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- Alors, madame Kerr, dit le ministre, et l'expression de son visage se durcit. Qu'est-ce qui a bien pu vous posséder pour vous inciter à appuyer la prétention des Stuart au trône d'Angleterre ? Est-ce votre belle-fille des Highlands qui vous a ensorcelée ?
- Elle n'a rien fait de tel, s'empressa-t-elle de répondre afin de protéger Elisabeth. Pas plus que mes belles-filles n'ont embrigadé leur mari. Au contraire, nous avons imploré Donald et Andrew de ne pas s'enrôler. Quand ils l'eurent fait, nous étions tenues de nous rallier derrière eux.
- Et vous avez donné de l'argent au prince Charlie, je suppose, grommela-t-il.
- Je l'ai fait.
Quinze cents livres. Si le révérend ne la questionnait pas davantage, elle garderait ce montant colossal pour elle-même.
- Le fou a toujours raison à ses propres yeux, dit-il, et sa voix semblait maintenant provenir du haut de la chaire ; plus forte, plus sévère. Vous avez tout perdu, madame. Votre argent, votre titre, votre maison, et même votre famille. Tout ! lança-t-il en frappant du poing la table à ses côtés.
Elle eut un mouvement de recul.
- Révérend.....
- Que dois-je faire de vous, madame Kerr ? Vous bannir de ma paroisse? Vous remettre entre les mains des dragons ?
Non ! Marjory fixa le plancher, écrasée par cette menace.
- J'espérais......c'est-à-dire, je priais......pour que vous et les doyens de l'église me pardonniez.
Sa requête resta suspendue dans l'air du petit salon.
- De la miséricorde ? dit-il, et, cette fois-ci, il ne s'emporta pas.
Afficher en entier— Si ma belle-fille vous dit qu’elle n’a pas de rose, insista-t-elle, c’est qu’elle n’a pas de rose.
— Pas une seule, dit Elisabeth d’un ton égal en faisant un pas en arrière.
Marjory baissa les bras, mais ne bougea pas, regardant toujours le capitaine avec colère. Ce coquin s’imaginait-il qu’elle allait rester plantée là à l’observer, pendant qu’il prenait des libertés avec sa belle-fille ? L’idée même.
Tandis que le capitaine restait interloqué quelques secondes, incapable de répondre, ses hommes semblèrent s’agiter, murmurant entre eux. Finalement, il haussa les épaules et feignit l’indifférence.
— Madame, je n’avais pas l’intention…
— Vous mentez, monsieur, répliqua Marjory. Vos intentions étaient très claires et déshonorantes. Peut-être devrais-je écrire au général Lord Mark Kerr pour l’informer de votre vile conduite.
Elle vit une étincelle de peur dans les yeux du capitaine et fut secrètement heureuse de l’effet produit par sa vaine menace. Il changea de position.
— Vous… connaissez Son Excellence ?
— Fort bien, monsieur.
Marjory garda le reste pour elle-même : Lord Mark n’était pas seulement le gouverneur honoraire du château d’Édimbourg ; il était également un cousin éloigné de son défunt mari et un militaire sans pitié, qui avait causé bien du tort à sa famille. Elle ne correspondrait pas avec le général Lord Mark Kerr pour tout l’or du monde.
— Nous avons été suffisamment retardés, dit-elle, puis elle se tourna vers la voiture, sentant que sa bravade commençait à flancher.
Jamais dans sa vie elle n’avait parlé aussi audacieusement à un homme, encore moins à un dragon, même s’il le méritait bien. Peut-être que le Tout-Puissant était venu à leur aide, en fin de compte, comme Elisabeth l’avait dit.
Marjory tendit la main, étonnée qu’elle ne tremblât pas.
— Monsieur Dewar ?
— Oui, m’dame.
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