Delphine Horvilleur

Au prétexte d'une sorte de fascination pour l'oeuvre, si riche et complexe, de Romain Gary / Emile Ajar, et l'audace dont cet auteur a fait preuve dans sa vie multiple, Delphine Horvilleur se livre à une analyse du phénomène identitaire.

Oui, il est dangereux, pour soi et la société, de se crisper sur une définition (pensons à l'étymologie de ce mot: établissement de frontières) de sa personnalité, une réduction à des étiquettes (religieuses, raciales, comportementales...), des obsessions victimaires... alors que la vie est faite d'une redécouverte constante de sa richesse, de ses potentialités.

Comme le dit justement un(e) des commentateurs qui m'ont précédé dans cette colonne, l'autrice néglige un peu l'importance de se construire en utilisant son identité sociale, sachant que cette étape est nécessaire pour évoluer.

Ceci dit, j'ai bien aimé le procédé qui consiste, avec un certain humour, à donner la parole à un fils supposé d'un homme inventé....

Un livre nécessaire, profond, émouvant.

Il montre, analyse de textes spirituels, de textes bibliques, et de la propre expérience de l'auteure, si fréquemment appelée à rencontrer et accompagner des endeuillés, le lien essentiel entre la vie et la mort. Chacun d'entre nous peut se reconnaitre dans l'un ou l'autre de ces moments.

Toute une réflexion, profonde, claire, et nullement pesante (les "blagues juives" ont leur place!) sur la transmission, la part de nos ancètres que nous portons en nous, et la part de nous qui sera transmise à nos descendants et à la société.

De belles formules sur la laïcité, la place que notre principe de laïcité laisse à la différence, la découverte, le doute, l'accueil d'autres convictions. Le judaïsme de l'auteure est tout le contraire d'une religion fermée, dogmative et dominatrice, merci à elle de l'affirmer tranquillement.

Je remercie la masse critique de Babelio pour l’envoie de ce roman.

Noémie et Marc sont mariés depuis douze ans, ont deux magnifique enfants, Ethel et Adam de cinq et trois ans. Le bonheur familiale ? Oui mais le rêve va tourner au cauchemars.

Le 5 janvier 2020 : Mars présente ce qui ressemble à une grippe intestinale mais il a des douleurs atroces aux poignet inexplicables. Les médecins pensent à une septicémie par streptocoque mais il va se retrouver aux soins intensifs, et sa santé va se dégrader petits à petits et se retrouve en réanimation.

« J’ai l’impression de me dédoubler : Docteur Jekyll la journée, en mode robot au rythme du service de réanimation, et Mister Hyde le soir avec mes enfants, aussi douce et zen que possible »

Fin mai 2020, le verdict tombe : Marc souffre d’un cancer gastrique très agressif.

Il ne veut pas que cela se sache, il refuse qu’on le voit comme un malade, surtout à son travail. A partir de ce moment-là, tout s’accélère, les traitements, les protocoles vont se mettre en marche pour essayer de lui rallonger sa vie. Malheureusement Noémie à cette horrible prémonition, elle devine qu’il va mourir de son cancer. Les médecins lui donnent entre trois et quatre ans de vie mais cela peut aller vite donc avoir moins de temps.

« Je suis effondrée. Seule dans ma voiture, je hurle, je sanglote, je n’arrive pas à m’arrêter ».

Pour finir :

Marc aura survécu huit mois, courageusement, il souhaiter fêter l’anniversaire de ses enfants avant de partir le 19 janvier 2021. C’est un homme qui a fait preuve de courage, d’une force de caractère, qui a toujours garder le sourire sans jamais se plaindre même quand il était au plus mal.

Son crédo : générosité, bonheur, joie de vivre

« Huit mois, c’est trop rapide pour mourir, mais trop long pour souffrir »

L’autrice n’a pas voulu écrire un livre triste, il montre le courage et la résilience d’une femme, face à la maladie et au deuil. Nous passons de la santé de Marc qui se dégrade de plus en plus aux souvenirs de leurs rencontres et/ou heureux.

Quand nous faisons face à une personne mourante, souvent nous ne savons pas comment réagir, la maladie et la mort fais peur, souvent nous n’avons pas le mots.

« Je suis optimiste, positive, et je sais que ça ira. Probablement pas tout les jours, mais ça ira » (Noémie)

Excellent récit sur l'identité et ce qu'il ne faut pas en faire. Trestbien écrit, humour décapant voire irrévérencieux mais messages qui passent et font mûrement réfléchir.

Un livre interessant de par sa thématique sur notre rapport à la mort au travers l'expérience de l'autrice en tant que rabbin. Elle illustre ses propos aux travers d'histoires vraies et du regard de la religion juive . Certaines histoires m'ont beaucoup émues : les histoires de Azraël, le frère d'Isaac, Ariane, Myriam , Moïse .

Par contre , j'ai remarqué que lorsque l'autrice expose le regard de la religion juive sur une situation donnée , la lecture devient moins fluide et parfois on s'y perd .

Pour conclure une lecture dépaysante sur le thème tabou de la mort dans notre société via le prisme de la religion juive.

L'autrice prend l'exemple de Gary/Ajar dans son livre : elle s'insurge contre les gens qui s'enferment en une seule identité alors nous sommes multiples avec beaucoup d'humour.

Une femme rabin raconte en qq chapitres portant des prénoms bibliques et/ou de personnes, son accompagnement des familles endeuillées ; la façon dont elle les fait parler sur le/la mort/morte pour préparer son hommage devant la tombe.

Compagne quotidiennes, la mort fait partie de la vie de cette femme.

Vivre avec nos morts – Delphine Horvilleur – Française née en 1974 – 2022 – Le livre de Poche

Salut les Phoenix ! Désolé pour la courte absence.

« La vie est l’ensemble des fonctions capables d’utiliser la mort. »

Henri Atlan

« Au fond, si la mort n’existait pas, la vie perdrait son caractère comique. »

Romain Gary

(prologue).

La narratrice raconte des contes au sujet de la vie et du trépas. Elle nous dit que son running gag c’est de répondre au téléphone pour s’excuser d’être indisponible pour cause d’enterrement. Elle ne rentre pas directement chez elle après l’office, je comprends très bien le principe du « sas de décompression ». La narratrice nous explique les contes mêlant religion Juive et divers Folklores. Elle nous parle de cette p* d’épidémie de Covid avec les masques et tout…

Le soucis pour moi c’est que bien que le récit s’autorise quelques changements, on nous parle beaucoup trop des trois religions monothéistes.

« Quel Dieu « grand » devient si misérablement « petit » qu’il a besoin que des hommes sauvent son honneur ? Penser que Dieu s’offusque d’être moqué, n’est-ce pas la plus grande profanation qui soit ? Grand est le Dieu de l’humour. Tout petit est celui qui en manque. »

Un livre qui brode beaucoup au sujet du moment de l’enterrement pourrait être le bienvenu chez les personnes qui vivent ce genre de choses récemment. Si ce n’est pas le cas, la lecture s’en verra moins accrocheuse.

On y parle beaucoup des attentats, Dieu, la mort, le Judaïsme, ça tourne principalement autour de ça..

C’est un Taiseux. (Un livre avec peu ou pas de dialogues).

Lecture vraiment pas folichonne.

Belle journée chez vous.

Phoenix

++

Un beau livre; j'ai bien aimé avoir la pensée de l'autrice et son parallèle entre son histoire et celle de l'autre auteur.

L'autrice est brillante et nous fait réfléchir sur notre relation à nos morts et à la mort. Ce n'est pas une leçon, juste de la pédagogie et un point de vue vraiment intéressant.