Isabelle Autissier

Un récit prenant et surprenant. Une grande tension au fil des pages et une fin inattendue. Un roman que je conseille aux personnes ayant le goût du risque et de l'aventure.

Peut-être qu'il ne fait pas son travail d'académicien (à savoir, écrire un dictionnaire, mission inaccomplie par notre Académie depuis 1930s), mais il faut avouer qu'Erik Orsenna sait écrire. En compagnie d'Isabelle Autissier, navigatrice française de renom, ils décrivent, entre récits historiques et récits de voyages, le paysage de l'Arctique de l'Est (les espaces canadiens ne seront que mentionnés).

L'ouvrage n'a rien de scientifique, bien qu'il compile de nombreuses informations qui doivent provenir de recherches menées par des chercheurs en sciences sociales (je déplore d'ailleurs l'absence de bibliographie ou de référence quelconque enfin de livre). Indéniablement, il est bien plus agréable à lire qu'une encyclopédie ou un manuel sur la région, au style lourd et très académique. Ici, la plume devient poète, s'amuse, se moque parfois des acteurs qu'elle décrit, s'attriste de l'avenir de la région tout en mettant en valeur les avantages qu'elle offre.

L'introduction présentera la région dans ces grandes lignes, la première partie se chargera de décrire les explorations successives de ce qui est aujourd'hui devenu le passage du Nord-Est, par le nom de ces explorateurs. On embraye ensuite sur une description des îles et archipels avec leurs richesses et particularités, puis sur les villes et futurs points chauds de ce passage rêvé (Tromso, Kirkenes, Mourmansk, etc.). Après le monde géologique et anthropique, ce sera la faune, la flore, et les changements environnementaux que connait la région, pour conclure sur la géopolitique qui peine à prendre pleine mesure de ce qu'il se joue dans la région.

L'ouvrage se lit facilement, sans difficultés. Je note néanmoins deux bémols : tout d'abord, le choix de la carte d'ensemble, très petite et peu détaillée, ne suffit pas à pleinement replacer tous les lieux situés les uns par rapport aux autres. Ensuite, le découpage, quoique logique par thème, occasionne quelques répétitions entre les différentes parties. Peut-être aurait-ce été plus aisée pour le lecteur de poursuivre directement par progression dans le désert du nord-sibérien, quitte à mélanger les enjeux, plutôt que de donner des aspects d'aller-retour au voyage ?

Quoi qu'il en soit, l'ouvrage est bon, bien écrit et regroupe l'essentiel des informations à connaître sur la région arctique. Peut-être pas scientifique stricto-sensu, mais riche en données pour briller en société (ou en Master d'études arctiques).

Bonnes lectures à tous !

Elo'

Je m'étonne que ce livre touchant, si bien documenté, et tout simplement beau n'ait pas connu plus de succès.

Il nous fait sentir la beauté sauvage d'une contrée que le public ne connait guère que par les images qu'en transmettent les navigateurs autour du globe et Nicolas Hulot - mais elle a d'autres atouts qu'être un passage obligé et une étape de grand tourisme!

Il relate bien le fossé, infranchissable, entre les cultures européenne (les colons évangélisateurs dans un premier temps, suivis des militaires et des exploiteurs des ressources naturelles et de la main d'oeuvre locale) et "indienne" (des peuples autochtones maintenant disparus, victimes en particulier des maladies apportées par les colons). En trois ou quatre pages de méditations en référence aux croyances locales, nous mesurons bien l'écart considérable entre les spiritualités.

Et puis l'histoire d'un amour impossible, d'une vie bien difficile de cette femme arrachée à son Ecosse natale et victime de préjugés, est juste et touchante.

Un très, très beau livre!

Sous la belle plume d'Isabelle Autissier, Venise est naufragée, détruite par une tempête qui a ravagé ses fondations. Les trois personnages principaux bien que bien dépeints sont assez manichéens.

Très beau livre. Mêlant histoire familiale, histoire de l'Union soviétique et découverte de la Sibérie.

mon premier livre de cet auteur(trice).!

elle sait nous emmener avec elle dans ce voyage pleins d innocence et d'insouciance...jusqu au drame.! Comment survivre sur une île abandonnée, soudain seuls...seuls face à une nature hostile?

un livre qui vous marquera sans aucun doute...et si c'était moi? Que ferai-je ?

une très belle découverte.

J'ai eu un peu de mal au début de ma lecture à appréhender le style de l'auteure, mais au fil de ma lecture je me suis laissée happer par l'intrigue et le climat anxiogène. La dernière partie (mise en lumière médiatique de la protagoniste) du livre m'a moins captivée.

Un récit néanmoins intéressant sur l'identité, l'isolement, la solitude et l'instinct de survie.

Une bonne lecture sur ce que devient l'amour l'amour il est éprouvé, sur les difficultés d'une confrontation aux éléments les plus impétueux et sur les suites

J'ai trouvé ce livre beaucoup trop long, la fin aurait pu (dû) arriver beaucoup plus tôt. Certaines constructions de l'histoire me laissent dubitatif, certains choix faits par les personnages aussi. Je finis ce livre avec un certain soulagement.

J'ai vu récemment la bande-annonce du film, sorti il y a peu, s'inspirant du roman d'Isabelle Autissier. Le synopsis m'a tout de suite attirée, mais comme je déteste voir une adaptation cinématographique avant de prendre connaissance de l'œuvre originale, je fais donc les choses dans l'ordre et commence par lire le roman. Roman dont je n'avais jamais entendu parler par ailleurs, ou que j'avais oublié... Du reste, je ne savais même pas qu'Isabelle Autissier écrivait.

"Soudain, seuls" peut être qualifié de robinsonnade moderne. Nous y suivons un couple qui, pendant une année sabbatique, ont décidé d'échapper à leur quotidien parisien en prenant le large vers l'Atlantique Sud. Attirés par les paysages et ce que la nature à offrir, Louise et Ludovic font halte sur une ancienne base baleinière, aujourd'hui réserve naturelle, lorsqu'ils sont surpris par une tempête. Après avoir passé la nuit à l'abri dans ce qu'il reste des bâtiments, ils découvrent au petit matin que leur bateau a disparu...

C'est là que la robinsonnade commence, car seuls sur cette île déserte, il leur faut apprendre les rudiments de la survie. Robinson Crusoé, lui, avait l'avantage d'être seul. Je dis "avantage" parce qu'il n'avait personne sur qui rejeter la faute du naufrage, il faisait comme bon lui semblait également. Là, ils sont deux. En soi, ça leur fait de la compagnie, d'autant qu'ils s'aiment, sans l'ombre d'un doute. Mais les petites querelles de couple qui semblent anodines au quotidien ne le sont plus forcément quand on est coincés sur une île déserte, que l'espoir de secours s'amenuise de jour en jour, que la faim devient une obsession et que l'hiver approche... Ils s'aiment mais, au vu des circonstances, la "vraie" nature de chacun prend le dessus et chacun doit composer avec les qualités et les défauts de l'autre (encore plus qu'avant du moins).

Le fait d'être coincés là-bas est bénéfique pour le lecteur en tout cas car, de son petit chez-soi bien confortable, il découvre par les yeux des protagonistes une nature sauvage hostile mais à couper le souffle : de l'eau et des icebergs à perte de vue, de la neige selon la saison, des éléphants de mer, des otaries et toute une colonie de manchots.

Mais si l'autrice décrit superbement les décors, tout comme elle sait trouver les bons mots pour dépeindre les moindres ressentis des protagonistes, son style aux phrases courtes (et la conjugaison au présent n'aidant pas) est plutôt haché. Pas désagréable pour autant, voire même poétique par moments, mais pas toujours très coulant. Il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour trouver le bon rythme et la bonne intonation (dans ma tête s'entend). Elle sait, en revanche, faire communion entre les humeurs des personnages et la nature qui les entoure, en fonction de la manière dont ils la perçoivent, selon comment ils se sentent, selon le climat plus ou moins clément. C'est souvent très joliment exprimé.

Quant à l'histoire elle-même, j'ai beaucoup aimé la première partie, d'autant que ça prend un tournant inattentu. J'ai un peu moins aimé la seconde, car déçue de retrouver la civilisation si tôt. Je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages, même si on se sent relativement proche d'eux, de Louise notamment, la faute sans doute au style d'écriture.

Ce n'était pas aussi prenant que ce que j'en attendais, mais c'était tout de même une lecture plaisante. La bande-annonce du film m'avait laissé entrevoir quelque chose d'un peu plus intense, je ne rejoindrai donc pas les nombreux avis dithyrambiques, même si ce roman n'en est pas moins une agréable découverte.