Ian De Haes

Imagine nous conte la merveilleuse histoire d’Oriane, une petite fille qui vient de recevoir un doudou de la part de sa tante de son dernier voyage.

Dès les premiers instants, les deux compères vivent des aventures épiques, fantastiques, d’un bout à l’autre de la terre. Après de nombreux voyages, son doudou, un hippopotame, ne réagit plus. Plus aucun moyen de le forcer à traverser les océans, ni même d’assaillir un château fort. Le doudou ne semble plus avoir envie de se lancer de de nouvelles péripéties.

Parallèlement à une histoire qui est arrivée à de très nombreux enfants, Charlotte Bellière et Ian de Haes nous entraine dans une quête très particulière. Celle qui consiste à comprendre ce qu’est l’imaginaire et comment il est possible, pour les jeunes lecteurs, d’y parvenir simplement. Oriane va entamer un voyage, à plusieurs étapes, qui consistera à interroger ses proches, des inconnus, le soleil et même un vrai hippopotame.

Le texte d’un album jeunesse est habituellement destiné aux parents de jeunes enfants qui, émerveillés, découvrent, juste avant de sombrer dans les bras de Morphée, les joies d’une histoire contée par les indénombrables voix choisies par leurs géniteurs.

Charlotte Bellière ne fait pas que proposer un texte qui accompagne des images, elle parvient à lui conférer une âme. Les phrases sont très simples, mais écrites avec beaucoup de sincérité et une véritable authenticité.

Le texte et les illustrations se complètent avec brio. Penchez-vous sur double-page ci-dessous. L’auteure et Ian de Haes parviennent à faire vivre les histoires sorties de leurs imaginations débordantes. Regardez la précision avec laquelle l’illustrateur parvient à rendre des personnages et décors immobiles en une magnifique fresque mouvante et dont l’action semble se dérouler sous nos yeux.

Cette illustration est splendide et émerveillera les petits et les grands. Pour l’anecdote, ma fille de 5 ans et moi-même étions bouche béé devant cette magnifique représentation d’un hippopotame.

Sans vouloir dévoiler davantage d’illustrations, Charlotte Bellière et Ian de Haes sont parvenus à faire de cet album un véritable chef-d’oeuvre. Ils ne se sont pas contentés de proposer une belle histoire accompagnée de beaux dessins. Ils sont parvenus à penser chaque dessin, chaque mot dans le moindre détail.

Ces derniers nous proposent de nombreux rappels entre le rêve et la réalité, en nous rappelant que cette frontière est très mince. Rien n’est laissé au hasard. Quand vous croyez être face à une magnifique fresque représentant de magnifiques paysages avant même d’entamer votre lecture, attendez-vous à une sublime surprise en toute fin d’album.

Un départ en vacances, c’est comme s’apprêter à vivre une grande et belle aventure. Cet album arrive au bon moment pour préparer et anticiper le départ en vacances de toute la famille ; Les enfants ont apprécié que cela ce passe la nuit, parce que la nuit d’habitude on dort, hors ici c’est le branlebas de combat au beau milieu de la nuit. Les illustrations sont sombres et les phares de la voiture éclairent le chemin à prendre. Papa et maman ont tout préparé, bagages, casse-croutes et petit jeux pour passer le temps. On n’oublie pas les pauses et bien vite le voyage reprend et les enfants peuvent dormir encore un peu jusqu’à l’arrivée. Le texte est court et retrace tous les événements qui précèdent le départ. On a beaucoup aimé les dessins de l’arrivée dans le pays étranger, il y a de belles couleurs au petit matin et le paysage est superbe. J’ai trouvé originale la mise en page avec la différence constante des formats des dessins toujours surprenants. Il y a de très belles doubles pages sans texte qui permettent aux enfants d’entrer pleinement dans le dessin et de laisser parler son imaginaire. Un livre parfait aussi pour ce souvenir de l’effervescence qui peut nous prendre lors d’un départ en vacances. On ressent tout l’espoir de découvrir des nouvelles choses, dans un pays que l’on ne connait pas, c’est très excitant. Bonne lecture et vive les vacances.

N’avez-vous jamais eu peur de la nuit, quand vous étiez petit ? Fanny craint la tombée du jour et a peur que la nuit avale toutes les lumières. Plus de bruit et le noir partout qui vient la chercher jusque dans son lit. Heureusement sa maman saura lui proposer une solution. Tout est dans la communication et si la nuit devenait son amie. Voilà une proposition qu’aucun enfant ne saurait refuser. Les illustrations apportent toute la poésie nécessaire à ce joli conte. Les dessins sont tout bonnement fantastiques. J’ai adoré la palette des couleurs choisies et le jaune des étoiles, des fenêtres et des arbres pour éclairer la nuit. Sans oublier le petit plus de la double page qui s’ouvre hors format comme on pousse les rideaux de la fenêtre, pour mieux voir le paysage. Un très beau conte parmi les ombres de la nuit qui se disperses et ne font plus peur. Il n’y a qu’à bien observer la couverture pour voir le gros câlin de la nuit à Fanny. A offrir aux enfants pour qui la tombée du jour est difficile à vivre mais aussi à ceux qui aiment rêver à ce moment magique. Bonne lecture.

http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/07/12/38425884.html

Un petit garçon se réjouit à l'idée de faire un trajet de nuit pour les vacances. Difficile de s'endormir dans ces conditions mais ses parents insistent pour qu'il aille au lit. C'est en plein milieu de la nuit qu'il sera transporté dans la voiture pour un long voyage nocturne.

Les illustrations sont superbes, les touches de lumière contrastent avec le noir/bleu de la nuit. Les couleurs changent au fur et à mesure, car l'album débute le soir mais se termine après le lever du soleil. L'histoire sent le vécu, on se retrouve plongé dans l'excitation de l'enfance : vacances et nuit blanche, ça va toujours bien ensemble.

Si vous aussi vous aimez beaucoup les illustrations d'Ian De Haes, je vous recommande aussi "Superlumineuse".

La petite Fanny a peur de l’obscurité, l’heure du coucher l’inquiète. Sa mère lui propose de faire part de ses inquiétudes à la Nuit. La petite fille lui explique alors ses peurs et ses angoisses et la Nuit tente de la rassurer…

Les illustrations, composées de teintes dorées et bleutées qui s’accordent bien à l’histoire, sont d’un style un peu mièvre (le personnage de Fanny ressemble à une poupée avec de grands yeux). Sur certaines pages, on devine, dans le ciel, des références à La nuit étoilée de Van Gogh, tableau qui a inspiré l’illustrateur.

Le texte de Maylis Daufresne permet d’aborder, avec les tout-petits, leur peur de la nuit et du noir puisque l'obscurité/la Nuit est ici personnifiée et douée de parole.

Incontournable Août 2022

Une autre belle trouvaille pour la collection Deuzio de la maison Alice, qui sait vraiment choisir ses thèmes, je trouve. Ce sont pratiquement tous des sujets sociaux réalistes dont la dimension humaine est au cœur de la démarche.

Lou est au poste de police, où elle doit expliquer à un inspecteur le déroulement des derniers jours, ceux où elle a "kidnapper" sa propre grand-mère atteinte d’Alzheimer. Sur un ton où perce l'humour, Lou nous ramène donc à ce jour où elle est allée voir sa grand-mère dans la résidence où elle vit. Cette dernière s'est mise à croire que son fils viendrait la chercher tôt le matin suivant. Mais ce n'est pas dans ses projets. Pas plus que de prendre mamie à la maison, d'ailleurs, même si Lou a tenté cette solution, épaulée de sa petite sœur. Quand elle imagine sa grand-mère les attendre, ça lui brise le cœur. Aussi, elle décide d,aller la chercher elle-même, en pleine nuit, pour l'amener où elle voudra. Étonnament, la jeune fille ne rencontre aucuns problèmes à entrer dans la résidence et faire évacuer sa mamie par la fenêtre avec une corde de draps noués. Quand Lou lui demande ce qu'elle voudrait, sa mamie réponds qu'elle souhaiterait revoir son époux, Albert André. C'est ainsi que Lou et sa mamie vont faire une traversée de la Belgique, du bords de la mer à la capitale, à bord d'un train, le tout ponctué d'halte gastronomiques. Mais si la mamie n'a rien perdu de son appétit, sa mémoire en revanche est comme les vagues: elle vient et elle va.

J'avais été ravie de l'arrivé du roman de Mickaël Brun-Arnaud, qui a réussi à créer un monde doux et chaleureux tout en abordant le sujet de la maladie d'Alzheimer. C'est donc une joie de retrouver ici ce thème, dans un roman tout aussi doux et où la dimension de voyage se superpose à celui d'une mémoire fragmentée et mouvante.

Les illustrations de De Haes sont d'ailleurs un peu dans cette veine. Les dessins sont partiellement un décor, mais aussi partiellement un autre élément, qui se fondent l'un dans l'autre, à l'image de ces gens qui ont une mémoire entre passé et présent dont les frontières sont devenues floues. Un pavé qui devient gaufre, un décor qui devient jungle, une mamie entourée des bulles de son bain, tenant une Lou encore nouvelle-née. Les images sont douces, en crayon plomb sans couleurs, mais elles collent bien avec le récit. La couverture aussi est superbe, avec ce jaune d’œuf qui côtoie le bleu outremer, avec la silhouette de la mamie en relief, discrètement découpé par les arbres...Bon, la jaquette était de trop: C'est du pur gaspillage les jaquettes, surtout quand elles sont exactement identiques à la couverture.

C'est un récit sur la relation grand-mère-petite-fille, sur la richesse du voyage, sur les belles rencontres, sur la bonne bouffe aussi! C'est une quête sur une personne disparue, certes, même si, tout comme "les mémoires de la forêt", on peut deviner où se trouve le disparu en question. C,est avant tout une histoire sur l'importance du temps de qualité avec nos proches. En outre, si la maladie d’Alzheimer fait peur, ce qui faut surtout, c'est de la patience et de l'empathie. Ce n'est pas facile de voir nos proches vivre avec un pied dans la réalité et l'autre dans les souvenirs, mais ce doit être particulièrement pénible aussi pour les principaux concernés.

Je remarque une différence entre le personnage de Lou et de son père sur la façon de percevoir et traiter la mamie. Pour le père de Lou, mamie est en quelque sorte une enfant, un être fragile qui demande beaucoup de soins et dont il faut parfois prendre des décisions à sa place, comme par exemple la bière. Quand mamie demande de la bière agrémentée de grenadine, le père invalide sa décision et lui prend plutôt un chocolat chaud. Un peu plus tard, quand Lou va à la mer avec sa mamie, cette dernière se commande une bière agrémentée de grenadine, comme l'adulte qu'elle est. Lou guide sa grand-mère, plutôt que de lui imposer des choses. Lou a aussi la délicatesse de remarquer son état et ses réponses se modulent à celui-ci. Certaines répétitions sont vaines, autant arrêter de les lui enfoncer dans la tête, elles n'y resteront pas. Mais quand au contraire elle est lucide, c'est le moment de poser des questions. Lou, même si c'est une enfant, se comporte de manière plus mature et plus empathique avec sa mamie que les adultes. Du reste, pour Lou, c'est l'occasion de vivre. "Vivre" dans le sens réel du terme, une expérience avec sa grand-mère, pas juste dans un cadre impersonnel, mais avec une quête commune, un projet commun. Deux choses à dégager donc: éviter L'infantilisation de nos aînés et se montrer empathique à leurs souhaits et leurs besoins, dans la mesure du possible. On promeut souvent l'importance de l'amour, mais promouvoir l'empathie, cette capacité à se mettre à la place de l'autre pour mieux cerner son besoin ou son état, est tout aussi primordiale dans une relation, peut importe sa nature. C'est l'empathie qui nous mène vers la compassion, la patience et la sincérité.

Bref, un beau roman amusant et mettant en vedette un duo de filles qui parviennent à vivre de belles choses malgré un gros écart d'âge. Une belle leçon sur l"empathie également.

Pour un lectorat à partir du second cycle primaire, 8-9 ans.

Roman jeunesse.

Lou et sa famille vont voir sa grand-mère en maison de retraite. Lou ne la connaît pas bien. Elle aimerait mieux la connaître et propose que ses parents la prennent chez eux à la maison. Mais son père lui dit que ce n'est pas possible.

Elle kidnappe de ce fait sa grand-mère et s'en va avec elle en voyage. Elle décide de chercher son grand-père Albert dont sa grand-mère lui parle tout le temps. Tout ce qu'elle en sait, c'est qu'il est "parti" depuis longtemps. Lou et sa grand-mère vont donc prendre le train pour Bruxelles, puis au village natal de sa grand-mère. Elles y rencontrent une amie de sa grand-mère. Celle-ci va expliquer à Lou qu'en fait son grand-père est décédé et est enterré dans son village. Puis, l'amie de la grand-mère prévient les parents de Lou où elles se trouvent. Lou racontera toute l'histoire au commissaire. Belle histoire d'amour entre une petite fille et sa grand-mère.

C'est le prénom dans le titre qui a attiré mon regard vers cet album, que j'ai suggéré à mon six ans lors de notre dernier passage à la bibliothèque. Et il faut bien le dire : cet album est aussi joli que le prénom que porte la fillette de cette histoire (c'est vous dire ! ^_^).

Fanny est une petite fille, avec de très grands yeux, qui appréhende jour après jour la tombée de la Nuit. Avec elle, les oiseaux se taisent, des ombres géantes se forment. Elle se faufile partout, elle avale tout. Un soir, sa maman lui suggère de lui parler, sans doute lui répondra-t-elle. Alors Fanny prend son courage à deux mains et avoue à la Nuit qu'elle lui fait peur. Et la Nuit lui répond et la rassure...

Dans cet album, Maylis Daufresne aborde la peur du noir d'une manière toute de poésie, de magie et de douceur. Elle évoque l'importance de mettre en mots ses angoisses, premier pas pour apprendre à les apprivoiser (ainsi qu'à trouver le sommeil pour le cas de la petite Fanny). Le texte, à la fois tendre, enchanteur et rassurant, montre à l'enfant qu'il n'y a rien qui fait peur dans le noir, que la nuit peut être une amie, autant que le jour, qu'elle aussi dévoile à sa manière la beauté de ce qui nous entoure.

Les dessins de Ian de Haes sont également enchanteurs, tout en nuances bleutées et dorées, à la fois sombres et lumineux. La petite Fanny est mignonne comme tout, avec ses grands yeux toujours grand ouverts. La nuit est envoûtante. Certaines pages font d'ailleurs penser à "La nuit étoilée" de Van Gogh. J'y ai lu après coup que Ian de Haes s'en était inspiré, ce qui ne m'a donc pas étonnée.

"Fanny et la nuit" est un très bel album jeunesse. Magique, rassurant, mélodieux, tels sont les premiers mots qui me sont venus à l'esprit pour parler de ce livre.

Suzanne est une petite souris, elle a pris tout son courage pour partir à l'aventure. Elle quitte le vieux peuplier au bord de la rivière , la maison qu'elle avait elle même construite et sa voisine la grande ourse qui hiberne dans sa tanière. C'est un moment important pour elle, nous allons la suivre au fil de l'eau sur le radeau qu'elle s'est construit, il faut dire que Suzanne aime bricoler. Dans ce voyage initiatique, elle va rencontrer toutes sortes d'animaux à qui elle laissera un petit souvenir, à qui sa scie, ses livres, sa lanterne. Suzanne se dépouille et se livre un peu plus sur son passé et la terrible tragédie à laquelle elle a survécu. Un superbe voyage que l'on a plaisir à découvrir au fil des pages, les illustrations d'Ian De Haes sont tout bonnement magnifiques et permettent aux enfants de se plonger plus profondément dans l'histoire. L'harmonie des couleurs rend l'ensemble très artistique, on aime suivre Suzanne sur son radeau au fil des flots. C'est beau et poétique, on a le sentiment de toucher le cœur de Suzanne et le texte écrit par Charlotte Bellière est à la fois touchant et rempli de touches d'humour. On aime infiniment ce bel ouvrage à lire et à relire pour y puiser à chaque fois de nouvelles informations et prendre toute la mesure du courage qu'il faut pour tout abandonner par choix ou par force et se lancer dans l'aventure de la vie. Bonne lecture.

http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2023/11/09/40101929.html

Un très bel album, poétique mais tout de même facilement compréhensible. Les illustrations sont magnifiques en plus de cela. Je recommande grandement.