Gilles Marchand

Très joli roman d'enquête et d'amour sur la 1ere guerre mondiale. Bien écrit, poétique, addictif car porté par l'enquête et les personnages attachants. Un vraiment joli récit.

Gilles Marchand rend un hommage appuyé aux surréalistes (Queneau, Vian…) pour raconter l’histoire d’un homme seul qui a dissimulé sa tragédie toute sa vie. Il narre avec poésie la vie remplie d’une fantaisie salvatrice de cet homme diminué auquel on s’attache presque malgré nous. Par moment, j’ai regretté que le récit traine en longueur.

Oh woah. Dévoré en une après-midi. J'ai adoré Est-ce un trop mauvais jeu de mots de dire que j'ai été soufflée par cette lecture ? J'ai été absorbée très vite par ce récit à l'écriture changeante, tantôt percutante tantôt poétique, hachée, lyrique, s'accordant aux divers témoignages parfois incomplets et farfelus, qui font avancer l'histoire. Les histoires.

C'est beau, c'est dur, c'est un récit qui prend aux tripes.

Un titre poétique et beau, rien ne vaut un peu de douceur dans cette guerre. Un ouvrage doux et brute à la fois. Brute parce qu'il parle de la guerre, doux parce qu'il est tendre dans la plume. Première guerre mondiale qui en fait des ravages, et pourtant, à travers cela de l'amour si cachait. Un soldat qui enquête sur d'autres soldats. En route pour 214 pages de pur plaisir. Ce n'est que poésie et tendre.

Je n'avais encore jamais lu Gilles Marchand avant de commencer ce roman. En lisant sa bibliographie, j'ai reconnu des titres que j'ai vus en librairie, je suis donc très contente d'avoir pu le découvrir.

L'histoire de ce livre est très belle, très émouvante, elle a pour toile de fond la première guerre mondiale. Nous sommes en 1920, à Paris, le narrateur, qui n'a ni nom ni prénom, est un ancien combattant de la guerre, il a perdu une main sur le champ de bataille, il aurait pu rentrer pour retrouver sa Anna, mais il a voulu rester près de ses camarades de combat. Il a, en plus de sa main, laissé son âme dans les différentes batailles. Après la guerre, donc, il continue à oeuvrer pour elle, il aide les familles à rechercher un des leurs, disparu, pour savoir s'il est mort ou pas. C'est ainsi qu'une dame demande un jour au narrateur de faire des recherches pour retrouver son fils, Émile Joplain, disparu en 1917. Le narrateur va donc se transformer en enquêteur et remonter le temps pour trouver des traces de ce soldat. Et pour cela il cherche même avant la guerre, Émile était très amoureux de Lucie, alsacienne, et à cette époque l'Alsace était considérée comme l'Allemagne. Lucie est introuvable elle aussi. Alors se pose plusieurs questions, ont-ils tous les deux disparus pendant la guerre, sont-ils ensemble quelque part, à l'abri. C'est ce que va essayer de comprendre le narrateur, surtout qu'il découvre que Lucie est elle aussi partie sur les traces d'Émile pendant la guerre, faisant fi des combats qui faisaient rage. 

La tâche du narrateur ne va pas être simple. À cette époque, il était très facile de disparaître totalement, il y a eu beaucoup de soldats morts abandonnés sur les champs de bataille, je n'ose imaginer la douleur des familles en ne voyant pas revenir les leurs. Le narrateur va s'attacher à cet Émile qu'il ne connait pas, leur histoire ont des similitudes qui font qu'il se retrouve beaucoup en lui. En même temps, il cherche dans ce soldat une issue heureuse pour le réconforter de la sienne. Au fur et à mesure, le narrateur se livre sur lui-même, sur ce qu'il a vécu, sur sa vie intime aussi. La guerre peut faire des dégâts autres que physiques, les séquelles sont lourdes à porter. Plus j'en apprenais sur le narrateur et plus je comprenais sa quête, son envie de trouver du beau dans toute cette horreur. C'est pour lui une sorte de fuite, mais le malheur n'est jamais loin. 

Je me suis très vite attachée au narrateur puis à Émile et Lucie. Ils ont des histoires très touchantes donc quelque part c'est normal. On ne peut pas ressentir autre chose vis à vis d'eux. Les autres personnages rencontrés sont aussi très intéressants, ce sont des personnes que le narrateur rencontre pour ses recherches. Il y a parmi elles des histoires très touchantes aussi. La narration à la première personne fait que le lecteur se confond avec le personnage, il rentre dans sa tête. Je trouve cette narration encore plus submersible et elle permet de ressentir tous les sentiments. Cela rend donc l'histoire très remuante au niveau des émotions, à travers le narrateur, l'auteur retranscrit les horreurs de la guerre, les champs de bataille, les mutilés, les morts, les malades... Quand on voit leur désespoir en rentrant chez eux, avec l'espoir d'être enfin en paix, et qu'on sait que vingt ans plus tard, ça recommencera, je me dis que c'est une génération qui en a vu de toutes les couleurs.

Je découvre Gilles Marchand et j'ai beaucoup aimé son style, sa plume. En lisant, j'ai beaucoup pensé aux romans de Maurice Genevoix, "Ceux de 14". J'ai retrouvé la même humanité, la même sensibilité. Le récit est moins dense ici, mais cela ne m'a pas dérangée du tout, je l'ai trouvé plus "digeste". L'auteur a très bien retranscrit les décors, les faits, les personnages. La lecture est addictive et rythmée par des chapitres pas très longs. Le récit est mené comme une sorte de suspense, l'envie de découvrir ce qu'il s'est passé pour les personnages rend la lecture prenante et fait tourner les pages plus vite. L'auteur a ajouté à son récit une touche de surnaturel avec "la fille de la Lune" qui apparaissait aux soldats sur les champs de bataille la nuit et que personne ne voyait le jour. J'ai eu peur que cela soit trop présent au début, et en fait, l'explication de ce symbole est très beau en finalité. 

J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre, très touchant, très émouvant. J'ai beaucoup pensé à mon grand-père, j'ai retrouvé il y a peu de temps ses carnets militaires, ses croix de guerre, et c'est très émouvant. Ce roman est aussi parfois drôle, ce qui allège l'ambiance. Je suis très contente d'avoir découvert Gilles Marchand que je relirai avec grand plaisir, j'ai déjà noté ses précédents romans dans ma wishlist. Je garderais un très bon souvenir de cette histoire, pleine de poésie, au son d'un accordéon à la fois triste et joyeux, racontant la vie d'hommes et de femmes qui sont nos aïeux. Je vous recommande sincèrement ce roman poignant et humain. 

Ma maman ayant lu et adoré la version papier du *Soldat Désaccordé* au moment de sa sortie - dont elle me parle très régulièrement depuis - il m’a paru évident de commencer mon exploration de la sélection pour le Prix Audiolib 2024 avec le roman de Gilles Marchant.

Et il faut croire que j’ai bien fait, parce que *Le Soldat Désaccordé* a été une excellente, excellente lecture.

—Une histoire d’amour en pleine guerre mondiale—

Pourtant, il est clair que je ne fais pas partie du “lectorat cible”, ayant toujours eu du mal avec les histoires qui se passent pendant la guerre. Que ce soit en films ou en livres, elles me mettent mal à l'aise. Et autant dire qu’ici l'auteur ne lésine pas avec les descriptions bien détaillées des réalités de la guerre. Mais tout ça est finalement resté supportable, parce que *Le Soldat Désaccordé* est aussi (et surtout) une histoire d'amour.

Le destin d’Emile et Lucie est une histoire d'amour belle et tragique, digne de figurer aux côtés d’autres romances d’anthologie. Elle marque nos esprits et restera dans les mémoires. Les lecteurices au cœur tendre ne pourront qu’être séduits, et auront la garantie que leurs émotions seront malmenées comme rarement elles l’ont été. Pour tout dire, cette lecture m'a furieusement donné envie de revoir *Un long dimanche de fiançailles*, les deux récits ayant finalement de nombreuses résonances.

Mais il y a évidemment une vraie réalité historique qui a été respectée par l’auteur. On sent que de nombreuses recherches ont été faites pour nous immerger au plus proche de l’ambiance de l’époque, ce qui est éminemment bien fait.

Tout cela fait du *Soldat Désaccordé* un roman qui loue le pouvoir des histoires (avec ce narrateur qui compulse tous les récits et les témoignages qu’il peut trouver) et fait en même temps un vrai devoir de mémoire, qui est encore plus percutant alors qu'une nouvelle guerre a lieu aux portes de l'Europe à peine 100 ans après, donnant ainsi l’impression que tout se répète inlassablement.

—Le Soldat Désaccordé et sa plume inégalée—

Mais le plus gros point fort du *Soldat Désaccordé* tient sans aucun doute dans la plume de Gilles Marchand, qui est tout simplement magnifique. Pour tout dire, ça fait très longtemps que je n’avais pas lu un roman aussi bien écrit. Son style est poétique et imagé, rythmé et plein de sonorités. Et ce sont donc des qualités qui sont sublimées par la version audio, qui fait ressortir ses spécificités et les amplifie pour rendre cette histoire encore plus unique et hypnotique. Laurent Natrella, le narrateur, possède une voix grave et râpeuse, à la fois bourrue et douce, ce qui était parfait pour cette histoire, nous donnant l’impression qu’un vieux baroudeur/poilu/grand-père nous racontait vraiment cette histoire.

*Le Soldat Désaccordé* est donc un très bon roman, qui m'a plusieurs fois fait monter les larmes aux yeux et qui restera longtemps imprimé dans mes souvenirs de lectrice. L’entretien avec l'auteur à la fin du livre audio m’a d’ailleurs confortée dans mon ressenti, celui-ci étant très intéressant. Je précise simplement que ma note finale (16/20) n'est pas plus élevée étant donné que j'avais en fin de compte deviné pas mal de révélations avant qu'elles ne soient annoncées - ce qui est le seul petit bémol que je pourrais reprocher au roman, mais qui n’enlève rien à sa qualité.

—En bref—

En bref, *Le Soldat Désaccordé* de Gilles fut une excellente lecture qui m’a émue aux larmes. Entre tragédie historique et tragédie romantique, ce roman magnifiquement écrit ne pourra que te bouleverser pour une expérience de lecture difficilement oubliable - en particulier grâce à la qualité de la version audio avec laquelle je l’ai découvert.

https://desrevesdanslamarge.com/le-soldat-desaccorde-gilles-marchand/

Ce livre a changé ma perception de la première guerre mondiale. J'ai vraiment compris l'horreur et l'inhumanité de ce que l'on vécu les soldats et la population. Je ne peux pas m'empecher de faire le parallèle avec la guerre Russie-Ukraine et de penserr à tous les soldats (russes et ukrainiens), leurs familles et tous les autres innocents pris entre les deux. J'espère, égoistement, qu'elle n'atteindra jamais la France et je souhaite sincèrment qu'un terrain d'entente soit trouver rapidement.

L'histoire d'amour que l'on suit est magique et redonne de l'espoir dans l'humanité. Spoiler(cliquez pour révéler)La fin tragique des deux amants à la fois si procdhes et si loin m'a fendu le coeur. La guerre a détruit encore longtemps après sa fin.

L'auteur écrit très bien, il est facile de se plonger dans le livre et l'histoire. La quête est dessinée de telle manière que chacun peut développer sa théorie.

Belle découverte. Magnifique le poème de l'accordéoniste.

🎀 COUP DE COEUR 💛

« Dans le ciel, c’était le feu. Le feu et les cendres. Sur la terre, c’était les secousses et les tremblements. L’antichambre de l’Enfer. »

Coup de cœur ultime pour ce roman qui m’a littéralement transporté sur les champs de bataille, aux côtés des Poilus. Nous sommes face à un personnage empreint aux violences de la guerre, qui fuit son propre destin en se réfugiant dans des enquêtes, à la recherche de soldats disparus au front. Face au désespoir d’une mère éplorée, il va investiguer pour retrouver la trace de son fils, Emile Joplain, qui n’est jamais rentré chez lui après la guerre.

Dès lors s’installe une véritable quête de vérité qui l’accompagnera pendant plus de 20 ans, à la limite de l’obsession. On découvre au fil des pages, les différentes histoires de ces soldats, acculés par la honte et le désespoir. Et partout, cette référence au mythe de la Fille de la Lune qui revient sans cesse, et semble les avoir accompagné tout au long de leur périple, réchauffant leur cœur à travers cette triste réalité.

On nous conte des témoignages poignants de réalisme, touchant de sincérité, par des hommes qui resteront traumatisés à vie. Les mots sont déchirants, la peur omniprésente, le destin des personnages fragile. Le passé est fouillé, les souvenirs refont surface comme les mensonges et les secrets.

« Quand j’suis revenu, j’y ai pas raconté. Pas tout. On raconte pas les larmes. C’est pas un truc qu’on veut se souvenir. »

Une enquête haletante qui s’étoffe de récits en récits, et qui va révéler un jeune homme fou d’amour pour son Alsacienne, Lucie. Un grand poète de l’amour, passionné d’écriture, qui ne pouvait passer une journée sans rédiger des poèmes.

Un jeu de piste captivant au cœur d’une France meurtrie, le choc des émotions et de ces années de souffrance et de douleur qui hantent l’esprit de ces hommes.

« Elle était belle. Elle me manquait encore. Elle était là mais elle me manquait parce qu’elle m’avait trop manqué. Manqué à en pleurer en plein jour, manqué à en avoir peur de la revoir. Et j’étais là avec un bout de bras en moins et des horreurs plein la caboche, et je ne savais pas quoi lui dire. »

La guerre et le cauchemar qui gravite autour. Une passion amoureuse dans cet environnement tragique va donner le courage et la force aux deux amoureux transis de poursuivre leur quête de l’autre. Ils s’aiment, jusqu’au bout, malgré, indépendamment du gouffre qui les sépare, de l’horreur qui les éloigne, du rejet des proches, des bombes qui tombent. Une ode magnifique, un court roman qui n’en demeure pas moins puissant.