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Extrait ajouté par Gala-de-Spax 2013-04-15T14:58:32+02:00

Comme toujours les jours d’interrogation surprise, je sentais un léger vent de haine flotter dans la classe. Les plus studieux m’en voulaient d’être pris au dépourvu sans avoir révisé à fond leurs cours. Cela leur faisait perdre les deux ou trois points indispensables qu’ils auraient eus en temps normal pour atteindre la note de vingt sur vingt. Les plus nuls, eux, la grande majorité pour être honnête, me maudissaient parce qu’ils n’auraient même pas les deux ou trois points qu’ils auraient pu grappiller en préparant des antisèches la veille afin d’éviter un zéro pointé.

Il m’importait peu de me faire détester par les jeunes de ce lycée professionnel. Je devais avant tout me montrer intransigeante et sévère si je ne voulais pas me faire écraser comme une mouche. Du haut de mon petit mètre soixante, la plupart des élèves me dépassait d’une tête ou deux, voire plus. Je sortais tout juste de la fac de langue et avais obtenu mon master d’anglais sur le fil avant d’être envoyée dans cet établissement de zone prioritaire pour me faire les dents.

Je n’ai jamais compris le principe de balancer les profs les plus inexpérimentés dans les écoles les plus difficiles. Un bizutage à hauteur nationale, peut-être…

Mes premiers élèves étaient donc de grands gaillards au fort accent marseillais. Pas celui qui sent la lavande et chante comme les cigales, non. Je veux parler de l’accent des quartiers nord, celui dont les points sont remplacés par des « putain » à rallonge et les virgules par « vas-y, fais pas ta bouffonne ». Un régal pour mes oreilles n’ayant été habituées qu’à un langage soutenu depuis ma plus tendre enfance. Mon pauvre père, anciennement professeur de français, se serait retourné dans sa tombe s’il avait entendu les cancres qui me faisaient face. Ceux-ci préféraient de loin étudier le fonctionnement mécanique d’un moteur de voiture avec le professeur Klanberg plutôt que d’apprendre à conjuguer les verbes irréguliers deux heures par semaine en ma compagnie. Seul le verbe « mordre » avait trouvé grâce à leurs yeux, déclenchant une crise de fou rire général à chaque fois que je prononçais le fameux « bite -bit-bitten ». Je ne leur donnais pas plus de cinq ans d’âge mental alors que certains d’entre eux avaient le même âge que moi. Pas facile d’avoir l’air crédible dans ces conditions.

Tandis que je surveillais du coin de l’œil le petit Farid qui tentait une feinte maladroite vers la gauche pour « vérifier si son copain n’avait pas malencontreusement fait tomber sa feuille de cours à ses pieds », comme d’habitude, Youssef, lui, ne se gêna pas pour sortir sans scrupule son portable afin d’aller contrôler si son grand ami Google pouvait lui souffler la réponse.

- No telephone, Youssef, lançai-je dans un parfait anglais afin que cette langue finisse un jour ou l’autre par leur rentrer dans le cerveau.

- Ouais, c’est bon, je regarde l’heure, c’est tout.

- Donne-le-moi. Give it to me, ordonnai-je en tendant la main.

- Dans vos rêves ! J’vais pas vous filer mon i-phone tout neuf, vous avez fumé ou quoi ?

- Je te le confisque jusqu’à la fin du cours.

- Jamais ! Plutôt crever, cracha-t-il en se levant pour me faire face de toute sa hauteur de joueur de basket.

- Tu comptes m’impressionner ? Sit down, assieds-toi maintenant.

- Qu’est-ce que vous me voulez ? Vous cherchez la merde ?

La façon dont il me fusillait du regard me glaça le sang. De toute évidence, Youssef n’était pas dans son état normal. Ses pupilles dilatées et ses légers chancellements m’indiquèrent qu’il venait de fumer autre chose qu’une simple cigarette. Comme souvent ici. J’essayai de modérer la tension qui venait de monter d’un cran et me dirigeai vers lui afin qu’il retrouve son calme.

- C’est bon, Youssef, garde ton téléphone et retourne à ta place maintenant.

- J’en ai marre de vos cours de naze ! Ça sert à quoi de toute façon d’apprendre c’te langue de rosbif ? On perd notre temps ici, putain ! (Le fameux point pour finaliser la phrase).

Je me plaçai face à lui et posai ma main sur son bras en signe d’apaisement.

Erreur.

Note pour plus tard : ne jamais toucher un ado qui t’en veut à mort.

Youssef sortit de sa ceinture un flingue rutilant qu’il pointa sur mon front. Une goutte de sueur coula sur mon visage, trahissant ma peur et mon angoisse. Je déglutis avec difficulté.

- Ne fais pas l’idiot, négociai-je, la voix tremblotante. Tu comptes faire quoi ? Tirer pour une histoire de téléphone et finir ta vie en prison ?

- Shut up ! hurla-t-il alors que le canon de son pistolet se figea dans ma bouche.

Pour une fois qu’il parlait anglais, c’était pour me dire de la fermer. Il y a un début à tout.

Voyant la situation dégénérer complètement, Farid décida d’intervenir. Il se déplaça à pas de loup jusqu’à nous et prit la parole avec un léger sourire crispé dans l’espoir de détendre l’atmosphère.

- Hey, Youss, mon pote. T’es en train de dérailler là. Tu vas pas buter notre prof quand même.

- Pourquoi, tu veux un pruneau toi aussi ? répliqua l’intéressé en braquant son Beretta noir sur mon sauveur.

Ses gestes étaient secs et maladroits, ce qui ne présageait rien de bon pour nous. L’éclair de fébrilité et de terreur dans les yeux de Farid propulsa mes hormones maternelles et déclencha une poussée d’adrénaline salvatrice. Je saisis le bras de Youssef avec fermeté et lui tordis dans le dos en serrant ma prise au maximum afin qu’il lâche son arme. Ses doigts cédèrent sous la pression et j’entendis, avec soulagement, le bruit sourd de l’acier s’écrasant sur le carrelage. Avant qu’il ne réagisse, je récupérai le revolver en m’accroupissant aussi vite qu’une flèche et bondis devant lui pour le mirer, comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt.

- Appelle les flics, intimai-je à Farid qui ne bougeait toujours pas, tétanisé par cette expérience.

Voyant que mon meilleur élève n’arrivait plus à articuler le moindre mot, je reportai mon attention sur le reste de la classe avec un regard de lionne en furie. Tous les élèves se jetèrent comme un seul homme sur leur téléphone pour prévenir la police.

Je fixais Youssef avec une certaine condescendance malsaine qu’une professeure honnête n’aurait jamais dû ressentir. Je le tenais en joue et j’en éprouvais une jouissance absolue. Le pouvoir de pointer cette arme et d’avoir pu maîtriser cet enragé à la seule force de mes petits bras musclés me mettait dans un état de jubilation intense.

Je ne voulais plus perdre mon temps à éduquer des crapules, je voulais les mettre sous les verrous.

C’est ainsi que mon obsession à devenir flic commença…

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Extrait ajouté par Gala-de-Spax 2013-04-15T14:46:47+02:00

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