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Extrait ajouté par bellajessica 2013-10-02T21:15:43+02:00

Du sang. Sur les draps, sur l’oreiller, partout. Est-ce qu’on m’a tuée ? On est entré pendant que je dormais et on m’a tranché la gorge ? Mon cœur bat affolé, j’ai peur : j’ai peur de découvrir qu’on m’a tuée. Mais je dois regarder, je dois vérifier. Pourtant, je vais bien, je me sens bien : le sang pourrait ne pas être le mien. À qui est-il ? Cela me fait encore plus peur. Je me lève, il fait froid. Quelle heure est-il ? Dix heures quarante-cinq – c’est-à-dire en réalité neuf heures quarante-cinq, parce que je n’ai jamais remis le radio-réveil à l’heure solaire : je n’ai pas dormi du tout – et tout ce sang, sur le lit, sur l’oreiller, c’est mon sang. Et pourtant je suis vivante, je me tiens droite sur mes jambes, et je ne ressens pas de douleur. Le sang est sur la main, la gauche, sur les doigts – c’est du sang frais. Je dois me rasseoir, je vais m’évanouir. Ça a toujours été comme ça. Même à l’Université, la vue du sang me faisait m’évanouir. Voilà, assise, ça va mieux. Je devrais me regarder dans le miroir, je le sais, mais j’ai peur qu’il y ait du sang même sur le visage. Je ne pourrais pas vivre défigurée. Mais d’ailleurs, défigurée par qui ? Alberto ? Il a encore la clé : il est devenu fou, il est venu ici pendant que je dormais et il m’a – mais quelle bêtise : pauvre Alberto, qu’est-ce qui m’arrive de penser une chose pareille ? Et pourtant quelque chose est arrivé, il y a du sang sur les draps, sur l’oreiller, sur ma main – rouge, frais. Il en sort encore de ma main, voilà : des gouttes de sang, sur le sol. Je dois absolument regarder, je dois vérifier, je ne dois pas m’évanouir. Suis-je, oui ou non, un médecin ? Du courage : la main, la main gauche. Voilà. Les doigts. L’index, surtout, sur la phalange – oh, mon Dieu, non. Oh, non. La cicatrice. Mais comment est-ce possible ? Comment diable est-ce possible ? Pourtant c’est bel et bien la cicatrice : elle s’est rouverte. Mais il est impossible qu’elle se soit rouverte – après combien de temps ? C’était la dernière année où je faisais les compétitions, j’avais seize ans – après quinze ans. Pourtant, c’est bel et bien la cicatrice, cette cicatrice-là. Oui, c’est elle. Elle s’est bel et bien rouverte, il n’y a qu’à voir. On voit l’os, oh mon Dieu, comme quand je me suis coupée, il y a quinze ans – je me sens mal, je tombe dans les pommes. On voit l’os, le sang continue à couler à flots, je me sens mal mais je dois l’arrêter, je dois faire quelque chose : prendre un mouchoir, voilà, le serrer autour du doigt, oui, l’attacher, certes – avec quoi ? L’élastique pour les cheveux non, il ne tient pas ; le sparadrap que j’ai dans la salle de bains irait bien, mais dans la salle de bains il y a le miroir, et j’ai peur de me regarder dans le miroir : et si j’étais défigurée ? Mais je dois le faire, et vite, sinon je vais mourir d’une hémorragie. Voilà, je suis dans la salle de bains. Voilà, je me regarde dans le miroir. Rien, le visage est comme il faut, sauf les yeux cernés, et une pâleur de cadavre – forcément, je vais m’évanouir, je vais mourir d’une hémorragie. Et au contraire, non, je résiste, je respire et résiste, je prends le sparadrap dans le placard, non, il vaut mieux le pansement en ruban, le voilà, l’attacher fort, le mouchoir est déjà imbibé de sang, et maintenant qu’est-ce que je vais faire ? Je respire, je reviens dans ma chambre, je me rassois sur mon lit. Je respire. Yoga. Dedans. Dehors. Dedans. Dehors. C’est comment, le mantra ? So Ham, je crois. Oui. So Ham. Regarde-moi ça, quelle boucherie, on dirait vraiment qu’on m’a égorgée. Qu’est-ce que je dois faire ? Je retourne aux urgences, oui, il y a Crocetti, il a pris le relais quand moi je suis partie, nous nous sommes croisés dans le hall : c’est lui qui va s’en charger. Mais je dois m’habiller, et je vais tout salir avec le sang : je dois passer mon survêtement, ma veste en pilou, quelque chose qu’on peut laver facilement – mais, après tout, qu’est-ce que je m’en fiche ? Je dois éviter de mourir en perdant tout mon sang, qu’est-ce que j’en ai à faire si je salis ou ne salis pas mes vêtements ? Et je dois faire vite, je vais m’évanouir, mais je ne peux pas m’évanouir, je dois même sortir, mais je dois d’abord prendre les clés, oui, et le portable, et respirer, respirer profondément – So Ham – puis sortir, oui, avec mon anorak et mon chapeau. Il neige encore, je ne peux pas y aller à pied. Je dois me risquer en voiture. Je dois arriver le plus tôt possible chez Crocetti, il va me recoudre. Zut ! La Clio est presque entièrement recouverte de neige, combien en est-il tombé en une heure et demie ? Dix centimètres au moins. Allons, Giovanna, entre dans la voiture. Vas-y, allume le moteur. Fais marcher l’essuie-glace. C’est bien, comme ça. Et respire, ne regarde pas ton doigt, ni même le mouchoir trempé de sang : fais marcher l’air, plutôt, ici tout est plein de buée. Bien. Maintenant, sors du parking, mais très doucement, le pied léger sur l’accélérateur, comme ça. La route, heureusement, n’est pas encombrée, les déblayeurs sont en train de travailler, vas-y, voilà, comme ça, tout doucement, en suivant les traces des autres voitures, en gardant les roues sur les sillons propres. Comme ça, oui : pas de saccades, ne freine pas, je t’en supplie – par bonheur il y a peu de gens qui circulent. La cicatrice s’est rouverte. Comment est-ce possible ? J’ai dû cogner mon doigt contre quelque chose en dormant, quelque chose de coupant, que sais-je, sur la table de nuit, fais gaffe ici, le virage doit être fait sans à-coups, rond, comme ça, ou contre la tête du lit, un coup au moment où je me retournais dans mon sommeil, oui, contre quelque chose de coupant. Gaffe à l’autobus. Ne le dépasse pas, arrête-toi derrière lui. Laisse les gens descendre, attends qu’il reparte. Non. Au bout de quinze ans une cicatrice ne peut pas se rouvrir, aussi profonde et nette comme – bon Dieu, si j’y repense, je m’évanouis. Respirer, respirer, mais qu’est-ce que c’est que cette peur ? Pourquoi ai-je encore peur ? De quoi ? So Ham. On ne m’a pas égorgée dans mon sommeil, je ne suis pas défigurée, je ne suis pas tombée dans les pommes et maintenant je ne meurs plus en perdant mon sang, voilà l’hôpital, voilà la barrière des urgences. Le gardien a changé, il y a maintenant celui qui est rasé, dont la sœur, la pauvre, a une leucémie : il me reconnaît, il lève la barrière, me salue, mais au bout de quinze ans une cicatrice ne peut pas se rouvrir toute seule, il n’y a rien à faire, je dois avoir mal vu, j’ai dû me blesser là, à côté, sûrement, sur le même doigt : j’ai forcément dû mal voir, c’est la faute de la peur, cette peur qui n’est pas encore partie. Tiens, il y a une place libre – mais doucement, fais gaffe au tas de neige. Il vaut mieux faire une manœuvre. Voilà, bien droite, comme ça. Ça y est. Descendre, à présent, et faire attention à ne pas tomber sur cette neige fondue qui – merde, je ne peux pas y croire : je n’ai pas mis mes chaussures. Je suis sortie en pantoufles, j’ai conduit en pantoufles – les horribles pantoufles que m’a offertes Alberto, celles avec les oreilles de Mickey. Je me présente aux urgences avec les pantoufles de Mickey. Bon, il n’y a plus grand-chose à faire, désormais, je suis entrée. Tchao Luciano, tchao Ignazio. Les infirmiers me regardent drôlement, mais j’avance tout droit, je sens que je ne peux expliquer qu’une seule fois, à Crocetti, cette affaire inexplicable, au moment où il va me recoudre. Le voilà, debout devant la porte des consultations : il ne fait rien, aucune urgence, il bavarde avec l’infirmière belle, comment s’appelle-t-elle, Sofia…

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