Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 732
Membres
1 013 560

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode


Extrait

Extrait ajouté par Grdegirafe 2018-05-05T15:16:55+02:00

Il se dirige vers la Marina Del Rey, j’en suis certain. Ça ne peut pas être un hasard que le port où il m’emmenait enfant se trouve au bout de Mona Boulevard. En arrivant sur le parking de la Marina, je guette, à la recherche d’un pick-up Chevrolet bleu nuit. C’est une voiture singulière : je mets seulement dix minutes à la repérer.

J’avais raison.

Je serre dans la poche de mon blouson le calibre 38 que j’ai piqué dans l’armurerie privée de mon beau-père. Quand je suis arrivé à New York, j’ai fait du tir. J’étais tellement certain que Rob était à mes trousses que j’ai voulu apprendre à me défendre. J’étais à l’aise un flingue dans la main. Je ne tremblais pas, je ne paniquais pas, je visais juste. Comme, j’imagine, tous les gosses qui ont subi des violences. Comme tous ceux qui savent qu’ils ne peuvent pas s’offrir le luxe de rater leur cible.

Alors que j’arrive sur le quai, par cette magnifique journée de mai, la lumière, les nuages crémeux, l’océan scintillant semblent irréels. Trop doux pour la violence qui s’apprête à déferler. Pourtant, il y a aussi ce silence intérieur que je ressens, ce calme. Je me suis préparé pendant dix-sept ans à ce moment. J’en ai toujours eu peur mais j’ai toujours su également qu’il finirait par arriver. Comme dans une tragédie grecque : c’était soit moi, soit Rob. Tout nous a toujours préparés à cet instant, tout nous y a conduits.

Nous y voilà enfin.

Je longe les bateaux amarrés avec un drôle de sentiment de déjà-vu. Comme si le temps n’était qu’un ruban de Möbius, qui ne se déroule pas mais se répète. Il me semble que j’ai déjà vécu cette scène une infinité de fois – au moins en rêve. Comme j’ai toujours su que j’avais un enfant avec June, au fond, je savais que je tuerais Rob par une belle journée de printemps, sur la Marina Del Rey. Que c’est moi qui finirais par l’envoyer dormir avec les poissons.

Les noms et les bateaux défilent : Morning Glory, Nuit de Juin, Providence… Soudain, je reconnais le White Satin. À l’époque, je ne connaissais pas la chanson à laquelle ce nom faisait référence, « Nights in White Satin ». Une magnifique chanson.

Et un magnifique endroit pour mourir.

Sans bruit, je grimpe sur le trawler de 11,5 mètres et commence à avancer vers la cabine, discrètement. Des voix s’échappent. Plus j’approche, plus elles se font distinctes. Une femme qui pleure. Un homme qui crie. J’aperçois la blondeur de June, la stature impressionnante de Rob qui se tient planté face à elle et qui me tourne le dos. Je me précipite à tribord et me cache. Le cœur battant, je sors le flingue de ma poche. J’écoute ce que Rob dit.

– Putain, hurle-t-il, mais comment tu peux me faire ça à moi, June ? Après tout ce que j’ai fait pour toi et pour ton sale bâtard !

– Rob, sanglote-t-elle, je suis désolée, je suis vraiment désolée…

– Ta gueule, petite pute ! Arrête de chialer ou je te bute, c’est clair ?

Immédiatement, June se tait. Je me penche légèrement pour jeter un coup d’œil à l’intérieur de la cabine en contrebas. Rob tient June en joug avec un .45 automatique. Elle est assise sur une chaise, le blouson et le chemisier ouvert, en soutien-gorge. Elle ne porte plus le micro dont l’avaient équipée les affaires internes. Pétrifiée, elle n’ose pas bouger. Ses doigts sont crispés sur les accoudoirs, convulsés par la terreur, noueux comme des racines. C’est ce qui me frappe le plus : ses doigts, cette marque absolue de peur. Une peur comme celle que j’ai connue, que ma mère a connue. Et d’un coup, ça me frappe – cette ressemblance entre Terry et June. Leur blondeur. Leur air à la fois farouche et égaré. Leur jeunesse.

Leur fils.

Mon fils.

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode