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Je me penche vers lui en mode commère. Il fait de même, les yeux étincelants, presque fébrile d’excitation. Ce mec est pire que moi niveau potins.
— Non mais justement, il m’a confié qu’il avait un mec. Enfin, il dit que non depuis, mais dimanche, même si son discours était un peu brouillon, je suis certaine qu’il m’a expliqué qu’il avait passé une super nuit. Et parfois…
La porte de la salle de bain s’ouvre. Nous nous redressons comme un seul homme, l’air de rien. La porte de sa chambre claque. Nous reprenons nos positions.
— Donc, des fois, il reste assis dans le canapé à regarder par la fenêtre en affichant un sourire débile. Je te dis, moi, il est bizarre.
Jo lève un sourcil et se penche encore davantage.
— Il glande en regardant la fenêtre ?
Je hoche la tête pendant qu’il se concentre sur ses pensées.
— Non, mais même avec Jérémy, quand ils se sont mis ensemble, il n’a pas changé d’un iota. Si tu veux mon avis… C’est bon signe. Et tu sais qui c’est ?
Je secoue la tête.
— Non, c’est bien ça le problème ! Mais… Il m’a dit qu’il portait un costard.
« Jo se redresse en fronçant les sourcils.
— Un costard ? Mais Zach ne supporte pas les costards.
— Oui, justement, il semblait étonné lui-même. Si tu veux mon avis, c’est un mec du Stranger.
— Hein ? Un costard au Stranger ? Non, mais tu délires, là. Impossible.
— Alors du Bel Ami…
Il pince les lèvres en réfléchissant.
— OK. Je me mets sur le coup. On va l’occuper un peu, ça lui fera du bien.
— Et à moi aussi !
Afficher en entierLe souffle court, il délaisse mon cou et frotte son entrejambe en fermant les yeux, ses doigts s’accrochant à mon fessier et à ma joue, me guidant contre lui. J’observe ses lèvres tellement tentantes et en rapproche les miennes. Doucement. Il me laisse faire, immobile, attendant la suite. Son souffle se raréfie à mesure que je le rejoins. Ses yeux paniquent lorsque nos bouches se frôlent. La douceur de sa lèvre inférieure effleure la mienne et ce simple contact, léger, brûlant, me fait perdre pied. Mon cœur bat aussi fort que le sien à présent, et je me retiens à lui pour m’empêcher de lui imposer un baiser qu’il m’a refusé plus d’une fois.
Je n’avance pas plus. Je le laisse choisir. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Seul son regard s’anime et parcourt mon visage, encore et encore, un peu perdu, ne sachant plus quoi décider.
Afficher en entierJo discute avec lui quelques secondes, mais je n’écoute pas, totalement absorbé par mon observation minutieuse. Le type, qui se nomme donc Maxim, me tend une main polie lorsque Crevette le salue et s’écarte de lui. Je l’attrape en trouvant ses yeux auxquels je visse les miens. Il soutient mon regard, une flamme de défi dans les yeux. Ah oui ? Il veut donc la jouer comme ça ? OK, ça m’arrange. Je passe mon index sur la naissance de son poignet et le caresse doucement. Il maintient tout autant sa main que son regard. Très bien.
Je me tourne vers Jo qui patiente à quelques pas.
— Je vais rester un peu. Trinquez pour moi.
Il plisse discrètement les yeux puis hausse les épaules.
— OK. Merci pour la tournée, mon biquet.
Il tourne les talons et j’attrape un tabouret. Je le rapproche de notre hôte et m’installe à quelques centimètres de lui. Enfin, pour être exact, je me colle à lui, épaules contre épaules. Il ne bronche pas. À nous deux, Joli Costard tout coincé !
Afficher en entier— SHERYL ! T’as repassé un t-shirt ?
Le côté génial de l’histoire. Je joue au fiancé dépendant. Et sa mère approuve… Une semaine que She s’occupe de mes lessives, de mon repassage (je précise que je ne repasse jamais rien habituellement), de la bouffe, du ménage… Un vrai bonheur.
Elle pousse la porte de la salle de bain sans frapper et me tend un t-shirt, en me fusillant des yeux.
— Tiens !
Je lui offre mon plus beau sourire en retour.
— Merci…. Chérie.
Elle grimace.
— De rien… Amour…
Afficher en entierSHERYYYYLLLL !
Elle hurle depuis le fond de l’appartement.
— OUAIS ?
— J’suis bloqué !
— Hein ?
— Merde ! Viens, j’ai besoin de toi !
La vache, j’en tiens quand même une bonne ! On s’en souviendra de cette crémaillère chez Jo.
Afficher en entier“-J’avais répété un petit discours, mais je l’ai oublié. Encore désolé, c’est pas vraiment mon truc les grandes déclarations. Je suis nul, décidément…
-Oh putain ! Non… tu n’es pas nul, Zach ! Dis-moi… simplement… dis-moi que tu m’aimes et nous pourrons traverser tout le reste. Explique à mon âme que toi et moi pouvons devenir un nous. Autorise mon cœur à battre pour toi. Libère mes lèvres et laisse-les t’embrasser enfin. Dis-moi que tu m’aimes. "
Afficher en entier— tu es toujours dépendant de ton père et de ton passé. Tu considère encore, après toutes ces luttes que tu as menées durant toute ta vie, que tu ne te résumes qu'à l'image que ton père te renvoie. Mais c'est faux. Tu n'es pas invisible. Tu n'es pas inexistant. Au contraire, tu te bats pour vivre et ça se voit ! Mais merde Zach, comment peut-on ne pas t'aimer ? C'est ça, la vraie question. Et toi, tu refuses d'ouvrir les yeux. Certainement parce que c'est plus facile de te dire que si personne ne te voit, alors tu ne risques rien. Ni de faire mal, ni d'avoir mal.
Afficher en entier— Tiens, de la part de Milo. Je lui avais conseillé un yucca puisque tu nous as signifié clairement ton envie d’exotisme l’autre soir. Mais il m’a rappelé, à juste titre, que trimballer un yucca dans le métro n’était pas chose facile. Donc, cactus.
— D’accord, mais pourquoi ton mec m’offre-t-il un cactus ?
Afficher en entierJe n’avance pas plus. Je le laisse choisir. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Seul son regard s’anime et parcourt mon visage, encore et encore, un peu perdu, ne sachant plus quoi décider.
Puis il esquisse un rictus amusé et écarte son visage du mien en reprenant sa petite chanson.
— But with the beast inside
There’s nowhere we can hide
(Quand la bête est à l’intérieur, il n’y a nulle part où nous cacher).
Le côté insupportable reprend le dessus et m’irrite encore une fois. La fois de trop, qui me remémore désagréablement que je ne suis qu’un con dont il joue sans aucun scrupule. S’il n’a pas encore compris que je ne marche pas dans son petit jeu, je ne vois aucun souci pour lui démontrer ce point. Je le pousse sans douceur.
— J’en ai marre ! Trouve-toi une autre victime, j’ai du boulot !
Il titube en reculant et en riant.
— La vache ! T’es pas drôle !
Je ne suis pas drôle, peut-être, mais dans tous les cas, son avis m’indiffère totalement. Je n’ai qu’une envie, qu’il se barre, lui et sa putain de sensualité qui me fait péter les plombs.
— Zach, rentre chez toi ! Tu n’as rien à foutre ici.
Il ricane en essayant de rester debout puis revient vers moi.
— Chez moi ? Pourrais-tu me donner l’adresse, s’il te plaît, parce que je l’ai perdue… Personne ne m’attend nulle part… Libre comme l’air, le Zach…
— Il me semble que tu as des amis, Zach. Et sans doute une chambre, quelque part.
Il se redresse face à moi, sérieux cette fois.
— Des amis ? Je les déçois… encore… Pourquoi seraient-ils mes amis, Joli Costard ?
Le sauvage déchainé s’apaise soudainement, laissant place à plus de profondeur. Il plonge ses yeux au fond des miens. J’ai l’impression d’y voir un nouveau Zach. Peut-être le vrai cette fois. Celui qui semble… souffrir ?
J’inspecte ses yeux. Ils sont durs, perdus, une lueur différente, que je ne connais pas, brûle ardemment au fond de ses pupilles. Ils me déstabilisent. Cet homme, sorti de nulle part, comme envoyé pour détruire toutes mes bases, explose tout sur son passage. Il pose sa main sur ma joue en reprenant son souffle.
— Joli Costard…
Nous ne bougeons pas. La pluie, les clients qui attendent pour rentrer dans le club, même les quelques voitures qui nous évitent de justesse… Rien ni personne n’existe plus. Il m’ensorcèle totalement. Puis un rictus amer s’affiche sur ses lèvres.
— Celui que je ne suis pas.
Je fronce les sourcils sans comprendre. Il ferme les yeux sans lâcher ma joue. Il chancèle, j’attrape son bras et l’attire à moi pour le maintenir debout. Il ouvre les paupières sur des yeux brillants de désespoir.
— Ta question de cet après-midi. Ce que je veux que tu me fasses oublier. Simplement l’homme que je ne serai jamais.
Sa seconde main attrape mon autre joue et il pose son front contre le mien, tout en douceur. Mon coeur fond, j’en oublie qu’il m’agace et me laisse emporter dans sa douleur. Je n’ai envie que de l’embrasser, de le rassurer, de l’attraper et de le serrer contre moi pour le protéger de ses démons. Il est magnifique dans sa déchéance. Rebelle contre la vie, contre ce qu’il semble porter depuis trop longtemps, il touche mon coeur sans avoir besoin de le chercher. Il est juste là, au creux de ses mains, sur ses lèvres, dans ses yeux. Il a tout happé de moi et je me sens désarmé face à sa détresse, presque belle, noble et majestueuse.
Il fredonne en nous berçant, ses yeux perçant de plus en plus mon âme, comme pour m’avertir.
— Don’t get too close
It’s dark inside
It’s where my demons hide
(Ne t’approche pas trop, c’est sombre à l’intérieur, c’est là que mes démons se cachent).
Je comprends que lui aussi ressent que quelque chose de plus fort que nous est en train de nous emporter. Qu’il n’y peut pas plus que moi. Que parfois, les coeurs battent sans qu’on leur demande de le faire.
Mais ce n’est pas une raison pour oublier tout ce que je suis. Je refuse de le laisser me manipuler encore une fois sans comprendre. Je ferme les yeux en soupirant devant ce destin implacable qui commence à me faire comprendre que le « cas Zach » ne sera pas si simple que je le pensais.
— Pourquoi es-tu revenu ? Tu reviens toujours.
— Parce que toi aussi tu reviens toujours. Tu es même venu au Stranger… Je n’ai pas réussi, Joli Costard. Il n’y avait que toi. Pourquoi tu m’as fait ça ?
Je n’ouvre pas les yeux. Je ne sais même pas de quoi il parle.
— Je ne connais pas le Stranger. Je n’y ai jamais mis les pieds. Tu délires.
— C’est mon bar de baise. Sans capote. N’importe qui. Et je leur fais n’importe quoi. Et ça me fait du bien. Mais pas là. Tu étais là. Entre mes deux oreilles. Devant mes yeux.
Sa voix se brise.
— Fais-moi oublier, Baby. J’ai besoin d’oublier…
Afficher en entierTout son corps se contracte brutalement et son orgasme explose sur ma langue avec force.
Au même moment, exactement à cet instant, la lumière s’éteint subitement dans la pièce, tout comme la musique de l’autre côté de la porte. Le bloc de secours se met en route au-dessus de nos têtes. Il prend quelques secondes pour expulser les dernières gouttes de plaisir, puis me repousse avec douceur pour récupérer son pantalon.
— Waouh ! Toi, quand un orgasme te fait péter les plombs, tu ne fais pas les choses à moitié ! Ou alors, c’est simplement que je suce comme un putain de Dieu !
Zachary se redresse, amusé, en essuyant négligemment la commissure de ses lèvres de son index. Foutrement sexy ! Ce mec est une bombe atomique. Son regard gris me fixe dans l’obscurité et je n’arrive pas à détourner les yeux de lui. Et oui, il suce comme un Dieu, je confirme. Au point que j’ai du mal à revenir à la réalité et à ce qui ressemble à une panne d’électricité générale dans mon club. Je reboutonne rapidement mon pantalon pendant qu’il fait de même.
— Il se passe quoi ?
Des cris de mécontentement commencent à se faire entendre dans la salle derrière nous.
— Fucking hell ! Je crois qu’on a une panne générale ! Les experts m’avaient prévenu que l’installation était à refaire, mais je ne pensais pas qu’il y avait urgence !
Il pose ses mains sur ses hanches en soupirant.
— Bon, où est ta technique ?
Je me redresse en lissant ma chemise.
— Je te demande pardon ?
Il hausse les épaules.
— Je suis électricien. On va aller regarder tout ça !
— Tu déconnes ?
— Non, pas trop. J’aime pas faire des heures sup, mais j’ai envie de continuer ma soirée moi, et il me semble que tu me dois un verre.
J’ouvre la porte pour affronter les clients mécontents, paniqués dans le noir.
— Je ne vois pas pourquoi je te devrais un verre.
— Parce que je vais te dépanner, par exemple ?
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