Hanayu a écrit : ↑ven. 26 avr., 2024 7:28 pm
Je m'inscris à la
112- Lire un livre comportant :
A - moins de 15 chapitres
Avec
"Dans le silence du vent" de Louise Erdrich
(Qui compte 11 chapitres seulement malgré ses 490 pages.)
Lu
Lors de ma première découverte ce roman m'a laissé une impression si vivace que je n'ai pas réussi à le commenter.
Par rapport à mes lectures habituelles il sortait complètement de ma zone de confort et m'a toutefois happé direct.
Une agression ne fait jamais qu'une victime. Les proches aussi changent après qu'un des leurs se soit fait attaquer.
Comment réagir ? Comment agir ? Soutien, colère, culpabilité de n'avoir pas pu protéger se mêlent.
Placer ce fil dans une réserve indienne pendant les années 80 nous éclaire tristement sur les inégalités raciales et judiciaires.
Joe va devoir grandir plus vite que prévu, s'interroger, ouvrir les yeux sur la réalité peu reluisante qui l'environne.
Il a tout juste 13 ans, une vie heureuse, des amis vaillants, des croyances ancrées, il a foi en son père...et sa mère revient à la maison traumatisée. Son monde explose.
De là découle une enquête qui lève le voile sur les abus notoires des blancs sur les indiens de souche, et les lois infâmes qui le leur permettent ! Oo Racisme hargneux, passe-droit effarant...au risque d'une enquête bâclée et poussée sous le tapis ?
Nous suivons Joe dans ses moments d'enfant débrouillard, dont les hormones bouillonnantes ne l'empêche pas de gagner en maturité au fil des pages. S'il ne fait pas toujours les corrélations entre les éléments récoltés c'est dût à sa jeunesse et sa naïveté, pas à son intelligence qui est au contraire sagace.
Les rêves de Mooshum qui nous donnent accès à des légendes tribales, c'est extrêmement bien vu comme procédé. Cela crée une pause dans le récit principal tout en nous dépaysant toujours un peu plus.
Bien qu'averti, dès le départ, d'un événement tragique bien spécifique, y assister nous retourne le cœur. Si l'on sait que Joe deviendra adulte (puisque c'est de ce point de vue qu'il raconte le passé et ce qui s'y est produit)...on le quitte au moment où son enfance se brise définitivement. Bien que rassuré sur son sort futur, son deuil nous touche et nous assomme.
La fin abrupte achève donc de nous pousser de nos retranchements, et notre émotivité nous prend à la gorge.
L'autrice fort bien documentée nous livre ici un roman fort et éclairé. Elle-même étant originaire d'une réserve du Dakota le rendu est cru car réaliste. Je recommande !