Extraits

Au bout de plusieurs minutes, je trouve le courage de me redresser et revenir sous la douche pour me laver. Je me sens plus sale d’avoir été baisé de la sorte par Sofiane que d’avoir pris un avion et d’avoir côtoyé des centaines de personnes dans les rues de Madrid ou à l’aéroport. Je rince le gel douche quand la porte s’ouvre.

— Dépêche-toi, je vais me pieuter.

— Et ?

— Tu viens te coucher ! balance-t-il comme une évidence.

De mieux en mieux. Je secoue la tête, abasourdi. Je ferme les yeux, et réfléchis à une seule et unique question : malgré ce que j’ai subi ce soir, est-ce que je le veux encore dans ma vie, même s’il recommencera ? Je coupe l’eau tandis que la réponse s’insinue en moi, assez facilement. Il suffit de voir mon sexe se dresser aux souvenirs récents. Le plaisir qu’il me donne vaut bien quelques limites repoussées.

Je récupère ma serviette et ressens un besoin de réconfort, donc je déniche mon peignoir dans le placard. Je m’emmitoufle dedans et réalise un tour de l’appartement. Je ne vois pas Shrek. Ses gamelles sont sur l’évier, vides et propres. Par contre, son panier a disparu.

Je retrouve Sofiane allongé sur le lit, en train de se tripoter les parties intimes devant la télé. Mon Dieu, le cliché. Sauf que je ne me laisse pas influencer par cette vision assez parfaite de lui.

— Où est-il ?

— Qu’est-ce que ça peut te foutre ? lance-t-il sans me regarder.

— Où est Shrek ? l’interrogé-je, m’approchant de lui. Tu vas me répondre, putain !

Il tourne enfin la tête vers moi, yeux noirs en prime.

— Il n’est pas là.

— Où ?! m’énervé-je.

— Fais pas chier, Nicolas. Va te coucher.

— Oh non ! pété-je un plomb. Où est mon chien ?!

En plus du regard sombre, j’ai le droit à son air de dédain.

— Ce n’est pas ton chien. Shrek est chez ma mère, vu que…

— Je m’en fous, tu vas le chercher demain.

— Tu rêves, persiffle-t-il.

Je me penche vers lui, trouve toute la détermination possible en moi, et m’impose.

— Si tu ne le ramènes pas, j’appelle les flics et tu quittes mon appart.