Ilyasah Shabazz

Qui ne connait pas Malcom X et son tragique destin ? Mais que connait le public de l'avant Malcolm ? de son chemin semé d'embuches qui déterminera sa destinée ?

C'est ce que nous raconte sa fille Ilyasah Shabazz dans cette fiction ( c'est elle qui le précise)sous forme de biographie narré par le protagoniste principal Malcom Little, ce qui rend la lecture plaisante.

C'est la période de 1925 à 1946 qui sera la toile de fond de cette aventure humaine, bien avant que Malcom devienne El-Hajj Malek El-Shabazz, la somme de tout ce qu'il a été, le fils de son père,Malcolm Little, Red, Détroit Red.

C'est ce le message que veut faire passer sa fille. Un destin tout tracé ? le destin que l'on se choisit avec les moyens que l'on se donne malgré les embuches et le chaos ?

L'auteure est claire dans ses notes, elle veut donner l'espoir à tous ceux qui doutent, qui chutent en leur montrant à travers ce récit, que la preuve en est, son père malgré son passé a pu devenir ce qu'il a souhaité être.

Donc nous le suivons de la petite enfance durant laquelle notre protagoniste vole pour étancher sa faim, à sa porte de sortie en allant vivre avec sa demi-soeur Ella et son penchant pour la rue.

Ses rencontres feront de lui un petit voyou, tenté par l'argent facile,ébloui par son succès auprès de filles, et l'acquisition d'une sorte de statut social, alors que ses rêves ont été brisés ne pouvant être avocat car il est Juste un nègre.

Ce n'est donc pas que les aventures chaotiques de Malcolm que nous fait partager Ilyasah Shabazz, mais la vie d'un peuple victime de la suprématie blanche, de ségrégation, mais aussi tout un art de vivre à travers l'influence musicale marqué par le jazz et les plus grands musiciens de cette époque Duke Elligton, Billie Holiday et sa célèbre chanson Strange Fruit qui fait allusion aux lynchages et aux pendaisons. C'est l'époque des zazous, du défrisage des cheveux et d'un mode vie de l'après guerre que nous offre l'auteure. Tout une atmosphère particulièrement bien retranscrite dans laquelle le lecteur s'imagine rire et danser, mais aussi s'insurger et s'apitoyer.

Donc être noir en 1930 n'est pas une sinécure, encore plus quand on est militant, que l'on se bat pour le droit des noirs et que les messages du père prêcheur (chrétien) ne sont plus que des mensonges pour le jeune Malcolm qui trouve alors dans la rue et les escroqueries ce qu'il croit sa place.

Alors comment suite à son incarcération ce jeune délinquant a pu devenir ce leader luttant pour le droit de Afro-Américains et devenir un figure emblématique?

Eh bien cette période de prison n'est pratiquement pas traitée dans ce roman, dommage.

J'aurais aimé en savoir plus. Comment et pourquoi toute une famille élevée dans la foi chrétienne dispensée par des parents aimants l'abandonne pour la religion musulmane ? Que trouve-t-on de plus ?

J'ai beaucoup de mal à comprendre ce revirement religieux, j'aurais donc aimé savoir ce que le jeune Malcolm a trouvé comme écho dans la Nation of Islam.

Au terme de ma lecture je m'interroge toujours sur cette question existentielle du destin.

Que serait devenu Malcom si Ella ne l'avait pas accueilli chez elle, S'il avait suivi le chemin qu'elle souhaitait pour lui, S'il n'avait pas fait certaines rencontres ?

Oui cette histoire nous fait nous interroger sur notre destinée. Sommes nous victimes de nos choix ? Les écueils comme pour Malcolm sont-ils nécessaires pour grandir ? Sont-ils nécessaires pour que la somme de tout fasse ce que nous sommes ?

Qu'est-ce que le Destin ?

Celui de Malcom était-il tout tracé et qu'il devienne comme l'avait prédit son père un grand prêcheur ?

Je pense qu'il n'existe aucune vraie réponse, alors chacun penchera pour ce qu'il veut, c'était la Destinée de Malcom de devenir El-Hajj Malek El-Shabazz , où il l'est devenu suivant ses propres choix, mais la encore est-ce vraiment des choix ?

Je conclurais en disant que ce fût une lecture passionnante, me revoyant sans cesse à des recherces plus approfondie sur le personnage, le contexte musical, la danse pour ce que je connaissais pas de ce cette toile de fond.

Et j'avoue avoir très envie de lire l'autobiographie de Malcom X, mais il semble que l'édition soit épuisée. Peut-être que suite à ce livre, elle sera relancée qui sait.

Un roman jeunesse, mais pas que pour les ados, à l'écriture fluide, qui transmet des valeurs et qui est ludique tout en étant éducatif, traitant d'une période de l'histoire à la fois culturelle et sociale. Merci à babelio Masse critique privilège et les éditions Bayard pour ce roman

J’ai été attirée par ce livre dès sa sortie. J’adore les romans historiques, en particulier ceux qui abordent la question des conditions de vie de la communauté Noire aux États-Unis.

Comment je suis devenu Malcolm X a été écrit par Ilyanah Shabazz, qui est en fait la fille du grand défenseur des droits de l’homme que nous connaissons sous le nom de Malcolm X. Elle avait trois ans quand son père a été assassiné, ainsi l’histoire qu’elle nous conte est basée sur ce qu’elle a pu lire de ses journaux intimes, mais aussi de témoignages des personnes qui ont côtoyé le jeune Malcolm. Le récit se base donc sur des faits réels, mais bien sûr, certains éléments comme les dialogues ne sont pas forcément totalement exacts.

J’ai vraiment apprécié apprendre cette partie de l’histoire de Malcolm X et ça m’a donné envie d’en découvrir davantage sur ce personnage emblématique, sur ce qu’il a accompli et sur comment il a fait changé les choses pour la communauté Noire.

Malcolm est un garçon intelligent et tout le monde autour de lui ne cesse de lui répéter qu’il est promis à un grand avenir.

Je n’y ai jamais particulièrement réfléchi, néanmoins, je ne m’attendais pas à découvrir une telle personnalité chez Malcolm. Je pensais plutôt découvrir quelqu’un au fort caractère, avec de grandes convictions. Je ne dirais pas qu’il en est totalement démuni, mais plus qu’il a à un moment « laissé tomber » et qu’il cherche à tout prix à éviter reproduire les mêmes actions que son père, qui est mort pour avoir défendu la cause des Noirs. Adolescent, il n’a pas du tout pour ambition de changer le monde. Il désire simplement changer le destin auquel il semble dès son plus jeune voué. Pourtant, c’est déjà là qu’on voit les premiers signes d’un battant. Malcolm rêve de plus grand, de plus excitant. Mais pour lui, plus grand, ça signifie vivre à la dure dans les quartiers malfamées de Boston, plutôt que de choisir la vie proprette et confortable que souhaitait lui offrir sa grande sœur. Alors qu’il croit avoir changé de vie et grimpé les échelons, j’ai pour ma part eu davantage l’impression de voir quelqu’un qui cherche à échapper à la réalité, cette réalité ou les Noirs sont sans arrêt lynchés et traités comme des moins que rien. Il veut tout oublier, oublier sa propre identité, ses origines, parce qu’il a trop souffert, parce qu’un jour ses rêves de petits garçons ont été détruits, parce qu’il pense qu’on lui a menti. Alors il s’évade de toutes les manières possibles. Il se drogue, il boit, il danse, il dépense, il arnaque. Mais, d’un autre côté, on sent que son passé le rattrape, et qu’une partie de lui n’apprécie pas le jeune adulte qu’il est devenu. Il pense à sa famille, à son père en particulier (assassiné lorsque Malcolm était tout petit) et à ce qu’il penserait de lui en le voyant aujourd’hui.

J’étais parfois déçue de ce que je découvrais sur l’adolescence de ce personnage emblématique, mais avec le recul, je me rends compte que c’est tout ce qui a défini l’homme qu’il est ensuite devenu. Je pensais rencontrer quelqu’un d’engagé dès le départ, de révolutionnaire, mais j’ai finalement compris que sans son expérience de la vie, jamais il n’aurait accompli autant de choses.

Malcolm finit bien entendu par avoir une prise de conscience. Je ne vous en dit pas plus car cela révèlerait des éléments trop importants de l’histoire, mais cette partie du roman est vraiment puissante, c’est le passage qui m’a fait frôlé le coup de cœur.