Rivages lointains

J’avais hésité à acheter cette BD pendant le festival d’Angoulême, qu’est-ce que je regrette de ne pas l’avoir fait! Il s’agit d’un coup de cœur! J’avais peur que ce soit une bad ending et de la tournure de la romance au vue de commentaires que j’ai pu lire. Je n’aurai pas du m’arrêter sur cela, cette lecture m’a offert une ribambelle d’émotions!

Tout d’abord je suis totalement fan du style graphique et des characters designs! Cela joue en grande partie sur mon appréciation globale. J’adore le trait et les couleurs majoritairement sépia qui ajoutent au côté rétro.

L’univers des gangs de Chicago a New York était très convaincant et j’ai particulièrement aimé l’intrigue. Ici le cœur de l’histoire c’est le business et comment Jules se retrouve embarqué dans le milieu pour se sortir de sa condition de jeune immigré italien. Sa relation avec Adam était complexe et bouleversante. J’adore la façon dont le caractère de Jules évolue et s’affirme à la fin. J’ai eu énormément d’empathie pour lui. Il en bave beaucoup…

En ce qui concerne la fin, même si elle est douce amère, je la trouve très juste et satisfaisante!

Bref c’était génial, je me languis que l’autrice publie de nouveaux titres!

Chicago, 1938.

Jules, jeune immigré italien, s’en sort comme il le peut en enchainant les petits boulots. Pour le moment, il est livreur de boissons pour les bars du quartier, aux mains de la mafia locale. Au cours d’une livraison d’alcool, il croise la route d’Adam Czar, venu chercher le pizzo du proprio.

Contre une belle somme en dollars, il est assuré d’une sorte de protection. S’il ne la donne pas, il risque de lui arriver des bricoles, si vous voyez ce que je veux dire …

Jules y voit alors l’occasion de sortir de sa misère. Faire partie de la mafia et faire fortune … son rêve américain.

Adam et Jules ne tardent pas à devenir plus que des collaborateurs. Les deux amants restent cachés et montent dans l’échelle sociale mafieuse, l’élève ne tardant pas à dépasser le maître.

Ascension, victoires, échecs et trahisons vont mener Jules à prendre des décisions difficiles, mais nécessaires.

Dès la première planche, on est immergés dans le Chicago des années 30 : les rues, les vêtements, le phrasé et on suit ce jeune homme qui commence au bas de l’échelle et dont les ambitions n’ont d’égales que sa volonté de s’en sortir. L’ambiance est là dans ce bar pas net, le trafic d’alcool, la mafia, les gros durs, la petite chambre spartiate et de toute cette noirceur, émerge un sentiment inattendu et interdit à cette époque entre deux hommes.

On embarque pour un voyage sur 30 ans, de Chicago à New-York pour cette histoire sans concession. Les dialogues sont percutants, inscrits dans les vignettes de ce roman graphique aux traits vifs. Je ne maîtrise pas les termes pour ce type d’ouvrage, alors je vais utiliser mes mots. Ce qui m’a le plus marqué est ce choix de couleurs un peu vieillies, je dirais Sépia, comme une photo abîmée ou un film daté. Les scènes s’enchaînent judicieusement avec des détails choisis de telle manière qu’on se croit dans un film de gangster des années 30. J’entendais le bruit des balles.

Mais derrière ce polar graphique, on a aussi cette romance qui marque, belle et dure comme on peut s’en douter.

Un ouvrage qui fera date dans mes lectures.

Cruelles sont les espérances quand elles vous emmènes au fond du gouffre. Une BD sur fonds de roman noir et de mafia avec en son centre des protagonistes qui rêvent à une vie meilleure et qui sont prêts au pire pour y parvenir. Suivre Jules dans sa descente aux enfers étaient poignant et à la fois tellement doux. On referme cette BD avec un certain apaisement. Coup de coeur.

Une histoire aussi captivante que touchante, les illustrations sont très belles et poétiques, on ressens beaucoup de nostalgie et de douceur malgré le coté sombre et cruelle de l'histoire. J'ai beaucoup aimé l'évolution du personnage et le moment ou il s'affirme. J'ai passer un très bon moment de lecture, je recommande

Rivages lointains, c'est Jules Tivoli, un jeune immigré italien, du Chicago de la fin des années 30 au Marseille du début des années 60 : ses débuts comme livreur, dévoré par l'ambition, par l'envie d'être quelqu'un, l'envie de porter les beaux costumes qu'il voit dans la vitrine d'un tailleur...

Rivages lointains, c'est Adam Czar, mafieux d'origine polonaise plutôt bien placé dans l'échelle alimentaire locale, qui va croiser la route de ce jeune homme ambitieux et qui, séduit par son culot, va lui proposer une place dans son organisation...

C'est l'ascension de ce duo dans la mafia de Chicago, jusqu'à la chute et la fuite vers New York, où le rapport de force va s'inverser, Jules, de son vrai prénom Giovanni, va gravir les échelons de la mafia italienne new-yorkaise.

Rivages lointains c'est Eufrasio, mafieux new-yorkais aussi solaire qu'impulsif, attachant, drôle, inconscient, confiant, tellement vivant, qui va chambouler la dynamique de Jules et d'Adam jusqu'au point de non-retour.

Rivages lointains, c'est aussi Jules et d'Adam, mélange de passion, de pouvoir, de fascination, de sentiments, mais aussi de secrets, d'ambition, de jalousie, de manipulation... une histoire qui doit rester secrète dans un milieu pas franchement gay friendly.

Si j'ai aimé la plume d'Anaïs Flogny, son travail sur le caractère des personnages, leurs évolutions, cette façon d'arriver finalement à nous rendre sympathiques et attachants des personnages qui ne le sont pas franchement, j'ai tout autant aimé son coup de crayon, son dessin, son trait léger, esquissé, ses couleurs un peu froides pour la partie américaine, qui se réchauffent dans la partie marseillaise. J'ai aimé ses planches de taille inégales, son souci du détail, jusqu'à la fin, cette fin douce amère.

Un grand merci à l'auteur, aux éditions Dargaud et à NetGalley pour ce service presse, que je vais sans aucun doute me procurer en version papier, pour le plaisir de le relire.

C'était plutôt chouette tout du long, mais assez... fade ? Il y avait carrément matière à faire une BD haletante et punchy, mais c'est juste très calme et sage. Je ne doute pas une seule seconde qu'elle puisse trouver son public parce que (notamment) les dessins sont très beaux et doux. Mais j'aurais souhaité plus de dynamisme.

Que c'est beau, que c'est bien !

Des personnages peaufinés avec soin, plongés en plein coeur de la mafia italienne où alliances et trahisons ne font pas bon ménage.

L'autrice débarque dans le milieu de la bd et frappe un grand coup avec cet album. On sent une vraie recherche dans la construction de ses personnages et de son univers.

Hâte de découvrir son prochain projet !