Extraits

— Je ne suis pas sûre qu’il soit convenable pour moi de me trouver dans la chambre de M. Camden, dis-je, essayant de garder les yeux rivés sur le sol.

Je n’ai pas besoin de savoir à quoi ressemble la chambre à coucher de mon patron.

— Détends-toi, on baise tout à fait normalement là-dedans, dit Everly depuis la salle de bains. Ce n’est pas comme si on faisait des sextapes ou je ne sais quoi, ajoute-t-elle sur un ton qu’elle veut rassurant.

Elle trouve son rouge à lèvres et nous nous dirigeons vers la porte quand Everly s’arrête net devant le dressing, nous criant d’attendre.

— Tu devrais essayer ça ! piaille-t-elle, une minijupe à sequins à la main.

— Euh…

Je proteste, mais elle m’a déjà fourré la jupe dans les mains et poussée vers la salle de bains. Et, je dois avouer que je suis curieuse de voir ce qu’elle donne portée.

— Sandra, tes jambes ! Je tuerais pour avoir des jambes pareilles. Il faut que tu portes cette jupe. J’insiste, s’enthousiasme Everly à l’instant où je refais mon apparition dans la chambre.

— Tu crois ? dis-je en allant me regarder une nouvelle fois dans le miroir. Je suis plus grande que toi. C’est vraiment court sur moi.

— Oui, je sais. De rien. Maintenant, enlève ta chemise.

— Pardon ?

— Enlève la chemise sous ta veste. Puis remets la veste.

— Euh, tu veux que j’aille à une soirée sans chemise ?

— Ne discute pas, intervient Chloe. Ou nous ne quitterons jamais cette pièce. Crois-moi.

Je les regarde tour à tour. Elles sont sérieuses. J’ouvre la bouche pour protester, mais Chloe secoue la tête.

— Everly et moi sommes amies depuis toujours. Crois-moi, nous ne quitterons pas cet appartement avant qu’elle soit arrivée à ses fins.

C’est ainsi que je me retrouve sans rien d’autre qu’une jupe trop courte et une veste. Everly s’occupe d’améliorer ma coiffure également.

— Elle va te caser avec quelqu’un, tu le sais, n’est-ce pas ?

— Je ne case personne, nie Everly en secouant la tête. Je me contente de créer des opportunités.

— Nous avons donc établi que tu harcèles Finn depuis que tu as six ans.

Je remue sur mon siège et tire les manches de mon pull sur mes doigts.

— Je ne crois pas que ce que j’ai pu faire puisse être qualifié de harcèlement.

Il me lance un regard dubitatif.

— D’accord, dis-je en soupirant. Je n’ai rien fait avant l’an dernier qui puisse être qualifié de harcèlement.

— Mieux. Donc, tu suis la vie de Finn de manière… amicale, depuis que tu es petite.

— C’est le meilleur ami de mon frère, réponds-je. Il a toujours été dans les parages. Ce n’est pas comme si je l’avais cherché sur Google quand j’étais en primaire.

— Bien sûr que non, concède-t-il, mais j’imagine au ton de sa voix qu’il me soupçonne d’avoir fait des recherches sur Finn bien avant de pouvoir aller à l’arrêt de bus toute seule.

— Puis tu t’es inscrite à l’université où il se trouve que Finn enseigne. Il y a des milliers d’universités dans le pays, et tu choisis Penn.

— C’est une université de l’Ivy League, Sawyer, réponds-je sèchement, agacée par son clin d’œil ironique. Il n’y en a que huit en tout.

— Pas faux. Bien défendu. Il marque une pause. Je suis contente de ma réplique.

— Tu as postulé dans quelles autres universités ?

— Allô ? La Terre à Sophie la naïve ! Ça ne t’a jamais paru bizarre que ton mec de vingt et un ans n’ait jamais essayé de te baiser ?

Everly remplit le moulin à café industriel de grains et me lance un regard circonspect. Je lui tends une pile de sachets de cinq cents grammes à remplir pour la vente au détail et m’appuie contre le comptoir opposé.

— Je pensais que c’était par respect, pas parce qu’il avait une peur bleue des vagins, lui dis-je en donnant un coup de pied dans le tapis antidérapant. Mais il me laissait lui faire des fellations, ajouté-je pour ma défense.

Everly pouffe.

— Ouais, avec la lumière éteinte. Je me mords la lèvre et détourne le regard.

— Oh non ! Je plaisantais. Je suis vraiment désolée, Sophie. Merde, sérieux ? Les mecs adorent regarder quand on les suce. Mais Scott imaginait certainement que c’était un mec pendant que tu étais en train de le sucer… Eh, merde. Je ne fais qu’empirer les choses.