8. Behind a mask or a woman's power de A.M. Barnard alias Louisa May Alcott:
On connait tous Louisa May Alcott pour sa saga sur les quatre filles du Dr. March mais beaucoup moins pour ses récits écrits sous d'autres noms de plume. Datant de 1866, celui-ci a particulièrement attiré mon attention, car il est clairement destiné à un lectorat adulte et est souvent associé au mot féminisme.
L'autrice met en scène une héroïne machiavélique arrivant comme gouvernante dans une bonne famille de l'aristocratie, qui par son jeu d'actrice époustouflant, quelques artifices de déguisement bien maîtrisés et une analyse fine de son entourage, finit par mener son monde en bateau sans être soupçonnée, bluffante d'innocence.
Pendant longtemps on se questionne sur l'objectif de cette manipulatrice, sur ses raisons aussi, bien qu'on peut en concevoir certaines en connaissant un peu les moeurs de l'époque, et on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine sympathie pour elle en dépit de ses actes et de sa façon de faire immorale.
Car en face il y a beaucoup de suffisance et de dédain envers une femme à l'intelligence remarquable, au talent incontestable et à l'éducation accomplie qui aurait eu beaucoup d'intérêt, aurait été considérée comme supérieure, si elle avait été de bonne naissance.
Je ne cache pas que je l'ai encouragée et que j'ai eu très envie de la voir réussir en tous points, pour la belle leçon qu'elle aurait donné à tout ce petit monde un peu trop enorgueilli. Malheureusement, il y a ce final avec un bémol qui vient retirer de sa saveur au livre.
Niveau:
Intermédiaire
9. Sea Glass Cove T1 : The abalone shell de Suzie O'Connell:
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en lisant ce livre récupéré juste pour son coquillage sur la couverture (vive les challenges de lecture !). Proposé gratuitement qui plus est, avec un thème très casse-gueule, il ne partait pas avec les meilleurs augures.
L'histoire est celle de deux âmes en peine qui se trouvent et s'attachent. Lui est veuf depuis 3 ans, ayant perdu femme et enfant dans un accident de voiture. Elle est fraîchement divorcée, ayant pris la décision de mettre fin à une relation où l'amour n'était pas absent, mais où sa sécurité psychologique et son bonheur n'étaient plus d'actualité. Les deux pourraient bien apporter à l'autre ce qui lui fait tant défaut pour avancer dans la vie et s'épanouir de nouveau, mais pour ça, il faudrait qu'ils soient tout deux sûrs de ce qu'ils veulent et prêts à aller de l'avant.
L'autrice à un style fluide, simple mais pas désagréable qui aide a bien rentrer dans l'histoire, soutenu par une alternance des points de vue à la régularité presque métronomique et des chapitres très courts.
Le développement est très basique et il ne faut rien attendre d'extraordinaire de ce côté. La bonne surprise vient du fait qu'elle choisit d'aborder le sujet du deuil de la relation avec beaucoup de pudeur. Même si les personnages ont une tendance un chouia trop prononcée à se projeter sur l'autre et à céder à l'empathie, jamais elle ne sombre dans le pathos larmoyant et dégoulinant que je redoute à chaque fois que j'ouvre un livre ayant pour thèmes romance et deuil. Elle se focalise sur leur cheminement intérieur, plutôt que sur la finalité de leur mise en couple. Un petit plus agréable pour cette histoire toute mignonnette.
Niveau:
Facile/Intermédiaire
Parfait pour apprendre le champ lexical du bord de mer
10. Once and future king T1 : The sword in the stone de T.H. White:
Je n'ai jamais mis autant de temps à lire un livre jeunesse... Je me suis sérieusement ennuyée pendant les deux tiers de cette histoire, qui est une succession de mini aventures aux intérêts très disparates, car je ne voyais aucun but se préciser. Pourtant, ayant vu le Merlin l'enchanteur de Disney, qui s'appuie sur ce livre, et connaissant la base de la légende arthurienne, je savais pertinemment où tout cela allait mener: jusqu'à la fameuse épée Excalibur à délivrer de sa prison de pierre que seul Arthur, alias the Wart (la Verrue) comme tout le monde l'appelle, serait capable de déloger.
Je crois que j'attendais l'entrée en scène de la fameuse épée et la précision des origines bâtardes de la Verrue un peu plus tôt dans l'histoire. Quand le récit y est enfin parvenu, le traitement était tellement rapide et léger que ça tenait plus de l'anecdote que du fait majeur, ça en était risible. "Tout ça pour ça" ont été exactement mes premières pensées déçues.
Avec le recul, je pense que j'ai été poussée à plus de sévérité envers The sword in the stone parce que je l'ai lu en anglais. Pour un livre jeunesse, je le trouve très difficile. Le vocabulaire est très riche, le vieil anglais est souvent usité et des personnages parlent avec un accent campagnard qui vous tronçonne les mots à tout va. Quand des fois ils ne parlent pas avec les deux mélangés... Dans ce cas, accrochez-vous pour comprendre ! Au bout d'un moment, lire un ou deux chapitres par jour est devenu un vrai défi. Je me suis focalisée sur la traduction au détriment de l'histoire.
Ce qui le sauve de ma liste "Pas apprécié" c'est son humour. L'auteur qui se pose ouvertement en narrateur de 1938 expliquant à un oratoire de son époque la légende du Roi Arthur, a très souvent recours aux anachronismes pour expliquer certaines choses de la nature, du moyen-âge et des mythes et légendes. Cette petite jonglerie entre les époques est un peu déroutante au départ mais a son charme une fois habitué, surtout qu'elle permet de justifier un certain regard taquin sur les héros, chevaliers et créatures imaginaires supposés peupler l'Angleterre médiévale. L'auteur ne se prive pas pour malmener de façon polissonne les codes et les clichés.
Pour le reste, je n'ai pas apprécié son style d'écriture trop dans la description et les explications assommantes. Pour moi il manquait d'élégance et faisait trop souvent appel aux mêmes constructions de phrases lourdes qui nuisaient à la fluidité.
Cette accumulation de points négatifs fait que ma lecture s'est transformée en acharnement plus qu'en réel plaisir de découverte d'une bonne histoire. Il y a fort à parier que, d'ici quelque temps, c'est la seule chose que je retiendrai de ce livre !
Niveau:
Difficile
Du vieil anglais et du parler paysan, parfois les deux en même temps.
Recap