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Eh Vicky ? La vie semble douce aujourd'hui, et j'ai une place pour toi dans mes bras.
Afficher en entierQui étais-je face à lui ?
Une rose noire qui avait poussé sur une terre baignée de sang.
Afficher en entierJe glissai mes mains dans ses cheveux, lui renversai la tête en arrière, abolissant le peu d’espace qui nous séparait encore.
Son haleine mentholée me chatouilla les narines.
— On est au milieu de la rue, Gabriel, soupira-t-il.
— Et alors ? susurrai-je. Il y a des lois anti-gays, à Minneapolis ?
— Tu es gay ?
— Je n’en sais rien, Vicky. Mais crois-moi, là, je vais t’embrasser.
Il passa un bras autour de mes hanches, posa son front sur mon épaule pour m’échapper. Je me reculai pour capter son regard.
— Quoi ?
Il ne dit rien, j’inclinai le visage.
— Vicky, grondai-je.
— Je ressemble à un vrai mec, comme ça.
J’attrapai son menton entre mes doigts, observai ses traits masculins, d’une douceur tranquille, d’une tendresse légèrement abrupte. Il n’y avait rien de féminin dans la courbe de ses lèvres, dans l’arrondi de sa mâchoire, dans la lueur de convoitise logée au fond de ses iris, dans le souffle d’excitation qui me caressait comme une invite.
— Tu ressembles toujours à un vrai mec, Vicky.
Et puis voilà, c’était sans doute la seule chose à dire. La seule qu’il ait besoin d’entendre. Parce que soudain, il croisa les bras derrière mon cou et m’embrassa. Là, devant le Conga Bistro, alors que mes amis sortaient sur le trottoir et que j’entendis Darius jurer inélégamment.
Afficher en entierVicky avait raison. Il m'embrassait et ce fut comme une porte qu'on claque sur tout le reste.
Il venait de répondre à ma question.
À toutes mes questions.
Pourquoi moi ?
Mais pourquoi pas si je t'aime ?
Afficher en entier- J'ai envie de te dire quelque chose, souffla-t-il contre mes lèvres.
C'était le plus beau des "je t'aime"
- Moi aussi, Vicky.
Afficher en entierIl n'y avait plus de lui et plus de moi, uniquement ce que nous faisions ensemble. Son plaisir devint mon envie et mon appétit, sa soif.
Afficher en entierQue cachaient ses couleurs, sa finesse et cette masculinité divergente ? Cette virilité différente... mais pas moins un homme, non. Juste de façon singulière, comme le sont ceux qui savent aimer autrement.
Afficher en entierLe café était chaud quand Vicky posa les clefs sur le comptoir, et les tasses fumantes quand il nous servit. J'ouvris les baies vitrées et avançai vers le balcon, déposant mon mug sur le rebord. Vicky resta quelques pas derrière, n'appréciant pas de se retrouver face au vide. Il avait le vertige. Pourtant, quand je lui tendis la main, il la prit et se glissa sans une hésitation entre la rambarde en pierre et moi. Je l'enlaçai et posai mon menton sur son épaule, mes lèvres quelques instants sur sa joue.
- Ferme les yeux, Vicky. Je te tiens.
Alors il les ferma, s'accrocha à mes bras et resta blotti là, devant les rayons de soleil qui éclaireraient Minneapolis jusqu'au crépuscule. Les gens commençaient à se lever en ce dimanche matin. Certains prendraient le chemin de l'église. D'autres monteraient en voiture, pour filer n'importe où, ailleurs qu'ici. Juste pour casser leur quotidien. Quand ceux qui resteraient profiteraient d'une journée en famille, moi, je tomberais sur un canapé devant une émission de télé dont je n'entendrais qu'un mot sur dix, préférant écouter le rythme cardiaque de Vicky qui s'accélérerait quand j'embrasserais son cou en lui disant que j'adorais son odeur. Il nouerait ses jambes aux miennes et je baisserai les paupières, mes pensées restreintes à un seul mot.
Félicité.
Afficher en entierPourquoi mes cris n'étaient-ils que des souffles qui se perdaient?
Afficher en entierToi, tu n’as fait que me résister, me repousser, me dédaigner ou m’inquiéter. Rien que ça, ça aurait pu être suffisant pour que j’aie envie de me rapprocher. Mais il y avait plus. Il y avait ton regard, les ombres derrière, ta façon de le poser sur ce qui t’entourait. Sur moi. Tu étais en colère et chaque pas te rendait plus impressionnant encore. On restait volontairement loin de toi. Pourtant, je ne t’ai jamais vu faire de mal à qui que ce soit. Tu n’es pas devenu la terreur des plus faibles, ni le cauchemar des matheux, ni la bête noire des professeurs. Tu restais en retrait, tu ne semblais à ta place nulle part. Et au fil des jours, et des semaines et des mois, je n’ai pensé qu’à ça. Chaque fois qu’on s’accrochait… Chaque fois qu’on se percutait et que tu me demandais de reculer, de baisser les yeux ou de m’écarter de ta route… Chaque fois que je te provoquais et que tu y répondais… C’était un lien que tu créais avec moi. J’avais une place dans ta vie et tu avais une place dans la mienne.
Il avait baissé la voix et le dessin de ses lèvres me donnait envie d’y croire.
D’y croire vraiment. Son pouce dessinait des cercles contre ma paume, hypnotisant, calmant les pulsations de mon cœur qui cherchait à s’enfuir, mort de peur.
Parce que c’était bien de la peur que je ressentais. Celle, immense, de me planter et de tout foutre en l’air. De ne pas être assez… Assez bien, assez grand, assez fort, assez intelligent.
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