Philip Roth

On retrouve ici un des thèmes préférés de l'auteur, la critique du puritanisme américaine et sa totale hypocrisie à travers l'histoire de ce vieil universitaire qui dans sa jeunesse a renié ses origines. et qui arrivé à la fin de sa vie périra par où il a péché. Non Roth n'est pas devenu l'un des tenants de l'ordre moral mais l'histoire a parfois des vengeances imprévues.

On aime le style, la mise en abime des travers de la société américaine, les personnages tellement bien campés On aime moins certaines longueurs et digressions qui alourdissent l'ensemble

Étrange roman. La jeunesse du narrateur, la subtile peinture des corsets de l'Amérique des années 1950, le lien permanent établi entre l'intime (copine, parents) et le collectif (la judaïté, l'américanité) rappellent naturellement Pastorale américaine mais ce court roman est exempt de la relative raideur et de l'apparente neutralité de celui-ci ; Roth prend même un malin plaisir à introduire des scènes à la fois comiques et suscitant le malaise par leur brutalité et leur colère, et qui rappellent ses « vieux » romans (le dialogue avec le doyen des étudiants, par exemple). On sent que Roth a eu plaisir à la fois à faire revivre sa jeunesse (il est de la même génération de son héros) et à recourir à certaines de ses techniques et motifs favoris de jeune auteur. Apparaît cependant le sentiment tragique de la vie, si admirablement peint dans Patrimoine et Un homme - avec la perpétuelle épée de Damoclès de l'exclusion du cercle familial, de l'exclusion de la faculté, de l'exclusion des Etats-Unis.Un roman « rothissime » dans son propos et son style, qui n'apporte certes rien de plus à son oeuvre mais un roman grinçant qui sait émouvoir et faire rire. La chute brutale de ce roman d'apprentissage sonne comme un avortement des belles promesses de l'Amérique des années 1950.

Philip Roth est pas facile à lire...

Dans La tache, Philip Roth alterne les passages narratifs classiques et les digressions, où il fait place longuement – parfois trop ! – aux élucubrations et vociférations des personnages essentiels. Des tourmentés, des névrosés, des gens qui savent ou ne savent pas lire, mais dont les cerveaux sont malades !... Comme peut-être les nôtres !...Philip Roth adapte son écriture à leur personnalité, n’hésitant pas à leur laisser la parole. A côté de Coleman Silk, il y a Faunia, sa maîtresse, femme de ménage de trente-quatre ans prétendument illettrée, une femme qui s’assume avec dignité dans un rôle de femme perdue, après avoir subi tous les malheurs et commis toutes les fautes imaginables. En face d’eux, Lester, l’ex-mari de Faunia, un ancien du Vietnam, revenu fou furieux au pays, un homme fruste resté haineux, violent et psychopathe malgré les années. Sans oublier la jeune et jolie directrice du département littérature de l’université, Delphine Roux, une française de grande famille, surdiplômée, écartelée entre ambition professionnelle et recherche d’un conjoint idéal, grotesque dans sa fascination pour Coleman.

Philip Roth n’hésite pas à dévoiler sa vision critique d’une société américaine en quête d’une pureté introuvable. Un panorama d’une actualité particulièrement vibrante aux Etats-Unis comme dans la plupart de nos sociétés occidentales !

Un roman assez complexe et déroutant. Avec des longueurs et des passages sublimes. Quelle écriture ! On perd souvent le fil car le fil il n'y en a guère. C'est moderne. La narration va dans tous les sens du temps. On s'y perd un peu car les transitions sont invisibles. Pas facile mais c'est à lire si on a le temps de parfois revenir en arrière pour comprendre où on en est ...Intéressant mais personnellement je n'ai pas vraiment aimé.

La trame narrative n'est pas évidente à suivre au début. J'ai eu du mal à m'y plonger il y a des années et j'avais abandonné. En retentant l'expérience et en s'accrochant un peu, on plonge dans une histoire singulière, qui ne ressemble pas à ce qu'on s'imagine. L'écriture est particulière, je n'ai pas particulièrement détesté ni aimé, elle est riche mais trop moderne et longue par rapport à ce que j'ai l'habitude de lire. A voir si je tente un autre livre de l'auteur à l'avenir

Un P. Roth en "Or". Cet auteur est pour moi le plus grand écrivain de la fin du 20e et début du 21e siècles. Vous me direz pourquoi mettre un commentaire, alors, vous ne serez pas impartial.

En fait, quoique je lise de Philip Roth, j'apprends sur l'âme humaine. Il avait cette capacité à pousser ses analyses aussi loin que possible et de les enrober dans des scénarios fous.

L'écriture est vive, intelligente, très intelligente, la culture de l'auteur immense et toujours à propos. On n'a pas l'impression d'un étalage d'un peu de confiture, on sent la profondeur de Roth.

J'ai lu des commentaires d'internautes qui disaient en gros que la "bête qui meure" est l'histoire d'un vieux beau qui essaie de séduire des jeunes femmes, je crains qu'ils n'aient rien compris.

Ce court roman est un ouvrage existentialiste, l'impact de la société ou de l'individu sur les autres, c'est un bout de l'histoire de l'être humain face à la décrépitude, la mort, peu importe le chemin choisi pour vivre, le temps de l'individu est un concept qui a une fin. Cette finitude c'est la mort et la peur qu'elle inspire.

On suit effectivement le chemin érotique d'un homme, mais c'est tellement réducteur de dire que le roman s'arrête avec ses envies de jeunes filles. Celui qui tire ça du roman ne mérite pas de lire du Roth.

Un récit complexe aux personnages ambigus, qui permet d’aborder bien des questions comme la condition des noirs et les questions raciales, la médisance et la petitesse d’une université de province, le puritanisme et la bienpensance des moralisateurs, la guerre du Viet Nam et ses séquelles, l’identité personnelle et un portrait au vitriol d’une Normalienne ambitieuse venue faire carrière aux US . Un livre très dense, pas facile à lire : j’ai du me forcer sur la première moitié, avant d’être accrochée par la seconde, à partir du moment où le récit s'ouvre et où Roth/Zuckerman nous emmène découvrir le passé trouble et passionnant de ces autres personnages, chacun avec ses taches et ses souillures cachées : Faunia Farley elle aussi est encore plus gravement que Coleman, fracassée par la vie ; son ex-mari cinglé Lester Farley meurtrier en puissance ; Delphine Roux brillante, perfide et mal dans sa peau. Mais au final un sentiment mitigé et une note moyenne compte tenu des difficultés que j’ai eu à lire.

Qu’est-ce que l’individu ? Pouvons-nous nous affranchir des déterminismes sociaux, de notre ethnie, dans une Amérique obnubilée par le concept de « race », pour se construire sa propre identité ? Pouvons-nous sortir d’un cadre social oppressant où l’étiquette semble primer ? Ce sont notamment les questions autour desquelles le récit de La Tache est construit.

Philip Roth nous offre dans ce roman un témoignage des contradictions d’une Amérique dominée par les opinions et les idéologies. Alors même que l’ethnie semble être le concept fondateur de l’individu, de l’identité, il est parfois difficile voire impossible de clairement l’identifier. Coleman Silk est-il Noir ? Est-il Blanc ? Juif ? L’impossibilité de le déterminer souligne la faiblesse de cet attribue dans la construction identitaire. Et pourtant. Et pourtant, il détermine tout le reste : accepter son ethnie c’est choisir une identité sociale, c’est faire partie d’une communauté ; la renier c’est vivre en paria, en imposteur, mais c’est se forger sa propre destinée, c’est le gage d’une certaine liberté. Mais qu’est-ce que la liberté dans cette Amérique divisée ? Est-ce seulement être Blanc ?

Il serait réducteur de penser que la portée littéraire de La Tache s’arrête aux concepts raciaux. Le roman est une critique des discours moralisateurs omniprésents dans le monde universitaire qui, sous couvert d’une défense de l’individu, des prétendument laissés-pour-compte, décide de s’affranchir de toute logique. La défense déraisonnée de certains, peut en fait être menée par des ambitions égoïstes involontaires, et pousser à légitimer la médiocrité de l’individu. Sous couvert d’une démarche humaniste, le discours moralisateur peut dériver vers une intransigeance autoritaire, visant à museler et briser l’opinion contraire. L’université, lieu de culture et de connaissance, prend le risque de se dénaturer et de faillir à sa mission de forger des individus autonomes et « éclairés ».

Mais au-delà des guéguerres intestines des universitaires, qu’en est-il des véritables marginaux ? Des illettrés, des traumatisés de guerre ? Ils sont invisibles. Ils doivent s’organiser eux-mêmes face à une société qui les opprime par son indifférence.

La Tache est donc un roman profond, bien écrit et bien pensé. Néanmoins, ce serait mentir de dire qu’il s’agit d’un livre facile à lire. La structure de la narration et la densité du récit rendent la lecture parfois ardue. Il s’agit toutefois d’une très bonne lecture, traitant encore aujourd’hui d’un sujet ô combien actuel.

Il se passe toujours quelque chose dans les livres de Philip Roth, quelque chose de fort, de différent, d'inattendu, quelque chose d'intelligent. PR était un écrivain doué d'excessivité, obsédé par ses personnages. Il les malmène, les aime, les tue, mais étudie toujours toutes les facettes de leur personnalité. PR était un magicien du personnage, capable de tout, coupable de ne jamais vous laisser insensible.

La plume est quant à elle toujours aussi vive, intelligente, incroyablement bavarde, pénétrante jusqu'à ce que vous montiez une digue pour vous protéger ou au contraire jusqu'à ce que votre digue soit annihilée, détruite par tant de puissance.

PR est sans aucun doute un écrivain à part, un ET au milieu d'une majorité d'auteurs médiocres, un tisseur d'histoires et de vies infatigable, un maître que je regrette.