Mark ROWLANDS

On alterne entre des passages de philosophie assez conséquents, mais qui restent néanmoins intéressants et abordables, et des morceaux de vie touchants. Au même titre que l'auteur, le loup est un personnage à part entière que l'on peut voir évoluer au long de l’œuvre, à travers une relation proprement fusionnelle qui ne peut que laisser rêveur... et un peu jaloux.

Quel beau témoignage, quelle belle analyse, quelle belle histoire...

Beaucoup de tendresse et surtout un sacré sens de l'observation pour nous conter cette histoire d'amour entre ce professeur de philosophie et son loup Brenin. Mais également, et bien que Mark Rowlands s'en défende, une superbe réflexion philosophique sur l'humain que l'on dit supérieur car doté d'intelligence et de langage. Rowlands développe des notions importantes telles le bien, le mal, la morale, l'injustice, le calcul, le pouvoir, la tromperie, la loyauté, le bonheur, le rapport au temps, l'organisation sociale... ses références à d'autres auteurs et philosophes sont nombreuses et enrichissent son analyse. En effet, il cite Kundera, Darwin, Freud, Yung, Nietzsche, Sartre, Hobbes, Shakespeare...

C'est un livre qui ne s'adresse pas à des spécialistes, il est écrit simplement pour être accessible à tous. Il n'est pas seulement instructif, il est un bel hommage à cet animal merveilleux qui nous étonne, nous surprend, nous attendrit. C'est un livre autobiographique que l'auteur a mis quinze ans à écrire, temps nécessaire à l'étude du comportement du loup, mais aussi à celle des singes, des chiens et des humains.

Car pour l'auteur, Brenin "n'est pas après tout qu'un animal"... alors les rôles s'inversent et c'est une leçon que Brenin le loup donne à ce professeur de philo pour lui apprendre "qu'un loup vit encore dans un ancien repli de son âme".

Rowlands relate les nombreux épisodes de la vie qu'il a partagés avec celui qu'il a eu alors qu'il était un louveteau et qu'il aime comparer à un "petit nounours potelé de 40 kilos" et qui deviendra un animal de 70 kilos de tendresse, d'affection et de fidélité.

J'ai appris énormément sur l'homme et l'animal et je suis passée par toutes sortes de sentiments :

J'ai ri des bêtises de Brenin louveteau, un petit coquin tour à tour explorateur, destructeur, curieux, futé, espiègle, joueur, bagarreur, protecteur, ne connaissant ni le calcul ni la duperie, préférant le fromage à la viande, s'accrochant aux rideaux, volant les coussins sur le canapé, arrachant les gaines de climatisation, détruisant meubles et tapis, s'attaquant aux sandales de son "maître", fouillant dans le sac à dos des étudiants pour y dénicher de la nourriture, hurlant en plein cours...

J'ai été émue par cette relation homme/animal, deux "êtres" inséparables et pour lesquels les vies "sont devenues si étroitement liées" que le plus civilisé est arrivé à "se comprendre et à se définir, à partir de sa relation avec son animal".

J'ai eu les larmes aux yeux des derniers mots de l'homme à la bête : "nous nous retrouverons en rêve" seront les dernières paroles de ce "fou hurlant à la lune et tempêtant contre Dieu"...

De petit louveteau à vieux loup...

De jeune professeur de philo à homme mûr...

Une histoire émouvante qui réserve bien des surprises et des découvertes.