La vallée de Brom [Eragon]

Vous écrivez une fan fiction et vous voulez la partager avec la communauté Booknode? Faire vivre à vos personnages favoris des aventures inédites?
Alors postez vos textes ici afin qu'ils soient bien différenciés des essais classiques tout droit sortis de l'imaginaire d'autres booknautes.
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Jums

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La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Bonjour à tous!

Voilà je serais plutôt ce qu'on pourrait appeler une "membre fantôme", mais sachez que j'aime beaucoup à lire et fouiller un peu par ici, tant dans les poèmes que les créations ou les fanfictions.
Et comme pour mon plaisir j'ai écrit une petite suite d'Eragon, située après la fin du 4e tome, et je voulais savoir si quelques personnes par ici seraient intéressées ? C'est un petit concentré en une douzaine de pages (non terminé) qui relate l'histoire du Dragonnier suite à son départ d'Alagaesia.

Je n'ai pas l'habitude de montrer ni poster mes écrits (je n'écris pas des masses non plus, vous me direz), mais je me disais que si ça pouvais faire plaisir à quelques fans, pourquoi pas... :)

J'attends vos réponses !
En attendant, vive Booknode ;D
Hurane

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Hurane »

ça m'intrigue donc je dis "pourquoi pas" ! En grande fan d'Eragon, lire une petite fanfic' pourrait être sympa !
Préviens-moi si tu postes même si je ne lirais pas sûrement dans la journée
amel99

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par amel99 »

J'ai lu que le premier tome mais j'ai aussi vu le film et c'est vraiment un univers que j'ai adoré donc moi aussi je suis pour !! J'ai hâte de lire ça ! :D
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Bon je tente, pour ce que ça vaut ! ;)

Voici une première partie.
Tous droits me sont réservés pour ces écrits.
*************



L'homme se redressa, l’air pensif. Le temps était doux, une brise agréable venait jouer dans ses cheveux bruns. Le paysage autour de lui n’était que prairies et bosquets, parsemé ça et là de petits lacs scintillants. Autour d’Eragon, on entendait que le bruit du vent dans les frondaisons, le chant joyeux des rares oiseaux et, parfois, le battement régulier des ailes d’un dragon. Voilà bien deux heures que le Dragonnier méditait, assis contre une vieille souche d’arbre. Saphira le rejoignit, joignant ses réflexions à celles de son Dragonnier. Ils sondaient ensemble la nature qui les entourait, sensibles à toutes les formes de vie dont la lumière venait effleurer leur conscience. La plupart de leurs pensées allaient cependant vers leurs élèves, et aux exercices qu’ils comptaient leur faire entreprendre. Ce n’était pas toujours chose facile, surtout quand il fallait gérer trois Dragonniers en même temps. La première, Kelyaga, était une humaine. Elle était arrivée chez eux voilà maintenant cinq années en compagnie de sa dragonne Lulma. Cette dernière, d’une magnifique couleur pourpre, s’était montrée aussi ambitieuse que son Dragonnier et toutes deux étaient d’excellentes élèves: volontaires, courageuses et attentives. Saphira vantait très souvent l’agilité de son apprentie dragonne, louant sa vitesse et sa dextérité.
Le second était Ulafr, un Urgal, et son élève le plus jeune. Il était arrivé depuis un an, chevauchant Vulkanagmifr, son robuste dragon gris. Tous deux s’étaient montrés très assidus, quoiqu’un peu trop turbulents. Bien des fois, Saphira avait dû les retenir de partir à l’assaut de quelques Fanghur désagréables ou de se lancer dans des périples insensés. Le tempérament guerrier des Urgals, ajouté à celui ardent des dragons, faisait de ce couple le plus explosif jamais rencontré dans l’Histoire. Ils promettaient cependant de devenir de bons défenseurs de l’Alagaësia, une fois dépassé l’étape de leurs sottes ardeurs. Leur dernier élève, Nûkmur, était un nain. Un peu grognon mais vaillant, il vivait avec ses maîtres depuis trois ans. Son dragon, Hriflen, avait les écailles couleur de feu mais un caractère plutôt calme, cependant. Contrairement à Ulafr et Vulkanagmifr, ces deux-là se montraient prudents et réfléchis. Ils formaient un couple harmonieux dont la force et le courage ne manquaient pas. Comme prévu, Eragon et Saphira s’étaient avérés être d’excellents professeurs avec chacun des nouveaux Dragonniers. Ayant eux-même beaucoup appris pendant les quinze années de solitude avec Lupusänghren et les autres elfes, avant que leur premier élève ne se montre, Eragon avait alors partagé son immense savoir de l’ancien langage, du combat et de la stratégie, tandis que Saphira, devenue presque aussi grande et sage que Glaedr, faisait découvrir le monde aux jeunes dragons domestiqués, leur apprenait à manier leurs ailes, à découvrir leurs corps puissants et leur histoire. Ainsi allait le monde pour eux. Le savoir des Eldunarí se joignait souvent à celui d’Eragon et de Saphira dans la formation des Dragonniers. Ces derniers se montraient fort utiles, et venaient parfaire les connaissances de la nouvelle génération. Cependant, Eragon n’avait révélé leur existence qu’à Kelyaga et ses précédents élèves. Il savait qu’Oromis n’aurait pas voulu précipiter les choses et que dévoiler ce précieux secret était encore trop dangereux. Bien qu’ayant confiance en ses apprentis, le Dragonnier était conscient des risques et des priorités. De ça, il avait prit de son propre maître. De plus, il faisait jurer en ancien langage à quiconque étant connaisseur du secret de ne jamais le divulguer, sous peine de sentences pires que la mort.

Eragon et Saphira s’étaient trouvés une vallée verdoyante et arboricole au plus profond des terres de l’Est. Coupée par l’impétueuse rivière Plion, cet écrin de verdure était source de vie et de quiétude. A quelques kilomètres, les terres devenaient plus arides, et le temps restait chaud une bonne partie de l’année. Des montagnes de taille admirable se dressaient tout autour, qui furent baptisés Monts Brumeux en raison des épaisses volutes de brouillard qui cachaient leur sommet. Au centre de cette chaîne se tenait un grand volcan inactif au cratère large et escarpé. Le Dragonnier avait vu là l’endroit idéal pour cacher les Eldunarí et laisser éclore les oeufs. Il ne s’était pas trompé. Les dragonneaux sauvages naquirent quelques mois après leur accostage. Arrivés à terme depuis des décennies, ils n’attendait que d’éclore à l’air libre. Saphira fut émerveillée de voir grandir ces êtres que la sauvagerie rendait magnifiques. Il s’avéra que la dragonne bleue devint une mère de substitution pour ses jeunes confrères; aussi, pendant les cinq premières années au sein de leur nouvelles terres, sa tâche fut de nourrir ces bouches affamées. Elle s’en acquitta avec plaisir, même si son instinct maternel atteignait parfois ses limites. Eragon s’était souvent amusée à voir la dragonne voler derrière un jeune désobéissant., grondant furieusement et claquant des mâchoires. Aujourd’hui, une centaine de dragons sauvages volaient librement dans la vallée que le jeune homme avait baptisé vallée de Brom, en hommage à son défunt père. Quelque part, il savait que le vieux conteur aurait adoré cet endroit. Désormais, Eragon et Saphira se frottaient le moins possibles aux dragons qu’ils avaient élevés; ils désiraient restituer aux dragons sauvages leur pleine liberté. Il arrivait cependant qu’un jeune, en souvenir de leurs bons soins, les accompagne pendant leurs vols quotidiens. Parfois, leurs esprits insoumis et fiers touchaient ceux de leurs anciens amis, pour se retirer quelques secondes plus tard. Jamais Eragon ne se lasserait de les observer. Les «tonnerres» de dragons étaient rares, mais si majestueux qu’il était difficile de ne pas en pleurer.

Trente ans s’étaient écoulés depuis le départ d’Eragon. Trente ans durant lesquels jamais il ne revit l’un des siens, autrement qu’en usant de magie. L’homme évitait cependant de penser au passé, c’est pourquoi il limitait les visions de ses proches le plus possible. Epaulé par Saphira, il vit leur lien se renforcer de plus en plus, chose qu’il croyait alors impossible. Il ne pensait pas pouvoir être encore plus proche de sa dragonne, mais il semblait que leur nouveau rôle et leur nouvelle vie avait changé beaucoup de choses. Comme au départ de leur aventure, ils étaient deux à traverser les épreuves. Jamais seuls, toujours ensembles. Ils ne se quittaient presque plus d’ailleurs, sauf quand l’entraînement des élèves l’obligeait. L’un comme l’autre avaient mûris, portés par la sagesse des maîtres Eldunarí et des elfes. Saphira avait grandi en taille et en sagesse mais restait la même, tout comme Eragon vieillissait mais restait Eragon. Il semblait cependant que le temps les avantageait, les rendant l’un comme l’autre plus éblouissant d’année en année. Chose qui, bien évidemment, ne passait pas inaperçu aux yeux des elfes et des élèves. Eragon avait été amusé de voir Vulkanagmifr et Hriflen se quereller pour les faveurs de Saphira. Même les puissants mâles sauvages n’étaient pas insensibles à son charme; elle était devenue pour eux comme une reine, une idole. L’apparence du Dragonnier, quant à elle, n’avait pas vraiment changé. De légers rides venaient strier le coin de ses yeux, et une fine barbe soigneusement entretenue recouvrait ses joues et son menton. Du reste, il avait toujours belle apparence. Il ressemblait désormais à un elfe, mais quelque chose dans son apparence rappelait son humanité passée. Ses yeux seuls trahissaient son âge et son expérience.
Dernière modification par Jums le lun. 27 juin, 2016 7:03 pm, modifié 2 fois.
cochyo

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par cochyo »

Génial !!! Ça faisait longtemps que je voulais une fanfiction sur Eragon mais il n'y en a aucune ... jusque là.
Bravo, c'était très bien écrit.
Une suite est-elle prévue ?
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Oui une suite est prévue, je n'ai posté que le début ! ;)

Contente que ça te plaise ^^
Tant mieux si tu prends autant de plaisir à la lire que j'en ai pris à l'écrire.
DarkMaar

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par DarkMaar »

Super très bon début ! Très bien écrit et préviens moi pour la suite !
Mimie99

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Mimie99 »

C'est un très bon début et j'aimerais bien que tu me préviennes pour la suite. Petite question: Est-ce qu l'on va réentendre parler d'Arya? Et des autres comme murtagh, Nasuada, roran, katrina et leur fille? Enfin, bref, ce n'est pas grave si ce n'est pas le cas, je veux quand même savoir la suite. Seulement je me questionnais.
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Mimie -> De base j'ai commencé cette fanfiction surtout pour suivre Eragon, et aussi Arya (je suis une romantique dans l'âme et cette fin me laissait sur ma faim). Après comme c'est toujours en cours d'écriture, je peux éventuellement insérer quelques petits trucs sur les autres. Mais ce n'est pas le but de cette fanfiction pour tout te dire :) Je laisse aux autres imaginer aussi ^^ Je vous poste la suite très vite
Dernière modification par Jums le dim. 03 juil., 2016 1:43 pm, modifié 1 fois.
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Voici la suite :)

*******

Aujourd’hui était un grand jour. Eragon avait informé Vanir, l’ambassadeur des elfes, que sa plus ancienne élève avait achevé sa formation au bout de cinq longues années d’étude et de travail assidu. Arya était très souvent en mission et donc injoignable, c’est donc à ce vieil ami que le garçon rendait compte. Il était désormais temps pour Kelyaga et Lulma de quitter la vallée de Brom pour rejoindre une terre qu’elles ne connaissaient que très peu. En effet, elles n’avaient parcouru le Du Weldenvarden qu'en compagnie d’Arya et de Fírnen, au tout début de leur formation. Le reste leur était inconnu.
A cette occasion, un nouveau couple remplacerait l’ancien. Eragon ignorait tout de ce nouveau Dragonnier et de son dragon, mais il en était ainsi à chaque fois. Ces dernières années, la chance leur avait souri et un dragon avait éclos pour quelqu’un, ce qui permettait d’assurer la relève. Il semblait que les destin voulait la pleine renaissance de l'Ordre des Dragonniers, et de ce fait ne donner aucun répit à nos vénérables héros. Cependant, comme Saphira le rappelait souvent, cette chance ne serait pas éternelle.
Il serait confié à Lulma et Kelyaga un oeuf de dragon; les deux seraient chargées de le remettre à un ambassadeur nain - car c’était à leur tour de protéger l’oeuf et de lui présenter des prétendants.

Eragon se releva lentement. Peut-être qu’aujourd’hui, les élèves auraient quartier libre finalement. Saphira et lui tenaient à aider Kelyaga et sa dragonne dans leurs préparatifs. A cette pensée, le coeur de l'homme se serra.
« Ne sois pas triste, petit homme. Sois fier d’elles; elles porteront haut la bannière de notre gloire »
Pour ponctuer sa tirade, Saphira toucha le bras du garçon du bout de son nez. Eragon s’abstint tout commentaire mais la remercia d’un léger sourire. D’un geste rapide, il grimpa sur le dos de la dragonne et cette dernière s’envola prestement. Ils s’étaient établis un peu plus loin du campement des Dragonniers, sur une colline haute bordée d’arbres feuillus. Là-bas, le calme était plat et reposant. De plus, les deux maîtres tenaient à garder une certaine distance avec leurs élèves; l’esprit de camaraderie n’était pas de mise dans leur enseignement. Repérant la petite maisonnée de Kelyaga, Saphira s’y dirigea et y atterrit. La bâtisse était simple, faite de bois et de pierre cimentée avec de l’argile. Le toit était de chaume et percé d’un orifice qui faisait office de cheminée. Il s’en dégageait une odeur âcre de fumée. Eragon se présenta à la porte et frappa deux coups. Kelyaga ouvrit quelques secondes plus tard, la mine soucieuse. Ses cheveux bruns avaient été ramenés en une natte serrée; ses yeux bruns brillaient de détermination. Elle se força cependant à sourire à la vue de son maître.
- Ebrithilar, quelle joie de vous recevoir ! Vous m’excuserez pour le désordre, je suis plutôt débordée...
Eragon sourit à cette remarque. En vérité, la maison n’était pas si désordonnée que ça. Le Dragonnier, dès le début des formations, avait informé ses élèves que leurs habitats n’étaient fait que pour dormir et se restaurer; du reste, cela n’était ni un musée, ni une bibliothèque. Ce règlement strict était nécessaire à la formation: structurer l'esprit de leurs élèves pour le progrès et le dépassement de soi était leurs principaux objectifs. Pour leur culture, Eragon et Saphira avaient bâti un endroit spécial un peu plus au nord du campement. Du reste, les élèves devaient posséder le moins d’effets personnels possible, pour minimiser les risques de perte, de vol et, en l'occurrence, pour faciliter les déménagements.
- Ne t’en fais pas Kelyaga-finiarel, nous ne faisons que passer. Tes préparatifs avancent-ils bien ? Saphira et moi nous sommes rendus disponibles.
Eragon sentit une conscience familière toucher la sienne et celle de Saphira. Aux battements d’aile, il sut que Lulma venait de rentrer de la chasse.
« Bonjour, maîtres »
« Bonjour Lulma Œil Perçant »
Saphira lui répondit d’un grognement affectueux.
- Ne vous en faîtes pas, répondit la jeune femme. Nous avons déjà presque fini.
L’émotion transparaissait dans sa voix. Le maître Dragonnier s’efforça de l’ignorer; il partit plutôt d’un sourire radieux.
- Le temps est magnifique ce matin, parfait pour un petit vol. Que penserais-tu d’une petite escapade en notre compagnie avant ton départ ?
Le visage de Kelyaga s’éclaira. Elle jeta un coup d’oeil par-derrière elle, là où se tenaient les sacoches de selle de Lulma et quelques rouleaux de parchemin.
- Laissez moi regrouper tout cela, et je vous rejoins.
Le Dragonnier acquiesça et se retira de la petite chaumière. Il se retrouva face à Saphira et Lulma qui se tenaient côte à côte, telles mère et fille. La dragonne pourpre, quoique bien bâtie, dépassait tout juste l’épaule de Saphira. Eragon la trouvait plus trapue que la dragonne bleue; on reconnaissait cependant en ses traits, en ses formes, celles des femelles de son espèce. Sa tête était encore plus fine que celle de Saphira; d’une forme triangulaire, elle avait également des yeux plus grands, percés de profonds iris mauves. Ces derniers se braquèrent sur Eragon. Le garçon y lut un intérêt mêlé de profond respect, ce qui le fit se demander si lui-même regardait Oromis de cette façon, jadis.

Kelyaga les rejoignit quelques minutes plus tard, et tous deux se mirent en selle. Dans une joie non contenue, les deux dragonnes décolèrent en rugissant. Les Dragonniers joignirent leur rire à celui de leur monture. Tandis qu’ils volaient côte à côte, l’homme repensa au parcours de son élève et de celui des autres avant elle. Il ne s’était jamais vu professeur, mais force était de reconnaître qu’il était plutôt fier de ce que Saphira et lui avaient accomplis. Cette dernière, qui suivait attentivement le fil de ses pensées, lui donna une étreinte mentale.
« Nous pouvons être fiers, Eragon. »
« J’espère seulement que Kelyaga est prête pour ce qui l’attend. »
« Bien plus que tu ne le crois. Il faut lui laisser du temps et de l’espace désormais. Souviens toi, nous adorions l’aventure toi et moi. »
Le Dragonnier sourit légèrement.
« Oui, quand nous n’étions pas poursuivis par des Urgals ou obligés d’aller tenir un siège ! »
Saphira émit un ronronnement amusé.
« C'est vrai. »
Ils se concentrèrent sur leur vol, par la suite. Le jeune homme sentit les Eldunarí se joindre à leurs esprits, profitant du vol pour expérimenter des sensations passées. Ils restèrent silencieux, néanmoins. Seul le profond bonheur qui émanait d’eux rappelait leur présence.
Le soleil, déjà bien haut, éclairait les écailles des dragons et les faisait briller comme autant de soleils scintillants. Celles de Saphira, bien évidemment, surpassaient celles de Lulma en brillance. La peau membraneuse de leurs ailes était devenue translucide. Le vent les portait avec aisance, un calme serein s’était installé entre Eragon et son apprentie. Qui bientôt ne serait plus rien de cela.
- Maître ? fit-elle soudain.
- Oui ?
- Nous reverrons-nous un jour ?
Le silence se répandit, entrecoupé ça et là par le bruit des battements d’ailes.
- Non, je le crains, Kelyaga-finiarel. A moins que tu ne reviennes ici, tu ne reverras pas cette vallée. Ton devoir sera ailleurs et tu te trouveras suffisamment occupée en Alagaesia. Tu verras, tu ne penseras plus à tout cela, une fois là-bas. Découvrir le monde est toujours une chose excitante, et c'est une chose nécessaire à tout Dragonnier, nous qui dominons les airs.
Ce fut au tour de la jeune fille de se taire, le regard perdu à l’horizon. Eragon sentait la tristesse de Lulma, mêlée à une excitation sourde, qui lui parvenait comme des vagues puissantes. Comme son apprentie ne disait rien, Eragon reprit de sa voix grave:
- Cependant, nous continuerons d’exister au travers des enseignements que nous vous avons transmis, et à travers vos mémoires. N’est-ce pas le plus important ?
- Si, maître, c’est le plus important.
Cherchant son regard, l’homme esquissa un sourire attendri.
- Ne sois pas triste quand il n’y a pas raison de l’être. Des êtes bien plus passionnants que moi t’attendent en Alagaësia. 
- Ca, j’en doute, rétorqua Kelyaga en souriant à son tour.
Eragon partit d’un rire, et fut bien vite rejoint par son élève. Le Dragonnier avait de la tendresse pour cette jeune fille; sans ressentir de l’amour paternel, il la considérait plutôt comme une petite soeur. Deux dragons sauvages vinrent se joindre à leur groupe pendant leur escapade, virevoltants avec agilité, crachant des jets de flammes par intermittence. Leurs ailes puissantes frôlaient celles de Saphira et Lulma, mais ils préféraient rester à une distance respectueuse, comme pour rappeler leur pleine indépendance. La beauté du geste n’en était que plus grande, car les dragons seuls décidaient de venir en leur compagnie. Eragon trouva ce spectacle très beau comme si, d’une certaine manière, les dragons sauvages venaient faire leurs adieux. Ils finirent par repartir, s’éloignant de simples battements d’ailes. Le maître les regarda filer, les yeux perdus dans le lointain. Bientôt, leur vol toucha à sa fin et les deux dragonnes se posèrent non loin de la chaumière. Il était midi, et déjà l’heure du départ avait sonné. Le nouveau Dragonnier ne devrait pas tarder, lui aussi. Eragon sentit Saphira en pleine conversation avec sa consoeur, et il décida de les laisser un temps. Il aida Kelyaga à charger les sacoches de selle et à faire l’état des lieux. Rien n’avait été oublié. Ce qu’il restait de la maison, c’était le lit, une table ronde en chêne, quelques tabourets et une bibliothèque vide. Tout semblait triste et gris. Eragon s’en trouva attristé: c’était comme si on avait arraché l’âme de cette maison.

Saphira vint se placer à ses côtés, l’air résigné. Le garçon savait que la dragonne ne se laisserait pas abattre; elle était bien plus forte qu’il ne l’était. Et puis, sa fierté lui interdisait toute effusion. Ils s’avancèrent au bord de la falaise qui surplombait la vallée, silencieux. Des bruits d’écailles et des grognements sourds indiquèrent l’arrivée de Ulafr, de Nûkmur et de leurs dragons. Le maître Dragonnier leur accorda un regard puis se concentra à nouveau sur l’étude de la vallée en dessous de lui. Saphira le frôla et s’accroupit à son côté. Ils sentirent les autres les entourer.
« J'imagine que je ne saurais pas ce que tu as dit à Lulma » pensa Eragon, mi-amusé, mi-résigné.
« Certaines conversations n'appartiennent qu'aux dragons, tu le sais. »
- Nous sommes prêtes, fit une voix derrière eux.
Se retournant, Eragon resta un moment silencieux. Lupusäghren s’avança, tenant contre lui un imposant oeuf rouge. Après avoir prononcé quelques mots en ancien langage, il le tendit à Kelyaga. Cette dernière s’en saisit prudemment, comme s’il s’agissait de la plus rare des pierres précieuses - ce qui, d’un certain côté, était proche de la vérité. Elle le glissa dans l’une de leur sacoche de selle en prenant mille précautions. Lulma tordit son cou et vint renifler la besace. Après quelques instants, comme mû par une détermination soudaine, Eragon lança:
- Que notre bénédiction, à Saphira et moi, vous accompagne.
« Oui, et puisse le vent toujours gonfler vos ailes.»
Les adieux furent brefs, comme si tout le monde y avait déjà été préparé. Chose triste à dire, le garçon s’y était depuis longtemps accommodé. Sa vie n’était faite que de cela: d’adieux.
« Adieu, Eragon-elda » souffla la voix de Lulma dans sa tête.
Après un dernier regard vers Nûkmur, Ulafr, Riflen et Vulcanagmifr, le couple décolla avec leste. Ils virent une dernière fois scintiller les écailles pourpres de Lulma, puis ce fut fini. Elles avaient disparu dans l’immensité du ciel souverain.
Comme à leur habitude, les elfes étaient apparu discrètement et se joignaient à la petite assemblée. Bien que présents lors de la formation des Dragonniers, c’était bien de leur maître Eragon que les élèves étaient le plus proches. Elfe mais pas pleinement, l’homme avait une tendance plus forte à ressentir compassion et amitié. Lupusäghren et les autres elfes se contentaient d’apporter leur savoir et de veiller sur le trésor des oeufs et des Eldunarí. Du reste, bien qu’ayant un profond respect pour les Dragonniers, ils ne s’en étaient pas vraiment rapprochés.

Désormais, tous étaient présents pour ce moment rare qui arrivait, et tous se taisaient. Ils attendaient.
Dernière modification par Jums le dim. 03 juil., 2016 1:42 pm, modifié 1 fois.
Hurane

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Hurane »

Je dois dire que je suis impressionnée ! C'est magnifiquement bien écrit (malgré quelques erreurs que je n'ai pas eu le temps de corriger mais pas très grave) ! Tu fais vraiment bien passer les émotions. J'ai vraiment hâte de lire la suite et si un jour tu décides décrire ta propre histoire je serais ravie de la lire ! Tu pourrais faire des choses vraiment top je n'en doute pas !
Bye
Ru-Ru
cochyo

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par cochyo »

C'était magnifique et ... magique.
Bravo.
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Merci pour vos compliments ! Ca me touche.
Pour ceux qui en doutaient, il y a suite prévue que je vous poste très bientôt.
(je pars à la chasse aux fautes ! Il y en a toujours certaines qui nous échappent ^^)
DarkMaar

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par DarkMaar »

Très très bien écrit ! J'attend impatiemment la suite !
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Heureuse de tout cet enthousiasme !

***********

Après quelques minutes qui parurent être des heures, on aperçut une tâche scintillante dans le ciel. Telle une étoile filante en plein jour, la tâche miroitait et semblait se déplacer à une très grande vitesse. Plus elle se rapprochait, et plus sa brillance s’intensifiait. Eragon plissa les yeux et mit ses mains en visière; Saphira tendit le cou, imitée des autres dragons. On entendit un rugissement puissant. Une rafale de vent les atteignit, mêlant poussière et brindilles. Sans attendre, le mentor projeta sa conscience vers celle du nouvel arrivant. Soutenu par la puissance de Saphira, ils investirent son esprit. C’était une tâche pénible mais nécessaire à leur sécurité. Depuis leur arrivée ici, ils devaient s’assurer que les visiteurs étaient munis de bonnes intentions, pour protéger tous les secrets enfouis en ces lieux. Les Eldunarís ne se mêlèrent pas aux fouilles mentales; ce n’était pas nécessaire et surtout trop dangereux pour leur sécurité: on aurait senti leur présence.
Après quelques secondes de recherche, et ne trouvant rien de dangereux, l’esprit d’Eragon s’effaça lentement sans cependant se retirer. L’assemblée forma un large cercle afin d’accueillir les nouveaux arrivants. Le couple approchait; on pouvait désormais détailler le dragon. Qui était en vérité une dragonne. Sa couleur était d’un noir d’encre profond, cependant très différent de la nuance du défunt Shruikan. Ses écailles larges et arrondies étaient aussi brillante que des pierres précieuses et donnait à la femelle un air de vitalité et de jeunesse. Elle était splendide.
La dragonne atterrit lestement, lançant des regards curieux autour d’elle. Ses yeux étaient d’un vert pâle, lui donnant une étrange allure féline. Vulkanagmifr cracha un jet de flamme, les yeux brillants. Hriflen s’ébroua et lança un rugissement retentissant. La nouvelle arrivante les scruta, ravie.
« Bienvenue dans la vallée de Brom » fit le maître Dragonnier, souriant.
La conscience du Dragonnier, quelque peu secouée après cet fouille brutale, ne sembla pas cependant se démonter face aux deux présences étrangère que représentaient Eragon et Saphira.
« Merci. » répondit-il d’une voix grave.
- Bienvenue à vous, Ismaël-finiarel et Obsidya, lança le Dragonnier, à voix haute cette fois. Nous vous attendions.
Fendant la foule avec Saphira, Eragon s’approcha de la dragonne noire d’un pas lent. Un silence respectueux planait autour d’eux. On aperçut, sur le dos de sa monture, un jeune garçon aux cheveux blonds. Sans tarder, il défit les sangles qui le retenaient et mit pied-à-terre. Plus petit que son maître mais doté d’une belle carrure, le jeune homme avait un visage franc, anguleux et déjà bien mature. Ses traits et ses oreilles pointues ne laissaient aucun doute quant à son espèce: c’était un elfe.
- Atra esterni ono thelduin, salua le nouveau venu en inclinant la tête.
- Mor'ranr lifa unin hjarta onr, répondit Eragon en ouvrant les bras.
- Un du evarinya ono varda. Obsidya et moi sommes honorés de faire enfin votre connaissance, Ebrithilar, ajouta Ismaël en s’inclinant légèrement devant eux, prenant soin de parler dans la langue natale de son nouveau maître.
Saphira scruta le garçon et vint toucher son front du bout de son museau.
« Nous de même, Ismaël-finiarel. »
Elle se tourna ensuite vers Obsidya et l’engloba du regard. Elle restait impassible, comme Glaedr l’avait été avec elle auparavant. La jeune dragonne, quant à elle, scrutait Eragon et Saphir avec intérêt.
« Bienvenue, jeune Obsidya. Le vent t’as-t-il été favorable ? »
Une voix claire, presque enfantine, résonna dans leurs têtes.
« Oui, Saphira-elda. Il semblerait que même le vent eut souhaité notre rencontre. »
La tête de la dragonne noire se tourna vers Eragon. Ses yeux verts se posèrent sur lui, étincelants.
« Bonjour, Ebrithil. »
Comme avec son Dragonnier quelques minutes plus tôt, le jeune homme et Obsydia s’échangèrent les formules de politesse elfiques.
Conscients de l’échange silencieux qu’il se faisait entre les nouveaux arrivants et les maîtres de cette vallée, le reste de l’assemblée conserva un silence respectueux. Cependant, au bout de quelques minutes, Ulafr fendit la foule et vint rejoindre Ismaël. Bien que n’étant pas un Kull, Ulafr était grand pour son espèce. Sa peau grise et ses cornes ajoutaient à la vision de l’être barbare qu’il pouvait renvoyer aux gens. Pourtant, l’Urgal était quelqu’un de fiable et ça, Eragon en était parfaitement conscient. Il releva la gorge, signe de paix, et donna une tape sur l’épaule du nouvel apprenti.
- Bienvenue parmi nous, Elfe aux cheveux d’or, le salua Ulafr. Puis, se tournant vers la dragonne noire: bienvenue, Ecaille Sombre.
Cette dernière tendit le cou et vint le renifler prudemment. Eragon entendit ses pensées:
« Enchantée, nouvel-ami-de-mon-Dragonnier »
Sans attendre, l’Urgal reprit:
-Voici mon compagnon de guerre, Vulkanagmifr.
Comme pour attester des dires de son Dragonnier, l’imposant dragon gris s’approcha, renversant un des elfes-magicien au passage. Il scruta les arrivants de son oeil rougeoyant.
« J’espère que nous partagerons de nombreuses batailles ensembles. » commenta Vulkanagmifr, dont la voix rocailleuse résonna avec intensité dans leurs crânes.
Hriflen et Nûkmur s’approchèrent ensuite, moins frontaux que leurs prédécesseurs. En guise de salut, le nain frappa son poing contre sa poitrine. Après s’être présentés, le dragon orange s’avança lentement vers Obsidya. Ce dernier, plus vieux, était désormais le plus grand des apprentis dragons . Il semblait faire de l’effet à la dragonne noire, à la manière dont cette dernière trépignait et le scrutait.
« Veux-tu que je te fasse découvrir la vallée ? » proposa Hriflen, dont la voix plus douce avait des accents chaleureux.
« J’en serai honorée, dragon-aux-écailles-de-soleil. »
Vulkanagmifr, dont la voix s’était tue, sembla discuter quelques instants avec les autres dragons. Hriflen se tourna alors vers Eragon.
« Permettez-vous, Ebrithilar, que nous emmenions Obsydia survoler nos contrées ? »
Le concerné hocha la tête lentement.
« Vous pouvez. Cependant, ne commettez pas d’imprudence en vous approchant des dragons sauvages, et soyez revenus avant le coucher du soleil. »
Toute excitée à l’idée de ce qui l’attendait, Obsydia ne tenait plus en place. Cela rappela à Eragon le jour où Saphira et lui avaient commencé leur propre formation.
« Merci, maître. » lança la dragonne noire. Elle semblait s'être vite accommodée de son statut d’élève.
Sans attendre, les trois dragons-apprentis s’envolèrent. Leurs dragonniers les regardèrent en souriant. Ismaël s’approcha alors d’Eragon.
- Pardonnez son excitation, maître Eragon, dit-il. Elle n’avait jamais encore rencontré d’autres dragons que Fírnen.
A l’évocation de ce nom, Saphira tressaillit. Cependant, le jeune Dragonnier ne sembla pas s’en apercevoir. Il continua:
- Que faisons-nous, désormais ?
Il posa son regard interrogateur sur le maître Dragonnier. Eragon sourit faiblement et embrassa l’assemblée du regard.
- Nous fêterons ton arrivée dès ce soir. D’ici là, vous avez tous quartier libre. Ismaël-finiarel, tu vas venir avec Saphira et moi. Nous avons beaucoup à discuter.
Le jeune apprenti acquiesça, visiblement ravi de passer du temps en leur compagnie. Il lança un regard mi-respectueux, mi-craintif vers la dragonne bleue.
« Le petit a peur de moi » fit remarquer Saphira avec amusement.
« Tu parais plus féroce que tu ne le penses » commenta Eragon, amusé lui aussi.
« Bien sûr que je parais féroce ! » rétorqua la dragonne, faussement outrée.
Ainsi, l’assemblée se dispersa et il ne resta plus qu’Eragon, Saphira et Ismaël. Ce dernier lança un regard derrière lui, certainement par réflexe, mais sa dragonne n’y était pas. L’homme perçut son trouble passager.
- Ne t’en fais pas. Obsidya est fort bien accompagnée, rien ne saurait lui arriver. Tâche cependant de garder un lien mental avec ta dragonne, de sorte que tu puisses apprendre de ce qu’elle voit et entend.
L’apprenti acquiesça lentement et retrouva un sourire incertain.
- Marchons jusque chez moi, reprit Eragon.

Les deux elfes arpentèrent le plateau ensemble, silencieux. Ismaël savait être patient, apparemment, attendant que son maître prit la parole le premier. Ils gravirent une colline enherbée où les arbres diffusaient une agréable fraicheur. Le soleil perçait à travers les feuillages et mouchetait le sol de tâches dorées. Saphira les suivait, silencieuse, toute proche de son Dragonnier. Sa présence, comme à l’habitude, rassurait Eragon. Il se sentait entier, auprès d’elle. Une fois en haut de la colline, et après avoir traversé un petit bosquet, les deux hommes avisèrent une petite cabane en bois qui n’était pas sans rappeler celle de l’À-pic de Tel’naeir. C’était, là encore, un hommage que Glaedr avait su apprécier. Une table simple de bois était installée en dehors, abritée de l'ombre d'un grand arbre qui semblait avoir cent ans. Ses racines noueuses encerclaient la petite demeure. Il faisait bon vivre, par ici. D’un signe, le maître enjoint à son élève de s’asseoir, ce qu’il fit.
- Vous habitez un endroit fort paisible, fit remarquer Ismaël.
- Il est vrai, que Saphira et moi avons choisi avec soin, acquiesça Eragon en lançant un coup d’oeil complice à son dragon. Cependant, tu en connais déjà bien plus sur moi que nous n’en connaissons sur toi. Il est temps de pallier à cela. Depuis quand es-tu Dragonnier mon petit ?
- Obsidya a éclot pour moi voilà presque un an.
L’homme se cala contre sa chaise et continua son interrogatoire:
- Où vivais-tu ?
-A Ceunon, dans la demeure de mes grands-parents. Mes parents sont décédés il y a longtemps.
- Navré. Qu’as-tu appris depuis tes débuts avec Obsidya ?
- Bien des choses. Notre lien s’est considérablement développé depuis son éclosion, affirma Ismaël. Cependant, son regard se fit plus sombre quand il continua: seulement, je ne la comprends pas encore totalement. Elle a des réactions, des paroles qui m’échappent.
Le maître Dragonnier sourit à ces paroles. Ce fut cependant d’un ton des plus sérieux qu’il répondit:
- Comprendre les dragons n’est pas chose aisée. J’ai moi-même mis bien du temps à comprendre Saphira; il reste même certains de ses secrets que je n’ai pas encore percé.
La dragonne souffla de petites flammes par le nez, comme pour attester des dires d’Eragon.
- Tu apprendras, au fil du temps, à découvrir Obsidya. Vous êtes tous deux encore bien jeunes, votre relation n’a pas fini d’évoluer. Saphira et moi vous aiderons à mieux vous appréhender l’un l’autre.
Ismaël approuva d’un hochement de tête.
- As-tu déjà usé de magie contre un adversaire ?
- Oui, avec Arya Svít-kona. Cependant, elle a un niveau considérablement supérieur au mien, ce n’est pas ce que nous pratiquions le plus. Elle m’a surtout appris à me débrouiller seul en cas de besoin. Elle est plutôt... distante.
Le maître acquiesça silencieusement. Brom, son premier maître et père, avait agi de même durant ses débuts. C’est avec Oromis que son entraînement avait vraiment débuté. Quant à la distance que chacun de ses instructeurs a pu mettre avec lui, il ne peut que comprendre.
Il s’apprêta à reprendre quand une conscience s’insinua dans sa tête avec la force d’un raz-de-marée. Un mal de tête le prit, et lui fit détourner le regard. Aguerri dans l’art de la défense mental, le maître n’eut aucun mal à barricader son esprit. Ismaël se redressa légèrement, intrigué. Eragon ne reconnaissait ni l’esprit d’un Eldunarí, ni l’esprit d’un dragon sauvage. Il aurait pu aisément contrattaquer, mais quelque chose le troublait. Se redressant sur ses jambes, il observa les alentours avec circonspection. Saphira, percevant sa détresse, joignit ses recherches aux siennes.
« Qu’est-ce que cela ? » se plaignit la dragonne.
Eragon se tourna vers son élève et dit brusquement, le front plissé:
- Ismaël, rejoint Lupusänghren. Descends cette colline et dirige-toi vers les Grands Arbres. Les elfes ont construits leurs maisons dedans.
- Dedans ? Mais...
- Ne pose pas de question et obéis. Je pressens une présence étrangère. Quoiqu’il arrive, ne la laisse pas investir tes pensées.
- Oui, maître.
Sans attendre, Ismaël s’enfonça dans les fourrées pour y disparaître. Eragon avisa les arbres devant lui, puis leva la tête. L’esprit étranger continuait ses attaques, mais ces dernières perdaient en violence, comme s’il attendait quelque chose. La conscience effleurait désormais ses barrières, comme une présence apaisante. Elle affichait ainsi ses intentions pacifiques. Ou peut-être que cela n’était qu’une ruse. En ce cas, jamais Eragon n’avait vu un magicien recourir à pareil procédé. Le corps tendu, il tint bon. Nonobstant Saphira se chargeait de repousser ces pensées étrangères, l’esprit parvenait toujours à se faufiler, venant se presser contre les barricades du Dragonnier avec une habileté impressionnante. N’y tenant plus, il fit tomber ses défenses et attaqua aux côtés de Saphira. Les esprits se mêlèrent brutalement, mais avant même que la lutte n’ait commencé, l’homme reçut un choc. La musique de ces pensées lui étaient familières. Pris au dépourvu, le Dragonnier laissa échapper un cri de surprise et, abasourdi, sentit la conscience rencontrer la sienne. Saphira saisit ce qu’il se passait en même temps que lui.
« Serait-ce... » commença la dragonne bleue.
Puis soudain, un souffle, un murmure:
« Eragon... »
C’était là une voix que tous deux connaissaient bien.

****

Je rappelle la signification des paroles elfiques de politesse:
Atra esterni ono thelduin / Mor'ranr lifa unin hjarta onr / Un du evarinya ono varda : Que la chance t'accompagne ou Que la chance règne sur toi / Que la paix règne dans ton coeur / Et que les étoiles veillent sur toi.
cochyo

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par cochyo »

Je te déteste :evil: . T'es horrible de laisser comme ça ! Ca pourrais être murtague ou arya peut être ?!
En tout cas, c'était un super chapitre !
Mimie99

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Mimie99 »

Très bon chapitre! Je crois que c'est l'un des meilleurs jusqu'à présent! ;) Vivement la suite, il me tarde de savoir qui est cette personne connue :D
Hurane

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Hurane »

C'est toujours aussi bien écrit et aussi agréable à lire ! Vraiment bravo ! Reste à voir ce qu'il va se passer dans le prochain chapitre !^^
Mouth

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Mouth »

J'adore cette fanfic' !! :o :)
Très bien écrit, très bien pensé, très fidèle aux "idées" initiales de la série. Bravo !
Il nous FAUT la suite... et vite ! :D
Mali26

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Mali26 »

J'adoooore! On retrouve vraiment bien l'univers!
La suiiite stp!
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

La suite est toujours en cours d'écriture, alors il va falloir vous armer de patience...!
Je fais aussi vite que possible ;)
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Finalement la suite était plutôt bien avancée ! La suite tant attendue... :)
Là j'attends vos avis, parce que cette suite a été, disons, moins mûrement réfléchie que les précédents chapitres. Alors n'hésitez pas, je suis ouverte ! Je suis prête à modifier, voire réécrire: est-ce trop "lourd", trop sentimental ?

*******

LE DRAGONNIER resta figé quelques instants. Ce fut Saphira qui réagit la première: elle releva brusquement la tête et cracha un jet de flammes bleues, ce qui fit fuir les oiseaux et embrasa la cime des arbres qui les surplombaient. Eragon revint brusquement à lui et s'empressa d'éteindre les flammes, rageant, sous le regard légèrement contrit de Saphira.
« Eragon, allons-y ! » s'écria la dragonne qui ne tenait plus en place.
Comme son ami ne réagissait pas, elle se retourna vivement, abattant quelques troncs sur son passage, et s'éclipsa.
Eragon restait interdit, le coeur battant, se sentant comme un petit garçon surexcité. Un sentiment inconnu s'empara de lui, embrasant ses veines et son coeur, comme si le feu de Saphira s'était propagé en lui. Il se précipita derrière cette dernière, localisant les intrus par la pensée. Ils étaient là. Ils les avaient retrouvé, ici, dans la vallée de Brom. Elle l'avait retrouvée. Eragon était jeté dans une douce euphorie, et il accéléra sa marche. Où était passé Saphira ? Une appréhension le prit soudain et le fit s'arrêter: et si tout cela n'était que duperie ? Cela semblait trop beau… Saphira avait disparu désormais. Quelle imprudente ! N'y tenant plus, et peut-être autant par curiosité que par crainte, l'homme se jeta au travers des fourrées et arriva à l'orée du bosquet. Une longue pente enherbée s'offrait à lui, terminée par une large plaine ondoyante qui donnait sur les rives de la large rivière Plion. Plus loin, là où il était presque impossible de les apercevoir, les Monts Brumeux. Et là, bien qu'averti, ce que vit Eragon le stupéfia.
Un majestueux dragon couleur de sombre émeraude se tenait près de la rivière, les ailes à demi-déployées, son long corps reptilien recouvert d'écailles brillantes et terminé de longues pattes musclées. Son cou était long et épais; une crète d'épine blanches et acérées recouvrait son échine, étoffant un peu plus sa silhouette de géant. Il dépassait de loin Vulcanagmifr ou Riflen en grandeur et en splendeur, selon Eragon. Il pouvait voir son large œil, qui cependant n'était pas fixé sur notre héros, mais plutôt sur la dragonne bleue qui était arrivée quelques instants avant lui. En vérité, tout son être était tendu vers elle. Il fallut l'espace d'un souffle avant que les deux dragons s'élancent l'un vers l'autre. Ils se toisèrent, grognèrent et commencèrent cette parade déjà bien connue d'Eragon qui resta immobile sur le haut de la colline. Ce dernier sourit à ce spectacle. La joie de sa dragonne irradiait à travers leur lien. Les deux dragons se mirent à tourner l'un autour de l'autre, à frapper le sol de leur queue, à agiter leurs ailes. Les pensées de Saphira étaient confuses, brouillées, enflammées et son dragonnier préféra ne pas s'y mêler: il avait déjà ressenti la gêne que pouvait lui procurer ce genre de situation. Et puis, son attention fut bien vite attirée par autre chose. A l'endroit où le géant vert se tenait quelques secondes plus tôt, il y avait une silhouette. Une silhouette fine, élancée, flanquée d'une grande chevelure noire secouée par le vent.
Arya.
L'homme répéta son nom par la pensée, confus et heureux, et franchit la distance qui le séparait des berges de la rivière d'un pas vif, de plus en plus empressé. Les dragons commençaient à s'éloigner, mais la force de leur joie continuait de se faire ressentir à travers les tremblements fréquents dont le sol était prit. La femme elfe s'approcha de quelques pas assurés, et Eragon capta immédiatement ses prunelles vertes. A l'instar de leurs dragons, il y eut un bref moment d'hésitation au cours duquel chacun semblait réaliser l'importance de ces retrouvailles. Puis le Dragonnier dit, dans un souffle:
- Tu es là.
C'était une constatation, et non une question. Il n'avait plus aucun doute quant à la présence de cette personne aimée. Arya s'approcha d'un pas souple et ample, et posa sa main sur le bras d'Eragon, l'agrippant à la manière des guerriers. Ses cheveux étaient retenus par un bandeau de cuir, comme lors de leur première rencontre. Ses traits étaient dépourvus d'imperfection, son teint légèrement halée par des heures de chevauchée sous le soleil des plaines d'Alagaësia. Elle n'avait pas changé, si ce n'est sa beauté qui apparaissait encore plus resplendissante aux yeux de l'homme elfe.
- Que la chance t'accompagne... murmura Arya, dont la voix vibrait d'émotion.
- Que la paix règne dans ton coeur, répondit Eragon dans un souffle, une esquisse de sourire se formant sur son visage.
- Et que les étoiles veillent sur toi, acheva la femme elfe, son regard vert brillant étrangement.
Ils n'avaient pas besoin de plus que cela: une légère étreinte, le regard ancré dans celui de l'autre. Le temps semblait s'être figé.
- Et moi qui croyait ne jamais avoir la joie de te revoir, Arya Svit-kona, fit le Dragonnier, tendant sa main vers la joue de cette dernière, effleurant une de ses boucles d'ébène. Il remarqua que l'elfe ne se rebiffa pas de ce contact.
Elle sourit, baissa un instant les yeux puis, les relevant, répondit:
- On ne sait jamais ce que nous réserve le destin.
Arya s'écarta d'un pas, leva la tête et inspira longuement l'air pur de la vallée, le sourire au lèvre. Elle était d'une telle beauté que le coeur d'Eragon rata un battement. Il eut le loisir de la détailler: son visage éclairé par le soleil, ses longs cils noirs, son cou gracile comme forgé dans le plus beau des marbres. Après une instant, elle tendit une main vers l'homme, ses yeux en amandes plissés de joie. Il s'approcha et lui prit la main, savourant la douceur de ce contact.


Arya et Eragon se remémorèrent ensemble des souvenirs heureux, se rappelant leurs combats avec Saphira, leur premier combat à l'épée, leur voyage jusqu'à Ellesméra.
- Tu t'es trouvé un très bel endroit, Eragon. Nous ne pouvions rêver mieux pour les dragons, constata Arya en suivant du regard un jeune dragon sauvage qui voltigeait dans le ciel.
Tous deux étaient assis dans l'herbe grasse, savourant la brise charriée par le Plion. Leurs épaules se frôlaient.
- La vallée de Brom regorge d'endroits magnifiques. Je serais enchanté de te la faire visiter.
Le regard émeraude chercha celui du Dragonnier, qui ne pouvait s'arrêter de sourire. Ce dernier sentit qu'elle appréciait l'hommage au vieux sage autant que lui.
- J'adorerais, murmura-t-elle.
Saphira et Firnen étaient absents. Eragon pouvait à peine sentir leur lien, tant la dragonne s'était éloignée. En voilà deux autres qui n'étaient pas à plaindre. Il ne voulait pas vraiment songer à ce qui pouvaient bien se passer entre ces deux-là. Arya interrompit son flux de pensée:
- Raconte-moi un peu ce qu'est ta vie désormais.
L'homme s'allongea dans l'herbe, les mains derrière la tête, savourant la beauté du ciel azur.
- Tout est merveilleux ici. J'enseigne beaucoup aux côtés de Lupusänghren et des autres elfes; mes deux plus vieux apprentis sont très doués. Ismaël est arrivé il y a peu. L'existence des Eldunaris ne leur est cependant pas révélé, pour la sécurité de tous. Saphira est un excellent professeur, et elle s'est montrée très bonne envers les jeunes dragons, au temps où nous avons découvert cette vallée. Il y a tant à découvrir, tant de choses devant lesquelles s'extasier. Nous pouvons voler en toute liberté, sans contrainte. Mais je dois avouer que Saphira et moi avons changé. Nous ressemblons sûrement plus à Oromis et Galedr que nous ne voulons bien l'admettre. Nous aimons nos moments de solitude.
- Vous vous êtes assagis.
- Oui, je crois. Je pense surtout qu'aucune présence ne pouvait combler le vide de… votre absence. Saphira est restée triste pendant très longtemps, tu sais. Elle n'a jamais repris de compagnon, et pourtant ce n'est pas les prétendants qui manquaient.
Eragon laissa échapper un rire en repensant aux avances repoussées des jeunes mâles. Il était toujours amusant de la voir gronder un dragon trop insistant, indifférente à tous les présents qu'on pouvait lui rapporter. Le Dragonnier en avait beaucoup appris sur les parades amoureuses des dragons.
Arya se retourna et s'appuya sur les mains pour faire face à Eragon. Elle le surplombait, son visage affichant une tristesse bien réelle.
- Plus rien n'a été pareil, après votre départ. Ni Firnen, ni moi n'avons été les mêmes.
Eragon se redressa, le visage songeur, appuyant les coudes contre ses genoux, émiettant un brin d'herbe entre ses doigts.
- Pourquoi nous avoir rejoint ici, Arya ? Un danger menace-t-il en Alagaësia ?
Il tourna la tête, et son visage se retrouva à quelques centimètres de celui de la femme elfe. Cette dernière inspira brièvement, ses sourcils se relevèrent légèrement, et son regard fuya celui, bleu, du Dragonnier.
- La paix règne en Alagaësia, grâce à toi. Tes apprentis y veillent.
Il ne put s'empêcher de remarquer qu'elle avait éludé sa première question. La main d'Eragon trouva celle d'Arya parmi les herbes hautes.
- Grâce à nous.
L'homme ne s'était jamais senti autant amoureux qu'en cet instant. La présence de l'elfe lui était si agréable que son coeur était près à exploser de joie. Des doigts vinrent effleurer sa joue.
- Eragon…
La Dragonnière murmura son nom en ancien langage, et l'être tout entier de notre héros fut parcouru d'un frisson. Il se retourna vers elle, plongeant la main dans ses cheveux. Jamais il n'avait connu une telle proximité physique et mentale avec quelqu'un. A son tour, il prononça le vrai nom d'Arya. Cependant, il résonna comme dans le vide. Eragon ne put cacher son désarroi. L'un d'eux avait peut-être plus changé qu'il ne l'avait imaginé…. Sa compagne d'aventure s'apprêta à parler quand un grand «boum» se fit entendre.
Ils furent interrompus par le retour de leurs dragons, ce dont Eragon se serait volontiers passé. Mais Arya se releva, l'enjoignant à le suivre. Saphira et Firnen s'ébrouaient, ravis. Ils s'approchèrent, fixant leurs dragonniers avec curiosité.
«On dérange, peut-être…?» lança Saphira avec malice.
L'homme ne prit pas la peine de répondre à cette question; sa frustration vibrait sur le lien.
«Où étiez-vous, tous les deux?»
Ce fut au tour de Saphira d'éluder la question.
Firnen se rapprocha et vint flairer Eragon.
«Honoré de te revoir, ami-de-coeur-de-mon-Dragonnier.»
«Moi aussi, Firnen-elda. Tu as bien grandi depuis la dernière fois.»
Le dragon lui répondit par un bref rugissement. Saphira couva son compagnon d'un regard alanguit, puis alla saluer Arya chaleureusement, lui permettant de toucher son museau. Pendant ce temps, son dragonnier était très largement inspecté par Firnen, de la tête au pied. Le maître Dragonnier n'expliquait pas vraiment ce comportement, qui commençait à le gêner. Arya laissa échapper un rire, s'approcha d'Eragon et repoussa le museau de son dragon vert de la main.
- Allons Firnen, tu connais déjà Eragon.
Le dragon couleur de feuillage répondit de telle sorte que tous puissent l'entendre:
«Il me paraît changé» fit-il pensivement.
Qui sait ce que pensent réellement les dragons…
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Finalement la suite était plutôt bien avancée ! La suite tant attendue... :)
Là j'attends vos avis, parce que cette suite a été, disons, moins mûrement réfléchie que les précédents chapitres. Alors n'hésitez pas, je suis ouverte ! Je suis prête à modifier, voire réécrire: est-ce trop "lourd", trop sentimental ?

*******

LE DRAGONNIER resta figé quelques instants. Ce fut Saphira qui réagit la première: elle releva brusquement la tête et cracha un jet de flammes bleues, ce qui fit fuir les oiseaux et embrasa la cime des arbres qui les surplombaient. Eragon revint brusquement à lui et s'empressa d'éteindre les flammes, rageant, sous le regard légèrement contrit de Saphira.
« Eragon, allons-y ! » s'écria la dragonne qui ne tenait plus en place.
Comme son ami ne réagissait pas, elle se retourna vivement, abattant quelques troncs sur son passage, et s'éclipsa.
Eragon restait interdit, le coeur battant, se sentant comme un petit garçon surexcité. Un sentiment inconnu s'empara de lui, embrasant ses veines et son coeur, comme si le feu de Saphira s'était propagé en lui. Il se précipita derrière cette dernière, localisant les intrus par la pensée. Ils étaient là. Ils les avaient retrouvé, ici, dans la vallée de Brom. Elle l'avait retrouvée. Eragon était jeté dans une douce euphorie, et il accéléra sa marche. Où était passé Saphira ? Une appréhension le prit soudain et le fit s'arrêter: et si tout cela n'était que duperie ? Cela semblait trop beau… Saphira avait disparu désormais. Quelle imprudente ! N'y tenant plus, et peut-être autant par curiosité que par crainte, l'homme se jeta au travers des fourrées et arriva à l'orée du bosquet. Une longue pente enherbée s'offrait à lui, terminée par une large plaine ondoyante qui donnait sur les rives de la large rivière Plion. Plus loin, là où il était presque impossible de les apercevoir, les Monts Brumeux. Et là, bien qu'averti, ce que vit Eragon le stupéfia.
Un majestueux dragon couleur de sombre émeraude se tenait près de la rivière, les ailes à demi-déployées, son long corps reptilien recouvert d'écailles brillantes et terminé de longues pattes musclées. Son cou était long et épais; une crète d'épine blanches et acérées recouvrait son échine, étoffant un peu plus sa silhouette de géant. Il dépassait de loin Vulcanagmifr ou Riflen en grandeur et en splendeur, selon Eragon. Il pouvait voir son large œil, qui cependant n'était pas fixé sur notre héros, mais plutôt sur la dragonne bleue qui était arrivée quelques instants avant lui. En vérité, tout son être était tendu vers elle. Il fallut l'espace d'un souffle avant que les deux dragons s'élancent l'un vers l'autre. Ils se toisèrent, grognèrent et commencèrent cette parade déjà bien connue d'Eragon qui resta immobile sur le haut de la colline. Ce dernier sourit à ce spectacle. La joie de sa dragonne irradiait à travers leur lien. Les deux dragons se mirent à tourner l'un autour de l'autre, à frapper le sol de leur queue, à agiter leurs ailes. Les pensées de Saphira étaient confuses, brouillées, enflammées et son dragonnier préféra ne pas s'y mêler: il avait déjà ressenti la gêne que pouvait lui procurer ce genre de situation. Et puis, son attention fut bien vite attirée par autre chose. A l'endroit où le géant vert se tenait quelques secondes plus tôt, il y avait une silhouette. Une silhouette fine, élancée, flanquée d'une grande chevelure noire secouée par le vent.
Arya.
L'homme répéta son nom par la pensée, confus et heureux, et franchit la distance qui le séparait des berges de la rivière d'un pas vif, de plus en plus empressé. Les dragons commençaient à s'éloigner, mais la force de leur joie continuait de se faire ressentir à travers les tremblements fréquents dont le sol était prit. La femme elfe s'approcha de quelques pas assurés, et Eragon capta immédiatement ses prunelles vertes. A l'instar de leurs dragons, il y eut un bref moment d'hésitation au cours duquel chacun semblait réaliser l'importance de ces retrouvailles. Puis le Dragonnier dit, dans un souffle:
- Tu es là.
C'était une constatation, et non une question. Il n'avait plus aucun doute quant à la présence de cette personne aimée. Arya s'approcha d'un pas souple et ample, et posa sa main sur le bras d'Eragon, l'agrippant à la manière des guerriers. Ses cheveux étaient retenus par un bandeau de cuir, comme lors de leur première rencontre. Ses traits étaient dépourvus d'imperfection, son teint légèrement halée par des heures de chevauchée sous le soleil des plaines d'Alagaësia. Elle n'avait pas changé, si ce n'est sa beauté qui apparaissait encore plus resplendissante aux yeux de l'homme elfe.
- Que la chance t'accompagne... murmura Arya, dont la voix vibrait d'émotion.
- Que la paix règne dans ton coeur, répondit Eragon dans un souffle, une esquisse de sourire se formant sur son visage.
- Et que les étoiles veillent sur toi, acheva la femme elfe, son regard vert brillant étrangement.
Ils n'avaient pas besoin de plus que cela: une légère étreinte, le regard ancré dans celui de l'autre. Le temps semblait s'être figé.
- Et moi qui croyait ne jamais avoir la joie de te revoir, Arya Svit-kona, fit le Dragonnier, tendant sa main vers la joue de cette dernière, effleurant une de ses boucles d'ébène. Il remarqua que l'elfe ne se rebiffa pas de ce contact.
Elle sourit, baissa un instant les yeux puis, les relevant, répondit:
- On ne sait jamais ce que nous réserve le destin.
Arya s'écarta d'un pas, leva la tête et inspira longuement l'air pur de la vallée, le sourire au lèvre. Elle était d'une telle beauté que le coeur d'Eragon rata un battement. Il eut le loisir de la détailler: son visage éclairé par le soleil, ses longs cils noirs, son cou gracile comme forgé dans le plus beau des marbres. Après une instant, elle tendit une main vers l'homme, ses yeux en amandes plissés de joie. Il s'approcha et lui prit la main, savourant la douceur de ce contact.


Arya et Eragon se remémorèrent ensemble des souvenirs heureux, se rappelant leurs combats avec Saphira, leur premier combat à l'épée, leur voyage jusqu'à Ellesméra.
- Tu t'es trouvé un très bel endroit, Eragon. Nous ne pouvions rêver mieux pour les dragons, constata Arya en suivant du regard un jeune dragon sauvage qui voltigeait dans le ciel.
Tous deux étaient assis dans l'herbe grasse, savourant la brise charriée par le Plion. Leurs épaules se frôlaient.
- La vallée de Brom regorge d'endroits magnifiques. Je serais enchanté de te la faire visiter.
Le regard émeraude chercha celui du Dragonnier, qui ne pouvait s'arrêter de sourire. Ce dernier sentit qu'elle appréciait l'hommage au vieux sage autant que lui.
- J'adorerais, murmura-t-elle.
Saphira et Firnen étaient absents. Eragon pouvait à peine sentir leur lien, tant la dragonne s'était éloignée. En voilà deux autres qui n'étaient pas à plaindre. Il ne voulait pas vraiment songer à ce qui pouvaient bien se passer entre ces deux-là. Arya interrompit son flux de pensée:
- Raconte-moi un peu ce qu'est ta vie désormais.
L'homme s'allongea dans l'herbe, les mains derrière la tête, savourant la beauté du ciel azur.
- Tout est merveilleux ici. J'enseigne beaucoup aux côtés de Lupusänghren et des autres elfes; mes deux plus vieux apprentis sont très doués. Ismaël est arrivé il y a peu. L'existence des Eldunaris ne leur est cependant pas révélé, pour la sécurité de tous. Saphira est un excellent professeur, et elle s'est montrée très bonne envers les jeunes dragons, au temps où nous avons découvert cette vallée. Il y a tant à découvrir, tant de choses devant lesquelles s'extasier. Nous pouvons voler en toute liberté, sans contrainte. Mais je dois avouer que Saphira et moi avons changé. Nous ressemblons sûrement plus à Oromis et Galedr que nous ne voulons bien l'admettre. Nous aimons nos moments de solitude.
- Vous vous êtes assagis.
- Oui, je crois. Je pense surtout qu'aucune présence ne pouvait combler le vide de… votre absence. Saphira est restée triste pendant très longtemps, tu sais. Elle n'a jamais repris de compagnon, et pourtant ce n'est pas les prétendants qui manquaient.
Eragon laissa échapper un rire en repensant aux avances repoussées des jeunes mâles. Il était toujours amusant de la voir gronder un dragon trop insistant, indifférente à tous les présents qu'on pouvait lui rapporter. Le Dragonnier en avait beaucoup appris sur les parades amoureuses des dragons.
Arya se retourna et s'appuya sur les mains pour faire face à Eragon. Elle le surplombait, son visage affichant une tristesse bien réelle.
- Plus rien n'a été pareil, après votre départ. Ni Firnen, ni moi n'avons été les mêmes.
Eragon se redressa, le visage songeur, appuyant les coudes contre ses genoux, émiettant un brin d'herbe entre ses doigts.
- Pourquoi nous avoir rejoint ici, Arya ? Un danger menace-t-il en Alagaësia ?
Il tourna la tête, et son visage se retrouva à quelques centimètres de celui de la femme elfe. Cette dernière inspira brièvement, ses sourcils se relevèrent légèrement, et son regard fuya celui, bleu, du Dragonnier.
- La paix règne en Alagaësia, grâce à toi. Tes apprentis y veillent.
Il ne put s'empêcher de remarquer qu'elle avait éludé sa première question. La main d'Eragon trouva celle d'Arya parmi les herbes hautes.
- Grâce à nous.
L'homme ne s'était jamais senti autant amoureux qu'en cet instant. La présence de l'elfe lui était si agréable que son coeur était près à exploser de joie. Des doigts vinrent effleurer sa joue.
- Eragon…
La Dragonnière murmura son nom en ancien langage, et l'être tout entier de notre héros fut parcouru d'un frisson. Il se retourna vers elle, plongeant la main dans ses cheveux. Jamais il n'avait connu une telle proximité physique et mentale avec quelqu'un. A son tour, il prononça le vrai nom d'Arya. Cependant, il résonna comme dans le vide. Eragon ne put cacher son désarroi. L'un d'eux avait peut-être plus changé qu'il ne l'avait imaginé…. Sa compagne d'aventure s'apprêta à parler quand un grand «boum» se fit entendre.
Ils furent interrompus par le retour de leurs dragons, ce dont Eragon se serait volontiers passé. Mais Arya se releva, l'enjoignant à le suivre. Saphira et Firnen s'ébrouaient, ravis. Ils s'approchèrent, fixant leurs dragonniers avec curiosité.
«On dérange, peut-être…?» lança Saphira avec malice.
L'homme ne prit pas la peine de répondre à cette question; sa frustration vibrait sur le lien.
«Où étiez-vous, tous les deux?»
Ce fut au tour de Saphira d'éluder la question.
Firnen se rapprocha et vint flairer Eragon.
«Honoré de te revoir, ami-de-coeur-de-mon-Dragonnier.»
«Moi aussi, Firnen-elda. Tu as bien grandi depuis la dernière fois.»
Le dragon lui répondit par un bref rugissement. Saphira couva son compagnon d'un regard alanguit, puis alla saluer Arya chaleureusement, lui permettant de toucher son museau. Pendant ce temps, son dragonnier était très largement inspecté par Firnen, de la tête au pied. Le maître Dragonnier n'expliquait pas vraiment ce comportement, qui commençait à le gêner. Arya laissa échapper un rire, s'approcha d'Eragon et repoussa le museau de son dragon vert de la main.
- Allons Firnen, tu connais déjà Eragon.
Le dragon couleur de feuillage répondit de telle sorte que tous puissent l'entendre:
«Il me paraît changé» fit-il pensivement.
Qui sait ce que pensent réellement les dragons…
cochyo

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par cochyo »

GÉNIAL !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! :lol:
C'est super ca. Mais pourquoi elle est revenue ?
Vivement la suite !
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Contente que ça te plaise :p
Rien à redire sur ce nouveau chapitre ? ^^
cochyo

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par cochyo »

L'écriture est toujours fluide, l'histoire est bien tenu quoique avec une légère déviance par rapport à la fin du 4 lorsque arya rit en rappelant que les dragons ne se lie pas pour la vie or tu semble émettre le contraire .... Mais c'est rien comme détail. Donc non je ne trouve rien à redire. Ah si je l'ai trouvé un peu court aussi mais sinon, parfait.
Mimie99

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Mimie99 »

Vivement la suite!!!! Je suis vraiment trop contente qu'Arya soit de retour et Fìrnen aussi! :D J'ai hâte de connaître la raison de son retour et si on va savoir pourquoi son nom en ancien langage ne correspond plus... :shock: J'ai une petite idée, mais j'ai le pressentiment que ça n'a aucun rapport :? Écrit vite et continue comme ça! C'était génial, quoiqu'un peu court...
Hurane

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Hurane »

Très bon chapitre ! J'ai toujours rien à dire mis à part ça :
Il se précipita derrière cette dernière, localisant les intrus par la pensée. Ils étaient là. Ils les avaient retrouvé, ici, dans la vallée de Brom. Elle l'avait retrouvée. Eragon était jeté dans une douce euphorie, et il accéléra sa marche. Où était passé Saphira ? Une appréhension le prit soudain et le fit s'arrêter: et si tout cela n'était que duperie ?
Si j'ai bien compris quand tu dis "il se précipita derrière cette dernière" il se précipite derrière Saphira non ? Mais du coup ça colle pas avec le "Où est passée Saphira". Après c'est possible que j'ai pas bien compris ^^
Jums

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Jums »

Oui il suit Saphira, mais comme elle le devance en étant partie devant, il la perd de vue !
D'où sa question "Mais où est passée Saphira" alors qu'il marche dans la forêt; il ne l'a plus en vue. Mais j'admets que ce n'est pas clair :D Je vais essayer d'arranger ça.
Baptiste-12

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Re: La vallée de Brom [Eragon]

Message par Baptiste-12 »

La suite !!!
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