Dany Hericourt

Un road trip d'une jeune galloise en France de années 80 sur les traces d'un objet trouvé auprès de son père le jour de sa mort. Ou plutôt une histoire de deuil, d'une quête de soi, de sa propre identité, de l'amour de la famille. C'est drôle et grave en même temps, poétique et loufoque, décalé, nostalgique et déjanté.

Et très bien écrit.

« Ada et Graff » sont deux personnages que rien ne semble se faire rencontrer. Et pourtant.

La vie d’« Ada et Graff » est suspendue à un fil. Pour Ada, c’est l’attente de sa fille Rebecca, réfugiée dans une secte ; pour Graff , c’est son passé de funambule.

« Ada et Graff » ne sont plus en mouvements car ils se font vieux et n’attendent plus rien de l’avenir.Ils vivent un présent lourd à bouger, hantés par les fantômes de leur passé. L’une est galloise et on en apprend sur les terribles accidents miniers qui ont décimé sa famille et sa terreur de se retrouver avec Guy, un français, dans le Massif Central, près d’un terril. L’autre est de la communauté des Roms, victime d’un accident au démontage du chapiteau, le contraignant de rester dans ce village alors que le cirque continue son chemin. L’une comme l’autre se racontent leur histoire familiale ; l’une dans le Pays de Galle ; l’autre dans l’Europe de l’Est.

« Ada et Graff » sont marginaux à leur corps défendant dans ce village où ce qui n’est pas local dérange. Ils sont en marge de ce village, où, à coups de ragots, ils sont regardés de travers, "bavardés "et jugés.

Il est vrai qu’«Ada et Graff » sont excentriques, ne sont pas comme les autres. L’amour passe par là, les réunit et les remet en mouvements sous l’œil critique des « gens comme il faut. » Car il est bien là, le vrai thème du livre : l’amour chez les vieux alors qu’ils filaient tous deux doucement vers leur mort. On vit certes leur histoire au présent et l’autrice nous invite à lire le passé d’ Ada consignée dans des lettres pour Graff et à écouter celui de Graff, racontée à la nuit tombée, pour Ada. C’est sublime, beau et raconté avec pudeur et poésie. Même les mots romani trouvent une belle sonorité qu’Ada laisse tinter avec des émotions dites en Anglais. Ce très beau livre respire la nature du Massif Central qu’Ada connaît mieux que ceux du cru , décrite avec beauté et à laquelle est sensible Graff et fait un pied de nez à tous les sectarismes : ceux du village à leur encontre, la chasse aux Roms, l'embrigadement dans une secte, la légèreté de l'amour même quand on a entre soixante dix et quatre vingts ans.

Une autrice partagée entre le Pays de Galle et la France à découvrir ; une jongleuse des mots, des langues, de ses deux cultures qui confère au livre un univers singulier, cocasse et poétique. C’est son second livre.je vais m’empresser de lire son premier et attends avec impatience son prochain.

Délicat et sensible, on suit une jeune femme après le décès de son Papa, elle va et suit un chemin plus ou moins au hasard entre Pays de Galles et France. Joli !