificiel, laissant Joel continuer son boniment.

— À l'époque, on s'offrait des sensations fortes à peu de frais, marmonna-t-il. Bon sang, quand j'étais gosse, mes parents m'emmenaient chaque été à Palisades Park. Toute l'année, j'attendais ce moment.

— Tu t'encanaillais ? ironisa-t-elle.

Joel vivait depuis l'enfance sur la très prestigieuse Cinquième Avenue. Gwyneth savait que son vaste duplex, hérité de ses parents, avait été dernièrement évalué à douze millions de dollars.

— Tu ne vas pas me dire pas que tu n'y as jamais mis les pieds, Gwyneth. Toi qui as grandi tout à côté, dans l'une des belles demeures de Fort Lee ! C'est vrai, tu n'y es jamais allée. ?

— Bien sûr que si, Joel, souffla-t-elle, exaspérée.

— N'était-ce pas un endroit de rêve ?

— Ce n'était pas trop mal.

Elle ne lui faisait aucun cadeau.

— Très bien. Moque-toi si tu veux. Mais c'est la vérité : moi, j'aimais ce vieux parc. J'adorais monter sur le Cyclone. J'étais heureux d'être le seul à ne pas me sentir malade dans le Grand 8. Je me souviens, dans la Galerie des Horreurs, je restais bouche bée devant le veau à deux têtes et la vache à six pattes.

— Tu n'as pas beaucoup changé.

L'espace d'une seconde, Joel parut vexé. Puis il haussa les épaules.

— J'étais déjà un fou de spectacle. Il n'y a rien que je préfère à un bon show. Je t'assure qu'on en tient un formidable pour « Plein Cadre ». Il pourrait être bouclé pour le book de février.

Le book de chacun des quatre trimestres de référence constituait la bible des annonceurs publicitaires. Les taux d'audience, déterminant le tarif qu'ils seraient prêts à payer pour le trimestre, y figuraient pour chaque émission. À cette fin avaient lieu en février, mai, juillet et novembre des « vagues de sondages ». Les chaînes de télé mettaient alors sur le tapis ce qu'elles considéraient comme leurs programmes phares du trimestre.

— Hmmm, il n'y a rien que tu préfères à un bon show, répéta-t-elle.

Avec l'intention de le distraire, elle décroisa les jambes et s'appuya un peu plus contre les moelleux coussins de cuir crème.

Les yeux brillants, Joel écrasa son mégot. Il traversa le bureau et vint s'asseoir sur le canapé, tout contre elle.

— Nous prendrons une décision au début de la nouvelle année. Qu'en penses-tu, ma belle ? susurra-t-il, déposant un baiser dans son cou.

« Nous ne ferons rien de tel, se dit Gwyneth. Tu te trompes. La décision est déjà prise. Simplement, tu ne le sais pas encore. »

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Extrait ajouté par Lilinie 2011-09-25T21:20:10+02:00

Mardi 21 décembre

— Tu me fais penser à la mort.

Laura Walsh, les bras chargés d'une pile de cassettes vidéo, se retourna vers son patron et lui décocha un large sourire.

— Merci, Mike. C'est vraiment très touchant de ta part.

Cette fois encore, elle avait fait ce qu'il convenait. Parfois, elle se sentait gênée d'en tirer tant de satisfaction. Satisfaction professionnelle. Bien préparée, elle avait rempli son office.

La mort d'un être humain. En général, un triste événement, entraînant des répercussions dramatiques sur ceux qu'elle laissait derrière. Pour Laura Walsh, la mort représentait une course de vitesse, du moins dans certaines circonstances.

Aujourd'hui, c'était le tour d'une vieille star de cinéma, dont on savait depuis longtemps que la santé déclinait. Laura avait réagi au quart de tour. Dans les minutes qui suivirent l'annonce de la nouvelle par l'agent de l'actrice, des millions de téléspectateurs découvrirent sur Key News une vidéo de deux minutes résumant la carrière de cette légende du grand écran.

Ils auraient pu, en y songeant, s'étonner que les journalistes de télévision aient réalisé et diffusé ce sujet avec une telle promptitude. Il fallait sans doute pas mal de recherches, avant de choisir ce qu'il convenait de garder ou de supprimer pour réduire une vie au format « deux minutes ». Difficile de se passer d'un script. N'était-il pas compliqué, aussi, de récupérer ces images d'archives ? Enfin, comment parvenaient-ils à faire tout cela en un instant ?

En réalité, ils ne procédaient pas de cette façon. Laura Walsh avait écrit et monté la nécrologie de l'actrice plusieurs mois avant sa mort.

« Macabre », « terrifiant », « écœurant », « morbide » étaient les qualificatifs que Laura récoltait le plus souvent lorsqu'elle expliquait de quoi elle vivait. Néanmoins, elle aimait son job. Quand elle travaillait sur l'un de ses projets – sur sa prochaine « victime », comme disait Mike Schultz –, elle n'avait pas l'impression d'être l'Ange de la Mort, surnom dont l'affublaient ses collègues, Elle se sentait investie d'une responsabilité. Elle voulait rendre justice au personnage, sachant que les images qu'elle choisissait seraient un jour diffusées sur tous les écrans américains, voire dans le monde entier en fonction des multiples accords de Key News avec d'autres télés.

Chaque nécrologie résumait la vie et la carrière d'une personnalité. Une minibiographie, en somme. Certains, à Key News, jugeaient ce travail plutôt idiot. Pas Laura. Pour elle, réaliser ces sujets était un honneur.

En outre, elle se savait relativement jeune pour une fonction impliquant de telles responsabilités. À vingt-huit ans, elle n'était sortie de l'université que depuis six ans. Juste avant d'obtenir son diplôme, elle avait saisi l'occasion d'un stage pour intégrer la rédaction de « Plein Cadre », le très réputé magazine d'information de Key News, en tant qu'obscure assistante. Décidément chanceuse, elle avait été remarquée par Gwyneth Gilpatric, la journaliste-vedette, personnalité impressionnante et souvent caustique. Gwyneth l'avait prise sous son aile.

« Ne te laisse pas effrayer par ces cinglés, avait-elle conseillé, rassurante. La plupart sont des gens formidables. Simplement, leurs problèmes d'ego et la pression du direct les rendent fous. Ils crient, ils hurlent, ils te traitent comme si tu n'existais pas ; mais rends-toi compte que c'est parce qu'ils s'investissent énormément dans ce qu'ils font. Ils sont terrifiés à l'idée de manquer le bouclage ou de faire une bourde à l'antenne. Quand des millions de téléspectateurs te regardent, tu n'as pas le droit à l'erreur. »

Cet été-là, chaque fois que l'un des producteurs ou des rédacteurs de l'émission s'était permis de faire accourir Laura d'un simple claquement de doigts, elle s'était efforcée de se souvenir de l'avertissement de Gwyneth : ils étaient dévorés par l'inquiétude de perdre leur job. Joel Malcolm, le producteur exécutif de « Plein Cadre », avait fait savoir sans ambiguïté qu'il visait pour son émission la première place, occupée jusqu'à présent par le « 60 Minutes » de CBS News. Celui ou celle qui ne ferait pas tout pour atteindre cet objectif n'avait pas sa place dans le staff de « Plein Cadre ».

L'atmosphère était restée la même tandis que Laura, embauchée par la chaîne après son diplôme, passait d'un petit boulot mal payé à celui de secrétaire de la rédaction, puis bientôt d'assistante de l'unité de programmes, d'adjointe de production et, enfin, de productrice associée, ce qu'elle était aujourd'hui. Les têtes continuaient à tomber, à Key News, chaque fois que la plus petite erreur se trouvait commise. Il n'y avait pas de deuxième chance. Seuls les meilleurs subsistaient.

Jusqu'ici, Laura s'était montrée exemplaire. Une fille en or. Ses supérieurs lui avaient confié de plus en plus de responsabilités, surpris de découvrir chez quelqu'un de si jeune un jugement aussi sûr associé à un tel savoir-faire. Ils ne devinaient pas, en revanche, que la jeune femme arrivait souvent le matin l'estomac noué, angoissée à l'idée de ce que la journée pourrait lui apporter. Ni qu'elle se réveillait parfois en pleine nuit et ne parvenait plus à fermer l'œil jusqu'à l'aube, tant la crainte d'une erreur la hantait. Ne soupçonnant rien de ses préoccupations, on se contentait de se féliciter des résultats.

Sans se demander comment Laura s'y prenait pour fournir une bande prête à diffuser, même quand la mort de la célébrité n'était pas spécialement attendue.

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