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Ce n’était jamais facile de se séparer de quelqu’un, même s'il s'agissait d'un sociopathe.

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— Je venais d’avoir seize ans. J’avais marché sur ses Nike flambant neuves sans faire exprès.

Jase détourna le regard. Un muscle tressauta au niveau de sa mâchoire. Presque dix mois s’étaient écoulés entre la première et la dernière fois que Jeremy m’avait frappée. Dix mois pendant lesquels j’avais gardé le secret, pendant lesquels j’avais dissimulé mes bleus, et m’étais demandé ce que j’avais fait pour mériter ça.

Dix mois que je ne voulais plus jamais revivre.

— Même seize ans, c’est très jeune. Tu l’es toujours, dit-il au bout d’un moment. (Son ton était calme, mais de toute évidence, il se contenait.) Je n’imagine même pas ce que tu as vécu. Tu étais une gamine, Tess. Tu n’étais pas stupide. Tu étais morte de peur.

Un nœud apparut soudain dans ma gorge. Quand je repris la parole, ma voix était rauque :

— Je croyais que c’était ma faute.

— Ce n’était pas ta faute. (Son regard brillait d’un éclat argenté.) Je t’en prie, dis-moi que tu en as conscience.

— Je le sais maintenant. (Clignant rapidement les yeux, je m’éclaircis la voix.) Ce qu’il m’a fait n’était pas ma faute, mais mon silence n’a pas aidé.

— Tess…

— Je comprends où tu veux en venir, mais j’aurais dû en parler à quelqu’un. Tu ne peux pas me dire le contraire. Le silence n’est pas une vertu. C’est une maladie, un cancer qui te bouffe de l’intérieur et te met la tête à l’envers. Je le sais, maintenant. Ce n’était pas le cas avant et puis… (Je m’interrompis, le souffle court, et secouai la tête. J’eus une pensée pour Debbie.) Et puis, les choses sont différentes à présent.

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— Et alors, continuai-je, incapable de résister à la tentation de l’embêter. (Je gardai la voix basse tandis que le professeur commençait à parler des six composantes de la musique.) Ces filles parlent de toi en bien ou en mal ?

Il ne répondit pas tout de suite, notant les mots « rythme » et « mélodie » sur son cahier. J’étais persuadée qu’il allait m’ignorer.

— Ça dépend à qui tu poses la question.

— Ça dépend de quoi ?

Il eut de nouveau un sourire en coin.

— Plusieurs facteurs, mais je t’assure que la majorité aurait de bonnes choses à dire.

Ses yeux gris clair rencontrèrent les miens et il pencha la tête jusqu’à ce que je sente son souffle contre ma joue.

— De très bonnes choses, même.

Mon cœur manqua un battement. Était-il en train de flirter avec moi ? Je déglutis.

— Quel genre de choses ?

Comme il ne répondait pas, je m’efforçai de me concentrer sur la leçon. Je sentais que Calla m’observait. Elle ignorait comment je connaissais Jase et pensait probablement que j’étais l’une de ces filles qui avaient de très bonnes choses à dire à son sujet.

J’aurais voulu dire qu’il était arrogant et que ses paroles n’étaient que du vent, mais vu la façon dont il embrassait, je ne doutais pas de sa dextérité pour le reste. Les filles vantaient probablement ses mérites sur des forums de discussion.

Quand Jase changea de position, je me figeai. Je sentis son souffle dans mon cou, juste sous mon oreille, chatouillant un endroit sensible qui me donna envie de me tortiller, le même endroit qu’il avait mordillé, léché, puis embrassé. Puis, dans un murmure rauque, il me dit :

— Je crois que tu sais très bien de quoi je parle.

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- Bon, ça suffit Casanova. (Jase termina son thé et jeta le gobelet dans une poubelle non loin de nous.) Arrête de draguer maintenant.

Le petit garçon ignora Jase et me tendit sa petite main.

- Je m'appelle Jack.

Je la lui serrai.

- Je m'appelle Teresa. Cam est mon frère.

Jack me fit signe de me baisser du bout de ses doigts potelés et me murmura à l'oreille :

- Cam ne sais même pas seller un cheval.

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Il posa la main sur mon ventre comme s'il manipulait un objet en porcelaine.

- Confortable ?

Mis à part la douleur lancinante et le fait que j'étais allongée dans un hôpital, je ne m'étais jamais sentis aussi bien.

- Très.

- Parfait.

Ses yeux rencontrèrent les miens. La chaleur qui en émanait ressemblait beaucoup à de l'amour.

- Ils devront me passer sur le corps pour me faire partir. Je ne bouge pas d'ici.

Tessa & Jace

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- Qu'est-ce que tu fais demain, après les cours ? demanda t-il.

J'écarquillai les yeux, et bon sang, ce fut comme si une myriade de questions envahissaient mon esprit en même temps : Non ? C'est pas vrai ? Est-ce qu'il... ? Je dus mettre sur pause et forcer ma tête à fonctionner correctement.

- Euh, je finis à 13 heures et après, je n'ai rien de prévu.

- Super.

J'attendis une explication un peu plus précise, mais elle ne vint jamais.

- Super ?

- Oui ! (Il se rapprocha au point que nos pieds se frôlèrent). Parce que, maintenant, tu as quelque chose de prévu.

Tessa & Jase

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"N'est stupide que la stupidité."

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Il posa son front contre le mien et déposa un doux baiser contre mes lèvres. Lentement, il insinua une langue de velours dans ma bouche pour caresser la mienne.

- Et je compte passer le reste de ma vie à me faire pardonner, parce que je suis amoureux de toi, Tess. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé. (Ses yeux étincelaient de désir et d'amour.) Je t'en prie, Tess, laisse-moi te le prouver. S'il te plaît.

Des papillons apparurent dans mon ventre. Les battements de mon coeur s'accélérèrent tandis que j'observais ses beaux yeux. Il m'avait déjà dit qu'il m'aimait, mais dans un accès de passion, et ces deux petits mots s'étaient perdus dans les événements qui avaient suivi. A présent, ces paroles représentaient tout pour moi. Plus rien d'autre n'avait d'importance. Tout le monde faisait des erreurs. Moi-même, j'avais le chic pour commettre des bévues. Jase avait fait une erreur, c'est vrai, mais il avait l'intention de se racheter. J'étais prête à le laisser essayer.

J'étais prête à le laisser m'aimer.

Mes genoux flageolaient. J'ignorais comment je pouvais tenir debout, ou même parler.

- Reste.

Jase ferma brièvement les yeux.

- Et comment.

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"Il m'avait déjà dit qu'il m'aimait, mais dans un accès de passion, et ces deux petits mots s'étaient perdus dans les événements qui avaient suivi. A présent, ces paroles représentaient tout pour moi. Plus rien d'autre n'avait d'importance.

Tout le monde faisait des erreurs. Moi-même j'avais le chic pour commettre des bévues. Jase avait fais une erreur, c'est vrai, mais il avait l'intention de se racheter. J'étais prête à le laisser essayer. J'étais prête à le laisser m'aimer."

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Putain de merde.

Je me tendis et regardai Cam dans les yeux. Ses iris bleus étaient en feu. Il ferma la bouche. Avery vint se poster devant mon frère et posa ses mains jointes sous son menton. On aurait dit qu’elle réprimait un sourire.

Le bras de Jase bougea contre ma taille et me rapprocha de lui. Il tourna la tête pour l’enfouir dans mon cou. Quand il bâilla, le bruit sembla résonner dans toute la pièce.

— Qu’est-ce qui se passe, bébé ?

Je ne savais pas quoi dire.

Mon frère se crispa de la tête aux pieds, ce qui n’annonçait rien de bon pour Jase.

— Bébé ?

Jase se raidit, mais ne retira pas son bras. Il releva simplement la tête. En voyant qui se tenait au pied du lit, il souffla doucement.

Il y eut un blanc, puis Cam s’exclama :

— C’est quoi, ce bordel ?! 

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