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Le proviseur hocha la tête.
— Vous voyez de quoi je voulais parler. Nous ne tolérons pas ce genre de comportement dans notre établissement.
Sans blague ? pensai-je avec ironie.
— Mais les insultes, ça, il n’y a pas de problème ?
(...)
— Monsieur Perez, recommença-t-il. Les mots sont une chose. La violence en est une autre.
— Je vois, sifflai-je.
Si les mots étaient venus de Luis, sans doute aurait-il tenu un autre discours.
— Donc si je vous suis bien, monsieur… "le Directeur", je peux parfaitement vous dire que vous êtes un enfoiré de connard, vous n’y trouverez rien à redire ? Par contre, si je vous colle un coup de poing dans la gueule, là, il y aura un malaise ?
Afficher en entier-Tu veux que je te dise un secret, Luis? lui murmurai-je.
Il hocha la tête en déglutissant.
-Si je ne pleure jamais, c'est parce que je ne sais pas ou sont mes larmes.
-Tu les as perdues?
-Depuis longtemps, oui?
[...]
-Gabriel,me dit-il, si tu veux, quand je sortirais de l'hopital, on pourra les chercher ensemble, tes larmes.
Afficher en entier« Il avait une minuscule cicatrice sur le coin de la lèvre, que je n’avais jamais remarquée et qui disparut à l’instant où les lumières s’éteignirent, nous plongeant dans la pénombre.
— Est-ce que tu es certain d’avoir bien retenu que j’étais gay ?
— Oui, me moquai-je. Je crois que j’ai dû intégrer cette notion il y a quelque temps, déjà.
— OK, soupira-t-il quand je passai une mèche derrière son oreille.
Mes doigts glissèrent sur son cou, attiré par le frémissement de sa jugulaire, par les pulsations arythmiques d’un pouls qui s’emballait.
Est-ce que je l’excitais ?
Est-ce qu’il avait envie de moi, malgré tout ce que je lui avais fait ?
Je me penchai sur lui et son souffle se suspendit. J’inclinai mon visage pour mieux le regarder, pour contempler l’éclat de ses yeux gris qui perçait l’obscurité.
— Et toi, Vicky ? murmurai-je. As-tu retenu que j’étais dangereux ?
Il ne répondit rien et je m’écartai pour me renfoncer dans mon siège.
— Tu devrais peut-être t’en souvenir.
— Je ne l’oublie pas, Gabriel, me dit-il. Bien qu’en ce qui me concerne, le danger n’est certainement pas celui dont tu parles.
Le danger, c’était le frisson qui agitait mes épaules, qui parcourait mes mains, le bout de mes doigts, et qui me donnait envie de le toucher.
C’était son regard, ce gris hypnotique. »
Afficher en entierJe me penchai sur lui, frottai ma bouche contre la sienne. Il attrapa ma lèvre entre ses dents et mordit si fort qu’un filet de sang coula contre nos langues.
- Je t’aime, grognai-je.
Je n’avais soudain plus de problème pour le lui dire. Il était sous moi, et je pouvais la sentir de nouveau. La passion. Ce qui le rendait particulier.
Ce qui faisait que je l’aimais si fort.
Si absolument.
- Je t’aime, Vicky, lui avouai-je encore. Je t’aime tellement que tout ce que j’ai désiré de ce type, c’est une raison de te faire mal.
Il se calma légèrement, sa respiration erratique, son cœur tambourinant, la veine de son cou pulsant au rythme de notre folie.
Je souris. Un vrai sourire. Un qui aimait. Qui admettait.
Qui le voulait.
- Je t’aime trop pour aller plus loin que ça, salopard, soufflai-je contre son oreille. Alors, je suis rentré ici pour boire et pour oublier que tu t’envoyais en l’air avec ton ex. Parce que quand Ervin m’a dit « va te faire consoler par ce type », j’ai saisi ce qu’il cherchait à me faire comprendre. Soit je m’envoyais en l’air avec un inconnu, soit je rentrais ici. Tu as fait de moi un faible. Quelqu’un qui peut tout te pardonner pour un peu de toi. Je suis pathétique, et amoureux. Mais je suis là, Vicky.
Afficher en entier—Avec toi, je me sens plus fort, Gabriel. Je me sens protégé et aimé. C’est tumultueux, souvent impétueux et de temps en temps un peu rude, mais tu oublies tout ce qu’il y a d’autre. La douceur, l’affection, l’amour. Je peux compter sur toi n’importe quand; je sais que lorsque je vais te voir, je me sentirai de nouveau entier, parce que tu sauras redonner vie à ce que je croyais éteint.
Afficher en entierJe t'aime comme un éclat de colère, comme une lueur de fureur.
Afficher en entierJ’allais m’allonger et le prendre dans mes bras. Et dans la nuit, je me relèverais pour lui écrire – comme toutes les nuits avant celle-ci. Sans doute lui dirais-je que je ne mérite rien d’aussi beau que lui. Rien d’aussi absolu que les sentiments que j’éprouve près de lui. Et que je priais qu’il ne s’en aille jamais. Qu’il voit en moi l’homme que je suis. Celui que je serai toujours. Parce que c’était tout ce que j’avais pour lui. Et que j’espérais que ce serait suffisant pour le garder.
Afficher en entierPeutêtre qu’un jour, je pourrais m’échapper de moimême.
Afficher en entierSi je suis ce que je possède et que je perds tout ce que j'ai, qui suis-je ?
Afficher en entier— Qu’est-ce qu’il t’a pris, Luis ? gueulai-je si fort que quelqu’un sursauta dans mon dos.
Je ne pris pas la peine de me retourner alors que le petit bonhomme en face de moi devenait aussi rouge qu’une tomate en se ratatinant sur lui-même.
— Je suis pas une minorité raciale, bafouilla-t-il.
— Bien sûr que si, petit con ! m’emportai-je. Que tes camarades en fassent une insulte pour te blesser, c’est une chose. Et la réalité démographique, c’en est une autre. Ton père est mexicain, ta mère vénézuélienne. Évidemment que tu fais partie des minorités de ce pays ! Franchement, Luis ! Si tu veux des raisons d’être en colère, je peux t’en donner de meilleures que celle-ci.
Il baissa la tête et joua avec les franges de son écharpe.
— Je veux pas être en colère, murmura-t-il.
— Ah bon ? Tu ne m’en donnes pas l’impression, là, tout de suite !
— Je voulais pas m’énerver.
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