Extraits

Si la surprise fonctionne avec un ours polaire, elle fonctionnera forcément avec Tauno, pensa Astrid. Il est dix fois plus stupide.

Ludo ouvrit la porte du box et entra. Astrid pris une profonde inspiration et le suivit.

- Euh, ravi de vous avoir connus, tout les deux, chuchota Des en rerfermant la porte derrière eux.

Ni Ludo ni Astrid ne relevèrent la plaisanterie. Ils étaient bien trop concentrés sur l'orque.

C'est à cet instant qu'Astrid comprit qu'il y aurait toujours des voix pour la rabaisser. Des voix anciennes. Des voix nouvelles. Des voix qu'elle ne pourrait jamais réduire au silence.

Mais à cet instant, entourée d'amies qui réclamaient sa présence parmi elles, elle comprit pour la première fois qu'il n'y avait qu'une seule voix qui importait vraiment. Une seule voix qu'il lui fallait écouter : la sienne.

-Quand on emprisonne un secret, le secret fait de nous son prisonnier, dit-elle. Ne l'as-tu pas encore compris?

-Et si tu me laissais décider si j'ai envie de rester avec toi ou pas? poursuivit-il. Parce que j'en ai envie. Très envie.

Astrid plongea à nouveau son regard dans le sien. Ses yeux étaient chaleureux et souriants, et elle eu l'impression de tomber dans ses iris verts et profonds comme une pierre dans une mer étale. Puis Desiderio prit le visage de la sirène entre ses mains et l'embrassa. Doux et fougueux à la fois, son baiser lui coupa le souffle.

Elle le dévisagea lorsqu'il détacha ses lèvres des siennes, effrayée à l'idée qu'il recommence, effrayée à l'idée qu'il ne le fasse pas.

-Très envie, répéta une fois de plus Desiderio, puis, comme brusquement intimidé, il s'éloigna d'un battement de nageoire pour s'occuper d'Elskan.

Le souffle du vent se renforça. Le cabillaud jeta un coup d’œil inquiet vers l'entrée de la grotte.

-Il est temps d'improviser, sirlette.

-Je...j'en suis incapable. Je ne sais pas comment faire! Ce n'est pas dans mes habitudes.

-Et la mort? C'est dans tes habitudes? rétorqua le poisson.

Un souvenir remonta à la surface : elle revit Abbadon tuer l'une des Iele. Le monstre tuerait ses amies, et bien d'autres, à moins qu'elle mette la main sur cette pièce.

Dans l'instant, Becca retrouva ses moyens. Elle regarda ses mains. L'une d'elles chatoyait encore, mais à peine.

Je suis toujours invisible. Le cabillaud est toujours là. Et je ne manque pas d'astuce. Je peux le faire, se dit-elle.

Elle regarda à nouveau le Williwaw, il lui restait environ une minute avant qu'il soit sur elle.

-Poisson! souffla-t-elle. Tu veux toujours tes calamars?

-A ton avis?

-Alors fais exactement ce que je vais te dire.

-Tu l'aimes, avoue? demanda Des à Astrid, le sourire aux lèvres et les yeux plissés.

Astrid qui observait Elskan charger un bang de harengs, se mit à rire.

-J'imagine, oui. Autant qu'on peut aimer une bête têtue, capricieuse et caractérielle.

-Je crois que c'est justement pour ça que tu l'aimes. Elle est forte, fougueuse et fait à peu près tout ce qu'elle veut.

Il lanca un regard oblique à Astrid et ajouta :

-Un peu comme quelqu'un que je connais.

Astrid leva les yeux au ciel. Des et elle voyageaient ensemble depuis trois jours. Ils avaient développé une certaine complicité et aimaient se taquiner.

Mais Madhi ne lui apporta aucun réconfort. Il ne la regardait même pas. Ses yeux fixaient Vallerio et Traho tandis qu'ils disparaissaient sous une arche de pierre. Dans son regard brillait quelque chose que Lucia n'y avait jamais vu : une peur brute et nue.

Puis Bianca appela Madhi et se mit à le flatter. Il éclata de rire et son regard étrange disparut.

Mais Lucia savait qu'elle ne l'oublierait jamais.

Pour qui a-t-il si peur? se demanda t-elle. Est-ce pour moi? Ou pour Serafina?

Elle secoua la tête en se demandant pourquoi, chaque fois qu'elle relevait un défi, un autre plus important l'attendait.

-Je ne sait pas comment m'y prendre, Yaz, ajouta-t-elle.

Yazeed lui tapota amicalement le dos.

-Ce n'est pas nouveau, Sera. Tu t'en sortiras. Tu t'en sort toujours.

-J'ai intérêt, dit-elle fatiguée. Est-ce que j'ai obtenu assez de soldats? Assez d'armes? Ma mère aurait exigé plus. Elle aurait su manipuler Guldemar mieux que moi. Ma mère...

-...elle aurait été très fière de toi, termina Yazeed.

Sera acquiesça, une boule dans la gorge.

-Merci Yaz, dit-elle lorsqu’elle fut enfin capable de parler.

-Allez sirlette. Pas le temps de pleurer, la secoua Yaz. Va enlever cette robe et fichons le camp de ce palais immonde. Il est temps de se diriger vers le Kargjord. Nous avons une guerre à gagner.

Lucia took a deep breath. She tried to calm down. Instinctively, she glanced at Mahdi for reassurance.

But Mahdi didn't offer any. He wasn't even looking at her. His eyes followed Vallerio and Traho as they disappeared through a stone archway. There was a look in them that Lucia had never seen before. Raw, naked fear.

Then Bianca called Mahdi's name and started fawning over him, and he was laughing and the look was gone.

But Lucia knew she would always remember it.

Who is afraid for ? she wondered. Is it me ?

Or Serafina ?