Cela fait un moment que je suis présente sur Booknode, mais je n'avais encore pas osé poster mon histoire, par timidité mais aussi par appréhension par rapport aux impressions de potentiels lecteurs et lectrices. Mais maintenant, je me lance, quoiqu'il arrive! Allez!
Je tiens à préciser que je ne serais sans doute pas en mesure d'assurer la constance de cette histoire ; mes études et mes horaires ne me le permettent pas toujours.... Cependant, je ferais de mon mieux!
Et, plus important, j'accorde une très grande importance aux avis, de préférence construits ; n'hésitez pas, lâchez-vous, ça m'aide beaucoup en plus d'être ultra intéressant!
Sur ce, je vous souhaite la meilleure lecture possible, et un grand merci!
Les chapitres les plus anciens (ou les moins récents) sont corrigés au fur et à mesure. Donc si vous trouvez une grosse incohérence entre deux chapitres, c'est sans doute que celui-ci n'a pas encore été édité de façon corrigée. Ou bien que je ne sais pas ce qu'est un scénario. Dans tous les cas, je fais de mon mieux pour que tout soit corrigé au plus vite!
Il va sans dire que cette histoire m'appartient, à moi et moi seule. Cela exclut toute autre personne n'étant pas ma jumelle parfaite dont je ne soupçonnais pas l'existence. Ce projet est un travail de longue haleine, mais il est surtout unique: interdiction formelle d'en citer ne serais-ce que des bribes sans mon accord, et sans en donner la source (c'est-à-dire moi, selon toute vraisemblance). Si jamais je me rends compte que cette histoire a été copiée ou reprise, que ce soit partiellement ou largement sur quelque forum que ce soit, je n'hésiterais pas à signaler le texte, l'auteur, et si il le faut, aller faire directement de la diplomatie. Il y a toute une loi sur la propriété intellectuelle qui explique les règles et les sentences bien mieux que moi. Vous êtes prévenus.
Liste des prévenus (admirez ce manque de mémoire):
- GoldAngels
- etoileee
- Vampiredelivres
- Ysaya
- Mimori
- Cochyo
- Vi05ve09li04vr15es
Mphf. Oh....
Quelle heure est-il? Huit heures? Le Soleil, la lumière... Trop fort... Ca doit être l'heure.
Les puissants rais de lumière passant par la grande fenêtre sans rideaux me font ouvrir les yeux d'un coup. Je les referme directement en détournant la tête, encore sonnée par mon réveil. C'est vraiment loin d'être agréable.
Quelques instants plus tard, je me redresse avec lenteur, enveloppée dans l'édredon, avant de m'étirer jusqu'à sentir mes muscles se plaindre. Puis je dégage mes draps rapidement et me lève d'un bond, décidant qu'avoir une panne d'oreiller aujourd'hui serait bien plus fâcheux que les autres jours.
"Salut, Cynthia. Tu es bien matinale dis-moi", me souffle une voix sarcastique rendue rocailleuse par une nuit de sommeil.
Sans rien dire, je me contente de sourire gentiment à Marie, amusée par ses habituelles piques. Un nuage cotonneux passe, et la lumière de la pièce devient tout de suite bien plus douce.
Au fond de la pièce, Jasmine dort encore, visiblement pas le moins du monde dérangée par le bruit et la lumière. Pendant que Marie se sort plus difficilement que moi de son lit aux draps brodés pour aller réveiller la dormeuse, je me dirige d'un pas tranquille et chancelant vers une énorme commode en bois sculpté et verni. Trois énormes tiroirs, un pour chacune d'entre nous. Chacun regorge de nos quelques affaires personnelles et de nos tenues réglementaires. Je me mets à farfouiller en quête de mes habits. Marie me rejoint peu après, tandis que Jasmine s’éveille enfin. Elle promène son regard endormi aux reflets myosotis sur les tentures aux murs représentant des entrelacs de fleurs somptueuses.
Je finis enfin par sortir la longue robe simple d’un doux bleu marine à col rond qui nous sert d'uniforme en ces murs avant de me déshabiller rapidement. Vu la hauteur du Soleil dans le ciel, nous ferions mieux de ne pas trop trainer. Le plus dur est de réussir à serrer assez le vêtement autour de sa taille pour pouvoir le nouer à l’arrière : c'est toujours une expérience à part de respirer avec.
Je jette un coup d'œil à mes deux amies, et surtout à Marie qui, déjà habillée, fait son lit avec minutie. Je lui fais la même remarque depuis plusieurs mois.
" C'est inutile de faire son lit si c'est pour le défaire le soir.
- Peut-être, mais c'est déjà beaucoup plus présentable, et ce soir, nous ne serons plus là, rétorque-t-elle avec justesse."
C'est vrai. Ailleurs...
Je retourne donc, moins à contrecœur que d'habitude, faire mon lit tandis que Jasmine met un certain temps à attacher sa très longue chevelure platine en un chignon comme l'exige le règlement. En me redressant, j'observe mon reflet dans le miroir en face quelques secondes. La personne devant moi possède une épaisse chevelure noire, rideau d’ébène sur peau hâlée, qui lui tombe jusqu'aux omoplates et se répand de part et d’autre de son front. Ses deux yeux vairons, l'un bleu pur et l'autre noir d'encre m'observent d'un air vide, et un grain de beauté est imprimé sur le coin de sa paupière gauche.
C'est dur, le matin.
Mon instant d'absence est interrompu par l'arrivée de Jasmine à mes côtés, épingles et brosse en main. Pendant qu'elle saisit avec douceur et professionnalisme mes cheveux afin de me coiffer, j'admire à travers le reflet le contraste saisissant entre ses yeux et ses cheveux si blonds qu'ils en paraissent presque gris à la lumière. Elle nous a raconté que c'était un acte de rébellion de sa jeunesse: elle avait emprunté la brosse enchantée du coiffeur de son village pour changer sa couleur, et finalement, elle lui avait tellement plu qu'elle l'avait gardée de façon définitive. Elle ne nous a jamais dit quelle était la véritable teinte de ses cheveux. Je l'observe manipuler avec talent chacune de mes mèches en me demandant, comme toujours, comment elle peut bien faire cela. Moi qui ne sais rien faire de mes mains...
"Tu as presque plus de cheveux que moi. Tu m'étonneras toujours", dit-elle avec un sourire heureux au coin des lèvres tandis que je laisse échapper un petit rire. Elle admire son œuvre dans le miroir, nos regards se croisent. C'est parfait.
- Allez, on se dépêche, nous apostrophe soudain Marie, déjà prête, au seuil de la porte. J'ai faim. Si on arrive trop tard, on aura plus rien à manger."
Mon estomac se met à gargouiller bruyamment comme pour lui répondre.
Cet endroit n'est pas mon foyer. Je ne suis ni une orpheline, ni une enfant à problèmes. C'est un lieu plutôt unique, non-loin de la capitale, où les volontaires de toutes classes viennent apprendre leur futur métier : devenir Serviteurs de riches aristocrates ou de grandes Maisons en fonction de la demande.
Dans le monde dans lequel je vis, les castes décident en grande partie de notre existence. On les a divisées en trois grands groupes: Les Premiers, les Seconds, et les Terciers. On a pas encore trouvé plus original.
Les Premiers représentent une infime partie de la population: peu de gens de la populace les voient souvent dans leur vie. Et pourtant, ce sont eux qui régissent notre monde: ce sont les ministres, les conseillers les plus haut classés, les généraux, et les Seigneurs de nos régions qu'ils dirigent d'une main de fer. Ils vivent souvent dans les grandes villes telles que la capitale, Enathon, et entretiennent grâce à leurs alliances l'unité de notre Continent.
Ils sont associés à six grandes Maisons, connues de tous. Au sud, la Maison Hamilcar est la plus récente à avoir rejoint l'alliance. La partie intérieure du Continent est partagé entre plusieurs territoires plus petits: Les Maisons Hafferyn, Litréans et Eristène y sont voisines. Et lorsque l'on monte au nord, on trouve les Maisons Blustrode et Herjafol
Sur le Continent, les castes sont définies à partir de la magie. Car si certains, comme moi, naissent tout à fait normaux, d'autres ont dans le sang des affiliations magiques spécifiques, ce qui en font des êtres bien plus redoutables. Les Premiers sont donc ceux qui possèdent les plus puissantes affiliations magiques. Ils peuvent user de leur pouvoir sur les objets, mais aussi les personnes, ce qui en fait des gens très respectés, mais surtout terriblement puissants.
On associe les Seconds aux métiers de l’artisanat, de la science et du commerce. Ils font leur beurre avec la vente de leurs inventions et de leurs objets enchantés, dont le commerce est omniprésent sur notre Continent. Il arrive que la fortune de certains dépasse celle des Premiers, mais ils n'ont pas le lien de sang qui leur appartient, ni le rapprochement magique qui va avec. Ils ne sont donc pas considérés comme tels.
Les Terciers, c'est ma caste, la plus basse. Nous sommes des Champs-Fleureurs, c'est à dire des paysans, des palefreniers, des petits métiers du quotidien... Et parfois des Serviteurs. Ceux qui n'ont pas d'affiliation magique comme les Premiers ou les Seconds. Nous n'avons, à vrai dire, pas grand chose pour nous revendiquer leurs égaux, et il est extrêmement rare de voir naitre un Tercier avec une quelconque affiliation. Bien évidemment, c'est grâce à cela que les Premiers règnent, et à leur goût démesuré pour le pouvoir que nous ne comprenons pas. Néanmoins, nous ne sommes pas sous le joug d'un tyran diabolique, comme ceux que nombre des livres que j'ai lus dépeignent. A partir de là, j'imagine que ce n'est déjà pas si mal.
Sur le Continent, lorsque les jeunes Seconds et Terciers atteignent l'âge adulte écrit sur les parchemins de la loi, ils passent un examen consistant en un entretien avec un émissaire du ministère du Progrès, afin d'évaluer leurs connaissances et nous recenser. Mais il permet aussi, si leurs résultats sont bons, de postuler pour intégrer ce genre de formations. A vrai dire, ce tri en fonction des notes m'a toujours laissée sceptique, étant donné qu'avec les grandes disparités de richesse, la qualité des écoles et de l'enseignement peut varier totalement d'un village à l'autre.
Peu après mon entretien, ma famille a reçu une petite enveloppe indiquant qu'au vu de mes résultats "plus qu'acceptables", j'étais en droit de postuler en tant que futur Serviteur, et ainsi passer le restant de ma vie dans les hautes sphères de la société.
Hésitante à l'idée de quitter mes parents et mon frère aîné, j'ai longuement réfléchi ma décision, sûre d’être soutenue par ma famille quel que soit mon choix. Certains vous diront qu'ils ont fait ça pour se hisser dans les hautes sphères, d'autres encore pour faire bénéficier de la pension à vie à leur foyer. Moi, je me suis laissée entrainer par mon maladif besoin de découverte et la perspective de ne pas avoir la même vie de Champ-Fleureur que mes parents, malgré l'énorme sacrifice que cela demandait.
J'ai fait mon petit sac, admiré une dernière fois la petite maison de campagne qui me paraissait la plus belle demeure au monde, et fait des au-revoir larmoyants à ma famille. Mes parents étaient à la fois dévastés de devoir me dire adieu, et ravis que leur fille ait la chance de commencer une nouvelle vie inespérée. Ma mère était très heureuse, et mon père, bien qu'il eût la larme à l'œil, rayonnait de fierté. L'étreinte la plus dure a sans doute été celle avec mon frère ainé. C'était la première fois que je voyais couler des larmes salées sur sa mâchoire carrée. Je me suis promise de ne plus les pleurer à partir de ce moment, et je suis partie postuler dans la ville d'à-côté pour être embarquée brusquement dans ma nouvelle existence.
J'ai atterri ici, près d'Enathon, la capitale. Cela doit bien faire six mois que je suis là, six mois que je côtoie Marie et Jasmine, rarement dans un contexte de détente. Car avant de faire de nous de parfaits Serviteurs, il faut nous mettre tous à niveau, sans exception. Là où certains arrivent en connaissant à peine leurs tables de multiplications, d'autres débarquent avec une culture générale à en faire pâlir nos professeurs. C'est pour ça que nous avons vécu ces six derniers mois un véritable enfer étudiant : nous devons étudier de façon plus qu'intensive l'histoire des Maisons et du Continent, le théâtre, les bases de certaines sciences complexes, et les principes fondamentaux de notre futur rôle. Pas un instant pour souffler, dix heures de cours par jour, les piles interminables de connaissances à engranger en un temps record et les objets magiques parfois capricieux ont failli plusieurs fois avoir raison de ma stabilité mentale. Je ne sais presque pas à quoi ressemble le magnifique jardin qui entoure notre bâtiment, même si nous pouvions aller nous y balader lorsque nous avions du temps libre.
Mais aujourd'hui, c'est définitivement terminé. On nous a jugés globalement aptes à passer à l'étape supérieure. Nous serons donc transférés à quatre heures tapantes dans l’établissement principal, au cœur de la capitale. On pourrait croire que les murs du bâtiment vibrent au rythme de l’excitation générale. Bientôt plus de cours interminables, plus de travail à faire en dehors ! Je serais prête à prier le ciel tellement je suis heureuse. J'ai retenu tout ce qu'il était possible de retenir ici.
Je laisse vagabonder mes idées tandis que nous marchons dans les luxueux et longs couloirs menant à la cantine.
"J'espère que vous allez avoir des nouvelles de votre famille, ou quelque chose comme ça", soupire Jasmine sans grande conviction. Rares sont les Terciers à savoir écrire, en recevoir une serait un cadeau du ciel. Elle sait, au fond, que nous n'en aurons pas.
"Ca fait six mois qu'on en a pas eues, je doute qu'elles tombent du ciel comme ça. Mais c'est vrai que ça te fait un problème en moins, à toi, rétorque Marie sur un ton agacé qui montre sa nervosité.
Elle finit par cligner des yeux, avant de se tourner brusquement vers la demoiselle aux cheveux platine.
- Oh! Je te demande pardon... Je n'aurais jamais dû dire ça.
- Aucun souci, la rassure Jasmine avec un fin et sincère sourire. Je vois bien que tu es stressée.
- Ce n'est pas une raison tout de même, voyons! Pardon." la coupe-t-elle en secouant ses cheveux ondulés, faisant danser des reflets acajous sous la lumière.
Avant que nous puissions nous en rendre compte, nous voilà arrivées à la cantine au parquet ciré, lustré, et aux airs de salon avec ses tables basses ornementées et ses fauteuils magnifiques. Un certain nombre de futurs élèves sont déjà rassemblés, discutant avec entrain en dégustant leur petit-déjeuner.
Mon estomac me ramène brutalement à la réalité lorsque j’aperçois les coupes disposées à chaque table basse, toutes contenant une montagne de viennoiseries et de fruits de saison en tous genres. Nous nous installons sur la première table libre, et j'attaque sans préambule un énorme pain aux raisins que je partage avec Jasmine. Marie semble bien moins pressée de se jeter sur la nourriture, sans doute à cause du stress qui ne la quitte pas. Manie récurrente lorsqu'elle désire évacuer ses tensions, elle se lance dans un discours interminable.
"Je me demande bien ce qu'on va faire après ça. Vous imaginez si on doit apprendre à servir du thé? Quelle rigolade... Non, plus sérieusement, comment on va être répartis? On a pas de système de notation. Ce sera sans doute quelque chose de bien plus global, des cours en petits groupes, et non mixtes j'imagine. Je ne sais pas qui va nous enseigner tout ça par contre, sûrement pas les professeurs d'ici... Ils seront d'un autre acabit, j'en suis sûre. Imaginez, si ce sont des représentants des Maisons? Ils en profiteront pour renifler le terrain... Et puis, on ne finira pas tous Serviteurs, il n'y a pas assez de place...
- Je pense que tu te poses un peu trop de questions. Tu ferais mieux d'attendre quelques heures au lieu de chercher vainement des réponses."
Le pénétrant regard noisette de Marie se plante l'espace d'un instant dans celui, saphir, de l'homme ayant osé déranger sa réflexion. Puis elle se détend en reconnaissant l'impertinent blondinet aux cheveux revêches et mi- longs lui lancer un sourire insolent. Il vient s'asseoir à côté d'elle et croise ses jambes sur la table, une poire déjà entamée dans la main. Marie le regarde faire en clignant des yeux.
"Aaron, ça fait bizarre de te voir levé à l'heure. T'es tombé de ton lit ce matin ou quoi?
- Même pas. Disons que c'est compliqué de se rendormir quand un type complètement fou vient agresser un camarade de chambre au réveil. Il a juré qu'il allait le tuer, rien que ça.
- Tu tombes toujours aux bons endroits, hein, fait-elle remarquer en lui lançant un sourire qu'il lui rend. Tu m'as presque manqué, tiens. Ça fait un moment.
- Je te le fais pas dire, répond-il en finissant goulûment son fruit. Je ne me souviens plus de vos noms, par contre, reprend-il en posant ses yeux sur nous. J'ai dû vous croiser deux fois en six mois.
- Normal, on avait pas vraiment le temps de passer un moment ensemble, répond Marie avec sarcasme. Cynthia et Jasmine, complète-t-elle en nous désignant d'un geste de la main.
- Dans ce cas, c'est un plaisir. Bon, tu manges toi oui ou non ?"
Il fronce les sourcils en réprimandant Marie, qui n'a encore rien avalé. Celle-ci, prise au dépourvu, ne peut que bafouiller en tentant de se justifier comme une enfant, avant de le reprendre à son tour sur sa façon de se tenir à table. Le temps qu'ils aient fini de se chamailler, Jasmine et moi finissons notre petit déjeuner non sans un sourire amusé. Je finis par prendre la parole et pose la question qui me torture l'esprit depuis quelques instants.
"Aaron, tu ne restes pas avec un autre type d’habitude ? Beaucoup plus grand que toi, un regard de tueur.
- Hum ? Se contente-t-il de dire en se tournant vers moi, visiblement étonné. Oh, tu parles de Dimitri. Oui, c'est vrai, confirme-t-il d'un hochement de tête. C'est lui d'ailleurs qu'on a réveillé un peu... Brutalement. Il a préféré un peu de solitude après ça. Il est parti se balader par-là."
Il laisse planer un silence durant lequel il m'observe intensément, semblant m'étudier. Puis il tourne la tête vers Marie.
"Elle a un superpouvoir dans ses yeux pour se souvenir de tout ça ?"
La plantureuse brune, face à une telle absurdité, manque de peu de s'étouffer en avalant un pépin.