Je valide la consigne 8- Lire un livre d'un auteur français étudié au lycée avec
"Germinal" d'Emile Zola
https://booknode.com/germinal_018
Dans article intitulé "Pourquoi lire les classiques", l'écrivain et essayiste Italo Calvino écrit "Un classique est un livre qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à dire." Et il souligne également le fait qu'on ne lit jamais un classique dans un nuage atemporel, mais qu'il importe d'"où" on les lit et qu'ils seront à chaque fois éclairés à la lumière d'une perspective historique différente. "Germinal", treizième tome de la saga des Rougon-Macquart d'Emile Zola, fait partie des grands classiques de la littérature française et nous avons été nombreux à l'avoir étudié au lycée. Presque quarante ans plus tard, je le relis donc, au moment même où a lieu en France un mouvement social inédit, celui des gilets jaunes. Bien sûr, la France du 21ème siècle n'est pas celle de la seconde moitié du 19ème siècle, la classe ouvrière a considérablement diminué en nombre et la puissance économique d'un pays ne se mesure plus aux tonnes de charbon extraites. Pourtant, le roman de Zola n'en a pas perdu de sa force et le "Il faut que ça pête" de la femme de Rasseneur a toujours été d'actualité à la veille de tous les grands mouvements sociaux. Le roman de Zola est d'abord un formidable document sur les conditions de travail des ouvriers dans les mines dans la seconde moitié du 19ème siècle (et en le lisant, je sais aussi que ces conditions existent encore dans certains chantiers de pays en développement). Mais bien sûr, "Germinal" ne se réduit pas simplement à un pur document historique. C'est tout le génie de Zola d'avoir rassemblé sur une même période des évènements qui sont bien inspirés de faits réels mais ayant eu lieu sur des années différentes et d'en créer la trame d'une tension romanesque. Il joue sur l'opposition entre la misère noire des ouvriers acculés à la famine et la richesse de ces familles repues qui détiennent du capital. La tension est croissante jusqu'au dénouement et la lecture captivante. Et même si, à la fin, les patrons ont gagné, "Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre."
Le jour de l'enterrement de Zola, le 5 octobre 1902, une déléguation de mineurs du Nord était venue à Paris, et accompagnant le cortège funèbre, les mineurs criaient "Germinal ! Germinal !"