Extraits

PROLOGUE

Amy Loopsing se faufila discrètement dans le jardin, en passant par la cuisine et en essayant de faire le moins de bruit possible. Un garde faisait sa ronde et elle eut juste le temps de se cacher derrière un grand arbre centenaire. Elle retint son souffle et ne le reprit que lorsqu'il disparut. Elle continua à avancer, en évitant les caméras de surveillance, et ne s’arrêta que devant le mur d’enceinte qui cernait la propriété. Elle inspira profondément, regarda autour d’elle, et commença à grimper, s’accrochant aux pierres qui dépassaient avec une agilité déconcertante. Elle atteignit le haut en quelques secondes. Elle ne se laissa même pas le temps de réfléchir, et sauta. Elle atterrit trois mètres plus bas et, sans même s’arrêter, elle se mit à courir. Elle prit rapidement de la vitesse. Pas aussi rapide que son puissant vampire de père, mais tout autant qu’un loup. Si quelqu’un l’avait aperçu, il aurait imaginé qu’elle volait.

En une heure, elle atteignit la gare routière de la ville d’Icaya, à quelque trois cents kilomètres de Chicago. Il y avait très peu de personnes qui attendaient. Elle savait que le premier car en partance pour la grande ville partirait à quatre heures trente du matin. Elle ne prit pas son billet tout de suite et se rendit dans les toilettes.

Elle vérifia qu’elle était seule en ouvrant toutes les cabines, et se posta devant un miroir. Rapidement, elle ouvrit son sac à dos. Elle posa sur ses cheveux la perruque blonde qu’elle avait volée à sa mère adoptive, et se maquilla outrageusement. Elle retira son pantalon en jeans pour le remplacer par une jupe courte dévoilant ses grandes jambes, fines et musclées, et ses baskets furent échangés contre de petits escarpins. Elle tourna sur elle-même. Satisfaite de son apparence, elle sortit et se dirigea vers la caisse. Une femme rondouillarde et à l’air fatigué lui remit son billet sans même la regarder. Le chauffeur de bus, qui vérifia son ticket d’entrée, la toisa.

– Vous allez jusqu’à Chicago, mademoiselle ? demanda-t-il en la dévisageant, une lueur gourmande dans les yeux.

– Oui, répondit Amy d’une voix rauque.

– Bien ! Vous pouvez vous asseoir. Nous partons dans une demi-heure.

Amy se dépêcha de s’installer au fond du bus. Elle posa sa tête sur le dossier du fauteuil et attendit. Une vingtaine de personnes montèrent pendant les minutes qui passèrent. Aucun passager ne vint s’installer près d’elle. Le car démarra et c’est avec angoisse qu’elle regarda disparaitre les toits de la ville. Si elle avait de la chance, personne ne s’apercevrait de son départ avant au moins une journée. Elle ferma enfin les yeux au bout d’une heure de route et elle s’endormit, épuisée. Elle ne vit pas l’homme qui s’installait près d’elle.

– Amy, écoute-moi, dit-il tout bas. Je veux que tu ailles à Arkansas City. Là-bas, tu y seras en sécurité. Amy, où dois-tu aller ?

– À Arkansas City, murmura la jeune femme dans son sommeil.

– C’est ça, ma chérie. Une fois arrivée sur place, rends-toi à cette adresse (il la lui chuchota à l’oreille). Tu y trouveras un logement et des papiers.

En se réveillant, elle ne mit pas en doute son rêve. À Chicago, elle prit un billet pour Arkansas City sans se poser de questions.