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Je n’avais pas songé que cela me gênerait que Jack ignore tout de notre relation, et pourtant je ne pouvais m’empêcher d’imaginer à quel point la situation serait différente si j’avais été la femme de Griffon au lieu de son époux. Tout autre détail mis à part, Jack m’aurait alors accepté comme un membre de sa famille, quelqu’un qui aurait droit de revendiquer l’affection de Griffon et même la sympathie de son frère.
Afficher en entierNon pas que je souhaitais réellement le duper, pas plus que je n’avais omis ces informations par crainte qu’il refuse de nous accompagner. Non, Christine et moi avions discrètement convenu qu’il nous fallait agir de la sorte pour nous éviter les complaintes de Whyborne jusqu’à notre arrivée, plutôt que de les subir durant toute la traversée.
Afficher en entier- Nous allons mourir ici, pas vrai ?
- Non, répondis-je par automatisme. Tu ne dois pas dire ce genre de choses.
- Pourquoi pas ?
Afficher en entierJ’avais fréquenté des hommes et des femmes que la société aurait jugés plus séduisants, mais je l’avais désiré dès l’instant où je l’avais vu ; ses membres dégingandés, sa carrure svelte et ses cheveux ridicules n’avaient de cesse de m’émouvoir.
Afficher en entierL’ombre de ses joues se fit plus intense. — J’ai... J’ai quelque chose pour vous, reprit-elle avant d’ouvrir un tiroir. Les journaux disent qu’il fait un froid terrible en Alaska, et j’ai pensé qu’il vous faudrait une écharpe.
À présent complètement écarlate, elle me tendit ce qui devait probablement être l’écharpe la plus affreuse qu’il m’eût été donné de voir. On n’aurait pu la décrire autrement que par la couleur de puce, et elle semblait avoir été tricotée par une araignée enivrée.
— Euh, merci ?
Je la lui pris, faisant mine d’apprécier cette abominable couleur. »
Afficher en entierJ’étais étendu sur le dos, rigide, sur le lit. À ma gauche, un homme tout en os tressautait et marmonnait dans son sommeil. À ma droite, un gaillard gargantuesque laissait s’échapper des ronflements que l’on entendait probablement jusqu’au Canada. La couchette au-dessus de nous s’affaissait de manière inquiétante, et la pièce entière résonnait de l’orchestre de ronflements, d’inspirations sifflantes, et d’autres bruits encore plus indélicats. Je doutais que la moitié d’entre eux aient pris un bain cette semaine, et ceux qui n’empestaient pas la transpiration puaient l’alcool à la place.
Afficher en entierJe bondis sur le garde restant sans lui laisser le temps de réagir. Mon épaule percuta son abdomen et nous tombâmes tous deux à la renverse. Les chiens aboyaient de manière hystérique, rendus à moitié fous par les coups de feu ou bien notre affrontement, je n’en savais trop rien. Je m’attendais à sentir leurs crocs s’enfoncer dans ma chair quand ils viendraient défendre leur maître. Nous roulâmes dans la neige ; je retenais ses bras pour l’empêcher de braquer son arme sur moi.
Afficher en entierUn cri aigu de terreur et de désespoir m’échappa, au même moment où Christine hurlait mon nom. La chair gélatineuse du démon – de l’umbra – ne flancha qu’à peine sous mon poids, comme si j’avais atterri sur une énorme méduse. Des vrilles se détachèrent de la créature, ses tentacules saisissant mes vêtements et mon visage. Je fermai les yeux, attendant que la terrible agonie ne m’assaille.
Il n’en fut rien.
Afficher en entierNotre cabane était petite mais de facture robuste, les murs sans fenêtres composés d’épais rondins nous isolaient du froid extérieur. Les seuls meubles étaient un lit superposé, chaque couchette suffisamment large pour deux hommes ; quatre chaises dont les assises étaient faites à partir de demi-bûches poncées, et une table tout aussi rustique.
Whyborne alluma le poêle grâce à la magie tandis qu’Iskander et moi déchargions nos bagages des traîneaux. Lorsque nous eûmes terminé, la petite cabane offrait déjà une chaleur plus accueillante. Whyborne sortit ses galets et les réchauffa avec ses mains, avant de les glisser dans les sacs de couchage et robes de fourrure que nous avions étalés sur les lits.
Afficher en entierElle était terminée.
Je glissai mes doigts frigorifiés sous mes aisselles et observai la stèle restituée. Après trois jours d’efforts intenses, éreintants et déprimants, cette maudite saleté était enfin complète.
— C’est une ville, souffla Christine. La vois-tu, Whyborne ? Une cité !
Le monument de pierre verte faisait deux bons mètres et demi de haut, et près de la moitié en largeur. D’épaisses bandes de gravures marquaient le sommet et le bas de l’œuvre des deux côtés. Certaines d’entre elles constituaient des figures géométriques, répétées à intervalles irréguliers, là où d’autres étaient composées d’étranges groupements de points et de volutes. Entre les bandes de la face sud était gravé un bas-relief aux détails incroyables, représentant des montagnes... et une ville.
Les Tessons d’Eltdown dataient d’avant toute colonisation humaine connue des îles Britanniques, et cette stèle, enfouie sous trois mètres cinquante de boue et de graviers, devait assurément être très ancienne. En supposant qu’elle fût contemporaine aux Tessons d’Eltdown, elle devait précéder de beaucoup l’agriculture, et par conséquent, le concept même de ville.
Et pourtant, elle dépeignait une cité.
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