Extraits

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Je  cognai,  plus  fort  encore  que  le  coup  précédent.  Je réitérai,  une  fois  encore ;  la  droite,  puis  la  gauche.  Le bruit sourd d’une mâchoire broyée retentit et j’en salivai presque. 

La violence m’incarnait, m’habitait. Je perdais pied dans les profonds  abîmes  de  la  noirceur,  je  la  laissais  me  saisir  et mener  la  danse.  Plus  de  raison,  plus  de  sagesse,  plus  de retenue : je lâchai tout, en octroyant de nouveaux coups à mon adversaire qui bientôt, chuta lourdement sur le sol.  

La  foule  hurla  tout  autour,  mais  je  n’entendais  qu’un brouhaha,  la  transe  brouillant  mes  sens.  Le  nez  explosé,  la figure en sang, le type allongé devant moi n’était pas encore inconscient, mais peu s’en fallait. J’allais donner le coup de grâce  quand  on  siffla  près  de  mon  tympan,  m’ôtant  par  la même occasion le droit d’en finir. 

Louis se tenait là, à mes côtés, sa main sur mon épaule. 

Savait-il  seulement  que  j’aurais  pu  le  tuer  en  cet  instant ? 

Simplement  parce  que  la  bête  qui  sommeillait  en  moi  ne tolérait  pas  qu’on  fiche  en  l’air  ses  plans  de  destruction massive. Je grognai et lui lançai un regard furax. 

— On  arrête  là  pour  ce  soir,  Gale,  tu  l’as  déjà  bien amoché. T’as remporté ton fric.

❝ J’étais un électron libre, la brutalité me canalisait. J’avais ce besoin constant de me défouler pour rester maître de moi-même face aux autres. ❞

Et  cette  putain  de  barrière  sociale qu’on  tentait  par  tout  moyen  de  maintenir  à  flots  entre  les gosses de riches des beaux quartiers et ceux, comme moi, qui n’avaient pas tiré le gros lot à la naissance, mais plutôt un bel  arsenal suicidaire.