Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

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Xhantia

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Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonjour/Bonsoir!
Cela fait un moment que je suis présente sur Booknode, mais je n'avais encore pas osé poster mon histoire, par timidité mais aussi par appréhension par rapport aux impressions de potentiels lecteurs et lectrices. Mais maintenant, je me lance, quoiqu'il arrive! Allez!
Je tiens à préciser que je ne serais sans doute pas en mesure d'assurer la constance de cette histoire ; mes études et mes horaires ne me le permettent pas toujours.... Cependant, je ferais de mon mieux!
Et, plus important, j'accorde une très grande importance aux avis, de préférence construits ; n'hésitez pas, lâchez-vous, ça m'aide beaucoup en plus d'être ultra intéressant!
Sur ce, je vous souhaite la meilleure lecture possible, et un grand merci!

Les chapitres les plus anciens (ou les moins récents) sont corrigés au fur et à mesure. Donc si vous trouvez une grosse incohérence entre deux chapitres, c'est sans doute que celui-ci n'a pas encore été édité de façon corrigée. Ou bien que je ne sais pas ce qu'est un scénario. Dans tous les cas, je fais de mon mieux pour que tout soit corrigé au plus vite!


Il va sans dire que cette histoire m'appartient, à moi et moi seule. Cela exclut toute autre personne n'étant pas ma jumelle parfaite dont je ne soupçonnais pas l'existence. Ce projet est un travail de longue haleine, mais il est surtout unique: interdiction formelle d'en citer ne serais-ce que des bribes sans mon accord, et sans en donner la source (c'est-à-dire moi, selon toute vraisemblance). Si jamais je me rends compte que cette histoire a été copiée ou reprise, que ce soit partiellement ou largement sur quelque forum que ce soit, je n'hésiterais pas à signaler le texte, l'auteur, et si il le faut, aller faire directement de la diplomatie. Il y a toute une loi sur la propriété intellectuelle qui explique les règles et les sentences bien mieux que moi. Vous êtes prévenus.


Liste des prévenus (admirez ce manque de mémoire):
- GoldAngels
- etoileee
- Vampiredelivres
- Ysaya
- Mimori
- Cochyo
- Vi05ve09li04vr15es



Le Continent

Le Continent - Le Monde des Premiers
Le Continent - Le Monde des Premiers
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Partie 1


Cynthia


Mphf. Oh....
Quelle heure est-il? Huit heures? Le Soleil, la lumière... Trop fort... Ca doit être l'heure.


Les puissants rais de lumière passant par la grande fenêtre sans rideaux me font ouvrir les yeux d'un coup. Je les referme directement en détournant la tête, encore sonnée par mon réveil. C'est vraiment loin d'être agréable.

Quelques instants plus tard, je me redresse avec lenteur, enveloppée dans l'édredon, avant de m'étirer jusqu'à sentir mes muscles se plaindre. Puis je dégage mes draps rapidement et me lève d'un bond, décidant qu'avoir une panne d'oreiller aujourd'hui serait bien plus fâcheux que les autres jours.

"Salut, Cynthia. Tu es bien matinale dis-moi", me souffle une voix sarcastique rendue rocailleuse par une nuit de sommeil.

Sans rien dire, je me contente de sourire gentiment à Marie, amusée par ses habituelles piques. Un nuage cotonneux passe, et la lumière de la pièce devient tout de suite bien plus douce.

Au fond de la pièce, Jasmine dort encore, visiblement pas le moins du monde dérangée par le bruit et la lumière. Pendant que Marie se sort plus difficilement que moi de son lit aux draps brodés pour aller réveiller la dormeuse, je me dirige d'un pas tranquille et chancelant vers une énorme commode en bois sculpté et verni. Trois énormes tiroirs, un pour chacune d'entre nous. Chacun regorge de nos quelques affaires personnelles et de nos tenues réglementaires. Je me mets à farfouiller en quête de mes habits. Marie me rejoint peu après, tandis que Jasmine s’éveille enfin. Elle promène son regard endormi aux reflets myosotis sur les tentures aux murs représentant des entrelacs de fleurs somptueuses.

Je finis enfin par sortir la longue robe simple d’un doux bleu marine à col rond qui nous sert d'uniforme en ces murs avant de me déshabiller rapidement. Vu la hauteur du Soleil dans le ciel, nous ferions mieux de ne pas trop trainer. Le plus dur est de réussir à serrer assez le vêtement autour de sa taille pour pouvoir le nouer à l’arrière : c'est toujours une expérience à part de respirer avec.

Je jette un coup d'œil à mes deux amies, et surtout à Marie qui, déjà habillée, fait son lit avec minutie. Je lui fais la même remarque depuis plusieurs mois.

" C'est inutile de faire son lit si c'est pour le défaire le soir.

- Peut-être, mais c'est déjà beaucoup plus présentable, et ce soir, nous ne serons plus là, rétorque-t-elle avec justesse."

C'est vrai. Ailleurs...

Je retourne donc, moins à contrecœur que d'habitude, faire mon lit tandis que Jasmine met un certain temps à attacher sa très longue chevelure platine en un chignon comme l'exige le règlement. En me redressant, j'observe mon reflet dans le miroir en face quelques secondes. La personne devant moi possède une épaisse chevelure noire, rideau d’ébène sur peau hâlée, qui lui tombe jusqu'aux omoplates et se répand de part et d’autre de son front. Ses deux yeux vairons, l'un bleu pur et l'autre noir d'encre m'observent d'un air vide, et un grain de beauté est imprimé sur le coin de sa paupière gauche.

C'est dur, le matin.

Mon instant d'absence est interrompu par l'arrivée de Jasmine à mes côtés, épingles et brosse en main. Pendant qu'elle saisit avec douceur et professionnalisme mes cheveux afin de me coiffer, j'admire à travers le reflet le contraste saisissant entre ses yeux et ses cheveux si blonds qu'ils en paraissent presque gris à la lumière. Elle nous a raconté que c'était un acte de rébellion de sa jeunesse: elle avait emprunté la brosse enchantée du coiffeur de son village pour changer sa couleur, et finalement, elle lui avait tellement plu qu'elle l'avait gardée de façon définitive. Elle ne nous a jamais dit quelle était la véritable teinte de ses cheveux. Je l'observe manipuler avec talent chacune de mes mèches en me demandant, comme toujours, comment elle peut bien faire cela. Moi qui ne sais rien faire de mes mains...

"Tu as presque plus de cheveux que moi. Tu m'étonneras toujours", dit-elle avec un sourire heureux au coin des lèvres tandis que je laisse échapper un petit rire. Elle admire son œuvre dans le miroir, nos regards se croisent. C'est parfait.

- Allez, on se dépêche, nous apostrophe soudain Marie, déjà prête, au seuil de la porte. J'ai faim. Si on arrive trop tard, on aura plus rien à manger."

Mon estomac se met à gargouiller bruyamment comme pour lui répondre.



Cet endroit n'est pas mon foyer. Je ne suis ni une orpheline, ni une enfant à problèmes. C'est un lieu plutôt unique, non-loin de la capitale, où les volontaires de toutes classes viennent apprendre leur futur métier : devenir Serviteurs de riches aristocrates ou de grandes Maisons en fonction de la demande.

Dans le monde dans lequel je vis, les castes décident en grande partie de notre existence. On les a divisées en trois grands groupes: Les Premiers, les Seconds, et les Terciers. On a pas encore trouvé plus original.

Les Premiers représentent une infime partie de la population: peu de gens de la populace les voient souvent dans leur vie. Et pourtant, ce sont eux qui régissent notre monde: ce sont les ministres, les conseillers les plus haut classés, les généraux, et les Seigneurs de nos régions qu'ils dirigent d'une main de fer. Ils vivent souvent dans les grandes villes telles que la capitale, Enathon, et entretiennent grâce à leurs alliances l'unité de notre Continent.

Ils sont associés à six grandes Maisons, connues de tous. Au sud, la Maison Hamilcar est la plus récente à avoir rejoint l'alliance. La partie intérieure du Continent est partagé entre plusieurs territoires plus petits: Les Maisons Hafferyn, Litréans et Eristène y sont voisines. Et lorsque l'on monte au nord, on trouve les Maisons Blustrode et Herjafol

Sur le Continent, les castes sont définies à partir de la magie. Car si certains, comme moi, naissent tout à fait normaux, d'autres ont dans le sang des affiliations magiques spécifiques, ce qui en font des êtres bien plus redoutables. Les Premiers sont donc ceux qui possèdent les plus puissantes affiliations magiques. Ils peuvent user de leur pouvoir sur les objets, mais aussi les personnes, ce qui en fait des gens très respectés, mais surtout terriblement puissants.

On associe les Seconds aux métiers de l’artisanat, de la science et du commerce. Ils font leur beurre avec la vente de leurs inventions et de leurs objets enchantés, dont le commerce est omniprésent sur notre Continent. Il arrive que la fortune de certains dépasse celle des Premiers, mais ils n'ont pas le lien de sang qui leur appartient, ni le rapprochement magique qui va avec. Ils ne sont donc pas considérés comme tels.

Les Terciers, c'est ma caste, la plus basse. Nous sommes des Champs-Fleureurs, c'est à dire des paysans, des palefreniers, des petits métiers du quotidien... Et parfois des Serviteurs. Ceux qui n'ont pas d'affiliation magique comme les Premiers ou les Seconds. Nous n'avons, à vrai dire, pas grand chose pour nous revendiquer leurs égaux, et il est extrêmement rare de voir naitre un Tercier avec une quelconque affiliation. Bien évidemment, c'est grâce à cela que les Premiers règnent, et à leur goût démesuré pour le pouvoir que nous ne comprenons pas. Néanmoins, nous ne sommes pas sous le joug d'un tyran diabolique, comme ceux que nombre des livres que j'ai lus dépeignent. A partir de là, j'imagine que ce n'est déjà pas si mal.

Sur le Continent, lorsque les jeunes Seconds et Terciers atteignent l'âge adulte écrit sur les parchemins de la loi, ils passent un examen consistant en un entretien avec un émissaire du ministère du Progrès, afin d'évaluer leurs connaissances et nous recenser. Mais il permet aussi, si leurs résultats sont bons, de postuler pour intégrer ce genre de formations. A vrai dire, ce tri en fonction des notes m'a toujours laissée sceptique, étant donné qu'avec les grandes disparités de richesse, la qualité des écoles et de l'enseignement peut varier totalement d'un village à l'autre.

Peu après mon entretien, ma famille a reçu une petite enveloppe indiquant qu'au vu de mes résultats "plus qu'acceptables", j'étais en droit de postuler en tant que futur Serviteur, et ainsi passer le restant de ma vie dans les hautes sphères de la société.

Hésitante à l'idée de quitter mes parents et mon frère aîné, j'ai longuement réfléchi ma décision, sûre d’être soutenue par ma famille quel que soit mon choix. Certains vous diront qu'ils ont fait ça pour se hisser dans les hautes sphères, d'autres encore pour faire bénéficier de la pension à vie à leur foyer. Moi, je me suis laissée entrainer par mon maladif besoin de découverte et la perspective de ne pas avoir la même vie de Champ-Fleureur que mes parents, malgré l'énorme sacrifice que cela demandait.

J'ai fait mon petit sac, admiré une dernière fois la petite maison de campagne qui me paraissait la plus belle demeure au monde, et fait des au-revoir larmoyants à ma famille. Mes parents étaient à la fois dévastés de devoir me dire adieu, et ravis que leur fille ait la chance de commencer une nouvelle vie inespérée. Ma mère était très heureuse, et mon père, bien qu'il eût la larme à l'œil, rayonnait de fierté. L'étreinte la plus dure a sans doute été celle avec mon frère ainé. C'était la première fois que je voyais couler des larmes salées sur sa mâchoire carrée. Je me suis promise de ne plus les pleurer à partir de ce moment, et je suis partie postuler dans la ville d'à-côté pour être embarquée brusquement dans ma nouvelle existence.

J'ai atterri ici, près d'Enathon, la capitale. Cela doit bien faire six mois que je suis là, six mois que je côtoie Marie et Jasmine, rarement dans un contexte de détente. Car avant de faire de nous de parfaits Serviteurs, il faut nous mettre tous à niveau, sans exception. Là où certains arrivent en connaissant à peine leurs tables de multiplications, d'autres débarquent avec une culture générale à en faire pâlir nos professeurs. C'est pour ça que nous avons vécu ces six derniers mois un véritable enfer étudiant : nous devons étudier de façon plus qu'intensive l'histoire des Maisons et du Continent, le théâtre, les bases de certaines sciences complexes, et les principes fondamentaux de notre futur rôle. Pas un instant pour souffler, dix heures de cours par jour, les piles interminables de connaissances à engranger en un temps record et les objets magiques parfois capricieux ont failli plusieurs fois avoir raison de ma stabilité mentale. Je ne sais presque pas à quoi ressemble le magnifique jardin qui entoure notre bâtiment, même si nous pouvions aller nous y balader lorsque nous avions du temps libre.

Mais aujourd'hui, c'est définitivement terminé. On nous a jugés globalement aptes à passer à l'étape supérieure. Nous serons donc transférés à quatre heures tapantes dans l’établissement principal, au cœur de la capitale. On pourrait croire que les murs du bâtiment vibrent au rythme de l’excitation générale. Bientôt plus de cours interminables, plus de travail à faire en dehors ! Je serais prête à prier le ciel tellement je suis heureuse. J'ai retenu tout ce qu'il était possible de retenir ici.

Je laisse vagabonder mes idées tandis que nous marchons dans les luxueux et longs couloirs menant à la cantine.

"J'espère que vous allez avoir des nouvelles de votre famille, ou quelque chose comme ça", soupire Jasmine sans grande conviction. Rares sont les Terciers à savoir écrire, en recevoir une serait un cadeau du ciel. Elle sait, au fond, que nous n'en aurons pas.

"Ca fait six mois qu'on en a pas eues, je doute qu'elles tombent du ciel comme ça. Mais c'est vrai que ça te fait un problème en moins, à toi, rétorque Marie sur un ton agacé qui montre sa nervosité.

Elle finit par cligner des yeux, avant de se tourner brusquement vers la demoiselle aux cheveux platine.

- Oh! Je te demande pardon... Je n'aurais jamais dû dire ça.

- Aucun souci, la rassure Jasmine avec un fin et sincère sourire. Je vois bien que tu es stressée.

- Ce n'est pas une raison tout de même, voyons! Pardon." la coupe-t-elle en secouant ses cheveux ondulés, faisant danser des reflets acajous sous la lumière.

Avant que nous puissions nous en rendre compte, nous voilà arrivées à la cantine au parquet ciré, lustré, et aux airs de salon avec ses tables basses ornementées et ses fauteuils magnifiques. Un certain nombre de futurs élèves sont déjà rassemblés, discutant avec entrain en dégustant leur petit-déjeuner.

Mon estomac me ramène brutalement à la réalité lorsque j’aperçois les coupes disposées à chaque table basse, toutes contenant une montagne de viennoiseries et de fruits de saison en tous genres. Nous nous installons sur la première table libre, et j'attaque sans préambule un énorme pain aux raisins que je partage avec Jasmine. Marie semble bien moins pressée de se jeter sur la nourriture, sans doute à cause du stress qui ne la quitte pas. Manie récurrente lorsqu'elle désire évacuer ses tensions, elle se lance dans un discours interminable.

"Je me demande bien ce qu'on va faire après ça. Vous imaginez si on doit apprendre à servir du thé? Quelle rigolade... Non, plus sérieusement, comment on va être répartis? On a pas de système de notation. Ce sera sans doute quelque chose de bien plus global, des cours en petits groupes, et non mixtes j'imagine. Je ne sais pas qui va nous enseigner tout ça par contre, sûrement pas les professeurs d'ici... Ils seront d'un autre acabit, j'en suis sûre. Imaginez, si ce sont des représentants des Maisons? Ils en profiteront pour renifler le terrain... Et puis, on ne finira pas tous Serviteurs, il n'y a pas assez de place...

- Je pense que tu te poses un peu trop de questions. Tu ferais mieux d'attendre quelques heures au lieu de chercher vainement des réponses."

Le pénétrant regard noisette de Marie se plante l'espace d'un instant dans celui, saphir, de l'homme ayant osé déranger sa réflexion. Puis elle se détend en reconnaissant l'impertinent blondinet aux cheveux revêches et mi- longs lui lancer un sourire insolent. Il vient s'asseoir à côté d'elle et croise ses jambes sur la table, une poire déjà entamée dans la main. Marie le regarde faire en clignant des yeux.

"Aaron, ça fait bizarre de te voir levé à l'heure. T'es tombé de ton lit ce matin ou quoi?

- Même pas. Disons que c'est compliqué de se rendormir quand un type complètement fou vient agresser un camarade de chambre au réveil. Il a juré qu'il allait le tuer, rien que ça.

- Tu tombes toujours aux bons endroits, hein, fait-elle remarquer en lui lançant un sourire qu'il lui rend. Tu m'as presque manqué, tiens. Ça fait un moment.

- Je te le fais pas dire, répond-il en finissant goulûment son fruit. Je ne me souviens plus de vos noms, par contre, reprend-il en posant ses yeux sur nous. J'ai dû vous croiser deux fois en six mois.

- Normal, on avait pas vraiment le temps de passer un moment ensemble, répond Marie avec sarcasme. Cynthia et Jasmine, complète-t-elle en nous désignant d'un geste de la main.

- Dans ce cas, c'est un plaisir. Bon, tu manges toi oui ou non ?"

Il fronce les sourcils en réprimandant Marie, qui n'a encore rien avalé. Celle-ci, prise au dépourvu, ne peut que bafouiller en tentant de se justifier comme une enfant, avant de le reprendre à son tour sur sa façon de se tenir à table. Le temps qu'ils aient fini de se chamailler, Jasmine et moi finissons notre petit déjeuner non sans un sourire amusé. Je finis par prendre la parole et pose la question qui me torture l'esprit depuis quelques instants.

"Aaron, tu ne restes pas avec un autre type d’habitude ? Beaucoup plus grand que toi, un regard de tueur.

- Hum ? Se contente-t-il de dire en se tournant vers moi, visiblement étonné. Oh, tu parles de Dimitri. Oui, c'est vrai, confirme-t-il d'un hochement de tête. C'est lui d'ailleurs qu'on a réveillé un peu... Brutalement. Il a préféré un peu de solitude après ça. Il est parti se balader par-là."

Il laisse planer un silence durant lequel il m'observe intensément, semblant m'étudier. Puis il tourne la tête vers Marie.

"Elle a un superpouvoir dans ses yeux pour se souvenir de tout ça ?"

La plantureuse brune, face à une telle absurdité, manque de peu de s'étouffer en avalant un pépin.
Dernière modification par Xhantia le jeu. 31 août, 2017 12:40 pm, modifié 7 fois.
etoileee

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par etoileee »

Bon que dire... Je suis contente que tu l'ai enfin posté !! Bien sûr j'adore ta façon d'écrire, c'est fluide à lire et la description des personnages est intéressante on voit que tu as travaillé dessus, qu'ils ne sont pas "vide". Enfin bon c'est un univers qui me plaît et j'ai vraiment hâte de voir comment tout cela va évoluer !
Juste une remarque tu as oublié un mot, dans le paragraphe où tu parle du test et du classement par note, la phrase juste avant "À vrai dire...". Voilà tu sais que je veux être prévenu pour la suite et vois l'effort que j'ai fait pour essayer de mettre mes idées au clair ! :p
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Haha, merci surtout à toi d'être venue lire et commenter tout ça! En effet, c'est incroyable cet effort de ta part, je suis vraiment touchée...
Oui, c'est bon, la petite erreur est corrigée, merci de l'avoir signalée, elle m'a complètement échappée ;)
Si tel est ton désir, alors je te préviendrais à chaque sortie d'une nouvelle partie! Sois-en sûre!
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonjour/bonsoir!
Me revoici avec la seconde partie de notre histoire, que je poste plus tôt que prévu en raison de futurs empêchements ;)
Je vous souhaite une agréable lecture!


Partie 2


Cynthia


Nous avons la journée de libre, histoire de faire nos sacs et de nous détendre un peu avant de partir. Les couloirs d'habitudes vides, silencieux et les salles pleines à craquer ont complètement échangé leurs rôles. Cela me fait tout drôle.
Aaron est resté avec nous pendant la matinée. Nous l'avons passée à déambuler comme des fantômes désorientés dans les couloirs en discutant de nos souvenirs ici et de nos impressions. Nous nous dirigeons d'un pas tranquille vers une salle dont l'énorme porte affiche en lettres gravées Salle Circulaire.

« Oh, béni amphithéâtre, ironise Aaron en apercevant l’imposante porte en bois de l’immense salle. J'ai cru que les cours sur la puissance industrielle des Herjafol allaient me faire crever d'ennui.

- Je me sens presque nostalgique à l'idée de ne plus voir cette salle. Ce vieux professeur aux airs de grand-père était un homme bon, fait remarquer Jasmine en croisant les bras.

- Tu disais pas vraiment la même chose quand tu t'affalais de tout ton long sur ta table, d'après mes souvenirs, la corrige Marie en haussant les sourcils.

- Ne parlons pas des cours maintenant, par pitié, je les supplie à demi. On en a assez bavé comme ça. »

Mes camarades sourient d'un air entendu à ma remarque. C'est Aaron qui reprend la parole le premier.

« T'as raison, changeons de sujet. Parlons de nous, maintenant que nous en avons le temps ! D'où vous venez ?

- Des provinces du sud, je réponds la première. Je suis des terres d'Hamilcar.

Ma région, la terre appartenant à la famille Hamilcar, possède un climat agréable : le Continent est un pays plutôt froid, mais nous avons la chance de ne pas subir le gel l’hiver venu. Elle est divisée en deux par un long fleuve qui traverse le pays, nommé le Kerchan. Non-loin des côtes sud, bâtie autour du fleuve, se dresse la ville d’Anchoris, lieu de résidence de certains Premiers. Je suis née non loin de la ville, au milieu des interminables champs de blé de l’est du Prévoyer. L’endroit est réputé pour être le "grenier à blé" du Continent.

- Il parait que les plages là-bas sont magnifiques, fait remarquer Marie.

- Je ne te le fais pas dire. Si c'était possible, je vous y emmènerais sur-le-champ. »

Je m'imagine encore la splendide couleur pourpre et or du coucher de Soleil et la sensation d'une douce brise tiède.

« Moi ce sont les régions plus au nord qui m'ont vu naitre, dans les grandes forêts, continue Jasmine à son tour. Je suis une fille des Blustrode.

- Ah oui, les bois impénétrables, la poésie de la nature, les rivières froides qui gargouillent entre les rochers, l'air pur...

Non Aaron, ça ce sont des clichés maintenant, réplique la blonde en secouant la tête. Tout ce que j'ai vu depuis ma tendre enfance, ce sont des champs de terre retournés, des troncs qu'on scie en pagaille et des rivières d'eau boueuse. Caprices de Premiers. Ils raffolent du bois vieux pour la décoration de leur maison, c'est la nouvelle mode. Ils veulent tous une résidence secondaire au cœur de la forêt.

Ah, zut. Mes excuses.

- Pas de souci, le rassure-t-elle en haussant ses fragiles épaules. Les Supérieurs sont comme ça, il en va ainsi.

- Je t'en prie, ne surnomme pas ces gens "Supérieurs" comme tout le monde, la coupe le blondinet sèchement. On ne leur doit rien, si ce n'est notre existence misérable, comblée par des baisses d'impôts factices et basée sur un détail qui ne change rien à leur humanité. Marie et moi avons grandi dans le bidonville de la capitale, et l'expérience que la vie m'a donnée me fait conclure que ces gens sont des enflures. Rien d'autre. »

Il fulmine littéralement, se mordant l'intérieur de la lèvre. Jasmine et moi ne savons pas quoi dire, assez mal à l'aise.

"Calme toi. Ça ne sert à rien de t'énerver ici."

Marie lui parle d'une voix posée qui semble faire son effet. Aaron s'apaise rapidement : ses épaules s'affaissent légèrement, et il pousse un long soupir qui font voler quelques-unes de ses boucles blondes. Toute trace de colère a comme par magie quitté son visage, remplacée par une lueur dans son regard qui ne m'échappe pas. De la lassitude.

Mais celle-ci s'éteint vite, supplantée par une curiosité soudaine pour quelque chose se passant à l'autre bout du couloir.

« Il y a du grabuge là-bas. »

Pas besoin d'avoir inventé la poudre à canon pour deviner que cela vient de l'intérieur de la Salle Circulaire. Des gens s'y engouffrent, toujours plus nombreux, dont une majorité d'hommes. Nous n’hésitons pas à nous mettre tous en route en direction de l'objet de toutes les attentions. Nous marchons d'un pas pressé, remarquant dans l'encadrement de la porte que les gens se mettent à parier ou crient vers un endroit que je n'arrive pas à identifier. Je laisse Aaron me dépasser lorsqu'une odeur désagréablement familière passe par mon nez.

« Ça sent le sang, je les préviens. Ça doit être une bagarre. »

Je vois Aaron frissonner légèrement, sans toutefois se laisser emporter par la panique. Les muscles de ses bras se tendent tandis qu'il accélère le pas, écartant aisément la foule en murmurant entre ses dents.

« Oh merde... »

Les cris redoublent de puissance au fur et à mesure que nous nous approchons de la source de toute cette excitation. Entre Aaron qui écarte les gens facilement grâce à ses larges épaules, et le mètre soixante-quinze de Jasmine, il n'est pas difficile de nous frayer un passage jusqu'au cœur du problème. Un jeune homme aux cheveux jouant entre mèches blondes et brunes quelque peu hirsutes, bien plus grand que moi, me barre la vue. Il semble me remarquer, tourne légèrement la tête, et me coule un regard en coin entre les cris de la foule. Autant saisir l'opportunité. Je me lance.

« Si tu sais ce qu'il se passe, je serais ravie que tu me l'apprennes.

- Eh bien, me répond-il en se décalant légèrement pour me laisser une place précaire, détournant ses yeux de moi pour observer la scène en face de lui. Le brun avec des reflets roux, là, c'est Dimitri. Il s'est fait prendre à parti par Ivan. Ils ne peuvent pas se voir. Tout à l’heure, Dimitri lui a dit quelque chose qu’il n’a pas apprécié, mais alors pas du tout. Du coup, il a complètement pété un câble et il l’a trainé de force ici pour le provoquer… »

Pendant qu'il se met à marmonner dans sa barbe, émettant des doutes sur la santé mentale des deux jeunes hommes, j'en profite pour me faufiler un peu plus loin, et me retrouver aux premières loges. J'entends derrière moi Marie retenir Aaron et visiblement hausser le ton au milieu du brouhaha.

« Rah, je savais que ça allait finir par arriver !

- Ne t’amuse pas à débarquer au milieu ! Tu ne pourras rien faire ! »

Leur voix perd un peu en intensité. Je cligne des yeux.

La première chose que je vois, c'est Dimitri, qui doit à vue d'œil me dépasser d'une bonne tête. Il semble un peu trop mince pour être en bonne santé, mais on devine des muscles fuselés et entrainés sous sa chemise bleu marine. Son veston froissé git au sol, le premier bouton de sa chemise a sauté, laissant seulement pendre des fils de coton, et les doigts de sa main gauche ont pris une teinte rouge inquiétante. Son regard, aiguisé, d'une neutralité froide, fixe son adversaire tandis qu'il retrousse calmement les manches de sa chemise, prenant le soin d'y accrocher les boutons malgré l’état de sa main. Il attend son adversaire. Ils étaient sans aucun doute en train de se battre avant notre arrivée.

En parlant de son adversaire, je crois qu’il n’a rien à lui envier : presque aussi grand que lui, il possède une musculature bien plus développée, et je peux voir à l’expression de ses yeux bleus, féroces, et à sa mâchoire contractée qu’il n’est franchement pas d’humeur à rire. Je sens la foule s’agiter, animée par la tension palpable, mais aussi par une curiosité malsaine quant à la suite des évènements. Je parcours la foule du regard, et le seul visage connu que j’aperçois est celui d’Aaron, qui, tendu à craquer, les lèvres serrées, ne bouge pas d’un cil, les yeux rivés sur les deux ennemis.

Ivan tourne autour de Dimitri, lentement, avec confiance. Il ne le quitte pas du regard. Il reste proche de lui. Il lui explique à quel point il va le faire souffrir. Puis, brusquement, il se jette sur lui : il élance son bras, poing serré, pour percuter la mâchoire de Dimitri. Mais Dimitri est agile, rapide. Il a anticipé le coup, et l’esquive avec une simplicité déconcertante. S’approcher trop près de lui est une erreur qu’Ivan paie ; rapide comme l’éclair, Dimitri empoigne l’épaule de son ennemi pour l’empêcher de reculer. Il lui décoche avec force et rapidité un extraordinaire coup de poing dans l‘estomac. Son adversaire se plie en deux sous la puissance du coup reçu, exhalant avec brutalité l’air de ses poumons.

Mais il ne tarde pas à riposter en oubliant sa souffrance ; Il attrape le cou de Dimitri d’une main large, l’empêchant de se dérober, et lui envoie un coup dans le nez. Son poing lancé est tant bien que mal arrêté par Dimitri, qui lui résiste de sa main gauche. Ses doigts rougis se crispent. Il laisse échapper un grognement de douleur. Un rictus sadique et satisfait se dessine sur le visage d’Ivan, qui resserre son emprise sur son cou.

Très vite, Dimitri se ressaisit et, sans laisser le temps à son adversaire de profiter de sa position, il élance avec violence son genou dans son entrejambe. Les gens poussent des cris étouffés ; on entend un éclat de rire, et un « lâche ! » dont l’auteur est impossible à identifier. L’expression d’Ivan se fige tandis qu’il relâche légèrement son emprise sur le cou de Dimitri, lui permettant de reprendre sa respiration. Le grand brun en profite pour se soustraire rapidement de son emprise et s’écarter de lui par plusieurs pas en arrière. Ivan redresse la tête, les poings serrés. Il a mal. Il lui lance d’un air supérieur :

« C’était pas très sympa, ça.

- Bon, t’as fini ? Se contente de lui répondre Dimitri avec humeur.

- Je ne pense pas, non. Tu n’as pas ta place ici. Tu devrais pourrir dans un fossé. Tu ne mérites pas d’être ici. »

Dimitri ne répond pas. Ses pupilles s’étrécissent, et son visage se durcit, au contraire de son corps, qui se détend un peu. Il semble sur le point de dire quelque chose, mais il ne s’attendait pas à ce qu’Ivan sorte un objet brillant de sa poche, et se jette sur lui dans la foulée. L’assistance, qui retenait son souffle comme un seul homme, se met à pousser des exclamations apeurées lorsque la lumière allume des éclats métalliques sur le couteau qu’Ivan tient dans sa main, sans doute volé dans la cantine. Dimitri a tout juste un instant pour s’écarter et éviter la lame lancée à pleine vitesse de le toucher.

Trop tard.

Le couteau s’enfonce dans sa joue, déchirant la chair profondément en une large ouverture atteignant presque sa bouche. Un hurlement de douleur se fait entendre tandis que les gouttes, écarlates, giclent et s’éparpillent sur le parquet ancien, coulant abondamment de son visage. Des cris confus, horrifiés ou triomphaux, se font entendre. La foule recule. Si ça continue, ils vont finir par s’entretuer.

Que fait la surveillance ? Où sont-ils ?

J’ai l’habitude de voir des gens se battre, l’habitude aussi de m’interposer pour couper court ce genre de choses. Je dois intervenir. Mais je ne sais pas si je serais capable d’arrêter ces deux fous furieux. Je jette des coups d’œil dans tous les sens, et je finis par apercevoir Aaron. Dieu sait où sont passés les autres, et pour le moment peu importe. Nos regards se croisent, et l’évidence s’impose.

Il faut faire quelque chose.


A suivre...
Dernière modification par Xhantia le ven. 13 janv., 2017 10:03 pm, modifié 1 fois.
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

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Xhantia a écrit :
Partie 1


Cynthia


Mphf. Oh....
Quelle heure est-il? Huit heures? Le Soleil, la lumière... Trop fort... Ça doit être l'heure.


Les puissants rais de lumière passant par la grande fenêtre sans rideaux me font ouvrir les yeux d'un coup. Je les referme directement en détournant la tête, encore sonnée par mon réveil. C'est vraiment loin d'être agréable.
Quelques instants plus tard, je me redresse avec lenteur, enveloppée dans l'édredon, avant de m'étirer jusqu'à sentir mes muscles se plaindre. Puis je dégage mes draps rapidement avant de me lever :arrow: C'est un peu lourd, je trouve. Tu peux remplacer ça par "et [je] me lève d'un bond" (le "je" n'est pas obligatoire ici) d'un bond, décidant qu'avoir une panne d'oreiller aujourd'hui serait bien plus fâcheux que les autres jours.

"Salut, Cynthia. Tu es bien matinale dis-moi", me souffle une voix sarcastique, rendue rocailleuse par une nuit de sommeil.
Sans rien dire, je me contente de sourire gentiment à Marie depuis son lit :arrow: Mauvais usage de l'adverbe, si je peux me permettre. "Depuis" sous-entend ici que tu trouves sur le lit d'une Marie qui l'a quitté un peu plus tôt et que tu lui souris (je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire ^^'). Je pense que tu peux enlever cette précision., amusée par ses habituelles piques. Un nuage cotonneux passe, et la lumière de la pièce devient tout de suite bien plus douce.
Au fond de la pièce, Jasmine dort encore, visiblement pas le moins dérangée du monde :arrow: Mal dit. Tu devrais inverser : "pas le moins du mode dérangée" ou "pas dérangée le moins du monde" par le bruit et la lumière. Pendant que Marie se sort plus difficilement que moi de son lit aux draps brodés pour aller réveiller la dormeuse, je me dirige d'un pas tranquille et chancelant vers une énorme commode en bois sculpté et verni. Trois énormes tiroirs, un pour chacune d'entre nous, regorgeant :arrow: C'est l'un des principaux défauts de ton texte (ce n'est pas méchant, hein ^^'), tu as tendance à (beaucoup) trop utiliser le gérondif et le participe présent. Ici, c'est d'autant plus mal venu que, du coup, il manque quelque chose à ta phrase. Tu ne peux pas faire d'un participe une principale, et de fait, on attendrait un verbe après "réglementaire". Pour simplifier, tu peux juste changer ton "regorgeant" en "regorge" :) de nos quelques affaires personnelles et nos tenues réglementaires. Je me mets à farfouiller en quête de mes habits tandis que Marie me rejoint, Jasmine s'étant :arrow: C'est beaucoup trop lourd. Personnellement, j'aurais mis : "Je me mets à farfouiller en quête de mes habits. Marie me rejoint tandis que Jasmine s'éveille enfin / quand Jasmine s'est -enfin- réveillée." visiblement -enfin- réveillée. Elle promène son regard endormi aux reflets myosotis sur les tentures aux murs représentant des entrelacements :arrow: Petit point vocabulaire, "entrelacs" aurait été mieux :) de fleurs somptueuses.
Je finis enfin par sortir la longue robe simple d’un doux bleu marine à col rond qui nous sert d'uniforme en ces murs avant de me déshabiller rapidement. Vu la hauteur du Soleil dans le ciel, nous ferions mieux de ne pas trop traîner. Le plus dur est de réussir à serrer assez le vêtement autour de sa taille pour pouvoir le nouer à l’arrière : c'est toujours une expérience à part de respirer avec.

Je jette un coup d'œil à mes deux amies, et surtout à Marie qui fait son lit minutieusement, ayant déjà enfilé ses vêtements. :arrow: Ce qui est assez drôle, c'est qu'on sent que tu veux donner beaucoup de détails parce que tu visualises parfaitement la scène dans ta tête. Mais le problème de ces participes présents, c'est qu'en plus d'être moches,ils alourdissent considérablement ton propos. Tu peux dire exactement la même chose avec un participe passé adjectivé : "..., et surtout à Marie qui, déjà vêtue/habillée, fait..." Je lui fais la même remarque depuis plusieurs mois.
" C'est inutile de faire son lit si c'est pour le défaire le soir.
- Peut-être, mais c'est déjà beaucoup plus présentable, et ce soir, nous ne serons plus là, rétorque-t-elle avec justesse."
C'est vrai. Ailleurs...
Je retourne donc, moins à contrecœur que d'habitude, faire mon lit tandis que Jasmine met un certain temps à attacher sa très longue chevelure platine en un chignon comme l'exige le règlement. En me redressant de mon lit, j'observe mon reflet dans le miroir en face quelques secondes. La personne devant moi possède une véritable crinière brune, un peu trop lisse, qui lui tombe jusqu'aux omoplates et se répand en plusieurs mèches sur son front. Ses deux yeux vairons, l'un bleu pur et l'autre noir d'encre m'observent d'un air vide, et un grain de beauté est imprimé sur le coin de sa paupière gauche.
C'est dur, le matin.


Mon instant d'absence est interrompu par l'arrivée de Jasmine à mes côtés, épingles et brosse en main. Pendant qu'elle saisit avec douceur et professionnalisme mes cheveux afin de me coiffer, j'admire à travers le reflet le contraste saisissant entre ses yeux et ses cheveux si blonds qu'ils en paraissent presque gris à la lumière. Elle nous a raconté que c'était un acte de rébellion de sa jeunesse: elle avait emprunté la brosse enchantée du coiffeur de son village pour changer sa couleur, et finalement, elle lui avait tellement plu qu'elle l'avait gardée de façon définitive. Elle ne nous a jamais dit quelle était la véritable teinte de ses cheveux. Je l'observe manipuler avec talent chacune de mes mèches en me demandant, comme toujours, comment elle peut bien faire cela. Moi qui ne sais rien faire de mes mains...
"Tu as presque plus de cheveux que moi. Tu m'étonneras toujours", dit-elle avec un sourire heureux au coin des lèvres tandis que je laisse échapper un petit rire. Elle admire son œuvre dans le miroir, nos regards se croisent. C'est parfait.
- Allez, on se dépêche, nous apostrophe soudain Marie, déjà prête, au seuil de la porte. J'ai faim. Si on arrive trop tard, on aura plus rien à manger."
Mon estomac se met à gargouiller bruyamment comme pour lui répondre.

~~~~~~~~~~


Cet endroit n'est pas mon foyer. Je ne suis ni une orpheline, ni une enfant à problèmes. C'est un lieu plutôt unique, non-loin de la capitale, où les volontaires de toutes classes viennent apprendre leur futur métier: devenir Serviteurs de riches aristocrates ou de grandes Maisons en fonction de la demande.
Dans le monde dans lequel je vis, les castes décident en grande partie de notre existence. On les a divisées en trois grands groupes: Les Premiers, les Seconds, et les Terciers. On a pas encore trouvé plus original.
Les Premiers représentent une infime partie de la population: peu de gens de la populace les voient souvent dans leur vie. Et pourtant, ce sont eux qui régissent notre monde: ce sont les ministres, les conseillers les plus haut classés, les généraux, et les Seigneurs de nos régions qu'ils dirigent d'une main de fer. Ils vivent souvent dans les grandes villes telles que la capitale, Enathon, et entretiennent grâce à leurs alliances, l'unité de notre Continent. Ils sont associés à six Maisons connues de tous et régnant depuis un nombre incalculable de générations: Les Eristène, les Litréans, Les Hamilcar, Les Hafferyn, Les Blustrode et les Herjafol.

Sur le Continent, les castes sont définies à partir de la magie. Car si certains, comme moi, naissent tout à fait normaux, d'autres ont dans le sang des affiliations magiques spécifiques, ce qui en font des êtres bien plus redoutables. :arrow: Cette construction est vraiment excellente. Ce deuxième paragraphe dans son ensemble est très bien construit, mais cette phrase en particulier, est d'excellente facture : sans en dire trop, elle en dit beaucoup ;) Les Premiers sont donc ceux qui possèdent les plus puissantes affiliations magiques :arrow: Juste, qu'est-ce que tu entends exactement par "affiliations magiques" ? Je ne saisis pas trop ^^". Ils peuvent user de leur pouvoir sur les objets, mais aussi les personnes, ce qui en fait des gens très respectés, mais surtout terriblement puissants.
Les Seconds sont souvent :arrow: Précision attendue. "Souvent" veut dire "la plupart du temps mais il arrive que". Que quoi ? qu'un Second soit un Champ-Fleureur (c'est l'inverse que je voulais dire ^^) Tu vois ? des artisans, des scientifiques , des petits intellectuels et des commerçants. Ils font leur beurre avec la vente de leurs inventions et de leurs objets enchantés, dont le commerce est omniprésent sur notre Continent. Il arrive que la fortune de certains dépasse celle des Premiers, mais ils n'ont pas le lien de sang qui leur appartient, ni le rapprochement magique qui va avec. Ils ne sont donc pas considérés comme tels.

Les Terciers, c'est ma caste, la plus basse. Nous sommes des Champs-Fleureurs :arrow: Très bonne désignation, je trouve l'expression très jolie :) , c'est à dire des paysans, des palefreniers, des petits métiers du quotidien... Et parfois des Serviteurs. Ceux qui n'ont pas d'affiliation magique comme les Premiers ou les Seconds. Nous n'avons, à vrai dire, pas grand chose pour nous revendiquer leurs égaux, et il est extrêmement rare de voir naître un Tercier avec une quelconque affiliation. :arrow: Même chose, excellent jeu de construction de "litote filée" Bien évidemment, c'est grâce à cela que les Premiers règnent, et à leur goût démesuré pour le pouvoir que nous ne comprenons pas. Néanmoins, nous ne sommes pas sous le joug d'un tyran diabolique, comme ceux que nombre des livres que j'ai lus dépeignent. A partir de là, j'imagine que ce n'est déjà pas si mal.
Sur le Continent, lorsque les jeunes Seconds et Terciers atteignent l'âge adulte écrit sur les parchemins de la loi, ils :arrow: Petite syllepse de nombre (c'est à dire que tu passes du "ils" au "nous" dans la même phrase) pas grave en soi, mais attention, c'est un peu perturbant au sens où on pourrait croire, avec le début de ta phrase, que tu t'exclus de ces castes, pour y revenir brutalement l'instant d'après passent un examen consistant en un entretien avec un émissaire du ministère du Progrès, afin d'évaluer nos connaissances et nous recenser. Mais il permet aussi, si nos résultats sont bons, de postuler pour intégrer ce genre de formations. A vrai dire, ce tri en fonction des notes m'a toujours laissée sceptique, étant donné qu'avec les grandes disparités de richesse, la qualité des écoles et de l'enseignement peut varier totalement d'un village à l'autre.

Peu après mon entretien, ma famille a reçu une petite enveloppe indiquant qu'au vu de mes résultats "plus qu'acceptables", j'étais en droit de postuler en tant que futur Serviteur, et ainsi passer le restant de ma vie dans les hautes sphères de la société.
Hésitante à l'idée de quitter mes parents et mon frère aîné, j'ai longuement réfléchi ma décision,
soutenue par ma famille quelque soit le choix que je ferais :arrow: C'est un peu mal dit, je trouve. J'aurais mis quelque chose comme "..., sûre d'avoir le soutien de ma famille quel que soit mon choix". Certains vous diront qu'ils ont fait ça pour se hisser dans les hautes sphères, d'autres encore pour faire bénéficier de la pension à vie à leur foyer. Moi, je me suis laissée entraîner par mon maladif besoin de découvertes et la perspective de ne pas avoir la même vie de Champ-Fleureur que mes parents, malgré l'énorme sacrifice que cela demandait.
J'ai fait mon petit sac, admiré une dernière fois la petite maison de campagne qui me paraissait la plus belle demeure au monde, et fait des au-revoir larmoyants à ma famille. Mes parents étaient à la fois dévastés de devoir me dire adieu, mais aussi très heureux pour moi que je puisse commencer une nouvelle vie inespérée. Ma mère était très heureuse, et mon père, bien qu'ayant la larme à l'œil :arrow: Petite faute syntaxique, il aurait fallu mettre un subjonctif passé : "bien qu'il eût la larme à l’œil", rayonnait de fierté. L'étreinte la plus dure a sans doute été celle avec mon frère aîné. C'était la première fois que je voyais couler des larmes salées sur sa mâchoire carrée. Je me suis promis de ne plus les pleurer à partir de ce moment, et je suis partie postuler dans la ville d'à-côté pour être embarquée brusquement dans ma nouvelle existence.

J'ai atterri ici, près d'Enathon, la capitale. Cela doit bien faire six mois que je suis là, six mois que je côtoie Marie et Jasmine, rarement dans un contexte de détente. Car avant de faire de nous de parfaits Serviteurs, il faut nous mettre tous à niveau, sans exception. Là où certains arrivent en connaissant à peine leurs tables de multiplications, d'autres débarquent avec une culture générale à en faire pâlir nos professeurs. C'est pour ça que nous avons vécu ces six derniers mois un véritable enfer étudiant: nous devons étudier de façon plus qu'intensive l'histoire des Maisons et du Continent, le théâtre, les bases de certaines sciences complexes, et les principes fondamentaux de notre futur rôle. Pas un instant pour souffler, dix heures de cours par jour, les piles interminables de connaissances à engranger en un temps record et les objets magiques parfois capricieux ont failli plusieurs fois avoir raison de ma stabilité mentale. Je ne sais presque pas à quoi ressemble le magnifique jardin qui nous sépare du bâtiment principal, même si nous pouvions y aller nous balader :arrow: Petite inversion bénigne : "nous pouvions aller nous y balader" lorsque nous avions du temps libre.

Mais aujourd'hui, c'est définitivement terminé. On nous a jugés globalement aptes à passer à l'étape supérieure, nous serons donc transférés à quatre heures tapantes dans le bâtiment principal. L'établissement est empli d'un sentiment d'excitation qui fait monter la pression d'un niveau. :arrow: Si la personnification en soi ne gêne pas, elle est mal utilisée. Tu devrais mettre quelque chose comme "L'établissement résonne du sentiment d'excitation qui nous étreint" ou "Les murs du bâtiment vibrent à l'unisson de notre excitation grandissante". Et plutôt "et" que "qui", je pense, pour enchaîner avec la pression qui monte Bientôt plus de cours interminables, plus de travaux à faire en dehors! Je serais prête à prier le ciel tellement je suis heureuse. J'ai retenu tout ce qu'il était possible de retenir ici.
Je laisse vagabonder mes idées tandis que nous marchons dans les luxueux et longs couloirs menant à la cantine.
"J'espère que vous allez avoir des nouvelles de votre famille, ou quelque chose comme ça" soupire Jasmine sans grande conviction. Rares sont les Terciers à savoir écrire, en recevoir une serait un cadeau du ciel. Elle sait, au fond, que nous n'en aurons pas.
"Ca fait six mois qu'on en a pas eues, je doute qu'elles tombent du ciel comme ça. Mais c'est vrai que ça te fait un problème en moins, à toi, rétorque Marie sur un ton agacé qui montre sa nervosité.
Elle finit par cligner des yeux, avant de se tourner brusquement vers la demoiselle aux cheveux platine.
- Oh! Je te demande pardon... Je n'aurais jamais du dire ça.
- Aucun souci, la rassure Jasmine avec un fin et sincère sourire. Je vois bien que tu es stressée.
- Ce n'est pas une raison tout de même, voyons! Pardon." la coupe-t-elle en secouant ses cheveux ondulés, faisant danser des reflets acajou sous la lumière.

Avant que nous puissions nous en rendre compte, nous voilà arrivées à la cantine au parquet ciré, lustré, et aux airs de salon avec ses tables basses ornementées et ses fauteuils magnifiques. Un certain nombre de futurs élèves sont déjà rassemblés, discutant avec entrain en dégustant leur petit-déjeuner.
Mon estomac me ramène brutalement à la réalité en apercevant :arrow: Encore un de tes gérondifs :lol: Celui-là est d'autant mal venu que, syntaxiquement, il est postposé comme complément circonstanciel de simultanéité de "mon estomac". Autrement dit, c'est ton estomac qui aperçoit les coupes de victuailles :lol: Ventre affamé n'a pas d'oreilles, dit-on, mais je ne sais pas s'il a plus d'yeux :lol: "Mon estomac me ramène brutalement à la réalité quand j'aperçois" les coupes disposées à chaque table basse, toutes contenant une montagne de viennoiseries et de fruits de saison en tous genres. Nous nous installons sur la première table libre, et j'attaque sans préambule un énorme pain aux raisins que je partage avec Jasmine. Marie semble bien moins pressée de se jeter sur la nourriture, sans doute à cause du stress qui ne la quitte pas. Tic :arrow: Un tic, c'est un défaut musculaire dû à un problème nerveux, du genre un clignement exagéré des deux yeux, ou les commissures des lèvres qui se tordent. Se lancer dans d'interminables discours relèverait plutôt de la manie récurrent lorsqu'elle désire évacuer ses tensions, elle se lance dans un discours interminable.
"Je me demande bien ce qu'on va faire après ça. Vous imaginez si on doit apprendre à servir du thé? Quelle rigolade... Non, plus sérieusement, comment on va être répartis? On a pas de système de notation. Ce sera sans doute quelque chose de bien plus global, des cours en petits groupes, et non mixtes j'imagine. Je ne sais pas qui va nous enseigner tout ça par contre, sûrement pas les professeurs d'ici... Ils seront d'un autre acabit, j'en suis sûre. Imaginez, si ce sont des représentants des Maisons? Ils en profiteront pour renifler le terrain... Et puis, on ne finira pas tous Serviteurs, il n'y a pas assez de place...
- Je pense que tu te poses un peu trop de questions. Tu ferais mieux d'attendre quelques heures au lieu de chercher vainement des réponses."


Le pénétrant regard noisette de Marie se plante l'espace d'un instant dans celui, saphir, de l'homme ayant osé déranger sa réflexion. Puis elle se détend en reconnaissant l'impertinent blondinet aux cheveux revêches et mi-longs lui lancer un charmant sourire insolent. Il vient s'asseoir à côté d'elle et croise ses jambes sur la table, une poire déjà entamée dans la main. Marie le regarde faire en clignant des yeux.
"Aaron ! Ça fait bizarre de te voir levé à l'heure. T'es tombé de ton lit ce matin ou quoi?
- Même pas. Disons que c'est compliqué de se rendormir quand un type complètement fou vient agresser un pote de chambre au réveil. Il a juré qu'il allait le tuer, rien que ça.
- Tu tombes toujours aux bons endroits, hein, fait-elle remarquer en lui lançant un sourire qu'il lui rend. Tu m'as presque manqué, tiens. Ca fait un moment.
- Je te le fais pas dire, répond-il en finissant goulûment son fruit. Je ne me souviens plus de vos noms, par contre, reprend-il en posant ses yeux sur nous. J'ai du vous croiser deux fois en six mois.
- Normal, on avait pas vraiment le temps de passer un moment ensemble, répond Marie avec sarcasme. Cynthia et Jasmine, complète-t-elle en nous désignant d'un geste de la main.
- Dans ce cas, c'est un plaisir. Bon, tu manges toi oui ou non ?"


Il fronce les sourcils en réprimandant Marie, qui n'a encore rien avalé. Celle-ci, prise au dépourvu, ne peut que bafouiller en tentant de se justifier comme une enfant, pour :arrow: "Avant de" aurait été plus à propos, à mon avis le reprendre à son tour sur sa façon de se tenir à table. Le temps qu'ils aient fini de se chamailler, Jasmine et moi finissons notre petit déjeuner non sans un sourire amusé. Je finis par prendre la parole, posant :arrow: Même remarque que plus haut, une simple conjonction de coordination aurait largement suffi ^^ : "Je finis par prendre la parole et pose la question qui me torture..." une question qui me torture l'esprit depuis quelques instants.
"Aaron, tu ne restes pas avec un autre type d'habitude ? Beaucoup plus grand que toi, un regard de tueur.
- Hum ? Se contente-t-il de dire en se tournant vers moi, visiblement étonné. Oh, tu parles de Dimitri. Oui, c'est vrai, confirme-t-il d'un hochement de tête. C'est lui d'ailleurs qu'on a réveillé un peu... brutalement. Il a préféré un peu de solitude après ça. Il est parti se balader par là."
Il laisse planer un silence durant lequel il m'observe intensément, semblant m'étudier. Puis il tourne la tête vers Marie.
"Elle a un super-pouvoir dans ses yeux pour se souvenir de tout ça ?" :arrow: Même chose que tout à l'heure, excellente construction ;)
La plantureuse brune, face à une telle absurdité, manque de peu de s'étouffer en avalant un pépin.
Voilà, j'ai fini de me pencher sur ton texte :) (je ferai la deuxième partie plus tard, si un tel format te conviens). Globalement, en dépit des petites remarques que j'ai pu faire, ton texte est de qualité. Tu as un style assez léger (c'est paradoxal de te dire ça alors que je n'ai fait que souligner la lourdeur de tes gérondifs et autres participes présent ^^"), plutôt fluide, et très agréable à lire. Il y a très peu de fautes, et les paragraphes sont dans l'ensemble cohérents et bien construits. On sent que tu te représentes parfaitement la scène que tu décris et c'est excellemment transmis. Tu as un bon travail de forme et de fond, et très franchement, cette première partie donne envie de continuer. Attention juste à ne pas te laisser emporter par ta plume (tu veux dire trop de choses en une seule phrase ^^), ce qui a tendance à alourdir certaines de tes phrases (c'est dommage, ça casse le rythme que tu lances).
En espérant ne pas t'avoir vexée ou froissée, je te souhaite bonne continuation :)

Bien à toi,
Amicalement
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels,

Concernant tes remarques, je les trouve toutes très pertinentes. La quasi-intégralité des erreurs que tu as mises en avant, je ne les avais même pas remarquées (et pourtant je relis mes textes !).

En relisant un peu ce que j’ai écrit du coup, c’est vrai que tout ce qui concerne le gérondif me saute aux yeux maintenant. Je trouve que cela se voit d’autant plus que j’écris au présent, et à la première personne. Je vais tâcher de faire attention pour mes prochaines parties !

A vrai dire, j’écris tellement au feeling que pour moi, sur le coup, il ne me vient même pas à l’esprit qu’il y ait des incohérences, je ne les vois même pas. Je dis ça en pensant aux fautes que je peux faire du type « depuis son lit », ou bien le coup de l’estomac qui « aperçoit » (j’avoue que celui-là m’a bien faite marrer quand même x) ) ! Même chose pour les expressions mal tournées. Je pense que je vais me documenter un peu sur la question, histoire de voir si ce que je rédige est vraiment cohérent parfois.

C’est vrai que j’ai un peu balancé l’expression d’affiliation magique sans autre forme de procès… Merci de me le faire remarquer. En gros, c’est une façon de parler de leur type de pouvoir (en fonction de la caste). Mais c’est vrai que comme je ne précise qu’après, on se perd un peu.

Et en ce qui concerne mon style d’écriture, en effet, je fais de gros efforts pour ne pas trop me laisser emporter : je veux tellement retranscrire ce que j’ai en tête de façon fidèle que les phrases de dix lignes sont monnaie courante dans mes brouillons.

En tout cas, merci beaucoup d’avoir pris le temps d’analyser un chapitre en entier ! Je n’en espérais pas tant, c’est super cool de ta part !
Et en parlant d’amour-propre, non, je ne suis pas le moins du monde vexée par ta critique, j’en suis plutôt très contente ! :D

Vu le temps que cela doit te prendre, ne te mets pas d’idées de délais ou quoique ce soit en tête, je ne vais pas me sentir offusquée si jamais tu ne commentes pas ce que j’ai écrit dans les secondes qui suivent… Et puis, ne t’embête pas à commenter si l’histoire ne t’emballe pas au final. Ça ne doit pas être une corvée.
En attendant, si ce que j’écris te plait, sache que je serais ravie de te prévenir de la sortie des prochaines parties et de lire tes avis !
Sanders98

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Sanders98 »

Salut, j'ai vu ta pub sur mon mur et ton pseudo m'est familier... Donc me voilà pour t'apporter mon (petit) soutien.

Je n'ai lu qu'un petit bout, mais cela m'a permis de décider si j'allai ou non poursuivre ma lecture... Je peux d'ores et déjà te dire que... Non. Cela m'a suffit.
Alors l'avantage de ce récit, c'est avant tout ton écriture. Là je ne parle pas du style, je ne peux pas trop le juger du peu que j'aie lu, et ça n'a pas grand intérêt de le commenter. En fait, tu as une bonne expression, on te lit fluidement, tu as une bonne orthographe. En bref, tu sais écrire. Et ça c'est déjà très rare dans le site (crois-moi, je sais de quoi je parle! :lol: ).

Maintenant, parlons du récit. Ca ne va pas trop... D'abord, il y a trop de paragraphes inutiles qui alourdissent considérablement le texte: quatre ou cinq lignes pour sortir du lit... Non, ça ne le fait pas pour moi :/ J'aime qu'on aille droit au but dans un incipit, là on dort (et c'est vrai en plus, je ne sais pas si c'est fait exprès :? )!
Et quand j'ai poursuivis avec la seconde partie, le long paragraphe vachement inutile et verbeux qui explique comment fonctionne la société où l'héroine vit... J'ai vite abandonné. On dirait un peu de la fantasy parce que ça ne se passe dans notre monde, et la magie tout ça, avec un peu d'antiquité et moyen-âge, avec des mélanges de noms que j'aie croisé dans le monde Grec, Celtique, Nordique et même Carthaginois :shock: ... Et qui ne collent pas avec les noms des persos (Cynthia, Marie, Jasmine...). En effet, il est "inclassable".

Autre point négatif, et celui là on ne le rate presque jamais par ici: les lieux communs.
Pour l'illustrer, je vais citer un extrait:
"La personne devant moi possède une véritable crinière brune, un peu trop lisse, qui lui tombe jusqu'aux omoplates et se répand en plusieurs mèches sur son front. Ses deux yeux vairons, l'un bleu pur et l'autre noir d'encre m'observent d'un air vide, et un grain de beauté est imprimé sur le coin de sa paupière gauche."
L'autodescription du personnage devant un miroir, c'est vu et revu. Même les mots ne sortent pas des sentiers battues, je les ai vu un nombres incalculables de fois: "crinière" "noir d'encre" et ailleurs dans le texte.

Bon, bon, je vais me calmer! Je ne te donne pas vraiment de conseils, donc ce commentaire ne va pas t'aider, c'est vrai. Comme je te l'ai dit plus haut, ce n'est qu'un soutien, pour étoffer ton topic et le faire remonter. Et bien sûr, je t'encourage à écrire encore et encore. :)
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

La partie deux de la partie deux... Hahaha. Plus sérieusement, voici la troisième partie de notre histoire!
Elle va peut-être paraître plus courte que les deux autres...
En vous souhaitant (en retard) un Joyeux Noël et de bonnes fêtes à tous et à toutes!
Ps: je me permets d'ajouter quelques lignes de la partie précédente, histoire de se remettre rapidement dans le bain...


Partie 2 - suite


Cynthia


Que fait la surveillance ? Où sont-ils ?

J’ai l’habitude de voir des gens se battre, l’habitude aussi de m’interposer pour couper court ce genre de choses. Je dois intervenir. Mais je ne sais pas si je serais capable d’arrêter ces deux fous furieux. Je jette des coups d’œil dans tous les sens, et je finis par apercevoir Aaron. Dieu sait où sont passés les autres, et pour le moment peu importe. Nos regards se croisent, et l’évidence s’impose.

Il faut faire quelque chose.

Il jette un regard alarmé vers Ivan, mais avant qu’il explicite son intention par des gestes, je vois Dimitri intercepter le bras de son agresseur. Il tente tant bien que mal de dévier la trajectoire de la lame. Ivan redouble d’efforts, et dans une ultime tentative, redresse son bras en visant son œil. Dans les rangs, c’est la panique la plus totale.

Plus le temps de réfléchir.

Il me semble qu’Aaron réagit lui aussi, mais je ne saurais le confirmer. Je m’élance. Ils ne sont pas loin de moi. Il faut arrêter cette lame. Il faut arrêter ce type.

Je mets toute ma force dans ma dernière foulée, et je percute Ivan, attrapant ses bras au vol pour dévier la trajectoire de son couteau. Pris au dépourvu, il vacille dangereusement sous l’impact. Il réussit à reprendre son équilibre pour éviter la chute et me repousse sans ménagement. Je percute le plancher, mais c’est mon épaule qui encaisse la majorité du choc. Une décharge électrique parcourt mon corps. Un peu sonnée, je me redresse le plus vite possible.

Où est le couteau ?

C’est ma priorité numéro une. Mais c’est aussi celle d’Ivan : il a repéré l’objet, qui gît deux mètres plus loin. J’ai juste le temps de me mettre à genoux qu’il me saisit un bras. Je sens qu’on me percute violemment le visage, et des étoiles se mettent à danser devant mon champ de vision. Il vient de me m’asséner une claque assez puissante pour me sonner. Je sens mon sang battre sous la peau giflée. Je tente de me calmer, de respirer plus lentement, pour reprendre mes esprits le plus vite possible. J’entends des exclamations, des cris de panique, des pas précipités, ce qui semble être une voix connue.

Je compte les secondes pour me concentrer.

Au bout de quatre, je rouvre les yeux. La lumière m’agresse. Je tourne la tête en direction du couteau, j’y trouve Ivan à terre ; allongé sur le dos, il est maîtrisé d’une poigne impitoyable par Dimitri. Le sang qui suinte de sa joue coule doucement sur les vêtements de son adversaire, tâchant sa chemise bleue d’une auréole violacée. Aaron, qui a profité du moment pour intervenir, invite le grand brun à se relever, à s’éloigner de son ennemi. Dimitri se redresse lentement, serrant les dents. De là ou je suis, son entaille est comme une trainée de peinture rouge sombre que l’on aurait jetée sur une toile.

Je finis par me relever tant bien que mal, sentant les morceaux de mon esprit se remettre petit à petit à leur place. Je passe machinalement une main sur mon épaule, qui m’élance terriblement, et me met à la masser en espérant atténuer la douleur. Une bonne partie de la foule s’est dispersée. La dizaine de personnes encore présentes semblent soit attendre quelque chose, soit être trop choquées pour faire le moindre geste. J’entends Dimitri s’adresser à Ivan, crachant ces mots d’une voix mesurée, ne pouvant pas ouvrir complètement la bouche, mais vibrante d’une colère non dissimulée :

« T’en as pas assez avec moi ? Ça t’amuse ou t’es atteint ?!

- Je veux pas t‘entendre me parler, rétorque Ivan dans un grognement belliqueux en se relevant.

- Je crois pas que tu sois en l’état d’ouvrir ta gueule !

Ivan ne peut soutenir très longtemps le regard embrasé du grand brun.

- Si t’as rien d’autre à dire, casse toi. Je veux plus te voir. »

Ses derniers mots résonnent étrangement dans la salle, soudain enveloppée dans un silence de mort. L’autre a compris qu’il ne lui servirait à rien d’aggraver encore la situation ; il en profite pour s’éloigner et s’en aller d’un pas rapide, fulminant, la chemise froissée et trempée du sang de son adversaire.

Ce qui reste de la foule finit par se disperser sans un bruit, les cris d’excitation et les exclamations remplacés par des murmures choqués et quelques regards mauvais. Me sentant quelque peu perdue sur le moment, je cherche mes camarades du regard. C’est Jasmine que j’aperçois en premier ; elle se précipite sur moi pour me prendre dans ses bras, terriblement inquiète.

« Ne nous refais plus jamais ça ! »

Ne sachant quoi dire, je me contente de lui retourner son étreinte en marmonnant un petit « oui ». Aaron, de son côté, observe la blessure de Dimitri avec un air peu engageant, et pose une main ferme sur son épaule.

« Direction l’infirmerie avant que tu ne disparaisses à nouveau je-ne-sais-où. »

Lorsque Jasmine me lâche enfin, je me mords avec force l’intérieur de la joue : mon épaule me fait énormément souffrir. J’ai l’impression de ne plus pouvoir la bouger librement, et la moindre pression m’envoie une décharge sous la peau. Marie, qui s’est tenue en retrait jusque-là, les bras croisés et un air faussement calme sur le visage, s’exprime :

« Toi aussi tu vas faire un tour chez le médecin.
- Je crois que ma chute a été mauvaise…
- Ton épaule est déboîtée. »

Tout le monde tourne la tête vers Dimitri. C’est lui qui s’est exprimé, d’une voix comme mâchée et difficilement articulée à cause de sa joue entamée. Il s’approche de moi, et personne n’ose faire un geste pour le retenir. Tandis qu’il pose ses mains de chaque côté de mon épaule endolorie, j’ai le loisir d’observer sa blessure de plus près. Le sang suinte encore un peu, et il est évident qu’il serre les mâchoires. S’il ouvrait la bouche en grand, sa joue serait percée d’une belle fente et il aurait un mal de chien.

Je suis tellement absorbée dans ma contemplation quelque peu macabre que je ne me rends compte de rien lorsqu’il me remet l’épaule en place d’un geste sec et sûr. Puis, une seconde après, vient une douleur fulgurante. Je ne peux refouler le cri de souffrance qui monte dans ma gorge tandis que je m’agrippe à sa chemise.

« Putain de merde !

- Ça devrait aller mieux après ça. Mais il faudrait aussi que tu ailles à l’infirmerie. Je ne suis pas docteur.

- Il a raison, confirme Marie, suivie de l’approbation silencieuse de mes deux autres camarades. »

Je n’ai ni l’envie, ni la force de protester. Nous sortons de la Salle Circulaire et nous dirigeons d’un pas las et pressé du côté de l’infirmerie. Lorsque nous arrivons, la main de Dimitri, collée sur sa joue dans l'espoir d'arrêter le saignement, est devenue presque aussi rouge que la tapisserie aux murs.
Dernière modification par Xhantia le ven. 13 janv., 2017 10:09 pm, modifié 1 fois.
etoileee

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par etoileee »

Toujours aussi bien et... Enfin de l'action :D bon j'aime toujours autant, et bien sûr c'est très bien écrit ! Le seul point négatif: c'est trop court ahah je veux la suite !! ;)
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :Bonjour/bonsoir!
Me revoici avec la seconde partie de notre histoire, que je poste plus tôt que prévu en raison de futurs empêchements ;)
Je vous souhaite une agréable lecture!


Partie 2


Cynthia


Nous avons la journée de libre, histoire de faire nos sacs et de nous détendre un peu avant de changer de bâtiment :arrow: Ils changent juste de bâtiment, c'est tout ? Pas la peine de s'exciter comme ça, si ? Moi j'avais compris (mais c'est peut-être moi qui avait mal lu ^^')qu'il changeait carrément de lieu. Ici, ça sous-entends qu'ils restent au même endroit, mais qu'ils changent juste de classe (comme quand t'es au collège et que tu change d'étage quand tu change de niveau ^^). Les couloirs d'habitudes vides, silencieux et les salles pleines à craquer ont complètement échangé leurs rôles. Cela me fait tout drôle.

Aaron est resté avec nous pendant une partie :arrow: Je chipote un peu sur le détail, mais ça va pas. Ça veut dire qu'entre la fin du p'tit dej' et maintenant (qui semble être un moment assez court), il s'est éclipsé et vient de revenir (c'est pour ça que la narratrice en parle). Et à mon sens, c'est un peu incohérent. Sans compter que ça alourdit ta phrase, puisque tu es obligée de rajouter un adverbe de la matinée. Nous l'avons passée à déambuler comme des fantômes désorientés dans les couloirs en discutant de notre scolarité :arrow: Là par contre, c'est (vraiment) incohérent par rapport à ce que tu dis dans la fin du dialogue suivant. Tu aurais pu mettre quelque chose comme : "en discutant de nos souvenirs". "Souvenir" est beaucoup plus général. Dans le détail, le dialogue sous-jacent ferait un truc comme "Tu te souviens de Mme Machin... ? -C'est comme une fois, dans le dortoir... - Moi, c'est M. Truc qui va me manquer le plus...", tu vois ? . Nous nous dirigeons d'un pas tranquille vers une salle dont l'énorme porte affiche en lettres gravées Salle Circulaire.

« Oh, béni amphithéâtre, ironise Aaron en devinant la porte de loin depuis le couloir :arrow: Alors là, je me permets de mettre en rouge, parce qu'il y a plusieurs trucs qui vont pas. D'abord, le choix du verbe est mal avisé. "Deviner" aurait été accepté si le couloir avait été dans le blizzard, ou s'ils avaient été dans une salle si vaste qu'on n'en distingue à peine les murs opposés. Ici, on est dans un couloir, a priori droit, la porte est énorme, et ils connaissent les lieux. "En apercevant" aurait été plus juste. Ensuite, le choix de l'adverbe est mauvais. Quand bien même le couloir serait infini, l'expression "de loin" fait plus référence à un espace relativement ouvert. Tu aurais du mixer tes deux adverbes, "de loin" et "depuis" (c'était mon troisième point, mais je vais y revenir ^^'). Enfin, l'adverbe "depuis", justement, ne va pas du tout. En fait, la précision est inutile, puisque tu précise déjà plus haut que tes persos sont dans les couloirs. Et ta phrase en elle-même est assez évidente (bien sûr qu'ils aperçoivent la porte depuis le couloir, c'est logique, tu vois ?). Quitte à faire un rappel, ce qui n'est pas forcément une mauvaise idée, tu aurais du mixer les deux et mettre quelque chose du genre : "en apercevant la porte depuis l'autre bout du couloir". J'ai cru que les cours sur la puissance industrielle des Herjafol allaient me faire crever d'ennui.
- Je me sens presque nostalgique à l'idée de ne plus voir cette salle. Ce vieux professeur aux airs de grand-père était un homme bon, fait remarquer Jasmine en croisant les bras.
- Tu disais pas vraiment la même chose quand tu t'affalais de tout ton long sur ta table, d'après mes souvenirs, la corrige Marie en haussant les sourcils.
- Ne parlons pas des cours maintenant, par pitié,
je les supplie :arrow: Petit point de grammaire sans importance : je sais que de plus en plus d'auteurs écrivent comme ça, mais syntaxiquement, il serait plus juste d'écrire "les supplié-je" ou "réponds-je" (plus bas) à demi. On en a assez bavé comme ça. »

Mes camarades sourient d'un air entendu à ma remarque. C'est Aaron qui reprend la parole le premier.

« T'as raison, changeons de sujet. Parlons de nous, maintenant que nous en avons le temps ! D'où vous venez ?
- Des provinces du sud, je réponds la première. Je suis des terres d'Hamilcar.

Ma région, la terre appartenant à la famille Hamilcar, est gouvernée par un climat très agréable :arrow: "Dis-donc, chérie, qui a gagné les dernières élections ? - C'est le Soleil, comme d'habitude... Ah, oui, j'avais pas remarqué" :lol: Le jour où le beau temps débarque à l'Élysée, je veux bien me faire moine :lol: Je plaisante, bien sûr, mais l'image m'a ait rire. Nan, plus sérieusement, attention aux images que tu donnes, justement. Ici, même si on voit ce que tu veux dire (encore que : parles-tu d'un climat météorologique ou politique ?), ça reste trè maladroit ^^. Elle est presque :arrow: Oui, je sais, je suis chiant, mais j'aime chipoter sur les déails :twisted: Comment peut-elle être "presque" coupée en deux par un fleuve qui la "traverse" ? À moins qu'il n'y prenne sa source, ça ne me semble pas très possible ^^' divisée en deux par un long fleuve qui traverse le pays, nommé le Kerchan. La rive droite est le lieu de résidence de certains Premiers dans la ville d'Anchoris là où, sur ma rive :arrow: Deux petites choses (encore du détail dsl ^^") D'abord, la rive ne t'appartient pas en propre, même si on voit ce que tu veux dire. Ensuite, attention, tu parles d'une région, pas d'une ville. Je trouve que c'est un peu délicat d'appliquer une telle ségrégation spatiale sur une région, d'autan plus si les Champs-Fleureurs sont plus nombreux (je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire, mais si c'est pas le cas, n'hésite pas à dire "GA, tu dis de la me***" ^^), vivent surtout des Champs-Fleureurs, comme ma famille et moi avant. Elle est réputée pour être le "grenier à pain" :arrow: Attention, l'emmerdeur de service est de retour ^^" On ne met pas de pain dans un grenier, on y met du grain. Le pain se met au cellier du Continent.

- Il parait que les plages là-bas sont magnifiques, fait remarquer Marie.
- Je ne te le fais pas dire. Si c'était possible, je vous y emmènerais sur-le-champ. »

Je m'imagine encore la splendide couleur pourpre et or du coucher de Soleil et la sensation d'une douce brise tiède.
« Moi ce sont les régions plus au nord qui m'ont vu naître, dans les grandes forêts, continue Jasmine à son tour. Je suis une fille des Blustrode.
- Ah oui, les bois impénétrables, la poésie de la nature, les rivières froides qui gargouillent entre les rochers, l'air pur...
- Non Aaron, ça ce sont des clichés maintenant, réplique la blonde en secouant la tête. Tout ce que j'ai vu depuis ma tendre enfance, ce sont des champs de terre retournés, des troncs qu'on scie en pagaille et des rivières d'eau boueuse. Caprices de Premiers. Ils raffolent du bois vieux pour la décoration de leur maison, c'est la nouvelle mode. Ils veulent tous une résidence secondaire au cœur de la forêt.
- Ah ! Zut. Mes excuses.
- Pas de souci, le rassure-t-elle en haussant ses fragiles épaules. Les Supérieurs sont comme ça, il en va ainsi.
- Je t'en prie, ne surnomme pas ces gens "Supérieurs" comme tout le monde, la coupe le blondinet sèchement. On ne leur doit rien, si ce n'est notre existence misérable, comblée par des baisses d'impôts factices et basée sur un détail qui ne change rien à leur humanité. Marie et moi avons grandi dans le bidonville de la capitale, et l'expérience que la vie m'a donnée me fait conclure que ces gens sont des enflures. Rien d'autre. »


Il fulmine littéralement, se mordant l'intérieur de la lèvre. Jasmine et moi ne savons pas quoi dire, assez mal à l'aise.
"Calme toi. Ça ne sert à rien de t'énerver ici."

Marie lui parle d'une voix posée qui semble faire son effet. Le jeune blond :arrow: Ça, ça ne me va pas. C'est quelque chose que j'ai remarqué dans ta première partie, tu as tendance à trop désigner tes personnages par une seule caractéristique physique, et principalement les cheveux. Et personnellement, ça me dérange. Autant une fois passe encore, autant bis repetita... Ce n'est pas méchant ce que je te dis, hein. Mais imagine que tu sois confrontée à la situation où deux bruns ou deux blondes discutent : comment les différencieras-tu ? Si je reprend ton dialogue, par exemple, "réplique la blonde" peut devenir "réplique la jeune femme" sans que tu perdes le lecteur pour autant. On sait qui parle, donc c'est bon. Si tu tiens tant que ça à remettre leur couleur de cheveux sur le tapis, tu peux à la rigueur écrire "réplique la jeune fille en secouant ses mèches blondes". Même chose après ^^ s'apaise rapidement : ses épaules s'affaissent légèrement, et il pousse un long soupir qui font voler quelques-unes de ses boucles blondes. Toute trace de colère a comme par magie quitté son visage, remplacée par une lueur dans son regard qui ne m'échappe pas. De la lassitude.
Mais celle-ci s'éteint vite, supplantée par une curiosité soudaine pour quelque chose se passant à l'autre bout du couloir.

« Il y a du grabuge là-bas. »

Pas besoin d'avoir inventé la poudre à canon pour deviner que cela vient de l'intérieur de la Salle Circulaire. Des gens s'y engouffrent, toujours plus nombreux, dont une majorité d'hommes. Pas besoin de :arrow: Tu peux éviter la répétition avec une formule du genre "Après une brève hésitation", ou "Le temps d'échanger un regard et" cogiter longtemps pour nous mettre tous en route en direction de l'objet de toutes les attentions. Nous marchons d'un pas pressé, remarquant dans l'encadrement de la porte que les gens se mettent à parier ou crient vers un endroit que je n'arrive pas à identifier. Je laisse Aaron me dépasser lorsqu'une odeur désagréablement familière passe par mon nez.

« Ça sent le sang, je les préviens. Ça doit être une bagarre. »

Je vois Aaron frissonner légèrement, sans toutefois se laisser emporter par la panique. Les muscles de ses bras se tendent tandis qu'il accélère le pas, écartant aisément la foule en murmurant entre ses dents.

« Oh merde... »

Les cris redoublent de puissance au fur et à mesure que nous nous approchons de la source de toute cette excitation. Entre la ferme puissance :arrow: Quoi ? Je n'ai pas compris ce que tu voulais dire ^^" d'Aaron, qui déglutit difficilement, et le mètre soixante-quinze de Jasmine, il n'est pas difficile de nous frayer un passage jusqu'au cœur du problème. Un jeune homme aux cheveux jouant entre mèches blondes et brunes quelque peu hirsutes, bien plus grand que moi, me barre la vue. Il semble me remarquer, tourne légèrement la tête, et me coule un regard en coin entre les cris de la foule. Autant saisir l'opportunité. Je me lance.

« Si tu sais ce qu'il se passe, je serais ravie que tu me l'apprennes.
- Eh bien, me répond-il en se décalant légèrement pour me laisser une place précaire, détournant ses yeux de moi pour observer la scène en face de lui. Le brun avec des reflets roux, là, c'est Dimitri. Il s'est fait prendre à parti par Ivan. Ils ne peuvent pas se voir. Tout à l’heure, Dimitri lui a dit quelque chose qu’il n’a pas apprécié, mais alors pas du tout. Du coup, il a complètement pété un câble et il l’a traîné de force ici pour le provoquer… »
Pendant qu'il se met à marmonner dans sa barbe, émettant des doutes sur la santé mentale des deux jeunes hommes, j'en profite pour me faufiler un peu plus loin, et me retrouver aux premières loges. J'entends derrière moi Marie retenir Aaron et visiblement hausser le ton au milieu du brouhaha.
« Rah, je savais que ça allait finir par arriver !
- Ne t’amuse pas à débarquer en plein milieu ! Tu ne pourras rien faire ! »
Leur voix perd un peu en intensité. Je cligne des yeux.

La première chose que je vois, c'est Dimitri, qui doit à vue d'œil me dépasser d'une bonne tête. Il semble un peu trop mince pour être en bonne santé, mais on devine des muscles fuselés et entraînés sous sa chemise bleu marine au bras droit déchiré. Une traînée rouge :arrow: Si je souligne ici, ce n'est pas que ce soit mauvais, mais il y a une petite incohérence. On devine, par rapport à ce que tes persos disent un peu plus haut, que c'est du sang. Et c'est confirmé plus bas. Mais le problème, justement, c'est que plus bas, Ivan sort un couteau postérieurement à cette trace sanglante. Tu vois ce que je veux dire ? En fait, ton histoire est claire dans ta tête, et c'est très bien. Mais je pense que tu as peur "d'oublier" ton idée, et du coup tu vas trop vite. Je chipote un peu, parce que à la réflexion, on imagine très bien qu'Ivan a déjà écrasé son poing sur le nez de Dimitri. Mais je pense que tu peux le préciser, quand tu présentes ton personnage, insister par exemple sur l'impassibilité de celui-ci malgré son nez cassé, tu vois ? s'est étendue telle une tache d'huile sur le tissu, et son veston froissé gît au sol. Son regard, aiguisé, d'une neutralité terrible, fixe son adversaire tandis qu'il retrousse calmement les manches de sa chemise, prenant le soin d'y accrocher les boutons. :arrow: Il y a là aussi deux incohérences dans cette phrase. La première, sans grande importance, c'est que, deux lignes plus haut, tu dis que ça chemise à un bras déchiré. Vu le contexte, on imagine que ce n'est pas une petite déchirure, mais que ladite manche est plutôt en lambeaux. Comment peut-il la retrousser ? Deuxièmement, si le fameux Ivan est si désireux d'en découdre, au point qu'il traîne son adversaire de force dans une pseudo-arène, pourquoi lui laisse-t-il le temps de se préparer ? Comme je viens de le dire, tu penses plus vite que tu n'écris, et du coup, tu anticipes trop sur la suite de l'action. À la rigueur, tu pourrais compléter cette action en précisant par exemple que Dimitri retrousse sa manche tranquillement tandis que les deux adversaires se tournent autour et se jugent du regard, ou quelque chose comme ça Il est prêt à en découdre.

Cependant, je crois que son adversaire n’a rien à lui envier : presque aussi grand que lui, il possède une musculature bien plus développée, et je peux voir à l’expression de ses yeux bleus féroces :arrow: Je chipote encore sur un point de détail, dsl ^^" Mais je ne connaissait pas cette couleur, bleu féroce (et pourtant j'ai une sœur en Art ^^) :lol: Tu devrais permutter "féroce" après "expression", ce serait plus logique :) et à sa mâchoire contractée qu’il n’est franchement pas d’humeur à rire. Je sens la foule s’agiter, pétrifiée par la panique :arrow: C'est trop fort. Quand tu es en proie à la panique, ton premier réflexe est de fuir, pas de rester sur place. "Tension" aurait été à mon sens plus approprié palpable et l’incapacité à pouvoir intervenir :arrow: Si je mets ça en rouge, ce n'est pas pour te jeter des pierres, vraiment. En fait, cette proposition infinitive est aussi lourde que mal venue. La raison, tu la donnes toi-même juste après. Je ne sais pas si tu as participé, du moins vu beaucoup de bagarres, mais tu as très bien décris le sentiment général. Si les gens n'interviennent pas quand d'autres se bastognent, c'est à la fois la peur de prendre une droite "perdue", mais c'est surtout, curiosité malsaine, qu'ils veulent voir du sang couler. Ce n'est pas parce qu'ils en ont l'incapacité., mais aussi animée d’une curiosité malsaine quant à la suite des événements. Je parcours la foule du regard, et le seul visage connu que j’aperçois est celui d’Aaron, qui, tendu à craquer, les lèvres serrées, ne bouge pas d’un cil, les yeux rivés sur les deux ennemis.

Ivan empoigne avec brusquerie le bras de Dimitri, qui de son côté n’esquisse pas un geste. :arrow: Dsl, je vais faire mon chieur (n'hésite pas à me dire si je suis vraiment trop chiant ^^). En lisant cette phrase, j'ai envie de te poser une question : pourquoi ? Les deux protagonistes vont se foutre sur la gueule, pas danser un menuet ^^ Logiquement, ils doivent être en position de garde et réactifs (parades, esquives, coups), tu vois ce que je veux dire ? Il reste impassible, son regard vert sombre fixé sans tressaillir sur celui de son rival. Ils ne sont maintenant plus qu’à un souffle l’un de l’autre ; on pourrait presque entendre leur respiration par-delà l’agitation ambiante.

Le coup d’envoi est lancé lorsque Dimitri :arrow: Je suis un peu embêté. Ton passage est très bien, il est rapide, rythmé, comme ce qu'il dépeint. Mais il manque de cohésion (c'est pas méchant ce que je dis là, hein ^^"). Le schéma que tu dresses est très intéressant : deux jeunes qui se battent pour x raison ; l'un deux se sent lésé et, teigneux, demande réparation, l'autre est dans la passivité, mais pas prêt à se laisser marcher sur les pieds sans sourciller. Du coup, à mon sens, le premier coup ne devrait pas partir de lui. Si je devais réécrire ce passage (loin de moi l'idée de prétendre faire mieux que toi, et je n'aime pas trop faire ça, mais c'est pour te donner une idée ^^"), voilà ce que je mettrais : "Le coup d'envoi est lancé lorsqu'Ivan assène une droite bien sentie à Dimitri. C'est à peine si celui-ci bronche, toujours en garde. Pendant un moment, les coups d'Ivan pleuvent sur Dimitri qui, ayant adopté une posture de défense, se contente de protéger son visage. Les poings produisent un son mat en s'abattant sur les épaules du jeune homme. Soudain, Dimitri se redresse légèrement. D'un pas sur le côté, il esquive l'attaque d'Ivan et lui" décoche avec force et rapidité un extraordinaire coup de poing dans l‘estomac d’Ivan de son bras libre. Son adversaire se plie légèrement en deux sous la puissance du coup reçu, exhalant avec brutalité l’air de ses poumons :arrow: Ici, ta construction est paradoxale et manque un peu de cohésion. D'abord, "légèrement" fait tâche dans le paysage de ta phrase. Il atténue beaucoup trop la violence du coup, et il alourdit ta phrase. Ensuite, "exhalant" n'est pas approprié (une odeur exhale). "Expirant" aurait suffit. Et "avec brutalité" peut largement être remplacé par "brutalement". Mais il ne tarde pas à riposter en oubliant sa souffrance ; se jetant sur Dimitri, il lui attrape le cou d’une main large en lui envoyant une droite bien sentie, tant bien que mal parée par le pseudo-rouquin. :arrow: Si je comprends l'idée, j'ai du mal à voir l'enchaînement. Est-ce qu'il lui prend le cou et après lui colle une beigne, ou c'est l'inverse ? Et puis "pseudo-rouquin"... ^^ Son poing lancé vient s’enfoncer dans la chair sanguinolente :arrow: Mais d'où viennent le sang, la plaie, et la blessure :?: :?: :?: Tu vois, là, je suis perdu. C'est vrai que tu fais mention d'une tâche de sang, un peu plus haut, mais sur la chemise. Or, là, il semblerait que le sang provienne du bras blessé. Qu'on suppose dans la manche déchirée, du coup. Une question se pose alors, quelle tâche de sang ? (je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire ^^") Si on repart sur l'idée du nez cassé (c'est un exemple, bien sûr), l'enchaînement pourrait être le suivant : Ivan attrape le cou de son adversaire et commence à l'étrangler. Celui-ci tente de le repousser d'un coup de poing, mais Ivan lui assène un violent coup de boule sur son nez cassé : gémissement de douleur et éclaboussures de sang, tout y est du bras qu’il a levé pour se protéger. Dimitri laisse échapper un grognement de douleur ; un rictus sadique et satisfait se dessine sur le visage d’Ivan, qui appuie de tout son poids sur son entaille.

Très vite, Dimitri se ressaisit et, sans laisser le temps à son adversaire de profiter du sang s’imprimant entre ses phalanges, il élance avec violence son genou dans son entrejambe. Les gens poussent des cris étouffés ; on entend un éclat de rire, et un « lâche ! » dont l’auteur est impossible à identifier. L’expression d’Ivan se fige tandis qu’il relâche légèrement son emprise sur le cou de Dimitri, lui permettant de reprendre sa respiration. Le grand brun en profite pour se soustraire rapidement de son emprise et s’écarter de lui par plusieurs pas en arrière. Ivan redresse la tête, les poings serrés. Il a mal. Il lui lance d’un air supérieur :
« C’était pas très sympa, ça.
- Bon, t’as fini ? Se contente de lui répondre Dimitri avec humeur.
- Je ne pense pas, non. Tu n’as pas ta place ici. Tu devrais pourrir dans un fossé. Tu ne mérites pas d’être ici. »


Dimitri ne répond pas. Ses pupilles s’étrécissent, et son visage se durcit, au contraire de son corps, qui se détend un peu. Il semble sur le point de dire quelque chose, mais il ne s’attendait pas à ce qu’Ivan sorte un objet brillant de sa poche, et se jette sur lui dans la foulée. L’assistance, qui retenait son souffle comme un seul homme, se met à pousser des exclamations apeurées lorsque la lumière allume des éclats métalliques sur le couteau qu’Ivan tient dans sa main, sans doute volé dans la cantine. Je réalise maintenant d’où vient la blessure de Dimitri :arrow: C'est incohérent. Que la bagarre dégénère à l'arme blanche, ça, c'est excellent. Mais si Ivan a déjà blessé Dimitri avec son couteau, pourquoi l'a-t-il rangé avant le combat, et pourquoi Dimitri a l'air surpris qu'il le sorte au milieu du combat ? , qui a tout juste un instant pour s’écarter et éviter la lame lancée à pleine vitesse de le toucher. :arrow: Je ne suis plus ^^" Il l'esquive ou il la bouffe ? Et j'ai une petite question : pourquoi si Ivan est si déterminé à lui faire la peau est-ce qu'il vise le visage ? Ou alors c'est parce que Dimitri à esquissé une esquive ? Je sais, je chipote sur du détail, dsl ^^"

Trop tard.

Ivan l’empoigne par l’épaule et le couteau s’enfonce dans sa joue, déchirant la chair profondément en une large ouverture atteignant presque sa bouche. Un hurlement de douleur se fait entendre tandis que les gouttes écarlates giclent et s’éparpillent sur le parquet ancien, coulant abondamment de son visage. Des cris confus, horrifiés ou triomphaux, se font entendre. La foule recule. Si ça continue, ils vont finir par s’entretuer.

Que fait la surveillance ? Où sont-ils ?

J’ai l’habitude de voir des gens se battre, l’habitude aussi de m’interposer pour couper court ce genre de choses. Je dois intervenir. Mais je ne sais pas si je serais capable d’arrêter ces deux fous furieux. Je jette des coups d’œil dans tous les sens, et je finis par apercevoir Aaron. Dieu sait où sont passés les autres, et pour le moment peu importe. Nos regards se croisent, et l’évidence s’impose.

Il faut faire quelque chose.

A suivre...
Bon voilà, j'ai fini pour cette deuxième partie, aussi qualitative que la première, en dépit des remarques que jai pu faire :) J'espère que tu ne m'en voudras pas trop ^^' J'ai pas mal chipoté sur les détails, c'est vrai, mais c'est que sur la généralité, il y avait pas grand chose à redire :) Je ne sais pas si tu as corrigé toi-même après mon précédent commentaire, mais y avait pas de participes présent ni de gérondifs en trop. Structurellement, c'est plutôt bon, les épisodes s'enchaînent assez bien, tu fais les rappels où il faut quand il faut, tu ne te perds pas dans les détails (même si tu te laisse toujours un peu emporter par ta plume ^^). Ton intrigue est bien menée, elle nous fait nous poser de nombreuses questions et pique notre curiosité. Essaie juste de ne pas anticiper sur tes idées (plus faciles à dire qu'à faire ^^'), mais sinon, du bon travail :)

Bien à toi, et bonne année :)
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

Xhantia a écrit :
Partie 2 - suite


Cynthia


Que fait la surveillance ? Où sont-ils ?

J’ai l’habitude de voir des gens se battre, l’habitude aussi de m’interposer pour couper court ce genre de choses. Je dois intervenir. Mais je ne sais pas si je serais capable d’arrêter ces deux fous furieux. Je jette des coups d’œil dans tous les sens, et je finis par apercevoir Aaron. Dieu sait où sont passés les autres, et pour le moment peu importe. Nos regards se croisent, et l’évidence s’impose.

Il faut faire quelque chose.

Il jette un regard alarmé vers Ivan, mais avant qu’il explicite son intention par des gestes, je vois Dimitri intercepter le bras de son agresseur. Il tente tant bien que mal de dévier la trajectoire de la lame. Ivan redouble d’efforts, et dans une ultime tentative, redresse son bras en visant son œil. Dans les rangs, c’est la panique la plus totale. :arrow: Ils sont toujours là ? Je croyais qu'ils étaient partis quand Ivan a sorti son couteau ^^'

Plus le temps de réfléchir.

Il me semble qu’Aaron réagit lui aussi, mais je ne saurais le confirmer. Je m’élance. Ils ne sont pas loin de moi. Il faut arrêter cette lame. Il faut arrêter ce type.
Je mets toute ma force dans ma dernière foulée, et je percute Ivan, attrapant ses bras au vol pour dévier la trajectoire de ses intentions :arrow: Il visait Dimitri ou ses intentions ? On voit ce que tu veux dire, mais tu t'y prends d'une bien drôle de façon. Pourquoi pas mettre "pour dévier la lame de son objectif", ou "pour éviter que la lame n'atteigne son but", ou quelque chose comme ça ? C'est plus digeste, et c'est plus mieux :) . Pris au dépourvu, il vacille dangereusement en direction du sol, emporté par mon poids. Il se reprend vite, et tente de se rattraper pendant sa chute. Il ne fait pas dans la dentelle :arrow: Tu vas dire que je suis sadique, dès le début je bourre le orange ^^" En fait, c'est pas que ce soit mauvais (vraiment). Il y a juste une petite incohérence, et je pense qu'il manque une action. Déjà, personnellement (ça ne veut pas dire que c'est la bonne solution), j'aurais apposé ta subordonné participiale "emporté par mon poids" à ta principale que j'aurais reliées par "et". Mais c'est surtout après que ça va pas. Comme ton personnage, tu nous mets dans une situation délicate, entre la chute et l'équilibre. Pour faire simple, le schéma que tu nous propose ressemble à ça : Ivan est percuté, il titube, retrouve rapidement l'équilibre et te repousse violemment, le tout en tombant. Tu vois ce que je veux dire ? Il vacille au début de ta phrase, se retrouve par terre à la fin, et il est encore debout au début de la suivante sans que nous ayons eu l'enchaînement logique. Je pense que dans ta tête, l'action est fluide et parfaitement claire. Mais tu veux l'écrire trop vite et du coup, tu te contredis un peu. Rien de bien méchant ^^ Du coup, soit tu enlèves une partie de ta phrase, soit tu rajoutes une ou deux actions de liaison ^^ : je suis repoussée sans ménagement. Je percute le plancher, mais c’est mon épaule qui encaisse la majorité du choc. Une décharge électrique parcourt mon corps. Un peu sonnée, je me redresse le plus vite possible.

Où est le couteau ?

C’est ma priorité numéro une. Mais c’est aussi celle d’Ivan
: il a repéré l’objet, qui gît deux mètres plus loin. J’ai juste le temps de me mettre à genoux qu’il a déjà titubé comme un ivrogne vers sa bouteille dans ma direction. :arrow: Ça, j'ai vraiment pas compris. Est-ce qu'il a ramassé le couteau ? Pourquoi titube-t-il ? Pourquoi fonce-t-il vers toi ? Et que font les deux autres ? Ils n'essaient pas de le maîtriser ? Il me saisit un bras. :arrow: Décidément, c'est une bien curieuse manie qu'il a de saisir le bras de ses adversaires avant de les frapper :lol: Je sens qu’on me percute violemment le visage, et des étoiles se mettent à danser devant mon champ de vision. Il vient de me m’asséner une claque assez puissante pour me sonner. Je sens mon sang battre sous la peau giflée. Je tente de me calmer, de respirer plus lentement, pour reprendre mes esprits le plus vite possible. J’entends des exclamations, des cris de panique, des pas précipités, ce qui semble être une voix connue. Je compte les secondes pour me concentrer.

Au bout de quatre, je rouvre les yeux. La lumière m’agresse. Je tourne la tête en direction du couteau, j’y trouve Ivan à terre ; allongé sur le dos, il est maîtrisé d’une poigne impitoyable par Dimitri. Le sang qui suinte de sa joue coule doucement sur les vêtements de son adversaire, tâchant sa chemise bleue d’une auréole violacée.

Je finis par me relever tant bien que mal, sentant les morceaux de mon esprit se remettre petit à petit à leur place. Je passe machinalement une main sur mon épaule, qui m’élance terriblement, et me met à la masser en espérant atténuer la douleur. Une bonne partie de la foule s’est dispersée. La dizaine de personnes encore présentes semblent soit attendre quelque chose, soit être trop choquées pour faire le moindre geste. J’entends Dimitri s’adresser à Ivan, crachant ses mots d’une voix puissante, vibrante d’une colère non dissimulée :

« T’en as pas assez avec moi ? Ça t’amuse ou t’es atteint ?!
-Je veux pas t‘entendre me parler, rétorque Ivan dans un grognement belliqueux.
-Je crois pas que tu sois en état d’ouvrir ta gueule !

Ivan ne peut soutenir très longtemps le regard embrasé du grand brun.

-Si t’as rien d’autre à dire, casse toi. Je veux plus te voir. »

Ses derniers mots résonnent étrangement dans la salle, soudain enveloppée dans un silence de mort. Il relâche son emprise sur lui et se redresse. L’autre a compris qu’il ne lui servirait à rien d’aggraver encore la situation ; il en profite pour s’éloigner de Dimitri et s’en aller d’un pas rapide, fulminant, la chemise froissée et trempée du sang de son adversaire.
Ce qui reste de la foule finit par se disperser sans un bruit, les cris d’excitation et les exclamations remplacés par des murmures choqués et quelques regards mauvais. Me sentant quelque peu perdue sur le moment, je cherche mes camarades du regard. C’est Jasmine que j’aperçois en premier ; elle se précipite sur moi pour me prendre dans ses bras, terriblement inquiète.

« Ne nous refais plus jamais ça ! »

Ne sachant quoi dire, je me contente de lui retourner son étreinte en marmonnant un petit « oui ». Aaron, de son côté, s’est dirigé vers Dimitri. Il observe sa blessure avec un air peu engageant, et pose une main ferme sur son épaule.

« Direction l’infirmerie avant que tu ne disparaisses à nouveau je-ne-sais-où. »

Lorsque Jasmine me lâche enfin, je me mords avec force l’intérieur de la joue : mon épaule me fait énormément souffrir. J’ai l’impression de ne plus pouvoir la bouger librement, et la moindre pression m’envoie une décharge sous la peau. Marie, qui s’est tenue en retrait jusque-là, les bras croisés et un air faussement calme sur le visage, s’exprime :

« Toi aussi tu vas faire un tour chez le médecin.
-Je crois que ma chute a été mauvaise…
-Ton épaule est déboîtée. »

Tout le monde tourne la tête vers Dimitri. C’est lui qui s’est exprimé, d’une voix comme mâchée et difficilement articulée à cause de sa joue entamée. :arrow: Je vais chipoter encore un peu, dsl, mais sa joue crevée ne l'a pas empêché de crier sur Ivan à peine 5 lignes plus haut ^^ Il s’approche de moi, et personne n’ose faire un geste pour le retenir. Tandis qu’il pose ses mains de chaque côté de mon épaule endolorie, j’ai le loisir d’observer sa blessure de plus près. Le sang suinte encore un peu, et il est évident qu’il serre les mâchoires. S’il ouvrait la bouche en grand, sa joue serait percée d’une belle fente et il aurait un mal de chien.

Je suis tellement absorbée dans ma contemplation quelque peu macabre que je ne me rends compte de rien lorsqu’il me remet l’épaule en place d’un geste sec et sûr. Puis, une seconde après, vient une douleur fulgurante. Je ne peux refouler le cri de souffrance qui monte dans ma gorge tandis que je m’agrippe à sa chemise.

« Putain de merde !
-Ça devrait aller mieux après ça. Mais il faudrait aussi que tu ailles à l’infirmerie. Je ne suis pas docteur.
-Il a raison, confirme Marie, suivie de l’approbation silencieuse de mes deux autres camarades. »

Je n’ai ni l’envie, ni la force de protester. Nous sortons de la Salle Circulaire et nous dirigeons d’un pas las et pressé du côté de l’infirmerie. Lorsque nous arrivons, la main de Dimitri est devenue presque aussi rouge que la tapisserie aux murs.

Voilà pour cette partie 2bis :D Très franchement, mis à part ce que j'ai mis en orange tout devrait être vert. C'est très bien construit, c'est rythmé, c'est imagé, bref, c'est vraiment bien :) Encore une fois, essaie juste de ne pas te laisser emporter par ta plume, mais sinon, c'est de l'excellent travail :D N'hésite surtout pas à me dire si mes remarques t'ont vexée, ou si c'est moi qui ai mal interprété ce que tu voulais dire. Ton style est d'autant plus agréable qu'il n'y a (presque) pas de fautes (j'en profite d'ailleurs pour te signaler que "gît" porte toujours un "^" : ça vient du verbe "gésir" et comme quand on conjugue, on enlève le "é" et le "s", pour signaler qu'on a enlevé des lettres, on met un "^", bref, je me tais ^^), il est fluide et imagé. Bref, je le redis, du très bon travail :D

Bien à toi :)
vampiredelivres

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Coucou !

Je viens de passer, au hasard, sur ce forum. Et en général, à partir du moment où il y a "fantastique" ou "magie" dans le titre, je passe voir. Et là, il y avait les deux, j'étais obligée.
C'est à double tranchant, tout de même, de venir comme ça sans connaître le Booknaute qui écrit. Pour une maniaque de l'orthographe comme moi, s'entend. Mais je suis très heureuse d'être passée, parce que ce début d'histoire en vaut vraiment la peine.

J'ai adoré Cynthia. Très honnêtement. Rien que le fait qu'elle se jette ainsi dans la bataille, alors que personne d'autre ne le fait... Avec ça, elle a gagné mon respect. Et il a suffi de trois parties pour ça. D'habitude, on tombe sur des histoires où le personnage principal ne sait pas trop quoi faire dans une situation nouvelle. Là, au moins, c'est clair. Elle hésite, mais un moment seulement. Puis elle agit. Et ça me suffit pour l'apprécier.
Les autres personnages sont très bien, eux aussi. J'aime tout particulièrement l'entrée en scène de Dimitri, à la fois taciturne et violent. Tu sembles être partie pour dresser une belle galerie de portraits, qui pour l'instant me plaisent tous. Même Ivan.
(Voui, bon, après, j'ai peut-être un petit faible pour les personnages à tendances psychopathiques... :roll: )

Et puis, la façon dont tu nous introduis l'environnement est juste géniale. On cerne rapidement les enjeux, on comprend très vite de quoi il en retourne. (Enfin, sauf pour la bagarre Dimitri-Ivan, mais bon. J'imagine qu'on comprendra ensuite, ou alors ce n'est pas utile au récit.)
J'adore le système de castes fondé sur les pouvoirs magiques. Et l'idée, rien que suggérée, que Cynthia en ait, justement. En bref, j'adore cet univers - ou juste les bribes que j'en entrevois pour l'instant.

J'ai cru comprendre que tu avais un correcteur attitré, donc je ne me pencherai pas sur les fautes, coquilles et autres petits défauts techniques. Déjà qu'il y en a très peu...
En vrai, tu as un style qui est très agréable à lire, très fluide. On s'immerge très facilement dans l'histoire du point de vue de Cynthia. Sachant qu'en plus, c'est au présent, et qu'il y a un très bon équilibre entre les descriptions, les dialogues et l'action, ça se lit très rapidement. En résumé, rien à dire du côté de l'écriture, à part éventuellement les deux ou trois trucs que relève GoldAngels (et dont je ne vais pas chiper le rôle).

En résumé, je suis fan. Officiellement. Et j'adorerais que tu me préviennes quand tu posteras la suite, parce que ce que j'ai lu était vraiment génial !
Merci d'avance,
vamp'

PS : Si ça peut te rassurer, ce genre de roman-fleuve n'arrivera pas souvent. :mrgreen:
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels,

Je crois que j’ai compris la leçon : cette bagarre manque clairement de détails ! :lol:

- Vu toutes les questions que tu te poses et qui soulèvent beaucoup d’incohérences, je compte voir ça en détail lorsque je me mettrais à corriger mes textes (actuellement, avec les partiels, c’est un peu… Délicat.).

- C’est vrai que je vais trop vite dans ce que je veux raconter. Il y a des scènes qui sont parfaitement retranscrites dans ma tête, donc quand je relis, je n’ai pas de problème de cohérence… D’autant plus que j’essaie de ne pas trop m’étendre sur les descriptions afin de ne pas me retrouver avec de gros pâtés de passivité dans mon récit (je me connais). Du coup, je réduis, mais je me rends compte que des fois on se perd par manque d’informations plus précises...

- « Mais il ne tarde pas à riposter en oubliant sa souffrance ; se jetant sur Dimitri, il lui attrape le cou… » Oui, en effet, il lui met une beigne après. Je vais retravailler ce passage.

- Bah, il est brun, il a des reflets roux nombreux à la lumière, donc pseudo-rouquin… Haha… Non ? Vraiment pas… ? :roll:

- « Son poing lancé vient s’enfoncer dans la chair sanguinolente… », Ok, j’ai compris, en fait j’ai omis un détail : la chemise n’est pas ensanglantée pour rien. Ivan a déjà entaillé le bras de Dimitri avant. J’étais pourtant sûre de l’avoir mentionné. My mistake !

- « pourquoi si Ivan est si déterminé à lui faire la peau est-ce qu'il vise le visage ? Ou alors c'est parce que Dimitri à esquissé une esquive ? » Je ne l’ai sans doute pas assez fait ressortir dans la scène, mais Ivan n’a pas un désir de vengeance « meurtrier », en quelque sorte. C’est beaucoup plus cruel que ça. Il veut faire du mal à Dimitri, beaucoup de mal. Et pour ça, sa meilleure idée et de viser son visage, l’entailler, le défigurer.


A propos des remarques externes à la scène de bagarre :

- Pour ce qui est du bâtiment, c’est toi qui a raison : ils changent bel et bien d’endroit à proprement parler. C’est moi qui ai mal fait passer le message.

- « …la terre appartenant à la famille Hamilcar, est gouvernée par un climat très agréable… » Je voulais bien parler de météo pure et dure ici, haha ! Je m’en vais changer d’expression au plus vite ;)

- « La rive droite est le lieu de résidence de certains Premiers dans la ville d'Anchoris là où, sur ma rive… » Je vois ce que tu veux dire au niveau du fait que ce soit une région et pas une ville. Mais par rapport à une éventuelle supériorité numérique des Champs-Fleureurs, j’avoue que là je ne saisis pas… :?
Et tant qu’on parle de la région, je comprends ta confusion pour le fleuve. Encore une fois, j’ai trop de choses dans la tête et pas assez sur le papier : en fait, le Kerchan traverse une grande partie du Prévoyer, et un peu avant Anchoris, se sépare en deux bras, formant un delta, d’où le « presque » … Mais ça évidemment tu ne peux pas l’inventer ! Il faudra que je songe à mettre une carte un de ces quatre, peut-être…

- Les yeux « bleus féroces » : j’ai oublié une virgule… :lol: Maintenant que tu l’as dit je le vois. Je voulais plutôt faire passer les émotions d’Ivan à travers son regard. Un truc du genre « l’expression de ses yeux, bleus, féroces… »

- « Entre la ferme puissance… » Je sais que j’ai foiré quelque part. Mais même moi je sais pas où. :|

- Promis c’est le dernier point ! Je profite de ta petite correction avec le verbe « deviner » pour te (re)dire que j’aime bien ce côté chipoteur : déjà, je ne l’aurais jamais vu de cette façon et tu m’apprends des choses. Et ensuite, pour la seconde et dernière fois parce que je n’aime pas me répéter, non TU NE ME VEXES PAS, TU NE ME VEXES PAS, TU NE ME…*litanie sans fin *

C’est pas comme si tu te pointais en me sortant d’un air condescendant « Bon, ma grande, alors, ça, là, c’est de la merde… ». De plus, tu prends le temps de le faire. Et pour ça, je te dis merci ! :)

Et oui, comme je suis du genre à écouter les conseils, j'essaie de pas trop me lâcher sur les gérondifs... Et j'avoue que c'est bien mieux comme ça!




Vampiredelivres,

Sache tout d’abord que je suis vraiment super-ultra contente d’avoir trouvé une nouvelle fan de ma grande histoire un peu bizarre :D :lol:
J’aime bien disséminer des petites choses qui paraissent sans importance dans mon récit, et qui prennent sens comme on emboîte les pièces d’un puzzle (même si pour moi c’est plus du 5000 pièces, en fait…). Donc oui, même cette scène de bagarre a une importance. Tout a une importance ;)
Merci d’être venue lire en tout cas, et c’est avec grand plaisir que je te préviendrais des nouvelles parutions !
Et ne t’en fais pas, les gros pavés ne me font pas peur ! :P


PS général : En raison de mes partiels, la suite n’arrivera pas directement, car je n’ai pas trop le temps en ce moment… Mais promis, je n’oublie pas de poster dès que l’occasion se présente !
GoldAngels

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par GoldAngels »

On veut du sang, des tripes, de la viande froide... et des excuses !! :lol: (pour ceux qui comprendront la référence ^^)
Pas de problème, prends ton temps :)
Hahaha, je connais ça aussi ^^' Mais c'est plus facile à voir chez les autres que chez soi ^^" (quoique j'y travaille aussi :D ) Et t'inquiètes pas pour les descriptions, tu es assez loin de Balzac, qui faisait des chapitres entiers de descriptions détaillées avant de mettre 5-6 lignes d'action :lol:
Je t'avoue, j'ai un peu de mal à voir, pour avoir essayé :twisted: ( :lol: ) comment on peut étrangler quelqu'un et lui coller une droite en même temps ^^'
Hahaha :D C'était pas le problème :D Mais s'il avait eu les cheveux bleus, comment l'aurais-tu qualifié 8-) ?
Effectivement, ce détail a sauté ^^
Aaaaaah !! D'accord, j'avais pas compris !! Ça fait tout de suite plus de sens ^^
C'est bien ce qu'il me semblait :D
Dommage, j'aimais bien l'image :lol:
En fait si j'ai bien compris, les Champs-Fleureurs sont la classe populeuse, et les Premiers sont les aristocraties, les élites. Aristocratie vient du grec et veut dire "le pouvoir des meilleurs". Au sein d'un groupe ou d'une communauté, l'élite est l'ensemble des individus considérés comme les meilleurs, les plus dignes d'être choisis, les plus remarquables par leur qualité. L'élite est une minorité qui se distingue du groupe auquel elle appartient et à laquelle on reconnaît une supériorité, une autorité morale.Il me paraît donc assez improbable que une poignée de gugus occupent à eux seul la moitié d'une région tandis que les petites-gens sont parqués dans l'autre :) Et oui, effectivement, c'est beaucoup plus clair comme ça :D (et une carte serait effectivement la bien venue ^^)
Ah d'accord ! Ça fait sens, au temps pour moi ^^
Hahahah :lol: On est d'accord :lol: Mais si même toi tu ne sais pas où... :lol:
Bon tant mieux ^^ Je crois que c'est retenu ^^'
J'en profite pour répondre à vampiredelivres d'abord pour lui dire que je suis globalement d'accord avec son point de vue et ses remarques, et ensuite pour lui dire que le titre de "correcteur attitré" m'a fait beaucoup rire et que je serai heureux de le partager avec elle si elle y tient vraiment :lol: :lol: :lol:
vampiredelivres

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Hai !

Pour toi, Xhantia : j'adore les devinettes intéractives dans les récits ! Ça donne tellement plus de suspense, et surtout tellement plus d'occasions d'élaborer des théories totalement foireuses.
J'attendrai par contre de voir la suite pour me demander éventuellement ce que tu nous réserves pour la suite. (Je suis du genre à me laisser porter par un récit, en général, sans chercher deviner. Sauf si c'est mis trop en évidence.)
Et puis, c'est un plaisir de te lire !

À GoldAngels : en fait, en général, je me contente de relever les fautes les plus classiques pour les personnes que je corrige (grammaire, orthographe, syntaxe, cohérence générale des phrases). C'est au final assez limité, alors que ce que tu fais est beaucoup plus poussé, donc je ne vois pas vraiment l'utilité de le faire. ;)
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonsoir!
Je profite de mon temps libre passé à [larver de façon léthargique] écrire et relire ma petite histoire pour en poster la quatrième partie. Peu d'actions, beaucoup de descriptions, un tas de pensées. Ne vous endormez pas, hein! ;)
Merci d'avance!


Partie 4


Cynthia


L’infirmerie est gérée par le membre d’une famille de Second spécialisée dans la médecine. Sur le Continent, on les appelle les Herboristes : ils peuvent amplifier la capacité de guérison des soins qu’ils utilisent. C’est une famille très riche et très étendue. J’ai lu qu’ils avaient un quasi-monopole pharmaceutique sur le Continent. Il paraîtrait même qu’ils sont capables de réparer des os brisés avec de simples pommades.

Fidèle à lui-même, c’est-à-dire aimable mais peu bavard, l’infirmier nous a emmenés silencieusement vers deux lits où nous installer afin de s’occuper de nous. Il a simplement déposé un onguent sur mon épaule avant de bander le tout, histoire de faire pénétrer la crème plus rapidement. Il a également fourni des vêtements de rechange à Dimitri. Il a nettoyé sa peau ensanglantée, recouvert sa main gauche d’une pâte à l’aspect gélatineux, et Dimitri a enduré, le visage crispé mais sans broncher, les huit points de suture qu’a effectués l’infirmier.

Pique. Traverse. Tire. Pique. Traverse. Tire….


Il a ensuite pansé son entaille. Vingt minutes plus tard, Dimitri s’est profondément endormi, silhouette mince et osseuse enfoncée dans un matelas inconfortable, un bras posé devant ses yeux.

Je pensais pouvoir partir rapidement, mais l’infirmier a préféré que je reste un peu afin de me reposer. J’ai donc décidé d’attendre que Dimitri se réveille.

Assise sur ma couchette, j’observe le lumineux paysage de fin d’automne à travers une grande fenêtre. Cela fait bientôt deux heures que j’attends -j’ai plus ou moins compté les minutes sur l’horloge en bois clair accrochée au mur-, et Dimitri dort toujours à poings fermés, comme si ça ne lui était pas arrivé depuis une semaine. Autant dire que je commence à trouver le temps un peu long. Plus la fin de la journée approche, plus les minutes semblent s’étirer à l’infini, comme un élastique qu’on ne saurait casser. Je me demande si je vais finir par mourir d’ennui ici avant de voir l’extérieur.

Un grognement sourd m’extirpe de mes pensées. Je tourne la tête vers Dimitri. Il laisse glisser son bras, ouvre les yeux, cligne plusieurs fois, cille un peu face à la lumière se déversant dans la pièce, s’étire, et secoue sa tête aux cheveux en bataille. Son regard a déjà repris la vivacité qu’il possède d’habitude. Il se réveille vite.

« Alors, bien dormi ? »

Il ne répond pas à ma question directement. Il préfère d’abord se racler la gorge et se jeter sur le verre d’eau que l’infirmier a laissé pour lui sur la table de chevet, le vidant d’un trait.

« Oui, ça va », il me répond d’une voix un peu rauque, mieux articulée, toujours avec cette prudence mesurée lorsqu’il ouvre la bouche.

« Combien de temps ?

- Deux heures. »

C’est en lui répondant que je remarque que ses yeux sont marqués par de profondes cernes. Elles ne se voyaient pas beaucoup tout à l’heure, mais avec le contrejour de la lumière, elles me sautent aux yeux. En entendant ma réponse, il hausse les sourcils, étonné.

- Ah oui, quand même…

- Tu m’as l’air fatigué.

- Oui, un peu. Même beaucoup je dirais, il me confirme, un petit sourire étirant ses lèvres fines.

- Je suis désolée de te dire que ça se voit plutôt bien.

- Tant que ça ? Il me questionne en posant son regard sur moi. Aaron a un petit côté insomniaque, et moi… Je n’ai jamais eu un très bon sommeil, à vrai dire. Mais c’est lui qui me pousse à dormir encore moins, aussi.

- Vous êtes dans la même chambre ?

- Oui. D’ailleurs, il n’arrêtait pas de s’inquiéter au sujet d’Ivan. Il voulait carrément barricader la porte pendant la nuit. Je l’ai dissuadé. Et ce qui devait arriver arriva.

Il passe doucement ses doigts sur sa joue endolorie, grimace un peu.

Au même moment, j’entends le bruit d’une porte qui s’ouvre. L’infirmier, ayant quitté son poste un moment, ne semble pas surpris de nous voir tous les deux réveillés. Nous gratifiant d’un aimable sourire, il s’occupe de vérifier nos bandages. Je suis en parfait état : le baume qu’il m’a appliqué à fait des miracles. Dimitri lui aussi est autorisé à sortir après s’être lavé et bandé la main, qui a repris une couleur presque normale. La blessure désormais propre trace une cruelle ligne rosée, quelque peu fripée sur sa joue droite. On l’a prévenu qu’il risquait d’avoir du mal à sourire dans les jours qui suivent.

Quand à rire, n’en parlons pas.

Derrière la porte, c’est Marie qui nous attend. Elle s’est adossée à un mur afin d’éviter le flux de gens qui passent dans le couloir. Je vois un garçon regarder Dimitri. Ses yeux descendent jusqu’à sa joue, et une pointe de pitié mêlée à de la peur s’allume dans son regard. La nouvelle d’une bagarre sanglante a dû se propager comme un feu de poudre.

Elle vient vers nous dès qu’elle nous aperçoit, et ne s’encombre pas de formalités :

« Dimitri, tu es convoqué. »

L’intéressé hoche la tête, impassible. Il nous fait un signe de la main en guise d’au-revoir, puis s’en va d’un pas pressé. Il a beau pouvoir plaider l’innocence, il n’a pas l’air fier.

Elle se retourne ensuite vers moi et me détaille d’un air un peu inquiet.

« Comment tu te sens ?

- En pleine forme, je lui réponds en faisant jouer mon épaule pour appuyer mes propos. Je ne sens plus rien.

- Tu sais que Jasmine était blanche comme un linge tout à l’heure, et qu’il a fallu que je la rassure pendant une bonne heure ?

Sa voix est neutre, mais je connais cette facette de Marie : ses yeux, légèrement plissés, me transpercent de leurs lames noisette, et ses lèvres pulpeuses sont serrées. Elle ne m’en veut pas, mais elle n’est pas contente du résultat. Du tout. Je n’arrive pas à soutenir son regard.

- Je vais aller la voir.

- Je me suis inquiétée aussi.

- Je te demande pardon. »




Jasmine est quelqu’un de très gentil. Mais elle est un peu trop émotive à mon goût. Bon, peut-être que je ne vois pas les choses comme elle les voit. C’est certain, d’ailleurs. Mais je ne pensais pas la retrouver assise sur son lit, son sac déjà fait, aussi pâle que ses draps clairs. Elle m’a littéralement sauté dessus, et j’ai dû passer un petit moment à la calmer avant de pouvoir ranger mes affaires à mon tour.

Le temps, comme je l’avais déjà remarqué, s’est écoulé avec une lenteur mortelle. J’ai eu l’impression qu’on déroulait un tapis sans fin devant mes pas. Impossible d’en voir le bout. Ici, le bout avait plutôt la forme d’un endroit inconnu.

J’ai trouvé le côté « vous avez une journée pour faire vos valises » un peu hypocrite. Personne n’a amené beaucoup d’affaires ici. Les affaires, c’est notre passé. C’est ce qu’on ne reverra plus. Dans tous les sens du terme. Tourner en rond en attendant de nous tirer d’ici n’est pas bénéfique. Je crois que ce qu’il s’est passé tout à l’heure en est un bon exemple.

Mais nous avons fini par sortir, par partir d’ici, à quatre heures précises, comme prévu. Pour moi, ce moment avait un air irréel. C’est ce sentiment que l’on éprouve lorsqu’on part sans réaliser qu’on ne reviendra pas, car les choses sont en continuité les unes avec les autres. C’est la même chose que j’ai ressentie en partant de chez moi.

Nous sommes montés dans une confortable diligence pour notre voyage. Je me suis sentie si bien à l’extérieur : j’avais presque peur de ne plus savoir ce qu’est la sensation du vent dans les cheveux, des pieds qui foulent le sol ou des nombreux bruits que l’air apporte au loin.
Drôle d’appréhension pour une fille de Champ-Fleureur.

On ne le sent pas lorsqu’on fait le trajet sur des roues, mais à travers la petite fenêtre de la diligence, on voit que la route menant à la capitale, et à notre objectif, monte. Enathon se trouve sur ce qu’on appelle les Rocs. Ce sont des espèces d’immenses saillies rocheuses, émergeant du sol tels de gigantesques monolithes. Il y en a un peu partout dans le sud du Continent, et personne ne sait comment ni pourquoi elles sont là. En tout cas, les gens n’ont pas attendu de réponse pour s’y installer. Beaucoup de villes y sont construites, profitant d’un bien meilleur ensoleillement et d’une position élevée offrant de magnifiques paysages. Lors de notre paresseuse ascension, j’ai pu admirer l’ombre du Roc se profiler sur un village au Soleil déclinant et, plus loin, les alentours baignés de la lumière de fin de journée. De petits villages sont reliés par des routes de terre au tracé aléatoire, l’endroit traversé d’une rivière tranquille. J’aperçois même un homme amener à pieds deux chevaux au pelage luisant à travers une plaine à l’herbe fauchée, dont je pourrais presque sentir l’odeur caractéristique depuis mon point d’observation.

Pendant un moment, j’ai vu Marie regarder le paysage avec des étoiles dans les yeux, un air d’enfant découvrant un beau cadeau. Puis j’ai pensé au Roc qui s’élevait non-loin de chez moi, bien plus petit que celui-ci. Une rivière y grimpait je ne sais par quel miracle, et, au sommet de la saillie, se faisait cascade. L’eau tombée formait un petit bassin où s’ébattaient nombre de petits poissons, et continuait paresseusement son cours jusqu’à la mer. Je ne sais pas combien de fois j’ai été me réfugier là-bas pour ne pas avoir à suivre mon père et mon frère dans les champs, ou pour pouvoir lire tranquillement.

L’établissement est situé en périphérie de la capitale. Façade large, pierres neuves, claires, fenêtres brillantes, massifs de fleurs : l’endroit en impose, et rend les maisons bourgeoises éparpillées aux alentours presque pauvres en comparaison.
Le temps pour moi d’étudier le bâtiment, une bonne partie des élèves est déjà rentrée et c’est Jasmine qui doit me tirer la manche pour m’encourager à faire de même. Je frissonne en remarquant les larges épaules d’Ivan plus loin devant nous, mais il n’a pas l’air de nous avoir remarquées. Ce qui est une très bonne chose.

Le grand portail d’entrée donne sur un immense jardin entretenu avec soin. Typique d’une décoration de Premier, des fleurs d’hiver se mélangent entre elles dans de gigantesques sculptures, des cascades, formant parfois de véritables dégradés de couleur. Le moindre buisson est taillé avec une précision qui ferait frémir le pointilleux tailleur de mon père. L’herbe alterne d’une façon organisée mais étrangement naturelle des pousses de trèfles à cinq feuilles et des étendues de gazon, donnant l’impression qu’on pourrait s’y allonger confortablement et y dormir pour l’éternité. Il n’y a pas de mots pour décrire la splendeur de l’endroit : on se sent vulgaire, au milieu de cette clairière bariolée et symétrique.

Plus personne ne pipe mot, observant avec des yeux ronds le jardin en se dirigeant vers une grande porte ouverte, aux motifs sculptés à même le bois. Aucune forme d’autorité à l’horizon. C’est à croire que nous sommes seuls ici. Chose qui ne me surprend plus vraiment, d’ailleurs : les locaux sont toujours parfaitement entretenus, tout est minutieusement réglé, mais je n’ai jamais vu personne au-delà de mes professeurs et, quelquefois, d’un membre de l’administration arpenter les couloirs.

Je rentre dans les derniers. A ma gauche, je sens une présence familière : ce sont Dimitri et Aaron qui nous ont retrouvées. Ils nous adressent un salut discret. Même avec près de deux cents élèves rassemblés dans l’entrée, la salle ne me semble pas chargée de monde. Le changement de décor est plus que radical : le parquet ciré est remplacé par des dalles de pierre lisses, formant des motifs géométriques aux nuances grises et brunes. Elles reflètent en partie l’énorme lustre pendu au plafond, parsemé de pierre d’aubaine, une roche ayant la particularité unique de renvoyer la lumière, sans rien absorber.

Les couleurs tapageuses et les motifs chargés ont totalement disparu : seule reste une décoration toute en élégance. Et pourtant, l’endroit paraît bien plus luxueux que notre ancien lieu de vie. Les murs sont décorés de tableaux et de draperies représentant des symboles de la noblesse ou des peintures à l’huile. Des colonnes en relief sont sculptées dans la pierre.
Les murs du fond sont en partie ornés d’étroits miroirs qui accentuent l’effet vaste de la pièce.

« Qu’est-ce que c’est beau… »

Ça, c’est Jasmine.

« Toujours plus d’argent à montrer. »

Et ça, c’est Aaron, à coup sûr.

La foule s’est mise à ralentir pour s’arrêter d’un coup à mi-chemin. Je manque de percuter la personne devant moi et jette un regard interrogateur en direction des garçons. Dimitri croise mon regard, hausse les épaules, et se tourne vers la source de l’attention générale. Les gens se sont dispersés sur toute la largeur de la salle, me laissant une vision plus claire de ce qu’il se passe.

Derrière moi, j’entends les lourdes portes se fermer, chassant avec elles l’air frais s’étant infiltré dans l’entrée. Et devant moi, sa silhouette reflétée par les étroits miroirs accrochés aux murs, se tient un homme d’âge mûr. Les gens cessent petit à petit de parler. L’attention se concentre sur lui.

Il est grand, mais il n’atteint pas Dimitri. A l’œil, je lui donne entre quarante et cinquante ans, mais la silhouette que lui taille son complet queue-de-pie est celle d’un homme plus jeune. Son visage est fin, sa peau blanche, et une barbe impeccablement taillée entoure ses lèvres. Il observe les élèves d’un air serein derrière ses lunettes… Rectangulaires. Elles ne sont pas rondes.

Des lunettes rectangulaires ? C’est une lubie de sa part ?


Le souffle de la voix de Jasmine parvient jusqu’à mes oreilles.

« Regardez son veston.

Je hausse les sourcils.

- Ce sont les armoiries de la Maison Litréans cousues sur sa veste, non ?

- Oui, me confirme Aaron. Je n’ai aucune idée de ce qu’il peut bien faire là. Ils ont tiré à la courte paille pour nous accueillir et c’est lui qui a perdu ?

- Je pense plutôt qu’il n’est pas ici par hasard, suggère Marie en penchant la tête. »

L’homme se racle la gorge. Ses yeux verts luisent à la lueur des bougies allumées sur le plafonnier. Je me rends compte qu’il déborde de charisme.

« Bienvenue dans votre nouvelle existence, Terciers ! »
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

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Xhantia a écrit :
Partie 4


Cynthia


L’infirmerie est gérée par un membre d’une famille de Seconds spécialisée dans la médecine. Sur le Continent, on les appelle les Herboristes : ils peuvent amplifier la capacité de guérison des soins qu’ils utilisent. C’est une famille très riche et très étendue. J’ai lu qu’ils avaient un quasi-monopole pharmaceutique sur le Continent. Il paraîtrait même qu’ils sont capables de réparer des os brisés avec de simples pommades.
Fidèle à lui-même, c’est-à-dire aimable mais peu bavard, l’infirmier nous a emmenés vers deux lits où nous installer afin de s’occuper de nous en silence :arrow: Pourquoi ? S'il avait choisi deux autre lits, il aurait dû vous parler ? Ici, "en silence" est complément circonstanciel de manière, mais tu l'as apposé à ta subordonnée "afin de s'occuper de nous" alors qu'il devrait compléter ta principale. Tu as deux possibilités : soit tu l'accoles à "emmenés", soit t'en fait une proposition indépendante : "... de nous. Il ne prononce pas un mot durant tout le temps que durent les soins.". Il a simplement déposé un onguent sur mon épaule avant de bander le tout, histoire de faire pénétrer la crème plus rapidement. Il a également fourni des vêtements de rechange à Dimitri. Il a nettoyé sa peau ensanglantée, recouvert sa main gauche :arrow: Je suis sans doute mauvais élève, mais je ne me souvenais pas que Dimitri avait été blessé à la main gauche... Quand et comment est-ce arrivé ? Et qu'est-ce qu'elle a, cette main ? d’une pâte à l’aspect gélatineux, et Dimitri a enduré, le visage crispé mais sans broncher, les huit points de suture à effectuer :arrow: Petite erreur syntaxique. "À effectuer" est une proposition infinitive impérative. Elle a pour fonction de donner l'ordre ou le conseil de faire quelque chose dans un présent relativement proche. Or, telle que tu commences ta phrase, on comprend que l'opération a déjà eu lieu. Tu peux mettre soit quelque chose comme : "Dimitri a encaissé sans broncher quand l'infirmier lui a dit qu'il aurait huit point de suture à effectuer", soit un truc du genre "Dimitri a encaisser sans broncher les huit points de suture qu'a effectués l'infirmier" afin de recoudre proprement sa joue. L’infirmier a ensuite pansé sa cicatrice :arrow: C'est une perte de temps mon avis. Et je n'avais pas saisi que Dimitri était un cousin de Wolverine :lol: Une cicatrice est la marque plus ou moins visible d'une plaie guérie, dont les tissus se sont réparés. On comprend que tu parles de l'entaille qu'il a reçue au bras, mais c'est mal dit ^^. Vingt minutes plus tard, Dimitri s’est profondément endormi, silhouette mince et osseuse enfoncée dans un matelas inconfortable, un bras posé devant ses yeux.

Je pensais pouvoir partir rapidement, mais l’homme :arrow: "L'infirmier" aurait été à mon sens plus avenu, mais là, je chipote ^^' a préféré que je reste un peu à l’infirmerie afin de me reposer. J’ai donc décidé d’attendre que Dimitri se réveille.
Assise sur ma couchette, j’observe le lumineux paysage de fin d’automne à travers une grande fenêtre. Cela fait bientôt deux heures que j’attends -j’ai plus ou moins compté les minutes sur l’horloge en bois clair accrochée au mur-, et Dimitri dort toujours à poings fermés, comme si ça ne lui était pas arrivé depuis une semaine. Autant dire que je commence à trouver le temps un peu long. Plus la fin de la journée approche, plus les minutes semblent s’étirer à l’infini, comme un élastique qu’on ne saurait casser. Je me demande si je vais finir par mourir d’ennui ici avant de revoir l’extérieur.
Un grognement sourd m’extirpe de mes pensées avant que j’aie pu m’y enfoncer un peu plus. :arrow: À mon sens, cette phrase est aussi "inutile" que mal dite. Deux heure à poireauter, effectivement, c'est long, surtout quand t'as rien à faire. Et en général, c'est là que nos pensées viennent nous polluer l'esprit. Mais elles ne viennent pas une par une, elles inondent notre cerveau. C'est là que je trouve la formule malheureuse. Je chipote peut-être un peu, mais pour moi, il n'y a pas de niveaux de pensée où on pourrait descendre par un ascenseur ou un truc comme ça (mais si c'est ton cas, considère que je n'ai rien dit ^^)... Ou alors, c'est parce que tu viens de te réveiller aussi ? Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire ^^" Je tourne la tête vers Dimitri. Il laisse glisser son bras, ouvre les yeux, cligne plusieurs fois, cille un peu face à la lumière se déversant dans la pièce, s’étire, et secoue sa tête aux cheveux en bataille. Son regard a déjà repris la vivacité qu’il possède d’habitude. Il se réveille vite.

« Alors, bien dormi ? »

Il ne répond pas à ma question directement. Il préfère d’abord se racler la gorge et se jeter sur le verre d’eau que l’infirmier a laissé pour lui sur la table de chevet, le vidant d’un trait.

« Oui, ça va », il me répond :arrow: Je suis un peu "old-school", mais j'ai vraiment du mal avec cette formulation ^^" "me répond-il", voire "répond-il" aurait largement suffi ^^ Même chose plus bas, avec "confirme" et "questionne" ^^ d’une voix un peu rauque, mieux articulée, toujours avec cette prudence mesurée lorsqu’il ouvre la bouche.

« Combien de temps ?

- Deux heures. »

C’est en lui répondant que je remarque que ses yeux sont marqués par de profondes rides :arrow: des cernes, non ? À moins que je ne me trompe ^^ de fatigue. Elles ne se voyaient pas beaucoup tout à l’heure, mais avec le contre-jour de la lumière, elles me sautent aux yeux. En entendant ma réponse, il hausse les sourcils, étonné.

- Ah oui, quand même…
- Tu m’as l’air fatigué.
- Oui, un peu. Même beaucoup je dirais, il me confirme, un petit sourire étirant ses lèvres fines.
- Je suis désolée de te dire que ça se voit plutôt bien.
- Tant que ça ? Il me questionne en posant son regard sur moi. Aaron a un petit côté insomniaque, et moi… Je n’ai jamais eu un très bon sommeil, à vrai dire. Mais c’est lui qui me pousse à dormir encore moins, aussi.
- Vous êtes dans la même chambre ?
- Oui. D’ailleurs, il n’arrêtait pas de s’inquiéter au sujet d’Ivan. Il voulait carrément barricader la porte pendant la nuit. Je l’ai dissuadé. Et ce qui devait arriver arriva.

Il passe doucement ses doigts sur sa joue endolorie, grimace un peu.
Au même moment, j’entends le bruit d’une porte qui s’ouvre. L’infirmier, ayant quitté son poste un moment, ne semble pas surpris de nous voir tous les deux réveillés. Nous gratifiant d’un aimable sourire, il s’occupe de vérifier nos bandages. Je suis en parfait état : le baume qu’il m’a appliqué à fait des miracles. Dimitri lui aussi est autorisé à sortir après s’être lavé et bandé la main, qui a repris une couleur presque normale. La blessure désormais propre trace une cruelle ligne rosée, quelque peu fripée sur sa joue droite. On l’a prévenu qu’il risquait d’avoir du mal à sourire dans les jours qui suivent. Quand à rire, n’en parlons pas.

Derrière la porte, c’est Marie qui nous attend. Elle s’est adossée à un mur afin d’éviter le flux de gens qui passent dans le couloir. Je vois un garçon regarder Dimitri. Ses yeux descendent jusqu’à sa joue, et une pointe de pitié mêlée à de la peur s’allume dans son regard. La nouvelle d’une bagarre sanglante a dû se propager comme un feu de poudre.
Elle vient vers nous dès qu’elle nous aperçoit, et ne s’encombre pas de formalités :

« Dimitri, tu es convoqué.

L’intéressé hoche la tête, impassible. Il nous fait un signe de la main en guise d’au-revoir, puis s’en va d’un pas pressé. Il a beau pouvoir plaider l’innocence, il n’a pas l’air fier.


Elle se retourne ensuite vers moi et me détaille d’un air un peu inquiet.
- Comment tu te sens ?
- En pleine forme, je lui réponds en faisant jouer mon épaule pour appuyer mes propos. Je ne sens plus rien.
- Tu sais que Jasmine était blanche comme un linge tout à l’heure, et qu’il a fallu que je la rassure pendant une bonne heure ?

Sa voix est neutre, mais je connais cette facette de Marie : ses yeux, légèrement plissés, me transpercent de leurs lames noisette, et ses lèvres pulpeuses sont serrées. Elle ne m’en veut pas, mais elle n’est pas contente du résultat. Du tout. Je n’arrive pas à soutenir son regard.

- Je vais aller la voir.
- Je me suis inquiétée aussi.
- Je te demande pardon. »


~~~~~~~~~~~



Jasmine est quelqu’un de très gentil. Mais elle est un peu trop émotive à mon goût. Bon, peut-être que je ne vois pas les choses comme elle les voit. C’est certain, d’ailleurs. Mais je ne pensais pas la retrouver assise sur son lit, son sac déjà fait, aussi pâle que ses draps clairs. Elle m’a littéralement sauté dessus, et j’ai dû passer un petit moment à la calmer avant de pouvoir ranger mes affaires à mon tour.

Le temps, comme je l’avais déjà remarqué, s’est écoulé avec une lenteur mortelle. J’ai eu l’impression qu’on déroulait un tapis sans fin devant mes pas. Impossible d’en voir le bout. Ici, le bout avait plutôt la forme d’un endroit inconnu.

J’ai trouvé le côté « vous avez une journée pour faire vos valises » un peu hypocrite. Personne n’a amené beaucoup d’affaires ici. Les affaires, c’est notre passé. C’est ce qu’on ne reverra plus. Dans tous les sens du terme. Tourner en rond en attendant de nous tirer d’ici n’est pas bénéfique. Je crois que ce qu’il s’est passé tout à l’heure en est un bon exemple.

Mais nous avons fini par sortir, par partir d’ici, à quatre heures précises, comme prévu. Pour moi, ce moment avait un air irréel. C’est ce sentiment que l’on éprouve lorsqu’on part sans réaliser qu’on ne reviendra pas, car les choses sont en continuité les unes avec les autres. C’est la même chose que j’ai ressentie en partant de chez moi.

Nous sommes montés dans une confortable diligence pour notre voyage. Je me suis sentie si bien à l’extérieur : j’avais presque peur de ne plus savoir ce qu’est la sensation du vent dans les cheveux, des pieds qui foulent le sol ou des nombreux bruits que l’air apporte au loin.
Drôle d’appréhension pour une fille de Champ-Fleureur.

On ne le sent pas lorsqu’on fait le trajet sur des roues, mais à travers la petite fenêtre de la diligence, on voit que la route menant à la capitale, et à notre objectif, monte. Enathon se trouve sur ce qu’on appelle les Rocs. Ce sont des espèces d’immenses saillies rocheuses, émergeant du sol tels de gigantesques monolithes. Il y en a un peu partout dans le sud du Continent, et personne ne sait comment ni pourquoi elles sont là. En tout cas, les gens n’ont pas attendu de réponse pour s’y installer. Beaucoup de villes y sont construites, profitant d’un bien meilleur ensoleillement et d’une position élevée offrant de magnifiques paysages. Lors de notre paresseuse ascension, j’ai pu admirer l’ombre du Roc se profiler sur un village au Soleil déclinant et, plus loin, les alentours baignés de la lumière de fin de journée. De petits villages sont reliés par des routes de terre au tracé aléatoire, l’endroit traversé d’une rivière tranquille. J’aperçois même un homme amener à pieds deux chevaux au pelage luisant à travers une plaine à l’herbe fauchée, dont je pourrais presque sentir l’odeur caractéristique depuis mon point d’observation.

Pendant un moment, j’ai vu Marie regarder le paysage avec des étoiles dans les yeux, un air d’enfant découvrant un beau cadeau. Puis j’ai pensé au Roc qui s’élevait non-loin de chez moi, bien plus petit que celui-ci. Une rivière y grimpait je ne sais par quel miracle, et, au sommet de la saillie, se faisait cascade. L’eau tombée formait un petit bassin où s’ébattaient nombre de petits poissons, et continuait paresseusement son cours jusqu’à la mer. Je ne sais pas combien de fois j’ai été me réfugier là-bas pour ne pas avoir à suivre mon père et mon frère dans les champs, ou pour pouvoir lire tranquillement.

L’établissement est situé en périphérie de la capitale. Façade large, pierres neuves, claires, fenêtres brillantes, massifs de fleurs : l’endroit en impose, et rend les maisons bourgeoises éparpillées aux alentours presque pauvres en comparaison.
Le temps pour moi d’étudier le bâtiment, une bonne partie des élèves est déjà rentrée et c’est Jasmine qui doit me tirer la manche pour m’encourager à faire de même. Je frissonne en remarquant les larges épaules d’Ivan plus loin devant nous, mais il n’a pas l’air de nous avoir remarquées. Ce qui est une très bonne chose.

Le grand portail d’entrée donne sur un immense jardin entretenu avec soin. Typique d’une décoration de Premier, des fleurs d’hiver se mélangent entre elles dans de gigantesques sculptures, des cascades, formant parfois de véritables dégradés de couleur. Le moindre buisson est taillé avec une précision qui ferait frémir le pointilleux tailleur de mon père. L’herbe alterne d’une façon organisée mais étrangement naturelle des pousses de trèfles à cinq feuilles et des étendues de gazon, donnant l’impression qu’on pourrait s’y allonger confortablement et y dormir pour l’éternité. Il n’y a pas de mots pour décrire la splendeur de l’endroit : on se sent vulgaire, au milieu de cette clairière bariolée et symétrique.

Plus personne ne pipe mot, observant avec des yeux ronds le jardin en se dirigeant vers une grande porte ouverte, aux motifs sculptés à même le bois. Aucune forme d’autorité à l’horizon. C’est à croire que nous sommes seuls ici. Chose qui ne me surprend plus vraiment, d’ailleurs : les locaux sont toujours parfaitement entretenus, tout est minutieusement réglé, mais je n’ai jamais vu personne au-delà de mes professeurs et, quelquefois, d’un membre de l’administration arpenter les couloirs.

Je rentre dans les derniers. A ma gauche, je sens une présence familière : ce sont Dimitri et Aaron qui nous ont retrouvées. Ils nous adressent un salut discret. Même avec près de deux cents élèves rassemblés dans l’entrée, la salle ne me semble pas chargée de monde. Le changement de décor est plus que radical : le parquet ciré est remplacé par des dalles de pierre lisses, formant des motifs géométriques aux nuances grises et brunes. Elles reflètent en partie l’énorme lustre pendu au plafond, parsemé de pierre d’aubaine, une roche ayant la particularité d’uniquement :arrow: L'adverbe ne va pas. Dans ta description, on s'en fout qu'elle ait d'autres propriétés. À la rigueur, adjectivé, ça passerait ("... la propriété unique de...") refléter la lumière. Les couleurs tapageuses et les motifs chargés ont totalement disparu : seule reste une décoration toute en élégance. Et pourtant, l’endroit paraît bien plus luxueux que notre ancien lieu de vie. Les murs sont décorés de tableaux et de draperies représentant des symboles royaux :arrow: Donc il y a un roi ? Quelle famille est-ce parmi celles que tu sites au début ? Et sinon, de quelle faction est-il ? Et pourquoi dans ce cas, ces familles aristocrates sont-elles si puissantes qu'elles disposent de leur propre capitale ? ou des peintures à l’huile. Des colonnes en relief sont sculptées dans la pierre.
Les murs du fond sont en partie ornés d’étroits miroirs qui accentuent l’effet vaste de la pièce.

« Qu’est-ce que c’est beau… »

Ça, c’est Jasmine.

« Toujours plus d’argent à montrer. »

Et ça, c’est Aaron, à coup sûr.


La foule s’est mise à ralentir pour s’arrêter d’un coup à mi-chemin. Je manque de percuter la personne devant moi et jette un regard interrogateur en direction des garçons. Dimitri croise mon regard, hausse les épaules, et se tourne vers la source de l’attention générale. Les gens se sont dispersés sur toute la largeur de la salle, me laissant une vision plus claire de ce qu’il se passe.

Derrière moi, j’entends les lourdes portes se fermer, chassant avec elles l’air frais s’étant infiltré dans l’entrée. Et devant moi, sa silhouette reflétée par les étroits miroirs accrochés aux murs, se tient un homme d’âge mur. Les gens cessent petit à petit de parler. L’attention se concentre sur lui. S’il est là, c’est qu’il doit avoir quelque chose à nous dire.

Il est grand, mais il n’atteint pas Dimitri. A l’œil, je lui donne entre quarante et cinquante ans, mais la silhouette que lui taille son complet queue-de-pie est celle d’un homme encore jeune et en bonne santé :arrow: Holà, ma belle, tout doux :lol: Le monde n'est pas manichéen :lol: Il n'y a pas d'un côté les jeunes en bonne santé, et de l'autre, les vieux grabataires :lol: On peut être "vieux" (tout dépend de l'epérance de vie dans ton monde, mais 40 ans, c'est encore relativement jeune ^^) et en bonne santé, l'un n'exclut pas l'autre. Après, c'est du détail, on voit très bien ce que tu veux dire ;) . Son visage est fin, sa peau blanche, et une barbe impeccablement taillée entoure ses lèvres. Il observe les élèves d’un air serein derrière ses lunettes… Rectangulaires. Elles ne sont pas rondes.

Des lunettes rectangulaires ? C’est une lubie de sa part ?

Le souffle de la voix de Jasmine parvient jusqu’à mes oreilles.


« Regardez son veston.
Je hausse les sourcils.
- C’est le logo :arrow: Aaah ! Donc les "Maisons" sont des entreprises !! Ça fait sens, ça répond du même coup à mes question sur le roi ^^ Non, plus sérieusement, le logo est l'icone par laquelle une marque donnée est tout de suite identifiable (comme la pomme croquée, le M jaune ou le losange creux). Pour une famille, on parlera plutôt de l'emblème ou des armes (au sens d'armoiries, bien sûr) de la Maison Litréans qui est cousu, non ?
- Oui, me confirme Aaron. Je n’ai aucune idée de ce qu’il peut bien faire là. Ils ont tiré à la courte paille pour nous accueillir et c’est lui qui a perdu ?
- Je pense plutôt qu’il n’est pas ici par hasard, suggère Marie en penchant la tête. »

L’homme se racle la gorge. Ses yeux verts luisent à la lueur des bougies allumées sur le plafonnier. Tout le monde se tait, tourne le regard vers lui. :arrow: Oui, mais c'était pas déjà le cas genre un paragraphe plus haut ? ^^" Et je me rends compte qu’il déborde de charisme.

« Bienvenue dans votre nouvelle existence, Terciers ! » :arrow: Franchement, je n'aurais pas pu trouver mieux comme formule pour clore ce chapitre. Ces simples mots en révèlent beaucoup à mon sens, pas tant dans l'histoire principale (encore que ^^) que dans les prochains chapitres. Ce petit rappel de leur condition par un Premier charismatique, lâché sur un ton badin de bienvenue, indique qu'ils vont sacrément en chier, et je trouve que c'est une excellente idée que tu as eue pour faire monter la pression et le challenge.
Et voilà pour ce quatrième chapitre :) !! J'ai encore un peu chipoté sur les détails, mais c'est de ta faute aussi, ta trame générale est de plutôt bonne qualité. Tes paragraphes s'agencent très bien entre eux et sont justement articulés par d'excellents dialogues. Ton histoire, du moins en ce qui me concerne, commence à se dessiner précisément, mais loin de gâcher ton texte, ça donne justement envie de lire. Ton style est fluide, il y a très (très) peu de fautes (et encore sont elles d’inattention), pas de lourdeurs majeures, bref, c'est un très bon chapitre :)
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

GoldAngels,
Il semble que je sois en retard sur mes propres corrections... :?
En fait, je corrige mes chapitres après avoir vu tes commentaires, ce que tu relèves comme incohérences ou fautes, tout ça tout ça: ce qui fait que dans mes documents, j'ai de jolis chapitres repensés... Mais pas ici :lol: C'est de là que vient l'incohérence de sa main gauche! Je vais poster les corrections de mes textes sous peu, comme ça, plus de risque de confusion!

"...avant que j’aie pu m’y enfoncer un peu plus": Je vois ce que tu veux dire, je ne l'avais pas du tout vu comme ça! Pour moi, ça avait plutôt un sens graduel en effet :D Du genre, quand on s'ennuie, on commence à penser à un peu n'importe quoi, et puis plus ça avance, plus on s'absorbe dans ses pensées en général... C'est plutôt quelque chose comme ça que je voulais dire. Je vais retravailler ma phrase ;)

Haha, toutes ces tournures de dialogue à la "il dit","elle lui répond", je n'y fait même pas attention! Mais j'avoue qu'en écrivant à la première personne et au présent, je ne sais pas, je trouve la tournure classique moins appropriée, alors que c'est celle qui s'utilise en temps normal... :| Après, si je vois que ça gêne aussi d'autres lecteurs ou si tu te frappes la tête contre ton clavier à chaque fois, je changerais sans soucis!

Oui, ce sont en effet des cernes, mes excuses :P

"des symboles royaux": encore une erreur d'inattention de ma part... En effet, je voulais plutôt parler de symboles associés souvent aux hautes sphères, à la noblesse! Et quand à tes autres questions...Je suis dans le regret de ne pouvoir y répondre :roll: ;)

Bon, cette fois-ci la majorité des fautes sont en fait de pures fautes inattention... Peut être devrais-je me concentrer un peu plus (et songer à me reposer aussi) pour éviter d'en refaire autant à l’avenir :lol:
En tout cas, merci encore! :D
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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Hellow !

Bon, on innove sur les commentaires de GoldAngels, ce ne sera pas de la correction, mais les premières idées qui me passent par la tête quand je lis ces passages.
Xhantia a écrit :Bonsoir!
Je profite de mon temps libre passé à [larver de façon léthargique] écrire et relire ma petite histoire pour en poster la quatrième partie. Peu d'actions, beaucoup de descriptions, un tas de pensées. Ne vous endormez pas, hein! ;)
Merci d'avance!

T'inquiète, après avoir lu le Seigneur des Anneaux et le Trône de Fer, je ne pense pas m'endormir devant une description, quelle qu'elle soit... ;)

Partie 4


Cynthia


L’infirmerie est gérée par le membre d’une famille de Second spécialisée dans la médecine. Sur le Continent, on les appelle les Herboristes : ils peuvent amplifier la capacité de guérison des soins qu’ils utilisent. C'est plutôt classe. C’est une famille très riche et très étendue. J’ai lu qu’ils avaient un quasi-monopole pharmaceutique sur le Continent. Il paraîtrait même qu’ils sont capables de réparer des os brisés avec de simples pommades. Wow. Ils peuvent pas venir dans nos hôpitaux ?

Fidèle à lui-même, c’est-à-dire aimable mais peu bavard, l’infirmier nous a emmenés vers deux lits où nous installer afin de s’occuper de nous en silence. Il a simplement déposé un onguent sur mon épaule avant de bander le tout, histoire de faire pénétrer la crème plus rapidement. Tranquillou, donc. C'est vrai que la magie, c'est cool. Il a également fourni des vêtements de rechange à Dimitri. Il a nettoyé sa peau ensanglantée, recouvert sa main gauche d’une pâte à l’aspect gélatineux, et Dimitri a enduré, le visage crispé mais sans broncher, les huit points de suture à effectuer afin de recoudre proprement sa joue. Aie... ? L’infirmier a ensuite pansé sa cicatrice. Vingt minutes plus tard, Dimitri s’est profondément endormi, silhouette mince et osseuse enfoncée dans un matelas inconfortable, un bras posé devant ses yeux.

Je pensais pouvoir partir rapidement, mais l’homme a préféré que je reste un peu à l’infirmerie afin de me reposer. J’ai donc décidé d’attendre que Dimitri se réveille. Je sens que tu vas attendre longtemps...
Assise sur ma couchette, j’observe le lumineux paysage de fin d’automne à travers une grande fenêtre. Cela fait bientôt deux heures que j’attends -j’ai plus ou moins compté les minutes sur l’horloge en bois clair accrochée au mur-, et Dimitri dort toujours à poings fermés, comme si ça ne lui était pas arrivé depuis une semaine. Autant dire que je commence à trouver le temps un peu long. Plus la fin de la journée approche, plus les minutes semblent s’étirer à l’infini, comme un élastique qu’on ne saurait casser. Je me demande si je vais finir par mourir d’ennui ici avant de voir l’extérieur. Cette comparaison était très jolie. ;)

Un grognement sourd m’extirpe de mes pensées avant que j’aie pu m’y enfoncer un peu plus. Tiens, la marmotte s'est réveillée. Je tourne la tête vers Dimitri. Il laisse glisser son bras, ouvre les yeux, cligne plusieurs fois, cille un peu face à la lumière se déversant dans la pièce, s’étire, et secoue sa tête aux cheveux en bataille. Son regard a déjà repris la vivacité qu’il possède d’habitude. Il se réveille vite. Waah, tellement à mon opposé... Je veux dire, je suis incapable de sortir de mon lit avant les dix minutes qui suivent mon réveil.

« Alors, bien dormi ? »

Il ne répond pas à ma question directement. Il préfère d’abord se racler la gorge et se jeter sur le verre d’eau que l’infirmier a laissé pour lui sur la table de chevet, le vidant d’un trait.

« Oui, ça va », il me répond d’une voix un peu rauque, mieux articulée, toujours avec cette prudence mesurée lorsqu’il ouvre la bouche.

« Combien de temps ?

- Deux heures. »

C’est en lui répondant que je remarque que ses yeux sont marqués par de profondes rides de fatigue. Elles ne se voyaient pas beaucoup tout à l’heure, mais avec le contrejour de la lumière, elles me sautent aux yeux. En entendant ma réponse, il hausse les sourcils, étonné.

- Ah oui, quand même… Heuu... je sais qu'on ne vit pas dans le même monde, mais pour moi, deux heures de sommeil, ça ne représente pas tant que ça.
- Tu m’as l’air fatigué. Nan, tu crois ?
- Oui, un peu. Même beaucoup je dirais, il me confirme, un petit sourire étirant ses lèvres fines.
- Je suis désolée de te dire que ça se voit plutôt bien. :lol:
- Tant que ça ? Il me questionne en posant son regard sur moi. Aaron a un petit côté insomniaque, et moi… Je n’ai jamais eu un très bon sommeil, à vrai dire. Mais c’est lui qui me pousse à dormir encore moins, aussi. Bien évidemment, c'est la faute à Aaron (je sais que ce n'est pas français !)
- Vous êtes dans la même chambre ?
- Oui. D’ailleurs, il n’arrêtait pas de s’inquiéter au sujet d’Ivan. Il voulait carrément barricader la porte pendant la nuit. Je l’ai dissuadé. Et ce qui devait arriver arriva. Flegmatique, le Dimitri. "Oh, je me suis fait ouvrir la joue pendant un combat au couteau contre un imbécile. Ça devait arriver de toute façon."

Il passe doucement ses doigts sur sa joue endolorie, grimace un peu.
Au même moment, j’entends le bruit d’une porte qui s’ouvre. L’infirmier, ayant quitté son poste un moment, ne semble pas surpris de nous voir tous les deux réveillés. Nous gratifiant d’un aimable sourire, il s’occupe de vérifier nos bandages. Je suis en parfait état : le baume qu’il m’a appliqué à fait des miracles. Abracadabra. Dimitri lui aussi est autorisé à sortir après s’être lavé et bandé la main, qui a repris une couleur presque normale. La blessure désormais propre trace une cruelle ligne rosée, quelque peu fripée sur sa joue droite. On l’a prévenu qu’il risquait d’avoir du mal à sourire dans les jours qui suivent. Quand à rire, n’en parlons pas. Je ne pense pas que ce soit son genre, donc ça ne va pas être très dérangeant.

Derrière la porte, c’est Marie qui nous attend. Elle s’est adossée à un mur afin d’éviter le flux de gens qui passent dans le couloir. Je vois un garçon regarder Dimitri. Ses yeux descendent jusqu’à sa joue, et une pointe de pitié mêlée à de la peur s’allume dans son regard. La nouvelle d’une bagarre sanglante a dû se propager comme un feu de poudre.
Elle vient vers nous dès qu’elle nous aperçoit, et ne s’encombre pas de formalités :

« Dimitri, tu es convoqué. Bon, ça au moins, c'est dit...

L’intéressé hoche la tête, impassible. Il nous fait un signe de la main en guise d’au-revoir, puis s’en va d’un pas pressé. Il a beau pouvoir plaider l’innocence, il n’a pas l’air fier.

Elle se retourne ensuite vers moi et me détaille d’un air un peu inquiet.
- Comment tu te sens ?
- En pleine forme, je lui réponds en faisant jouer mon épaule pour appuyer mes propos. Je ne sens plus rien.
- Tu sais que Jasmine était blanche comme un linge tout à l’heure, et qu’il a fallu que je la rassure pendant une bonne heure ? Pauuvre choupinette.

Sa voix est neutre, mais je connais cette facette de Marie : ses yeux, légèrement plissés, me transpercent de leurs lames noisette, et ses lèvres pulpeuses sont serrées. Elle ne m’en veut pas, mais elle n’est pas contente du résultat. Du tout. Je n’arrive pas à soutenir son regard. J'ai envie de dire, tu as fait ce qu'il fallait, Cynthia, tu n'as pas vraiment à t'excuser.

- Je vais aller la voir.
- Je me suis inquiétée aussi.
- Je te demande pardon. »


~~~~~~~~~~~



Jasmine est quelqu’un de très gentil. Mais elle est un peu trop émotive à mon goût. Je crois qu'on est d'accord là-dessus. Bon, peut-être que je ne vois pas les choses comme elle les voit. C’est certain, d’ailleurs. Mais je ne pensais pas la retrouver assise sur son lit, son sac déjà fait, aussi pâle que ses draps clairs. Elle m’a littéralement sauté dessus, et j’ai dû passer un petit moment à la calmer avant de pouvoir ranger mes affaires à mon tour. :lol: Amies trop nerveuses, je connais.

Le temps, comme je l’avais déjà remarqué, s’est écoulé avec une lenteur mortelle. J’ai eu l’impression qu’on déroulait un tapis sans fin devant mes pas. Impossible d’en voir le bout. Ici, le bout avait plutôt la forme d’un endroit inconnu.

J’ai trouvé le côté « vous avez une journée pour faire vos valises » un peu hypocrite. Personne n’a amené beaucoup d’affaires ici. Les affaires, c’est notre passé. C’est ce qu’on ne reverra plus. Dans tous les sens du terme. Tourner en rond en attendant de nous tirer d’ici n’est pas bénéfique. Je crois que ce qu’il s’est passé tout à l’heure en est un bon exemple. Ouais, je crois aussi.

Mais nous avons fini par sortir, par partir d’ici, à quatre heures précises, comme prévu. Pour moi, ce moment avait un air irréel. C’est ce sentiment que l’on éprouve lorsqu’on part sans réaliser qu’on ne reviendra pas, car les choses sont en continuité les unes avec les autres. C’est la même chose que j’ai ressentie en partant de chez moi. C'est marrant, tu arrives exactement à mettre les mots sur une sensation qui me poursuit et que je n'arrive pas à décrire depuis des années.

Nous sommes montés dans une confortable diligence pour notre voyage. Je me suis sentie si bien à l’extérieur : j’avais presque peur de ne plus savoir ce qu’est la sensation du vent dans les cheveux, des pieds qui foulent le sol ou des nombreux bruits que l’air apporte au loin.
Drôle d’appréhension pour une fille de Champ-Fleureur.

On ne le sent pas lorsqu’on fait le trajet sur des roues, mais à travers la petite fenêtre de la diligence, on voit que la route menant à la capitale, et à notre objectif, monte. Enathon se trouve sur ce qu’on appelle les Rocs. Ce sont des espèces d’immenses saillies rocheuses, émergeant du sol tels de gigantesques monolithes. Il y en a un peu partout dans le sud du Continent, et personne ne sait comment ni pourquoi elles sont là. C'est là qu'on est bien content de suivre les cours de géologie en terminale S :mrgreen: En tout cas, les gens n’ont pas attendu de réponse pour s’y installer. Tu m'étonnes, oui... Beaucoup de villes y sont construites, profitant d’un bien meilleur ensoleillement et d’une position élevée offrant de magnifiques paysages. Lors de notre paresseuse ascension, j’ai pu admirer l’ombre du Roc se profiler sur un village au Soleil déclinant et, plus loin, les alentours baignés de la lumière de fin de journée. De petits villages sont reliés par des routes de terre au tracé aléatoire, l’endroit traversé d’une rivière tranquille. J’aperçois même un homme amener à pieds deux chevaux au pelage luisant à travers une plaine à l’herbe fauchée, dont je pourrais presque sentir l’odeur caractéristique depuis mon point d’observation.

Pendant un moment, j’ai vu Marie regarder le paysage avec des étoiles dans les yeux, un air d’enfant découvrant un beau cadeau. Puis j’ai pensé au Roc qui s’élevait non-loin de chez moi, bien plus petit que celui-ci. Une rivière y grimpait je ne sais par quel miracle, et, au sommet de la saillie, se faisait cascade. Ouais, là par contre, les lois de la physique semblent être parties en fumée... :? L’eau tombée formait un petit bassin où s’ébattaient nombre de petits poissons, et continuait paresseusement son cours jusqu’à la mer. Je ne sais pas combien de fois j’ai été me réfugier là-bas pour ne pas avoir à suivre mon père et mon frère dans les champs, ou pour pouvoir lire tranquillement. Mais vu que ça me paraît être un endroit cool, je ne vais pas critiquer... XD

L’établissement est situé en périphérie de la capitale. Façade large, pierres neuves, claires, fenêtres brillantes, massifs de fleurs : l’endroit en impose, et rend les maisons bourgeoises éparpillées aux alentours presque pauvres en comparaison. J'adore cette description !
Le temps pour moi d’étudier le bâtiment, une bonne partie des élèves est déjà rentrée et c’est Jasmine qui doit me tirer la manche pour m’encourager à faire de même. Je frissonne en remarquant les larges épaules d’Ivan plus loin devant nous, mais il n’a pas l’air de nous avoir remarquées. Ce qui est une très bonne chose. Je suis d'accord là-dessus !

Le grand portail d’entrée donne sur un immense jardin entretenu avec soin. Typique d’une décoration de Premier, des fleurs d’hiver se mélangent entre elles dans de gigantesques sculptures, des cascades, formant parfois de véritables dégradés de couleur. Le moindre buisson est taillé avec une précision qui ferait frémir le pointilleux tailleur de mon père. L’herbe alterne d’une façon organisée mais étrangement naturelle des pousses de trèfles à cinq feuilles et des étendues de gazon, donnant l’impression qu’on pourrait s’y allonger confortablement et y dormir pour l’éternité. Il n’y a pas de mots pour décrire la splendeur de l’endroit : on se sent vulgaire, au milieu de cette clairière bariolée et symétrique. ... Waw !
Image


Plus personne ne pipe mot, observant avec des yeux ronds le jardin en se dirigeant vers une grande porte ouverte, aux motifs sculptés à même le bois. Aucune forme d’autorité à l’horizon. C’est à croire que nous sommes seuls ici. Chose qui ne me surprend plus vraiment, d’ailleurs : les locaux sont toujours parfaitement entretenus, tout est minutieusement réglé, mais je n’ai jamais vu personne au-delà de mes professeurs et, quelquefois, d’un membre de l’administration arpenter les couloirs. :lol: J'ai presque l'impression de voir les elfes de maison d'Harry Potter... ?

Je rentre dans les derniers. A ma gauche, je sens une présence familière : ce sont Dimitri et Aaron qui nous ont retrouvées. Ils nous adressent un salut discret. Même avec près de deux cents élèves rassemblés dans l’entrée, la salle ne me semble pas chargée de monde. Le changement de décor est plus que radical : le parquet ciré est remplacé par des dalles de pierre lisses, formant des motifs géométriques aux nuances grises et brunes. Elles reflètent en partie l’énorme lustre pendu au plafond, parsemé de pierre d’aubaine, une roche ayant la particularité d’uniquement refléter la lumière. Je veux cette roche ! Les couleurs tapageuses et les motifs chargés ont totalement disparu : seule reste une décoration toute en élégance. Et pourtant, l’endroit paraît bien plus luxueux que notre ancien lieu de vie. Les murs sont décorés de tableaux et de draperies représentant des symboles royaux ou des peintures à l’huile. Des colonnes en relief sont sculptées dans la pierre.
Les murs du fond sont en partie ornés d’étroits miroirs qui accentuent l’effet vaste de la pièce.

« Qu’est-ce que c’est beau… »

Ça, c’est Jasmine.

« Toujours plus d’argent à montrer. »

Et ça, c’est Aaron, à coup sûr. :lol:

La foule s’est mise à ralentir pour s’arrêter d’un coup à mi-chemin. Je manque de percuter la personne devant moi et jette un regard interrogateur en direction des garçons. Dimitri croise mon regard, hausse les épaules, et se tourne vers la source de l’attention générale. Les gens se sont dispersés sur toute la largeur de la salle, me laissant une vision plus claire de ce qu’il se passe.

Derrière moi, j’entends les lourdes portes se fermer, chassant avec elles l’air frais s’étant infiltré dans l’entrée. Et devant moi, sa silhouette reflétée par les étroits miroirs accrochés aux murs, se tient un homme d’âge mur. Les gens cessent petit à petit de parler. L’attention se concentre sur lui. S’il est là, c’est qu’il doit avoir quelque chose à nous dire. Naan, vraiment ?

Il est grand, mais il n’atteint pas Dimitri. A l’œil, je lui donne entre quarante et cinquante ans, mais la silhouette que lui taille son complet queue-de-pie est celle d’un homme encore jeune et en bonne santé. Son visage est fin, sa peau blanche, et une barbe impeccablement taillée entoure ses lèvres. Il observe les élèves d’un air serein derrière ses lunettes… Rectangulaires. Elles ne sont pas rondes. Ce n'est pas Harry, donc.

Des lunettes rectangulaires ? C’est une lubie de sa part ? Est-ce que c'est vraiment un truc bizarre, dans ce monde ?

Le souffle de la voix de Jasmine parvient jusqu’à mes oreilles.

« Regardez son veston.
Je hausse les sourcils.
- C’est le logo de la Maison Litréans qui est cousu, non ?
- Oui, me confirme Aaron. Je n’ai aucune idée de ce qu’il peut bien faire là. Ils ont tiré à la courte paille pour nous accueillir et c’est lui qui a perdu ? :lol: Charmant !
- Je pense plutôt qu’il n’est pas ici par hasard, suggère Marie en penchant la tête. » Ce serait effectivement plus intéressant.

L’homme se racle la gorge. Ses yeux verts luisent à la lueur des bougies allumées sur le plafonnier. Tout le monde se tait, tourne le regard vers lui. Et je me rends compte qu’il déborde de charisme.

« Bienvenue dans votre nouvelle existence, Terciers ! »
Pour une conclusion de chapitre, celle-ci est vraiment classe !
D'ailleurs, je me pose la question... est-ce qu'on va changer de point de vue, à un moment donné ?
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Vampiredelivres,
J'aime beaucoup le concept, haha! :D

Je vois que Dimitri t'a quand même un peu étonnée dès fois. C'est normal. Il est, euh... Particulier. Et je t'assure, deux heures de sommeil c'est déjà pas mal pour lui, d'autant plus si ce n'est pas un gros dormeur!
Je t'avoue que je ne le vois pas non plus se taper une grosse barre, c'est pas faux... :lol:

Ah, la géologie au lycée, dédicace au granit d'anatexie et aux mouvements de compression... Fallait bien que ça serve! :P
Je l'ai sans doute mal décrit dans mon texte, mais ne t'imagine pas les Rocs comme saillant presque à la verticale, et la rivière le remonter dans le plus grand des calme chez Cynthia! Les pentes sont très douces, et peu escarpées. C'est en partie pour ça qu'il arrive ce genre de choses (il n'y a pas beaucoup de rivières qui font ça sur le Continent quand même, je te l'accorde...).

La comparaison avec Harry Potter est ma foi plutôt juste!
Et en parlant de l'étrange monsieur: non, ce genre de montures, sur le Continent, n'est pas courante. La société du Continent s'apparente plus aux décennies précédant la "Belle Époque" de chez nous, et encore... La grande mode, ce sont les lunettes rondes, voire les monocles. Du coup, cet homme passe un peu pour un original.

Aaron a toujours des réflexions très pertinentes et pleines d'esprit, tu verras :)

Alors, la réponse est: oui, définitivement! Pas directement, et au début, ce sera peut-être de façon un peu sporadique, mais c'est bel et bien prévu! ;)

En tout cas j'adore! Tu m'as aussi faite pas mal rire avec certains commentaires, et tes petits gifs tout mignons tout choupis. Je peux voir comment tu appréhendes ce que j'écris, et c'est bien cool, parce que si ça correspond pas du tout à ce que je voulais faire passer, eh ben ça se voit.
Merci!
Mimori

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Mimori »

Bien le bonjour !

J'avais mis ton histoire dans mes marque-pages après avoir brièvement parcouru les premières lignes, chargées de mots qui avaient attiré mon attention. "Premiers", "Seconds", "Terciers", "Champs-Fleureurs", sans oublier les noms des six maisons si bien choisis. Pour faire court, disons que ce vocabulaire a su faire carburer mon imagination à pleines turbines.
Aujourd'hui, j'ai enfin eu le temps de m'y pencher plus sérieusement, et c'est tant mieux !

Ma première impression était la bonne : tu parviens, en quelques paragraphes à peine, à nous transporter dans ton monde. On le connaît à peine qu'on se sent déjà emballé à l'idée de le découvrir. Et plus on s'enfonce dans le texte, plus on va de surprise en surprise. Niveau écriture, je vois qu'on t'a déjà prodigué quelques conseils, et je n'ai pour ma part pas grand-chose à y ajouter. Ils savent l'expliquer bien mieux que moi (surtout compte tenu du fait que j'ai moi-même tendance à sur-abuser du gérondif.) Mais stylistiquement parlant, je n'ai rien à redire, chapeau bas ; tu as le petit truc qui fait tilt, j'ai beaucoup aimé te lire et je vais sans nul doute continuer à aimer te lire.
Les personnages sont bien dépeints et parfaitement différenciables. Tu donnes dès le départ une idée du caractère de chacun, que ce soit via la narration ou par le biais du dialogue. Je pense parvenir à mieux les cerner grâce aux passages suivants, d'autant plus que je suis particulièrement intriguée par l'émotivité de Jasmine.

En bref, je te félicite et te remercie de partager tes écrits avec nous. J'attends la suite avec hâte, j'ai vraiment envie de savoir ce que va bien pouvoir être l'élément perturbateur...
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Mimori,
Je suis vraiment très heureuse que ma petite histoire te plaise!
Tous ces compliments sont très flatteurs :D En tout cas, je serais ravie de te prévenir lorsqu'un nouveau chapitre sera sorti!

A ce propos, je vais faire de mon mieux, mais mon emploi du temps assez chargé et mon état de santé s'apparentant plus ou moins à une flaque de boue me retardent.... Je n'oublie pas, cependant! ;)
Ysaya

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Ysaya »

Salut! Alors là bravo!! *clap clap* c'est une histoire qui commence fichtrement bien!! Tu as un style très agréable à lire et ton univers et bien pensé. J'espère que tu mettra bientôt une suite si c'est un cas est ce que tu pourrais me prévenir s'il te plait?
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Ysaya,
Pas de souci, compte sur moi pour te prévenir!
Et merci beaucoup! :D
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Bonsoir!
Les cours ont repris, les maladies ont repris, les examens ont repris, du coup, mes écrits arrivent plus lentement qu'en période de vacances... Cependant, voici cette fois une partie plus longue que les autres, car changement de point de vue!
Enjoy, et merci encore de me lire!



Partie 5



« Laissez-moi vous faire part du bonheur que j’ai à voir ici, réunie, la prochaine génération des hommes et des femmes de l’ombre de notre belle société. Je brûle d’impatience de voir de quoi demain sera fait.

« Politesse avant tout : je me nomme Geoffroy, je travaille pour la Maison Litréans, et c’est moi qui suis en charge de tout ce qui tourne autour du corps professoral ici. Je serais également votre professeur de logique.

« J’imagine facilement votre joie de finir enfin cette période de remise à niveau. Désormais, retenir simplement des choses par cœur, c’est terminé. Nous comptons sur vous pour exceller en travaux pratiques et savoir vous servir de votre tête, exercice autrement plus difficile. Si certains préfèrent retourner plonger le nez dans leurs manuels, je ne les forcerais pas à rester… »

Un petit rire parcourt l’assistance.
L’homme aux yeux verts hausse les épaules, un petit sourire aux lèvres.

« A partir de maintenant, c’est votre véritable formation, et un avant-goût de ce qui vous attend dans le futur, qui commence. Je vous invite à prendre note de tout ce qu’il sera dit, écrit, distribué, affiché et annoncé. Les nouvelles seront régulièrement punaisées ici. Vous aurez du mal à les rater. Sachez également que dans plusieurs semaines, vous recevrez une visite qu’il convient de ne pas boycotter.»

Certaines personnes se regardent entre elles. Je lève un sourcil. Impossible de deviner quoique ce soit derrière ces lunettes, sur ce visage calme et impénétrable. Il a visiblement l’habitude de s’exprimer en public.

«Les longs discours ne sont pas mon fort. Je me contenterais de faire vite, en vous disant que vos classes débutent à neuf heures demain matin. A priori, vous ne devriez pas avoir trop de mal à vous repérer, car tout est indiqué ici. Vos chambres portent les mêmes numéros que dans l’établissement d’où vous venez.

Marie me donne un léger coup de coude. Sans tourner la tête vers elle, je me penche près de son oreille.

« Cinquante-quatre. »

« Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée. »

Il nous adresse un sourire, s’incline légèrement. Les élèves l’applaudissent avec enthousiasme, et je me joins à eux de bon cœur. Geoffroy ne m’a pas l’air d’être un Premier. Un Premier ne mettrait jamais les pieds ici.

« Ce type dégage un truc, fait remarquer Aaron, les bras croisés. Je sais pas ce que c’est, mais il serait capable de nous faire croire qu’un chat est un lapin.

- C’est ce qu’on appelle du charisme, lui répond Dimitri.

- Je pense qu’il a un rôle important dans la Maison Litréans, je ne peux m’empêcher de dire. Il porte les armoiries sur sa veste. Normalement, il n’y a que la famille et les proches qui ont ce droit.

- Oui, mais un Litréans ne viendrait jamais ici, me rappelle Jasmine. Les Premiers n’ont pas que ça à faire, venir dire bonjour à des futurs valets. »

Je n’ai pas jugé utile d’écouter le reste de la conversation qui allait sans aucun doute se mettre à tourner en rond. Le trajet a duré plus d’une heure : tout ce dont j’ai envie actuellement se résume à de l’eau chaude et du calme. La foule n’a jamais été une chose avec laquelle je suis à l’aise.

Le grand hall d’entrée est hexagonal, et plusieurs couloirs y débouchent. Je repère très vite les écriteaux nous permettant de nous repérer au-dessus des portes. Tirant la manche de Jasmine, je lui indique mon envie de retrouver notre chambre. Voyant que les autres élèves ont visiblement eu la même idée, nous saluons nos camarades et nous engouffrons dans le couloir menant à nos dortoirs.



La chambre numéro cinquante-quatre se trouve tout au bout du couloir, un peu en retrait, et globalement à l’abri de la majorité des nuisances sonores. Nous entrons dans une pièce qui doit approximativement faire deux fois la taille de notre ancienne chambre. Le sol en pierre claire forme de grands losanges aux teintes de brun changeant selon leur exposition à la lumière. Un énorme tapis ouvragé recouvre presque les deux tiers de la pièce.

Tandis que je referme la porte derrière mes amies, je peux admirer les grandes tapisseries accrochées aux murs. L’une, encadrée d’ornements à la couleur délicatement cuivrée, est une carte du Continent dont les noms s’animent, les Prévoyers du Nord se couvrent de neige et les bateaux venant de la mer voguent paisiblement. Une autre, copie d’un célèbre tableau, représente une scène de la vie quotidienne de jeunes bourgeoises. Un lustre surmonté de petites bougies, semblable à celui pendu dans le hall, est le seul éclairage de la pièce. Une imposante coiffeuse et deux commodes dont les bords sont sculptés de motifs floraux n’attendent que nos affaires pour donner un peu de vie à l’endroit. Sur l’une d’elles, un petit gramophone d’excellente facture est posé, recouvert d’une très fine pellicule de poussière. Et au fond de la salle, juste sous une énorme fenêtre au verre impeccablement nettoyé, se trouvent nos trois lits. Les lueurs du couchant allument des couleurs chaudes dans la chambre.

« Qu’est-ce que c’est, ça ?

C’est Jasmine qui a parlé, se dirigeant vers une porte à sa droite que je n’avais pas vue. Elle l’ouvre, et dévoile une petite salle de bains. Une grosse baignoire aux tons cuivre est posée au milieu de la pièce. Deux grands seaux n’attendent que d’être remplis par l’eau d’une petite pompe installée dans un coin, et chauffés grâce à un vieux poêle.

Marie regarde par-dessus mon épaule et cligne des yeux.

« On a une salle de bains rien que pour nous !

- Je me lave la première, je leur dis d’un ton sans appel.

- Fourbe ! s’écrie Jasmine d’un air faussement outrée. Pour la peine, je choisis le lit de droite !

- Le mien, c’est celui de gauche.

- Et vous me laissez celui juste en-dessous de la fenêtre, soupire Marie. Merci les filles.

- Compte sur nous ! » l’embête Jasmine en lui adressant un grand sourire faux.

Vaincue, la plantureuse jeune femme se met à vider son sac pour ranger ses affaires. Jasmine, elle, préfère aller étudier le plan du bâtiment accroché à côté de la porte d’entrée. Quant à moi, je me contente de jeter mon sac sur mon lit et de sortir les affaires indispensables à ma toilette. Le temps de déboutonner la veste que j’avais enfilée pour sortir et de délacer le corsage de ma robe, mes deux amies sont déjà installées, et tout bruit venant du couloir semble s’être tu. Seul le souffle léger du vent sur la vitre accompagne la voix de Marie, qui appelle les bougies du lustre.

« Allumez-vous. »

Les bougies s’embrasent alors une par une, dans le sens des aiguilles d’une montre, le long du plafonnier. Les flammes dansantes donnent l’impression que les tapisseries ondulent doucement sous l’effet d’une brise inexistante.
Je finis de me déshabiller, laisse mes affaires en désordre sur mon lit et me réfugie dans notre petite salle de bains. Tremblotante, je m’enroule dans une des serviettes mises à disposition et appelle le vieux poêle afin de réchauffer un peu l’air de la pièce.

« Chauffe, s’il te plait. »

La machine fatiguée crachote un peu avant de se mettre paresseusement en route. Une tiède lumière envahit la pièce. Je me dirige vers l’imposant seau en métal posé sur le poêle, et y fait chauffer patiemment de l’eau, réfléchissant à nos futurs lendemains. L’eau versée dans le grand bac fume et réchauffe la pièce elle aussi ; bientôt, une fine pellicule de buée recouvre la petite fenêtre du lieu d’un linceul flou.

L’onde translucide et brillante que souligne la chaleur du feu caresse ma peau et mes cheveux tandis que je m’enfonce dans les profondeurs du bac. L’eau a toujours eu le don de m’apaiser ; elle nettoie le corps et l’esprit, et ne laisse de moi qu’une âme lucide, lavée de tous tourments. Je profite du bain jusqu’à ce que je sente le liquide autour de moi se refroidir et que j’entende Marie toquer gentiment à ma porte pour s’assurer que je ne suis pas « morte en plongeant la tête la première ».

En redressant la tête, je me rends compte que le carreau de la fenêtre est noir : la nuit est quasiment tombée sur la ville. Je me dépêche de m’enrouler autour de ma serviette, de vider l’eau, et de me sécher le plus près possible du poêle. Malgré le fait que l’eau désormais refroidie ait réchauffé l’air ambiant, je frissonne longuement. Je ne me fais pas prier pour retourner me changer, gagnant au passage des applaudissements sarcastiques de la part de Marie et un éclat de rire de Jasmine.





Aaron



Y a pas à dire, Dimitri est un homme vachement pratique.
Avec sa taille et son air pas forcément commode, il se fraie facilement un chemin dans la foule. Il ne me reste qu’à suivre sa silhouette haute pour retrouver notre chambre comme par magie.

Je me souviens encore du jour où je suis arrivé, séparé de Marie, pour chercher une place dans les chambres déjà occupées. Dans les plus grandes, les nombreux lits étaient tous recouverts d’effets personnels, et la plupart des personnes avaient déjà fermé leur porte aux autres dans le sens propre du terme. Les rares chambres restantes étaient celles où on logeait à deux. Du coup, je n’ai pas vraiment eu le choix.

Quand il m’a vu entrer, Dimitri n’a pas dit grand-chose. Il s’est contenté d’un bonjour poli. La deuxième phrase sortie de sa bouche en ma présence marquait la première fois que je le voyais perdre patience. Il a passé la porte de la chambre et répondu avec véhémence à un type dans le couloir, faisant résonner sa voix tonitruante et sursauter les élèves qui avaient le malheur de passer par là.

Ce type, c’était Ivan. Comme quoi, rien n’est dû au hasard.

Tout bien réfléchi, je ne regrette pas d’avoir pris cette chambre. Ça a pas mal fait parler les autres gars au départ, deux types qui partagent la même chambre. Et puis ils ont vu Dimitri. Plus précisément, ils ont vu Dimitri s’agacer contre Ivan. Ils ont vu son regard comparable à la plus acérée des lames lorsqu’il n’est pas d’humeur.

Les rumeurs se sont très vite éteintes après ça.

Dimitri ne le montre pas comme ça, mais il est très facile à vivre : il peut écouter parler des heures sans broncher, et il a un point de vue toujours très développé sur les choses. Le problème, c’est qu’il semble complètement insensible à tout ce qui touche à l’humour. Enfin, à mon humour. Et pourtant, je suis quelqu’un d’hilarant. Je n’ai réussi à le faire ricaner qu’une fois, et encore. Je m’estime chanceux d’être parvenu jusque-là.

Une bonne douche, c’est une des meilleures choses au monde. Elles étaient beaucoup trop rares lorsque j’étais gamin. En m’essuyant pensivement les cheveux, j’ai songé au fait que cela faisait plus de six mois que nous partagions la même chambre, Dimitri et moi. Tous ces soirs trop calmes, à me couper minutieusement les cheveux tandis qu’il était là, assis sur son lit, l’air pensif ou juste assoupi. Tous ces soirs studieux où je lui apprenais des moyens pour retenir ses leçons. Tous ces soirs où, dépité, il me regardait buter sur mes tables de multiplication. Nous avons beaucoup parlé. Mais il y a une chose sur laquelle je n’ai jamais rien appris.

C’est lui.

Quand on a grandi dans la rue, on a l’habitude de ne rien dire sur soi. C’est ma doctrine, ce que mon père m’a répété tant de fois. Seulement, on s’ouvre toujours à quelqu’un un jour : c’est un mécanisme humain très utile pour ne pas finir seul (et pour dérober des informations, aussi). Mais Dimitri n’a presque pas décroché un seul mot sur sa personne depuis que je le connais. C’est comme si mon ami était un mur vierge : solide, sur lequel on peut se reposer, mais insondable.


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« Au fait, t’es d’où toi ?
- Je viens du Prévoyer Litréans. Frontière Nord. »


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« Quand je t’entends parler, j’ai l’impression que tu as beaucoup voyagé quand t’étais gamin.
- Non, pas vraiment. J’ai toujours bien aimé grimper un peu partout. Aussitôt sorti de l’école, je prenais à peine le temps de rentrer déposer mes affaires, et je m’échappais par la fenêtre de ma maison. Je déambulais sur les toits. Et il m’est arrivé d’aller très loin comme ça.
- J’ai souvent fait la même chose quand j’étais petit. Mais je n’allais pas à l’école, et je faisais ça constamment. Ce qui m’a valu quelques baffes monumentales quand je ne rentrais pas à l’heure. Tes parents ne s’inquiétaient jamais pour toi ?
- Disons que ma mère travaillait tard, donc je n’avais pas trop à m’en faire.
- Et ton père ?
- Il s’en fichait. Il passait son temps à boire et à jouer aux cartes. »


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_______


« Avec Marie, on a été forcés de travailler jeunes. C’était pas vraiment notre place, mais c’était comme ça que ça marchait, chez nous.
- J’ai dû faire la même chose pour pouvoir aider ma mère à joindre les deux bouts à la maison.
- Je ne sais pas toi, mais au final on a pu se faire quelques économies. Ça payait plutôt bien, les travaux physiques à la capitale. Tu faisais quoi ?
- J’étais coursier.
- Coursier ? Les services postaux ne suffisaient pas, là où tu étais ?
- Il y avait des gens qui dépendaient en partie de mes services.
- Qui, par exemple ? Des riches ?
- Oui.
- Des Seconds ?
- Non.
- Des gens connus ?
- Oui. »


_______



Plus j’y réfléchis, et plus je me dis qu’il y a des choses que je ne sais pas. Oh, bien sûr, pas tous ces détails sur lui que je finirais par connaitre un jour. C’est autre chose. C’est ce qui me pousse à lui parler, maintenant, tandis qu’il range silencieusement le contenu de son sac dans la commode. Le feu du lustre souligne les reflets roux de sa chevelure et donne un air presque famélique à son ombre longiligne.

« J’ai une question à te poser. »

Je crois que ma phrase sortie de nulle part le prend au dépourvu, au vu de la tête qu’il tire en se retournant. Ses yeux aux teintes vert sombre se plissent un instant, comme s’il cherchait à pénétrer mon âme afin de voir où je veux en venir. Il m’adresse un sourire qui se veut sympathique.

« Je t’en prie. A priori, t’as le droit.

- Ouais, mais…. C’est pas forcément facile.

Il se fige, fronce ses sourcils moins épais que les miens. Après quelques secondes de silence total, il vient s’asseoir lourdement sur son lit, en face de moi, déboutonnant son veston avec tranquillité. Je me lance.

- Tu m’as jamais vraiment parlé de toi. Je sais qu’on est pas encore les meilleurs amis du monde, même si je suis génial et que ça ne saurait tarder. Mais j’ai vu pas mal de trucs depuis qu’on est arrivés ici. J’ai un ours trop calme en guise de camarade de chambre, et il semble s’être attiré des emmerdes depuis longtemps. Enfin, si on considère Ivan comme une emmerde, ce qui est bien peu de mon avis.

Je m’arrête un instant pour jauger sa réaction.
La neutralité exagérée de son visage me fait tiquer. Déjà, il n’a pas saisi mon trait d’humour. Mais en plus, il ne semble pas vouloir parler. Ou plutôt, il ne semble pas vouloir en parler. Si je ne le connaissais pas un peu, je dirais simplement qu’il est agacé par mon monologue.

Or, il a l’air de savoir où je veux en venir. Et c’est ça qui le dérange.
Quelque chose me revient en tête. Je ne sais pas vraiment d’où ça sort, mais j’ai le souvenir tenace de la première altercation de Dimitri ici. Plus je songe à ce dont je n’ai aucune idée, et plus j’ai la sensation de mettre le doigt sur quelque chose.

« Je ne l’avais pas remarqué avant, mais en fait, tu connais Ivan depuis longtemps. »

Il y a un instant de flottement. Quelque chose est suspendu dans l’air.

« Oui.

- Vous ne vous êtes jamais entendus ?

- Aaron. »

Un peu pris au dépourvu, je plante mon regard dans le sien. Il me le rend sans ciller. Aucune trace d’hostilité sur son visage. Je ne l’ai pas vexé, mais sa réponse est clairement un avertissement.

L’énorme livre qu’il trimballe depuis que je l’ai rencontré est posé sur son lit. Honnêtement, je ne sais pas de quoi il parle : la lecture, c’est pas mon truc. Mais il en a déjà lu un bon tiers, et vu que même moi je n‘arrive pas à le déconcentrer quand il lit, je me dis qu’il doit être passionnant.
Il serre les lèvres.

« Désolé. Je ne suis pas vexé. Mais je préfèrerais remettre ça à plus tard. J’ai besoin de dormir.

Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant.

- Aucun problème. Si jamais tu as peur des créatures cachées sous ton lit, n’hésite pas à me réveiller… »

Il soupire, lève les yeux au ciel. Mais il sourit. Un peu seulement, à cause de sa joue. Et ça, c’est déjà pas mal.

Je sais que cette conversation « remise à plus tard » n’aura plus jamais lieu. Dimitri n’est pas bavard, et j’ai visiblement touché un point sensible. Je suis assez curieux en général ; mais je sens les choses avec lesquelles il ne faut pas insister. Il ne me le dira sans doute jamais. J’ai eu du mal à trouver le sommeil à force de m’imaginer tout ce qui pourrait causer ce genre de réaction, vautré dans mes draps moelleux et chauds.

Histoire de vérifier qu’il ne m’en voulait pas trop, j’ai eu l’idée de faire comme dans notre précédent dortoir : je lui ai balancé mon coussin de plumes dans la figure.

Comme prévu, il m’a renvoyé son livre en pleine face.

Et comme prévu, j’ai mal.
Dernière modification par Xhantia le jeu. 01 juin, 2017 12:10 pm, modifié 2 fois.
Ysaya

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Ysaya »

Salut! C'est toujours aussi bien et c'est chouette d'avoir changer de perspective!! Merci de m'avoir prévenue! Si tu veux aller voir j'ai commencé un récit qui s'appelle La dernière des ombreurs j'aimerai bien avoir ton avis désolé pour la pub!
vampiredelivres

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par vampiredelivres »

Xhantia a écrit :Bonsoir! Hellow !
Les cours ont repris, les maladies ont repris, les examens ont repris, du coup, mes écrits arrivent plus lentement qu'en période de vacances... Cependant, voici cette fois une partie plus longue que les autres, car changement de point de vue! Aucun souci, j'ai exactement le même problème de mon côté
Enjoy, et merci encore de me lire! Merci à toi !



Partie 5



« Laissez-moi vous faire part du bonheur que j’ai à voir ici, réunie, la prochaine génération des hommes et des femmes de l’ombre de notre belle société. Je brûle d’impatience de voir de quoi demain sera fait. » J'ai l'impression d'entendre un politicien, pas toi ?

Il a parlé. Il vient simplement de parler.

C’est comme si on avait collé un pot dégoulinant de confiture sous le nez d’un essaim d’abeilles. Ouais, grosso modo, tout le monde est en mode : "oooh, manger... !" Ce qui me fait penser à...
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« Politesse avant tout : je me nomme Geoffroy, je travaille pour la Maison Litréans, et c’est moi qui suis en charge de tout ce qui tourne autour du corps professoral ici. Je serais également votre professeur de logique. Prof de logique ? J'savais pas qu'on en avait besoin, mais après tout...
« J’imagine facilement votre joie de finir enfin cette période de remise à niveau. Désormais, retenir simplement des choses par cœur, c’est terminé. Nous comptons sur vous pour exceller en travaux pratiques et savoir vous servir de votre tête, exercice déjà bien plus difficile. Si certains préfèrent retourner plonger le nez dans leurs manuels, je ne les pousserais pas à rester… » Fichez le camp d'ici, en somme.

Un petit rire parcourt l’assistance.

L’homme aux yeux verts hausse les épaules, un petit sourire aux lèvres.

« A partir de maintenant, c’est votre véritable formation, et un avant-goût de ce qui vous attend dans le futur, qui commence. Je vous invite à prendre note de tout ce qu’il sera dit, écrit, distribué, affiché et annoncé. Les nouvelles seront régulièrement punaisées ici. Vous aurez du mal à les rater. Sachez également que dans plusieurs semaines, vous recevrez une visite qu’il convient de ne pas boycotter. » Les yeux grand ouverts, les oreilles en éventail, le nez à l'affût, et une bonne rencontre pour bien commencer l'année !

Certaines personnes se regardent entre elles. Je lève un sourcil. Impossible de deviner quoique ce soit derrière ces lunettes, sur ce visage calme et impénétrable. Il a visiblement l’habitude de s’exprimer en public. Nan, tu crois ?

« Les longs discours ne sont pas mon fort. Je me contenterais de faire vite, en vous disant que vos classes débutent à neuf heures demain matin. A priori, vous ne devriez pas avoir trop de mal à vous repérer, car tout est indiqué ici. Me permettrai un commentaire façon GoldAngels : il ne l'a pas déjà dit, que tout était marqué/indiqué un peu partout ? Vos chambres portent les mêmes numéros que dans l’établissement d’où vous venez.

Marie me donne un léger coup de coude. Sans tourner la tête vers elle, je me penche près de son oreille.

« Cinquante-quatre. » Question à l'auteure, pourquoi cinquante-quatre en particulier ? Une symbolique quelconque ?

« Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée. »

Il nous adresse un sourire, s’incline légèrement. Les élèves l’applaudissent avec enthousiasme, et je me joins à eux de bon cœur. Geoffroy ne m’a pas l’air d’être un Premier. Un Premier ne mettrait jamais les pieds ici. Je pense pas, non.

« Ce type dégage un truc, fait remarquer Aaron, les bras croisés. Je sais pas ce que c’est, mais il serait capable de nous faire croire qu’un chat est un lapin. J'aime beaucoup cette comparaison.

- C’est ce qu’on appelle du charisme, lui répond Dimitri. Dimitri, lui, a la classe ultime, tant en terme d'actions que de répliques.

- Je pense qu’il a un rôle important dans la Maison Litréans, je ne peux m’empêcher de dire. Il porte les armoiries sur sa veste. Normalement, il n’y a que la famille et les proches qui ont ce droit. On commence à voir le bout de cette société émerger.

- Oui, mais un Litréans ne viendrait jamais ici, me rappelle Jasmine. Les Premiers n’ont pas que ça à faire, venir dire bonjour à des futurs valets. » Que tu crois ! :lol:

Je n’ai pas jugé utile d’écouter le reste de la conversation qui allait sans aucun doute se mettre à tourner en rond. Le trajet a duré plus d’une heure : tout ce dont j’ai envie actuellement se résume à de l’eau chaude et du calme. Le rêve, après un long voyage (je sais de quoi je parle, je vis pratiquement dans ma valise). La foule n’a jamais été une chose avec laquelle je suis à l’aise.
La grande salle d’entrée est hexagonale, et plusieurs couloirs y débouchent. Je repère très vite les écriteaux nous permettant de nous repérer au-dessus des portes. Tirant la manche de Jasmine, je lui indique mon envie de retrouver notre chambre.
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Voyant que les autres élèves ont visiblement eu la même idée, nous saluons les hommes et nous engouffrons dans le couloir menant à nos dortoirs.

La chambre numéro cinquante-quatre se trouve tout au bout du couloir, un peu en retrait, et globalement à l’abri de la majorité des nuisances sonores. C'est cool, ça. Nous entrons dans une pièce qui doit approximativement faire deux fois la taille de notre ancienne chambre. Tout va bien ! Le sol en pierre claire forme de grands losanges aux teintes de brun changeant selon leur exposition à la lumière. Un énorme tapis ouvragé recouvre presque les deux tiers de la pièce.

Tandis que je referme la porte derrière mes amies, je peux admirer les grandes tapisseries accrochées aux murs. L’une, encadrée d’ornements à la couleur délicatement cuivrée, est une carte du Continent dont les noms s’animent, les Prévoyers du Nord se couvrent de neige et les bateaux venant de la mer voguent paisiblement. Une autre, copie d’un célèbre tableau, représente une scène de la vie quotidienne de jeunes bourgeoises. Un lustre surmonté de petites bougies, semblable à celui pendu dans le hall, est le seul éclairage de la pièce. Une imposante coiffeuse et deux commodes dont les bords sont sculptés de motifs floraux n’attendent que nos affaires pour donner un peu de vie à l’endroit. Sur l’une d’elles, un petit gramophone d’excellente facture est posé, recouvert d’une très fine pellicule de poussière. Et au fond de la salle, juste sous une énorme fenêtre au verre impeccablement nettoyé, se trouvent nos trois lits. Les lueurs du couchant allument des couleurs chaudes dans la chambre. Tout cela me semble magnifique, mais ce n'est pas un peu trop, pour des « futurs valets » ?

« Qu’est-ce que c’est, ça ?

C’est Jasmine qui a parlé, se dirigeant vers une porte à sa droite que je n’avais pas vue. Elle l’ouvre, et dévoile une petite salle de bains. Une grosse baignoire aux tons cuivre est posée au milieu de la pièce. Deux grands seaux n’attendent que d’être remplis par l’eau d’une petite pompe installée dans un coin, et chauffés grâce à un vieux poêle.
Marie regarde par-dessus mon épaule et cligne des yeux.

« On a une salle de bains rien que pour nous !

- Je me lave la première, je leur dis d’un ton sans appel. Ou comment s'imposer, méthode by Cynthia.

- Fourbe ! s’écrie Jasmine d’un air faussement outrée. Pour la peine, je choisis le lit de droite ! :lol:

- Le mien, c’est celui de gauche.

- Et vous me laissez celui juste en-dessous de la fenêtre, soupire Marie. Merci les filles. Un souci avec les fenêtres ?

- Compte sur nous ! » l’embête Jasmine en lui adressant un grand sourire faux.

Vaincue, la plantureuse jeune femme se met à vider son sac pour ranger ses affaires. Jasmine, elle, préfère aller étudier le plan du bâtiment accroché à côté de la porte d’entrée. Quant à moi, je me contente de jeter mon sac sur mon lit et de sortir les affaires indispensables à ma toilette. Le temps de déboutonner la veste que j’avais enfilée pour sortir et de délacer le corsage de ma robe, mes deux amies sont déjà installées, et tout bruit venant du couloir semble s’être tu. Seul le souffle léger du vent sur la vitre accompagne la voix de Marie, qui appelle les bougies du lustre.

« Allumez-vous. »

Les bougies s’embrasent alors une par une, dans le sens des aiguilles d’une montre, le long du plafonnier. Les flammes dansantes donnent l’impression que les tapisseries ondulent doucement sous l’effet d’une brise inexistante. Marie serait pas magicienne, par hasard ?
Je finis de me déshabiller, laisse mes affaires en désordre sur mon lit et me réfugie dans notre petite salle de bains. Tremblotante, je m’enroule dans une des serviettes mises à disposition et appelle le vieux poêle afin de réchauffer un peu l’air de la pièce.

« Chauffe, s’il te plait. » Ah, d'accord. Donc dans ce monde, on parle aux objets, et ils font ce qu'il faut ?

La machine fatiguée crachote un peu avant de se mettre paresseusement en route. Une tiède lumière envahit la pièce. Je me dirige vers l’imposant seau en métal posé sur le poêle, et y fait chauffer patiemment de l’eau, réfléchissant à nos futurs lendemains. L’eau versée dans le grand bac fume et réchauffe la pièce elle aussi ; bientôt, une fine pellicule de buée recouvre la petite fenêtre du lieu d’un linceul flou.

L’onde translucide et brillante que souligne la chaleur du feu caresse ma peau et mes cheveux tandis que je m’enfonce dans les profondeurs du bac. L’eau a toujours eu le don de m’apaiser ; elle nettoie le corps et l’esprit, et ne laisse de moi au final qu’une âme lucide, lavée de tous tourments. Awww... ça me fait penser à l'un de mes personnages, qui est l'exact opposé. Pour elle, l'eau, c'est la mort au premier contact, quasiment ! :lol: Je profite du bain jusqu’à ce que je sente le liquide autour de moi se refroidir et que j’entende Marie toquer gentiment à ma porte pour s’assurer que je ne suis pas « morte en plongeant la tête la première ». En redressant la tête, je me rends compte que le carreau de la fenêtre est noir : la nuit est quasiment tombée sur la ville. Je me dépêche de m’enrouler autour de ma serviette, de vider l’eau, et de me sécher le plus près possible du poêle. Le Continent n’est pas une terre chaude : le contraste un peu brutal entre la température de l’eau et celle de la pièce, malgré le poêle, annonce sans aucun doute des températures négatives pour les jours à venir. Je ne me fais pas prier pour retourner me changer, gagnant au passage des applaudissements sarcastiques de la part de Marie et un éclat de rire de Jasmine.



Aaron
Coucou, toi !



Y a pas à dire, Dimitri est un homme vachement pratique.
Avec sa taille et son air pas forcément commode, il se fraie facilement un chemin dans la foule. Il ne me reste qu’à suivre sa silhouette haute pour retrouver notre chambre comme par magie. Ah, le bonheur d'avoir des amis avec une carrure d'armoire à glace.

Je me souviens encore du jour où je suis arrivé, séparé de Marie, pour chercher une place dans les chambres déjà occupées. Dans les plus grandes, les nombreux lits étaient tous recouverts d’effets personnels, et la plupart des personnes avaient déjà fermé leur porte aux autres dans le sens propre du terme. Les rares chambres restantes étaient celles où on logeait à deux. Du coup, je n’ai pas vraiment eu le choix. Bonjour Dimitri !

Quand il m’a vu entrer, Dimitri n’a strictement rien dit. Il s’est contenté de dire bonjour, et la première phrase que j’ai entendue de sa bouche était un torrent d’insultes superbement agencées en réponse à un type que j’avais croisé brièvement dans les couloirs. La magnificence de Dimitri, quoi.

Ce type, c’était Ivan. Comme quoi, rien n’est dû au hasard. Ouais. Surtout avec l'auteure qui a votre destin en main... n'est-ce pas ? :mrgreen:

A vrai dire, je ne regrette pas d’avoir pris cette chambre, au final. Ça a pas mal fait parler les autres gars au départ, deux types qui partagent la même chambre. Et puis ils ont vu Dimitri. Ils ont vu Ivan. Ils ont vu le mélange des deux.
Les rumeurs se sont très vite éteintes après ça. Tu m'étonnes...

Dimitri ne le montre pas comme ça, mais il est très facile à vivre : il peut écouter parler des heures sans broncher, et il a un point de vue toujours très développé sur les choses. L'intello caché derrière l'armoire à glace... Je blague ! Le problème, c’est qu’il semble complètement insensible à tout ce qui touche à l’humour. Enfin, à mon humour. Et pourtant, je suis quelqu’un d’hilarant. Ouais, enfin... :? :lol: Je n’ai réussi à le faire ricaner qu’une fois, et encore. Je m’estime chanceux d’être parvenu jusque-là.

Une bonne douche, c’est une des meilleures choses au monde. Elles étaient beaucoup trop rares lorsque j’étais gamin. En m’essuyant pensivement les cheveux, je me rends compte qu’il y a une chose dont Dimitri ne m’a jamais parlé : lui. Je dois dire que le contraire m'aurait étonné.
Quand on a grandi dans la rue, on a l’habitude de ne rien dire sur soi. C’est ma doctrine, ce que mon père m’a répété tant de fois. Seulement, on s’ouvre toujours à quelqu’un un jour : c’est un mécanisme humain très utile pour ne pas finir seul (et pour dérober des informations, aussi). Mais Dimitri n’a pas décroché un seul mot sur sa personne depuis que je le connais. Impossible de faire réellement connaissance avec lui.

« Tu ne m’as jamais rien dit sur toi.

Je crois que ma question le prend au dépourvu, au vu de la tête qu’il tire en se retournant, des vêtements soigneusement pliés à la main. Son regard aux teintes vert sombre se plisse un instant Question de style, ici (désolée, GoldAngels :oops: ) un regard qui se plisse ? La formulation est bizarre., comme s’il jaugeait du niveau de risque de cette question – ou qu’il se demandait ce qui m’avait pris, ce qui est bien plus probable -. :lol:

- C’est vrai. Mais tu ne m’as jamais posé de questions non plus.

- Normalement, on attend pas des gens qu’ils posent des questions. Quand on le veut vraiment, on les amène nous-mêmes.

- Tu as raison, capitule-t-il en s’asseyant lourdement sur son lit. Mais je ne sais pas vraiment par où je suis censé commencer. Awww... J'adore tellement ce type !

- Eh bien, je réfléchis en me grattant le menton, je pense que me parler de l’endroit d’où tu viens et de ce que tu faisais gamin, c’est déjà un bon début.

Il hoche la tête, se tortille un peu, et décide finalement que cette discussion ne l’empêchera pas de ranger ses affaires. Le feu du lustre souligne les reflets roux de sa chevelure et donne un air presque famélique à son ombre longiligne.

- Je viens du Prévoyer Hamilcar. Frontière Nord. Je connais comme ma poche toutes les grandes bourgades qui longent les premières forêts boréales. Il a grandi dans le froid, donc ?

- Oh, tu as beaucoup voyagé quand tu étais gamin ?

- Non, pas vraiment, il me répond avec un regard sympathique. J’ai toujours bien aimé grimper un peu partout. Aussitôt sorti de l’école, je prenais à peine le temps de rentrer déposer mes affaires, et je m’échappais par la fenêtre de ma maison. Je déambulais sur les toits. Et il m’est arrivé d’aller très loin comme ça.

- J’ai souvent fait la même chose quand j’étais petit. Mais je n’allais pas à l’école, et je faisais ça constamment. Ce qui m’a valu quelques baffes monumentales quand je ne rentrais pas à l’heure. Tes parents ne s’inquiétaient jamais pour toi ?

- Disons que ma mère travaillait tard, donc je n’avais pas trop à m’en faire.

- Et ton père ?

- Il s’en fichait. Il passait son temps à boire et à jouer aux cartes, il me répond en haussant les épaules. Famille yolo, donc.

- Désolé.

- Aucun problème. Ça m’a forcé à travailler assez tôt pour pouvoir joindre les deux bouts avec ma mère, mais j’ai pu faire un sacré paquet d’économies au cas où.

- A une époque, j’ai pas mal chanté pour pouvoir récupérer quelques pièces. J’ai aussi fait beaucoup de travaux de construction. Ça payait bien à la capitale. Tu faisais quoi ?

- J’étais coursier.

- Coursier ? je m’étonne. Les services postaux ne suffisaient pas, là où tu étais ?

- Il y avait des gens qui dépendaient en partie de mes services, il élude en refermant le tiroir de sa commode d’un geste sec. Ça, ça veut dire qu'il y a une arnaque quelque part.

Le bruit me fait sursauter. Dimitri regarde pensivement l’heure sur la grande pendule accrochée au-dessus de mon lit -dix heures passées- en déboutonnant son veston d’un air distrait. J’insiste.

« Qui, par exemple ? Des riches ?

- Oui.

- Des Seconds ?

- Non. Des premiers, donc.

- Des gens connus ?

- Oui. »

La neutralité exagérée qui s’est installée dans sa voix me fait tiquer. Il ne veut pas parler. Ou plutôt, il ne veut pas en parler. Nuance. Ses gestes sont les mêmes, et sa silhouette dépourvue de réaction. Si je ne le connaissais pas un peu, je dirais simplement qu’il est agacé par autant de questions.
Or, c’en est la teneur qui le dérange.
Quelque chose me revient en tête. Je ne sais pas vraiment d’où ça sort, mais j’ai le souvenir tenace de la première altercation de Dimitri ici. Je ne comprends pas vraiment pourquoi ils se sont parlés de la sorte, mais j’ai l’impression que ça n’avait rien de hasardeux.

« Je ne l’avais pas remarqué avant, mais en fait, tu connais Ivan depuis longtemps. » Aïeee....

Il y a un instant de flottement. Quelque chose est suspendu dans l’air. Il se retourne vers moi.

« Oui.

- Vous ne vous êtes jamais entendus ?

- Aaron. (La ferme.) »

Un peu surpris, je dégage la serviette de mes cheveux et je relève la tête. Il me regarde droit dans les yeux, sans ciller. Aucune trace d’hostilité sur son visage. Je ne l’ai pas vexé, mais sa réponse est clairement un avertissement. Tais-toi, ou alors je vais te faire taire moi-même.
Un énorme livre qu’il trimballe depuis que je l’ai rencontré est posé sur son lit. Honnêtement, je ne sais pas de quoi il parle : la lecture, c’est pas mon truc. Mais il en a déjà lu un bon tiers, et vu que même moi je n‘arrive pas à le déconcentrer quand il lit, je me dis qu’il doit être passionnant.
Il serre les lèvres.

« Désolé. Je ne suis pas vexé. Mais je préfèrerais remettre ça à plus tard. J’ai besoin de dormir.

Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant.

- Aucun problème. Si jamais tu as peur des créatures cachées sous ton lit, n’hésite pas à me réveiller… » :lol:

Il soupire, lève les yeux au ciel. Mais il sourit. Un peu seulement, à cause de sa joue. Pas cool, ça ! Et ça, c’est déjà pas mal.
Je sais que cette conversation « remise à plus tard » n’aura plus jamais lieu. Ouais, il va se refermer comme une huitre, et finito ! Dimitri n’est pas bavard, et j’ai visiblement touché un point sensible. Je suis assez curieux en général ; mais je sens les choses avec lesquelles il ne faut pas insister. Il ne me le dira sans doute jamais. J’ai eu du mal à trouver le sommeil à force de m’imaginer tout ce qui pourrait causer ce genre de réaction, vautré dans mes draps moelleux et chauds.
Histoire de vérifier qu’il ne m’en voulait pas trop, j’ai eu l’idée de faire comme dans notre précédent dortoir : je lui ai balancé mon coussin de plumes dans la figure.
Comme prévu, il m’a renvoyé son livre en pleine face. Je crois que le degré de violence en réponse est légèrement disproportionné... :mrgreen:
Et comme prévu, j’ai mal. :lol:
Xhantia

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Xhantia »

Vampiredelivres,
A que coucou Bob! :mrgreen:
J'ai l'impression d'entendre un politicien, pas toi ?
Il est vrai que Geoffroy manie très bien les mots, et Dieu sait si ce n'est pas le seul que tu vas lire ;)
Prof de logique ? J'savais pas qu'on en avait besoin, mais après tout...
C'est vrai qu'on a pas forcément besoin de tous les enseignements qu'on nous prodigue pour notre futur ; disons qu'il s'agit surtout de développer un certain type de raisonnement. Même si, en l’occurrence, un type qui finit jardinier n'en aura peut être pas l'utilité...
Me permettrai un commentaire façon GoldAngels : il ne l'a pas déjà dit, que tout était marqué/indiqué un peu partout ?
Oh, eh bien, il ne me semble pas... A moins que le fait qu'il recommande aux élèves de rester à l'affut compte du coup!
Question à l'auteure, pourquoi cinquante-quatre en particulier ? Une symbolique quelconque ?
Alors là, pas du tout! Aucune théorie, aucun complot de grande envergure sur le nombre cinquante-quatre à déclarer :lol:
Tout cela me semble magnifique, mais ce n'est pas un peu trop, pour des « futurs valets » ?
Ça n'est pas faux du tout : disons seulement qu'en tant que Premiers, c'est eux-mêmes qui instaurent cet apprentissage. Ils ont de l'argent, et ça reste une vitrine. A partir de ce moment-là, même si une femme de chambre sera loin d'avoir ce confort...
Un souci avec les fenêtres ?
Souci typique de Marie: elle déteste les lits sous les fenêtres. Plus précisément, elle déteste le rai de lumière qui filtre entre les rideaux et lui arrive en pleine face.. :mrgreen:
Ah, d'accord. Donc dans ce monde, on parle aux objets, et ils font ce qu'il faut ?
Oui, en effet, mais pas totalement ;) c'est une chose à laquelle il va falloir s'habituer, mais que j'expliciterais plus tard :D
Question de style, ici (désolée, GoldAngels :oops: ) un regard qui se plisse ? La formulation est bizarre
Oui, c'est pas faux, je vais changer ça :lol:
Awww... J'adore tellement ce type !
En fait, ce qui me fait tiquer là, c'est pas que tu adores ce personnage, c'est que tu adores ce personnage lorsqu'il s’assoit sur son lit, pas avant :lol:
Je crois que le degré de violence en réponse est légèrement disproportionné... :mrgreen:
Haha, un peu oui, mais c'est une tradition entre eux on va dire ; en plus, Dimitri a tendance a ne pas apprécier du tout qu'on le réveille brutalement... :D

J'en profite aussi pour signaler une grosse erreur de ma part : Dimitri ne vient pas du Prévoyer Hamilcar, mais du Prévoyer Litréans! C'est carrément pas à côté, et c'est pas exactement le même climat non plus! Je l'ai changé dans le texte original.
Et pour répondre à ta question, il vient effectivement d'un endroit où il commence à faire frais ;)

Merci beaucoup!
Mimori

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par Mimori »

Merci de m'avoir prévenue et, en effet, j'apprécierai grandement de l'être encore par la suite !

Tout ce que je peux dire, c'est que ta nouvelle publication ne m'a pas déçue. Plus je te lis, plus je me dis que tes écrits pourraient se trouver là, tout de suite, sur les étagères d'une librairie. Ça se lit facilement, et ça plaît facilement. Que demande le peuple ?
Le changement de point de vue apporte une dimension en plus et permet "d'entrer dans l'univers des hommes", si on veut. Très intéressant, surtout après la petite (euphémisme) altercation. Un peu plus et je dirais que Dimitri a dû faire le coursier pour Yvaan, ou quelque chose du genre... N'aurait-il pas découvert quelque chose qu'il aurait mieux fait d'ignorer, d'où l'agacement (dépassant les bornes) de ce dernier ? Ma foi, j'ai hâte d'en savoir plus. 8-)
etoileee

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Re: Le Monde des Premiers [Fantastique - Magie - Psychologique - Inclassable]

Message par etoileee »

Bon me revoilà ! (je viens de voir que je n'avais pas commenté la dernière fois, honte à moi)
Bon j'adhère toujours autant et je trouve vraiment bien d'avoir des points de vu différents ! Dimitri est vraiment intriguant c'est un personnage qui d'après moi va se révéler de plus en plus intéressant ! En tout cas je suis curieuse de savoir où tout ça va mener ! Euh tu me connais je ne sais pas quoi dire d'autre à part j'attends la suite avec impatience comme toujours (ah et oui j'ai vraiment adoré la dernière phrase du chapitre :lol: ahah)
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