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Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l'avait heurté, suivi d'une ample chute légère comme des grains de sable qu'on eut laissés tomber d'un fenêtre au dessus, puis, la chute s'entendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle : c'était la pluie.
Afficher en entierAutrefois on rêvait de posséder le coeur de la femme dont on était amoureux; plus tard, sentir que l'on possède le coeur d'une femme peut suffire à vous en rendre amoureux.
Afficher en entierEt tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.
La vue de la petite madeleine me m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ...
Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, aprés la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frèles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
Afficher en entierDepuis si longtemps il avait renoncé à appliquer sa vie à un but idéal et la bornait à la poursuite de satisfactions quotidiennes, qu’il croyait, sans jamais se le dire formellement, que cela ne changerait plus jusqu’à sa mort.
Afficher en entierMonsieur Legrandin, à l’auteur lors d’un dîner auquel il l’avait convié
- Aux cœurs blessé comme l’est le mien, un romancier que vous lirez plus tard prétend que conviennent seulement l’ombre et le silence, *
* Épigraphe du Médecin de compagne de Balzac « Aux cœurs blessés l’ombre et le silence »
Afficher en entierCertes, il y a dans ma maison toutes les choses inutiles. Il n’y manque que le nécessaire, un grand morceau de ciel comme ici. Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie…
Afficher en entierCe que je reproche aux journaux c’est de nous faire faire attention tous les jours a des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie des livres ou il y a des choses essentielles Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, apés la mort des êtres, après la destruction des choses, seules plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes plus fidèles l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelettes presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.
Afficher en entierAutrefois on rêvait de posséder le cœur de la femme dont on était amoureux; plus tard, sentir qu'on possède le cœur d'une femme peut suffire à vous en rendre amoureux.
Afficher en entierMais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'à aller prendre connaissance comme d'un cahier des charges ou d'un testament; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l'acte si simple que nous appelons "voir une personne que nous connaissons" est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l'aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part. Elles finissent par gonfler si parfaitement les joues, par suivre en une adhérence si exacte la ligne du nez, elles se mêlent si bien de nuancer la voix comme si celle-ci n'était qu'une transparente enveloppe, que chaque fois que nous voyons ce visage et que nous entendons cette voix, ce sont ces notions que nous retrouvons, que nous écoutons.
Afficher en entierLes faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances m, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies se succédants sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de Dieu ou du talent de son medecin.
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