Extraits

Salut ? C’est tout ? Pas d’excuses, ni d’explications pour m’avoir abandonnée sur place sans savoir si nous repartions sur l’île Pitt ou pas ? J’intercepte son briquet et lui arrache la cigarette.

— T’as un gros souci de gestion de tes humeurs de merde, Tom ! Je te conseille de consulter.

Vu qu’il m’ignore et palpe ses poches pour attraper son paquet sans ciller, je m’empare d’un bol de lait tiède sur la table et lui envoie le contenu à la figure.

Sursaut et surprise générale. Je repose le récipient dans le chapelet de jurons que Monsieur égraine en ôtant ses lunettes.

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= LOVE en code binaire

J'ai subitement peur de tout.

Peur qu'il s'éloigne définitivement de nous. Non, de moi. Car eux ont gagné une place légitime dans la vie de cette âme torturée et incomprise. Il n'y a que moi qui suis sur la sellette, sa partenaire de jeu du moment...

- Tu loges où au fait, ma cible? m'interroge-t-elle en empoignant mon érection.

Techniquement, c'est moi qui dispose du coeur de cible, tiède et mouillé... Et toi de la flèche épaisse, dure, trèèèèès dure et longue et...

Elle pouffe, n'ayant pas conscience de son pouvoir.

- Si tu continues de m'allumer ainsi, tu ne le sauras jamais. Je risque de te démonter dans la rue.

- Oh oui, plante ta flèche en moi, beau prédateur. Fais de moi ta cochonne, cible-moi tout au fond et...

Je me mets à dévorer ses lèvres, à disjoncter.

Merde, ce n'était pas un cadeau. Arnaud voulait ma mort, en vrai! Déjà que je me prépare psychologiquement à n'avoir aucun réseau, ni Wi-Fi, ni télé. Nada. Walou. Que tchi. Pas d'Insta, pas de tweet, ni de post sur Facebook. Plus de YouTube. Plus de streaming ni de WhatsApp.

Je. Vais. Crever!

J'estime que mon entrejambe ne sera accessible qu'au mec qui me filera des frissons polaires avant même de me toucher. Et que je jugerai digne et méritant, bien entendu.

Au lieu de me marrer, je déglutis, tire nerveusement sur mon t-shirt « Fuck the system ». Je suis avant tout bloggeuse, détentrice de la chaîne YouTube « Urbain & Hype ». Et, ayant nouvellement été promue responsable de la matrice web de notre revue mensuelle renommée Terre de News, on ne me tient pas rigueur pour ma tenue vestimentaire décontractée. Je suis la plus jeune de cette salle, j’ai tout juste vingt et un ans, mais ma popularité croissante sur la Toile me sert de carte de visite. Donc mes Cortez vintage datant de x annnées, mon jean et mon bomber noir avec une tête de mort en strass gravée derrière dénotent parmi les tailleurs sexy et chemises chicos des journalistes bardés de diplômes, si sérieux autour de moi.

— Euh… oui, je me souviens de cette campagne publicitaire. Wilde a engrangé une somme faramineuse pour avoir prêté son nom et son image, me sens-je obligée de ponctuer.

— Et tout a été reversé à l’Unicef, la ramène Daphné Carrère à mes côtés.

Carriériste comme l’indique presque son patronyme, aussi douée qu’impitoyable pour servir son ambition dévorante, cette blonde d’une trentaine d’années serait parfaite pour la mission dont on parle.

Pas moi, quoi !

Moi, je suis à l’aise dans des teufs avec ma bande de potes, des concours de bière-pong ou derrière mon ordi ou smartphone pour décrypter les tendances urbaines. Tester et dire cash ce que je pense de tel ou tel engouement. Fringues, bouffe, nouveaux sports, destinations, pratiques diverses, tout ce qui est in. Pas partante pour ce job de journaliste flirtant avec la « peopolisation ». Les peoples sur leur piédestal, je m’en branle. Ceci étant, même si je n’ai pas les mêmes aspirations qu’eux, j’ai besoin de thune.

Mais no way, d’aller affronter ce mec !