Vladimir Nabokov

Lolita est un monstre culturel et stylistique au service d'une perversion que Nabokov parvient à sacraliser par pure jouissance esthétique, débarrassé de toute morale, morale qui pour lui n'a pas sa place en art. Tout y est fluide, parfait, imagé, coulant, merveilleux comme un long rêve odieux.A la base, c'est une histoire plutôt simple sur le plan psychologique .Un cas singulièrement délicat : décrire la passion d’un homme mûr pour une nymphette dont le narrateur situe l’âge en dessous de 13 à 14 ans ! Vladimir NABOKOV y parvient cependant avec beaucoup d’habileté et de raffinement dans l’écriture laissant à l’imagination du lecteur l’alternative de poursuivre ou non ! Mais on peut regretter que trop souvent il s’y mêle une préciosité narrative superflue : le choix des comparaisons abruptes, des comparaisons inusitées ou des mots rares qui encombrent le texte.

Lolita, ou l'histoire d'Humbert Humbert, homme de lettres venant de la vieille Europe mais surtout obsédé par les "nymphettes" (de très jeunes filles âgées entre 8 et 14 ans ayant un comportement sexuel et une sensualité en total décalage avec leur âge). Après différents séjours en asile psychiatrique et un mariage de convenance raté, il s'installe aux États-Unis où il loue une chambre chez une veuve âgée d'une trentaine d'années. Là-bas il rencontre Dolores Haze, sa fille de douze ans, qu'on surnomme Dolly, Lo, et que lui surnommera Lolita. Il tombe immédiatement sous son charme et développe une obsession amoureuse et charnelle pour elle. On suit alors le récit d'un pédophile manipulateur, narré à la première personne et rédigé sous la forme d'un journal, les mémoires d'H.H, ce qui donne encore plus de crédibilité au récit, malgré le fait qu'on se rende compte qu'il n'est pas un narrateur fiable et que sa perception des faits peut être faussée, et il peut même mentir volontairement ou omettre des faits. L'auteur dépeint la relation malsaine entre Lolita et H.H de nature incestueuse et déséquilibrée puisque Lolita est tout le long sous l'emprise psychologique du narrateur, qui isole socialement la jeune fille afin de mieux la manipuler.

Nabokov nous fait le portrait de l'hybris chez Humbert Humbert, Spoiler(cliquez pour révéler)qui va le conduire jusqu'au meurtre. Il s'agit ici, à mon sens, d'une tragédie contemporaine. Bien que cette œuvre ait été considérée comme scandaleuse au moment de sa sortie, le fait que les relations sexuelles entre Lolita et H.H se soient pas décrites, laisse penser à une volonté de dénonciation de la pédophilie de la part de l'auteur.

Le thème du double, du doppelgänger (Spoiler(cliquez pour révéler)Humbert Humbert et Quilty) est également passionnant. Cela rejoint l'essai de Freud sur l'inquiétante étrangeté et toutes les références et le jeu de piste au travers du roman le rend tout autant passionnant.

La dimension lyrique de l'ouvrage est un élément qui constitue toute la beauté de l'œuvre (Spoiler(cliquez pour révéler)c.à.d la révélation que H.H se fait à lui même lorsqu'il se rend compte qu'il est vraiment amoureux de Lolita, même s'il elle n'est plus une nymphette, et plus simplement son obsession dévorante pour elle tout au long du récit). Sans parler de la beauté de l'écriture de Nabokov (j'ai lu le livre en langue originale) bien que l'anglais ne soit pas sa langue maternelle, le traitement du sujet de la pédophilie et de l'emprise psychologique et toutes les références littéraires et culturelles présentes un peu partout dans le roman (cela vaut le coup de prendre l'édition annotée, ce que j'ai fait). Ce sont les raisons évidentes pourquoi Lolita est une œuvre majeure du XXe siècle.

Une lecture longue et éprouvante, j'ai lui, je me suis arrêtée , j'ai recommencé et encore arrêté... Une envie de le finir et de m'en débarrasser. Un roman dérangeant, cru... HH est un personnage égoïste, il n'a aucun égard pour cette jeune fille, il ne se préoccupe que de son plaisir, ne se demande jamais comment va Lolita, il est horrible, il n'a aucun remords, jamais...

Lire Lolita c'est un peu comme lire Sade... C'est a lire au moins une fois dans sa vie pour sa culture personnelle.... mais c'est tout.

Un régal.

Le récit de la tentative d’une quête biographique vaine où rien ne se laisse appréhender ou si peu, dans lequel l’auteur sème à tout va des élément autobiographiques. Les racines russes, la double culture, et plus incroyable sa technique d’écriture qui laisse le texte se répéter au fil de la plume sans s’arrêter pour raturer.

Il y dénonce le ridicule de la littérature psychologique qui peut transformer n’importe quel imposteur en romancier.

Il nous balade dans une dramaturgie distordue lors de la recherche d’une femme qui finalement est devant nos yeux .

Puis dans un final qui nous prouve que Nabokov domine le climax dramaturgique quand il le veut.

Nabokov brosse un portrait singulier du joueur d'échecs : on aurait pu croire que Loujine, à l'instar du Joueur d'échecs de Zweig, serait grand et sec au caractère nerveux et d'une certaine intelligence. C'est pourtant tout le contraire : lent dans tout ce qui n'a pas trait aux échecs, Loujine est un homme laid, naïf, éteint. Il inspire d'ailleurs une certaine aversion. Une caractéristique est cependant commune au Joueur d'échecs et à La défense Loujine : le sentiment de solitude à l'origine de la passion des échecs. Cette solitude, on la ressent davantage encore chez Nabokov par la distance qu'il impose vis à vis de ses personnages. Son style est concis, précis, dynamique, mais reste d'un pragmatisme glacial, ce qui empêche tout attachement aux personnages.

J'ai dû le lire plusieurs fois (concours à passer) et heureusement ! Ça aurait été dommage de ne pas plonger dans l'univers de Nabokov. Un chef d'œuvre !

"Lolita" de Vladimir Nabokov est une œuvre littéraire complexe qui peut être interprétée de différentes manières en fonction du lecteur et de son contexte. La narration est faite du point de vue d'Humbert Humbert, un homme intellectuel et manipulateur qui est épris de la jeune fille Dolores Haze, qu'il surnomme Lolita. Humbert Humbert est un personnage moralement ambigu, et le roman explore les thèmes de l'obsession, de la perversion, et de la culpabilité. Nabokov utilise une prose raffinée et joue avec la langue de manière habile pour explorer les méandres de la psyché de Humbert Humbert. Certains lecteurs soutiennent que le roman ne glorifie en aucun cas la pédophilie, mais plutôt qu'il expose la corruption morale d'un individu dépravé. Cependant, d'autres critiques estiment que le livre peut être perçu comme une critique de la société elle-même, soulignant les failles morales et la facilité avec laquelle l'abus peut être rationalisé ou ignoré. Nabokov aurait pu intentionnellement choquer le lecteur pour le pousser à remettre en question ses propres valeurs et ses certitudes morales. Il est crucial de considérer que la réception de "Lolita" peut varier en fonction des sensibilités culturelles et individuelles. Certains lecteurs peuvent trouver le roman provocateur, tandis que d'autres peuvent le voir comme une exploration littéraire profonde de la nature humaine et de ses zones d'ombre. Quoi qu'il en soit, la lecture de "Lolita" nécessite une réflexion critique et une compréhension des nuances pour saisir pleinement les intentions de l'auteur et les messages sous-jacents.

J'ai lu très facilement et avec plaisir le style d'écriture mordant, cynique et plein d'humour du narrateur. Je m'attendais pas à ça. En revanche, le bouquin se divise en deux parties selon moi ; ce qui se passe avant le road trip, et le road trip.

Avant que Humbert et Dolorès ne partent sur les routes, c'est prenant, ça fait froid dans le dos comme un thriller parfois, c'est glauque à souhait. La suite est chiante, interminable, vraiment, je m'arrête d'ailleurs avant la fin (il me reste une centaine de pages), car oui il est long.

Extrêmement perturbant. Je n'avais jamais vu le film avant mais je pense avoir fait le meilleur choix en décidant de lire le livre à la place. Les personnages sont complexes mais purée qu'est ce que j'ai eu du mal par moment. Pas du tout à cause de la plume mais plutôt à cause du contenu de l'histoire. Un livre très clairement dérangeant mais très intéressant du point de vue psychologie et la plume de l'auteur est vraiment incroyable et d'une fluidité magique.

Relecture après l’avoir lu une première fois au lycée. Mon dieu, ma perception de l’histoire a bien évoluée…

À l’époque déjà j’avais trouvé ce roman magnifiquement bien écrit mais extrêmement glauque.

Aujourd’hui, étant devenue depuis adulte, plus à l’aise en lecture aussi, et surtout maman d’une petite fille qui entrerait parfaitement dans la case nymphette, je suis prise dans une dichotomie énorme entre l’admiration pour l’écriture sublime et la répulsion immense que me procure ce roman. Comment ne pas être heurtée par les délires pédophiles de ce malade qui de plus transforme la réalité pour imaginer que l’enfant qu’il torture et manipule est une compagne consentante ? Certains passages sont tout simplement insoutenables, tant on est dans l’esprit pervers de cet homme qui vit un véritable extase en détruisant tout bonnement cette enfant.

Et pourtant, quel roman d’une écriture maîtrisée et magnifique ! Si l’horreur de l’histoire racontée est absolue, l’écriture elle est fantastique avec des formulations qui sont parfois d’une réelle poésie pour parler de l’abject.

Une question me reste cependant, comment, dans l’imaginaire collectif, une Lolita peut-elle être une petite séductrice alors qu’ici on est clairement dans la dénonciation d’un esprit malade qui manipule et manipule aussi les souvenirs qu’il raconte aux lecteurs ? Comment ne peut-on voir la séduction d’une enfant comme une volonté de juste plaire à l’adulte et jouer à la grande ? Certains passages sont criants de ce que subit l’enfant… Quand il parle de la campagne qu’il mène pour lui faire peur et la forcer à rester près de lui et à subir, quand il lui échappe qu’elle pleure chaque nuit… Non, pour moi, Lolita ne devrait pas être synonyme de séductrice enfantine, mais de victime. C’est du moins bien la perception que j’en ai aujourd’hui en lisant ce roman…