Wild Crows, Tome 5,6 : Wild Christmas

Joe

— C'est dingue ! s'exclama Jenna, c'est déjà le troisième baril de lait de poule qu'on passe depuis ce matin.

Un large sourire fendit mon visage, ravie de pouvoir si facilement remplir les caisses du club. Il en avait grand besoin.

Le surplus irait au service des enfants malades de l'hôpital de San Francisco, ce qui n'était pas non plus pour me déplaire. Noël avait toujours eu cette petite magie dans l'air, celle qui nous poussait tous à devenir plus altruistes.

L'année passée, j'avais cédé ma place sur le stand du club pour le marché de Noël de la ville, ma petite Grace étant malade, j'avais préféré rester à ses côtés. Mais cette année, j'étais de retour, et cette fois, avec une équipe de choc. Jenna et Charlie m'accompagnaient pour former un trio hors compétition.

Résultat : nos minois semblaient plaire aux passants, à tel point que le charme opérant, nous avions déjà doublé le record de ventes du club.

— Charlie fait des ravages ! s'amusa Jenna. On aurait dû opter pour une jeune et jolie blondinette plus tôt, les habitants de Monty Valley sont séduits. Cette nana est une mine d'or !

— Cette fille est à côté de toi ! rétorqua ma belle-sœur avec sa franchise habituelle.

— Mais c'est un compliment ! Tu leur vendrais de la boue parfumée qu'ils le paieraient sans vérifier, juste pour tes beaux yeux.

Je ris en les entendant se chamailler gentiment.

— Merci, mais mon lait de poule est connu comme le meilleur du coin, il n'a rien avoir avec de la « boue », garde tes remarques pour toi !

Jenna leva les mains en l'air pour se dédouaner. C’est l'instant que choisit la reine des corbeaux pour débarquer sur le stand, avec, dans ses jambes, une canaille à laquelle il m’était bien impossible de résister : miss Grace Laurens en personne.

Six ans, toutes ses dents et tout autant de malice dans le regard.

Un petit démon en habits d’anges, un peu comme son père.

— Maman ! Regarde ce que mamie Mona m’a acheté !

hurla la petite tempête à croquer en se ruant vers moi.

Ses grands yeux bleus m’observaient, émerveillés, et la puce me tendait une boule de Noël qu’il fallait retourner pour faire tomber de la neige sur une petite maison en bois.

— C’est très joli, lui dis-je en l’embrassant sur l’une de ses joues bien rondes. Il ne fallait pas, ajoutai-je en direction de ma belle-mère.

Celle-ci me sourit avant de s’approcher à son tour. Dans un chuchotement que ma fille n’entendit pas, la plus diva des Old Lady, même en « retraite », comptait bien me faire part de son avis sur un point.

— Mamie, c’est hors de question, Joe. Débrouille-toi, mais fais en sorte que la petite m’appelle par mon prénom. Je n’ai pas encore l’âge d’être grabataire !

Je me retins de rire et lui promis d’essayer de parler à Grace. Mona parut soulagée et reprit son sourire de circonstance.

— Bon, ça tourne, ce stand ?

— Plus que d’ordinaire, encore ! l’informa Jenna, grisée par la folie des festivités.

— Bonne nouvelle ! Oh, au fait, Charlie, tu as vu mon fils depuis ce matin ? Il devait passer à la maison, mais il ne l’a pas fait…

La petite blonde hocha la tête.

— Je sais qu’ils étaient tous en réunion avant notre départ, mais je ne sais pas vraiment où il est depuis. Sans doute dans les parages…