6) Thème : Pays nordique ! Soit l’auteur en vient, soit le livre s’y déroule (pays réel ou imaginaire) la Russie, les Pays Baltes, la Sibérie
"Ce qu'ils ont pas pu nous prendre" de Ruta Sepetys
La lecture de ce livre m'a estomaquée.
Oui en cours d'histoire on a évoqué l'existence des goulags, de ces camps où des gens d'instruction se retrouvent envoyés à cause de cela justement.
Je me vois même posé la question au professeur de "qu'est-ce que c'est? Comment ça?" et n'avoir en retour...aucune réponse!
Est-ce que quelqu'un a réellement retenu "dans ses tripes" ce fait implacable? Toute personne s'exprimant, ayant accès à la culture, la promulguant ou l'enseignant fut déclaré "ennemi" du régime.
On connait tous l'existence des camps de concentration (documentaires films ou papiers, témoignages, lieux géographiques officiels...) des nazis où juifs (mais pas que) étaient voués à l'enfer. C'est horrible. C'est hélas vrai. ça a eu lieu. Les preuves sont là et elles nous sont enseignées.
Il est donc étrange que l'on se concentre tant sur la version allemande de l'horreur...et que l'on glisse sur la version russe...qui s'est pourtant vouée de la même façon à l'élimination de masse et ce dès 1941 (et pendant + de 10 ans!)!
En suivant Lina j'ai eu l'impression de découvrir un fait historique sombre que l'on m'aurait caché à moi, et à tous en fait...hormis ceux qui l'ont vécu ou en sont les descendants!
On commence ainsi par la rafle de nuit pour rejoindre des trains à bestiaux où tous s'entassent (condamnés car reconnus coupables de ...tout = rien!!) à destination inconnue (la Sibérie..surprise!!). La déshumanisation est la même sous Staline qu'Hitler...c'est hallucinant.
Cette purge de la Lituanie et des autres pays proches (tous oublié par les Alliés...et pour cause l'URSS étant officiellement du côté des "bons" n'allait pas reconnaitre être responsable d'exactions similaires aux nazis chez elle!) m'a heurté bien plus au travers de ces pages que lors de mes cours (lointains). Car peu de détails sont parvenus jusqu'à nous. Les populations touchées le savent. C'est un secret de polichinelle en dedans, mais bien gardé en dehors. Ruta Sepetys nous ouvre les yeux sur un devoir de mémoire. (Mis à jour notamment par des urnes temporelles récentes.)
La prise de conscience est rude.
On nous fait part de la réalité sans plonger dans le trop.
Le but ici n'est pas de nous faire larmoyer, mais de nous donner une leçon de vie, de force, de volonté, d'amour et même de pardon.
La haine n'est pas ce qui l'emporte. Non.
On reste en mode "lapin en plein phares" pendant tout le récit, mais malgré toutes les émotions (colère, tristesse, frustration, espoir...) les yeux restent secs.
"Le roseau plit, mais ne romps pas."
Je reste scotchée.
Ma naïveté bisounours en prend un coups.
Pas de happy-end total possible à cette fiction inspirée de vrais témoignages.
J'aurais bien aimé savoir "ce qu'ils sont devenus" pour beaucoup de personnages secondaires fictifs. Ainsi l'épilogue m'aurait mis un peu plus de beaume. Mais le beaume c'est pour les cœurs tendres et naïfs. Ici point de beaume, mais une grande envie de crier de rage sur l'horreur du monde parfois (trop souvent), de pleurer de soulagement sur l'interruption de l'horreur (bien trop tardive à arriver), puis de respirer et sourire à la vie qui continue.
Plus que la fierté, c'est la dignité des personnages qui m'a bluffé.
De la même auteur j'ai lu "Big Easy"...et compte bien la suivre encore dans d'autres récits édifiants.
Récapitulatif