Lewis - Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

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NassumiShione

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Lewis - Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

La Guerre de Sécession bat son plein depuis des années, chiffrant les victimes par dizaines de milliers. Dans l'ombre s'affrontent les armées grecques et romaines, héros anonymes au service respectivement des armées du Nord et du Sud.
Appartenant aux rangs de la Nouvelle Rome, un demi-dieu fait depuis des mois frémir les guerriers de la Colonie des Sang-Mêlés. Surnommé le Chat Noir, sa présence au plus proche de leurs troupes apporte malheurs et morts...


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La Guerre de Sécession battait son plein depuis des années déjà. Nord et Sud étaient déchirés, Grecs et Romains se livraient une bataille silencieuse dans l’ombre des mortels. On ne pouvait compter sur les Divins, mis à mal par la confrontation directe entre leurs enfants des deux civilisations. Les quelques uns épargnés par la folie de leur schizophrénie restaient voilés derrière le lourd rideau imposé par les autres supérieurs. Lewis priait coutumièrement Hécate, bien qu’elle ne fut la bienvenue dans les croyances romaines qui rejetaient la Magie.
La tendance allait aux Sudistes, appuyés sans qu’ils n’en aient conscience par les progénitures des divinités de la Rome antique. Leurs troupes, fort moins nombreuses que celles de l’Union, comblaient leurs difficultés numériques par l’élaboration de stratégie plus poussée, plus ingénieuses, qui faisaient pâlir le front ennemi. Elles décimaient les rangs du Nord, balayant par la faux de la mort leur idéologie nouvelle, tandis que les demi-dieux grecs et romains se dissimulaient dans leurs rangs et assenaient nombre de coups mortels au nom de l’idéologie portée par les couleurs de leurs camps respectifs. Leur exploits anonymes offraient la possibilité aux simples mortels d’attraper au vol l’élan d’une victoire éclatante qu’ils reconnaîtraient des générations plus tard, si tenté qu’ils se rendirent compte de leur extraordinaire chance avant que leurs sauveurs au sang pour moitié divin ne se furent ouvert les veines trop de fois.
En effet, s’ils influençaient le tournant de la guerre sur les champs de batailles connus de tous les hauts officiers, la plupart des demis-dieux – grecs ou romains – tombaient à l’abri des regards indiscrets des mortels, lames contre lames, bronze contre or, lames contre chair dans les combats épiques qu’ils s’offraient, idylliques vermeilles effusions de sang et héroïques boucheries qu’étaient les magnificences des raids, des guets-apens, des embuscades. Les deux armées semi-divines avaient conscience de leur rôle, de leur poids sur la balance du front, mais s’inquiétaient bien plus de celle des troupes adverses. S’en suivaient, de cette façon, des avancées tenues secrètes au plus près des bases des agresseurs, bien loin des frontières des lignes de front des simples soldats, Nordistes contre Sudistes.


Le sang battait aux tempes de Lewis tandis que l’étalon noir sur lequel il était juché frappait agressivement le sol. Les foulées étaient longues, le souffle profond ; c’était comme une infime portion de l’infini qui accueillait son cœur pour décupler ses sensations. La masse d’air brûlante qui lui crachait au visage toute son haleine torride d’humidité s’enroulait agréablement autour de sa silhouette solidement gainée. Il sentait les muscles souples et puissants du coursier roulaient inlassablement sous la robe d’ébène de la bête. La spatha à son côté mesurait la cadence à coups de percussions contre sa cuisse.
Son cœur soulevait les craintes que lui apportaient la présence hostile des combattants grecs, quelque part dans une zone plus rapprochée qu’il n’était désirable. Cela faisait des jours que durait le jeu languissant du chat et de la souris, et le fidèle soldat romain sentait passer chaque heure comme l’étau sadique d’une promesse de mort prochaine. Il remerciait doucement ses parents de lui avoir accordé un court répit, un moment de sommeil avant la reprise de cette insensée fugue qui ne pourrait se solder uniquement par l’issue dont rêvaient tous les Grecs sans distinction depuis trop longtemps déjà. En dépit de ces fugaces quelques instants de repos, il avait la conviction que cela ne serait suffisant pour rejoindre les siens. Sa monture fatiguait, et lui-même n’était en capacité de s’échapper autrement que part la terre – ses ennemis l’avaient cerné d’une bien habile manière, il se promettait de s’en remémorer à l’instant de sa mort.
L’atmosphère se faisait de plus en plus pesante, la dense masse nuageuse qui dansait au-dessus de Lewis et abaissait la hauteur du ciel ne l’encourageait point à continuer à s’engager sur cette voie. L’épuisement l’aveuglait comme il ne put prévoir l’embuscade dans laquelle il se jetait ; le ciel s’ouvrait de crépitements quand il s’éjecta mécaniquement de sa selle. Bien lui en prit, puisqu’un instant plus tard sa monture hurlait à l’agonie, un long pieux de bronze ordinaire planté dans le flanc.
Le fier destrier à la robe de jais s’étala de tout son long sur le sol sec du Nord. Sa blessure était largement ouverte, et le métal continuait de ronger sa chair. Son cavalier s’était rapproché, ne craignant d’être blessé par l’animal dont la douleur éveillait la fureur ; la menace d’être écrasé sous la masse du cheval pesait sur Lewis qui tentait – en vain – de calmer cette bête qui l’avait maintes fois tiré d’affaire ces derniers temps. Tandis que s’amplifiait les grondements venus du ciel, la respiration du Romain se calait inconsciemment sur celle emballée de l’animal mourant. Pour se donner contenance, il tira lentement un couteau de sa ceinture alors qu’il prononçait ces mots à l’intention de ses ravisseurs :
« Vous avez commis une grossière erreur en portant pareil coup à cette bête, leur dit-il d’une voix grave qui ne trahissait rien. Elle aurait pu vous être utile, de part sa docilité et son endurance. C’est fort dommage. »
Il soupira, prit une grande inspiration, donna le coup final à son cheval. Celui-ci se figea en instant, puis, comme si la mort avait pris son temps pour déposséder la bête de ses moyens, ses membres retombèrent tous au sol, inertes. Seul la chaleur qui s’échappait encore de son corps témoignait qu’un jour elle avait vécu sans qu’une lame meurtrière lui enfonça et broya le cœur.
« Quelle ironie, Chat. Toi – qui as causé la mort de dizaine des nôtres – aujourd’hui nous donnes conseils et leçons.
– N’est-ce pas ? » souffla le cavalier romain pour lui-même, en réponse à cet humour noir qui l’amusait.
– Dis-moi, Chat, quel est ton nom ? Qui est ton parent divin ? Je suis soucieux de connaître l’identité des adversaires qui m’auront donné du retord.
– M’imagines-tu naïf, fils de Poséidon ? Je t’en prie, cesse de croire que tu peux gagner du temps pour ton ami le fils du dieu du ciel. »
L’instant suivant la fin de ce bref échange, Lewis était déjà passé par-dessus le cheval gisant à terre, la lame de sa spatha révélant son éclat de mort tandis qu’il fonçait sur le fils de Zeus qui mit un moment à comprendre que l’arme allait fuser vers sa gorge dans le prochain laps de temps. Il put cependant compter sur l’assistance musclée de son camarade qui s’interposa entre les deux demi-dieux juste à temps pour dévier la trajectoire certaine de l’épée de cavalerie. Lewis joua un court moment du poignet contre le xiphos de l’autre, avant de faire le judicieux choix de s’effacer en un instant, creusant en écart idéal entre lui-même et le camp adverse en un battement de cils.
Il relevait son épée vers les soldats grecs quand son bras s’échauffa d’un coup, et le formidable manifeste de son instinct lui évita de se voir électrifier par l’éclair qui se décrocha soudainement de la voûte nuageuse. Son répit fut de courte durée ; le fils de Zeus se jetait déjà sur lui. L’habitude fit jouer son poids sur ses jambes, pourtant, au moment de s’élancer, Lewis sentit une tension briser sa garde. En désespoir de cause, il faucha net le bras artificiel constitué d’eau qui le retenait par la cheville, et gagna son pari comme il parvint à se dégager à temps avant d’être exécuté. Malheureusement, dans sa précipitation, il omit de songer à la position occupée par le fils de la divinité grecque de la mer ; si la stupéfaction l’avait fait relâcher la pression qu’il exerçait sur l’eau encerclant la demi-jambe du Romain, il n’avait pas pour autant commis l’erreur de ne point l’attendre de pied ferme.
Lewis ne dut sa survit qu’à l’imparable tranchant de son épée dont le fil entailla significativement le bronze céleste du xiphos ennemi. Ainsi, il assura le replis stratégique des deux Grecs qui lui permit de souffler au-delà des apparences. Sous son masque de cire, il étudia ses deux opposants et leur greffa mentalement toutes les informations dont il disposait en l’état actuel des choses. Il réussit à reconnaître, en dépit de la fatigue qui l’accablait, le dirigeant de la Colonie des Sang-Mêlés, un certain David, fils de Zeus, et son second, Jefferson, fils de Poséidon. Ces deux-là avaient juré que plus tôt il mourrait, mieux se porterait le camp grec, et par extension l’Union. Et pour cause, Lewis avait jusque-là été la pire plaie que ces leaders eurent à gérer, espion de nuit comme de jour, volant les renseignements avec la même aisance qu’il se mouvait et échappait aux commandos dépêchés pour éradiquer la saleté qu’il était. C’était sous le couvert de la Brume, avec l’agilité et la discrétion d’un félin qu’il avait observé et capté tous leurs secrets, peu importaient les précautions, puis gagné son surnom de Chat Noir, celui qui portait le malheur.
Les regards des deux valeureux combattants grecs glissèrent bientôt sur la spatha de leur adversaire. Le visage du fils de Poséidon se délesta de sa couleur devant son aspect, et ses yeux s’obstinèrent un moment à fixer la profonde entaille dans la lame de sa propre épée que le dernier échange avait fantastiquement émoussée. Lewis resta de marbre le temps que l’autre reprit ses esprits, profitant de la présence réconfortante de sa prodigieuse arme dans sa main décuplant sa fraîche aura autour de lui. La douce sensation d’être momentanément épargné des vautours de la fatigue lui lava l’esprit, éclaircit sa pensée. Armé comme il l’était, songea-t-il, il pouvait au moins prétendre au rôle important qu’était celui de blesser profondément au moins l’un des deux meneurs du camp adverse, si ce n’était d’en emporter un dans la tombe.
Par un magnifique effort de volonté, il imposa ses limites de tranchant à son épée. Cela lui porterait sûrement contraintes et préjudices, mais il s’assurait de ne pas mourir foudroyé par le poison de son arme lors d’une percée prochaine. Aussi dangereuse la spatha était-elle pour ses adversaires, il n’existait pas pour autant une absence de dangers pour son porteur.
Lorsque le fils de Zeus se décida à charger, Lewis l’attendait de pied ferme. Sa riposte fut agressive, presque acerbe tellement il sembla déranger l’autre par son jeu de jambe et l’inclinaison changeante du fil de son épée. Il n’hésitait nullement à frapper du tranchant plutôt que du plat, à dégager l’arme de l’autre d’une ruade, de sa main libre ou du coude. S’il conservait un écart, la danse frénétique de leurs lames n’en était que plus brutale, mais s’il décrochait un instant de l’échange, passait la garde de l’autre, il suffisait d’un instant pour que l’autre reprît ses esprits et l’empêcha de lui porter le coup fatal. Il jouait alors de la garde et du pommeau, en résultait de nombreux points de douleur bourgeonnant sur le corps du Grec.
Le fils de Poséidon revint à lui, et décrocha un cinglant coup au Romain qui vacilla en arrière, sous le choc de sentir son bras meurtri. Lewis ne renonça pourtant à son assaut, et chargea, toute lame dehors, le nouveau venu sur le champ de bataille, il esquiva au dernier instant le tranchant de bronze céleste, pivota, asséna un premier coup dans le vide. Trois enjambées suffirent ensuite à rattraper la progéniture de Zeus qui dévia habilement le coup qui lui aurait ouvert l’épaule. Ce dernier était déterminé à supprimer son adversaire ; le tonnerre gronda tandis que s’abattit la foudre.
Tout le contenu d’une salle d’armes était braqué sur ce qu’il devait rester de l’espion romain. Le fils de Poséidon tentait de ne pas se laisser surprendre une fois de plus, si bien qu’il avait convoqué une quantité incroyable de pieux et lances gelés. Cependant, la vision de ce guerrier se tenant là où il n’aurait dû subsister seulement des cendres, le bras levé, l’épée narguant les cieux, lui fit perdre toute contenance. Comment était-il possible de survivre à pareille assaut divin ? Par quel sortilège cet enfoiré avait-il pu dissiper ce concentré de pouvoir ? Ses yeux se reportèrent à la spatha du Romain ; rien n’était ordinaire en cette arme, imaginer qu’elle eût pu pourfendre une force telle que la foudre la faisait bête-noire de tous les éléments de cette terre. Aussi relâcha-t-il sa puissance de feu qui fusa à toute vitesse sur l’autre.
Lewis avait le bras lourd d’avoir intercepté la foudre, pourtant sa confiance n’était envolée quand il brisa le premier pieu. Deux autres lui transpercèrent la jambes au même instant. Il faucha des armes de glace, s’effaça à la trajectoire de certaines, fut brûlé par quelques unes. Il se voyait prit dans un noyau ardent, fruit de la rage qu’éprouvait le fils de Poséidon à son égard. Cela lui convenait parfaitement puisqu’il n’avait ainsi nul besoin de détourner l’attention de son adversaire qui – sans s’en apercevoir – oubliait déjà ses faits et gestes.
Le cri d’avertissement de son compagnon vint trop tard ; déjà Lewis était sur lui, et sa spatha s’abattait, impitoyable, sur sa poitrine. Le guerrier romain sentit céder, les unes après les autres, chacune des côtes de la cage thoracique du second du camp grec. Tour à tour, elles agonisaient en un concert de brisures, promettant à quelque génération future de charognard de lui ouvrir son trésor, le cœur déchiré qu’elles avaient jadis tant protégé, et qui aujourd’hui saignait avidement. Les tissus et la chair se fondaient les uns dans les autres, entre la coupe nette des os, et quelques matières visqueuses glissaient peu à peu vers l’intérieur du corps dans le but de reconstituer l’espace ouvert par la déchirure des poumons dans lesquelles elles s’infiltraient abondamment. Quelques spasmes agitaient encore le corps délaissé par l’âme du fils de Poséidon qui s’en allait au Styx, donnant le libre arbitre à l’entièreté du sang vermeille de se répandre autour de ce corps qui serait – dans un futur proche – décharné, démantibulé, vidé par quelconque animal si une patrouille grecque ne tombait pas d’effroi sur la macabre scène d’un cadavre au torse déchiré en sa diagonale d’où bourgeonnaient organes cuisant à la chaleur d’un impassible soleil.
D’un coup d’œil, Lewis avisa l’état du bras droit du leader du camp grec. Ses yeux exorbités d’où s’échappait un léger filé de sang fixaient le froid du vide ; nulle lumière ne pénétrait à présent la cornée du malheureux qui n’avait pas eut le temps de souffrir tellement le coup avait été parfaitement exécuté. Son cœur avait explosé et se décomposait déjà dans une jungle d’artères et veines arrachés, de nerfs déconnectés, de muscles mis en lambeaux, de chair tannée à vif, de crachas ardents, le tout dans une uniformité aux couleurs de la violence et de l’urgence, l’écarlate du sang dispersant les derniers éclats de vie pour mieux les noyer dans ces ténèbres qui sauraient lentement les étouffer.
Le fil de l’épée de l’espion se trouvait dorénavant entaché de sang ; l’éclat du diamant qui la composait ne s’en ressentait que plus froid encore dans la lumière du crépuscule. La pénombre déversait la difficilement supportable atmosphère d’entre chien-et-loup qui soulevait ce soir-là les vapeurs métalliques du sang. Les milles et une teinte du joyau éclairait les yeux noirs de jais de Lewis dans lesquels dansait quelque lueur assassine.
« Qui es-tu, Chat ? D’où vient cette épée ? »
Il était probable que seule la dernière question intéressait le fils de Zeus. Aussi, la réponse qui lui fut offerte fut aussi évasive que cela :
« Elle a été taillée dans un diamant des Enfers ; c’est un cadeau légué par la déesse de la Magie, Hécate. »
Lewis tut qu’il s’agissait d’une spatha qui ne pouvait être brisée, avait été longuement enchantée, dont le tranchant réagissait à son volonté. Il n’avait qu’à quérir au plus profond de lui-même la volonté de défaire les plus invulnérables armes pour que la lame s’enfonça en elles comme un couteau dans du beurre.
Le fils de Zeus acquiesça sombrement puis s’élança à la poursuite de la vie du demi-dieu romain. Chacune de ses foulées levait poussières et arcs électriques, invitation significative à une mort aussi violente que la précédente, si ce n’était pire. Lewis écarta un premier danger imminent d’un moulinet dans le vide, dévia la trajectoire d’une volée de flèches décrochées par le ciel, dispersa du fil de sa spatha la lame dissimulée dans une rafale qui lui aurait fauché les membres. L’autre demi-dieu arrivait sur lui dès lors qu’il fit mine de tenter une contre-attaque.
Ses coups furent bien plus ardemment soutenus tandis que la garde de Lewis se désagrégeait peu à peu sous l’effort constant qu’était repousser une telle machine à tuer. Chaque parade lui meurtrissait un peu plus les membres pendant que les coups adverses pleuvait sur sa personne, se délectant du nombre de défauts grandissant dans le maniement du Romain. Le souffle commençait à lui manquer bien qu’il résista aussi vaillamment qu’il le pouvait encore.
Il lui sembla que sa fin était venue quand la lame de l’autre vint se ficher dans son épaule gauche. Une explosion de douleur détonna dans tout son bras qui s’engourdit instantanément ; ses nerfs transformés en poudre à canon s’embrasaient de cette souffrance qui se découvrait toute autre que le simple déséquilibre dans ses jambes. Sa rétine lui semblait de braise incandescente tant les attaques lumineuses lui cinglaient le champ de vision. Le sang gicla à verse de la plaie nouvelle à la sortie de la lame et enduisit son vêtement d’un rouge sombre.
En dépit de son état désormais fiévreux, le Chat Noir continua de farouchement conserver son arme à la main. La soif de sang de la spatha de diamant réclamée d’être étanchée, ce qui redonna la vigueur nécessaire à Lewis à se tenir campé sur ses deux jambes. Il tituba sur sa première avancée, et le coup qui suivit de l’autre combattant manqua de lui être fatal, il demeura pourtant fidèle à son épée.
Le heur qu’il asséna au leader grec fut tel que l’autre en suffoqua de stupeur. Lewis profita de ce moment précis pour s’insérer dans une fissure de la garde prodigieuse de l’autre. Il battit à son tour la lame adverse qui ne l’atteignait plus que part intermittence mais continuait de délivrer nombre d’enfilades sanguinolentes.
L’épée de bronze céleste s’émoussa en quelques minutes à peine de duel acharné. Les dégâts qu’elle offrait se firent peu à peu moindre. La qualité de la spatha dépassait de loin la sienne et avait significativement attaqué la sienne. Un revers de la volonté de l’espion romain la fit définitivement flancher. La coupe dans le métal divin fut nette et décontenança tant le fils de Zeus qu’il n’eut le temps de réaliser que l’arme de diamant revenait déjà exploser son sternum, puis son cœur. Il s’évanouit, le visage à jamais figer en cette expression de surprise fataliste, le corps traîné de sang et de poussière.
Lewis s’éloigna en boitant de la scène de carnage qu’il avait causé, rendu malade par ses actes des minutes passées autant que par son état déplorable qui saurait le noyer dans les prochaines heures. Il s’écrasa sur le même sol poussiéreux que ses ennemis, un peu plus loin cependant. Mécaniquement, il rengaina sa spatha, désireux de ne pas se mutiler par mégarde, puis porta la main à la bourse accrochée à son ceinturon. Si seulement il avait eu la force nécessaire à se déplacer instantanément d’une balise à l’autre, cela ne serait jamais arrivé…
Ses yeux se fermèrent contre sa volonté tandis qu’il tentait de colmater tant bien que mal une de ses plaies de ses mains faibles. La notion du temps lui échappa vite, il n’osait pas vérifier l’état de son corps ou l’avancée de la nuit. Il serait de toute façon mort avant le matin. Ainsi se mit-il sans vraiment s’en rendre compte en transe, dont il ne fut tiré qu’au contact chaud et humide sur son front.
Ses paupières jusque-là collées s’ouvrir difficilement, découvrant un magnifique étalon à la robe palomino. Le Romain se fit violence pour se relever.
« Ça faisait un bon bout de temps, mon vieux. » murmura-t-il d’une voix raillée.
L’autre lui répondit de ses dires mentaux bien acerbes qui tirèrent un sourire à Lewis. Et dire que le garçon lui avait tant de fois fait la morale et lui avait induit un vocabulaire plus soutenu au détriment de celui-ci, d’une richesse d’insultes révoltante.
Le cheval lui permit de le monter pour un moment. L’espion romain n’avait idée d’où aller tellement ses forces l’avaient quitté, il laissa donc Arion le traîner où bon lui semblait. Ce fut ainsi sur les rives d’un discret ruisseau qu’il s’échangèrent leurs au-revoir. Ce fut aussi sur ces mêmes rives que Lewis perdit définitivement connaissance.
Dernière modification par NassumiShione le mer. 28 juin, 2017 11:15 pm, modifié 1 fois.
florae

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par florae »

Merci Truc Muche! dis-moi c'est quand que t poste le suite ;) ;) ??? J'aime trop!!! :D
Zaz90

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

Waaah, c'est génial *-* J'adore comment tu écris et... WOUAH ! Je suis super heureuse que t'aies posté enfin le début de cette histoire, et elle donne envie de découvrir la suite !! Merci !! *^*
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

A florae :

Merci le tyran, ton commentaire est très plaisant, et j'y répondrai de la façon suivante : quand je l'aurai écrite, et quand bien même avant ça, quand j'aurai imaginé tous les éléments relatifs à la partie suivante ^^


A Zaz90 :

Merchiiiii *-* Et contente que ça te plaise *-*
cochyo

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par cochyo »

Eh bien .... tres bon combat.

Bravo !
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

J'ai du mal à comprendre si c'est ironique ou non, il faut bien l'avouer... ^^
En tout cas, si ça te plait, tant mieux ! Je n'aurais pas été tannée par une certaine personne pour rien ^^
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Partie 2 – La Première Vision d’un Condamné


Seule la pleine lune apportait cette nuit-là la luminosité nécessaire à un déplacement. Sous son œil froid et distant, Elizabeth avait lancé son cheval au galop, talonnée de près par Frank. Cela aurait pu être un jeu entre les deux enfants d’Apollon s’ils n’avaient eu plus urgente affaire à régler : il y avait de cela quelques secondes, le sol avait été foulé par une force à peine visible tellement sa vitesse en avait été phénoménale. La jeune guerrière ne pouvait croire à une application manifeste de la physique, son cœur lui dictait que c’étaient les lois de la mythologie antique qui s’appliquaient ce soir.
« Es-tu au moins certaine qu’il s’agit d’Arion ? s’époumona Frank malgré la vitesse.
– Il n’y a qu’un moyen de le savoir ! répliqua-t-elle. On ne pourra être fixés uniquement si l’on retrouve ce qu’il portait sur son dos !
– C’est insensé !
– Ça serait insensé de ne pas vérifier ! »
La terre et les herbes qui avaient été retournées facilitaient la filature, seulement restait à prendre en compter l’endurance des chevaux et prier pour que le cheval mythologique ne se soit rendu à des centaines de lieues de là. Elizabeth redoutait cette issue, d’autant que sa monture ne tarda pas à montrer divers signes de faiblesse. Son propre corps commençait à lâcher, ses muscles trop sollicités ces dernières heures demandaient un moment de répit, et ce n’était pas le gainage d’un galop survolté qui les détendrait.
La piste semblait s’étendre à l’infini devant elle ; Arion devait être passé depuis longtemps par ici puisque la poussière du chemin ne volait plus. Lorsqu’elle s’était engagée à sa suite, la fille d’Apollon n’avait pas réfléchi aux incidences qu’aurait cette chasse. C’était son instinct qui la poussait à refouler chaque instant un peu plus ses limites – qui savait quelles découvertes étonnantes elle pourrait faire si le destin était avec elle ? Ses yeux exercés à la traque avaient su capter la présence d’un fardeau sur le dos d’Arion, elle se devait à présent de vérifier cette information.
Le sentier forestier suivi s’ouvrit enfin merveilleusement sur une clairière où serpentait un doux cresson d’argent. La hauteur des grands pins environnants plongeait son lit de mousse dans une pénombre agréable. L’unité de verdure n’avait été abîmée par le passage d’Arion, ce qui signifiait soit qu’il avait considérablement ralenti son allure, soit n’était jamais passé par ce chemin-là, possibilité que la présence d’une masse sombre dans le fond démentait. A cette vue, Elizabeth mit immédiatement pied-à-terre, prenant néanmoins la précaution de se munir d’un couteau de chasse si danger devait y avoir. Frank avait déjà encoché une flèche, et la corde de son arc était tirée jusqu’à sa joue.
La jeune fille s’approcha avec mille précaution du fardeau abandonné du cheval mythique. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir le corps mourant d’un demi-dieu sur les berges ! Il demeurait immobile tant à son approche que quand elle s’installa à son chevet, son demi-frère sur les talons. L’autre, la bouche entre-ouverte, était totalement inconscient.
« C’est un demi-dieu, chuchota Elizabeth, encore sous le choc. Un Romain.
– Son parent divin ? » Demanda Frank.
Elle remonta la manche de la chemise de l’inconnu ; rien n’était apparent sur son avant-bras, ni signe, ni marque.
« Un descendent d’Hécate, devina le fils d’Apollon. Il y a peu de chance pour que ça ne soit pas cela. Il n’y a pratiquement qu’eux pour réussir à voiler leurs tatouages grâce à la Brume malgré la perte de connaissance.
– Il suffit de vérifier, soupira sa demi-sœur, lasse.
– Es-tu certaine que ce soit une bonne idée ? »
Elle avait déjà commencé à déboutonner le vêtement du demi-dieu romain, prenant garde à ne pas effleurer les nombreuses plaies qui couvraient sa silhouette, quand elle acquiesça silencieusement. Frank lui vint en aide quand il fallu soulever la partie supérieure de son corps.
Le spectacle qui leur fut offert fut aussi horrible que ce qu’ils avaient prédit. Le dos du combattant était rongé de profonds sillons encore sanguinolents pour certains. La peau tannée à vif par le fouet et autres formes de tortures se teintait de reflets rougeâtres et se craquelait par endroits. Cicatrices anciennes et récentes s’entrecroisaient et se chevauchaient, propageant de vieilles infections et renouvelant leur champ d’action. Des muscles avaient fondus sous la pression de ces violences répétées qui s’écrivaient à présent par le sang et le pus qui dégoulinaient le long de la colonne vertébrale du pauvre être qu’on n’avait osé panser. Il n’existait nulle trace de tentative de guérison de la part de l’organisme ou d’une aide extérieure ; nul pansement, nul onguent n’avait été appliqué.
Des morceaux de chair s’étaient vu déplacés dans le processus, dévoilant une représentation partout bosselée et creusée du dos et des épaules qui avaient encaissaient la rage de nobles soldats de la Nouvelle Rome. Elizabeth devinait même sous le couvert de la nuit les nerfs rudement mis à vif ces dernières semaines – voire ces derniers mois, car qui savait combien ce héros avait pu être brutalisé par les siens ? – ainsi que certaines veines déchiquetées par les passages à tabac.
« Ils sont détestables ! hoqueta-t-elle. Oser faire subir cela à un frère d’arme, sous prétexte que la magie n’est pas admise, ce n’est pas humain ! Comment peuvent-ils croire que les descendants d’Hécate sont la source de leurs malheurs ? Quelle genre de naïveté peut bien animer ces gens ?
– Ta compassion n’est d’aucune utilité pour le moment, Elizabeth. Panse rapidement ses plaies les plus profondes et ramenons-le à la Colonie. Chiron a raison : on ne peut qu’améliorer les conditions de vie de ces enfants en les faisant prisonniers de guerre. Tiens, regarde la blessure à son épaule ; elle saigne encore abondamment. »
L’infirmière avisa un instant durant la gourde d’eau-de-vie qui pendait à la selle de son cheval avant de renoncer. C’était une denrée rare ; elle n’avait l’autorisation de l’utiliser à son bon vouloir, surtout si le blessé qu’elle avait devant elle était un ennemi. Ce fut donc à l’eau claire du ruisseau qu’elle lava la plaie qui s’infectait déjà – le pus dégoulinait sur le torse de l’inconnu. Elle cala divers pansements de fortune grâce aux tresses de roseau qui stopperaient – elle l’espérait – les saignements.
Pendant qu’elle finissait de consolider une attelle, Frank délesta l’autre de son équipement. Il soupesa longuement son épée qui – de l’avis du fils d’Apollon – était étonnamment légère, puis tenta de la sortir de son fourreau. Quelle ne fut pas sa surprise quand il se rendit compte qu’il était impossible de dégainer. Pour se donner contenance, il marmonna quelque chose qui ressemblait à cela :
« Un épée de cavalerie… Depuis quand les Romains ont-ils des chevaliers dans leurs rangs ? »
Il découvrit par la suite une bourse où la Brume s’était tant accumulée qu’il était devenu impossible d’y distinguer quoi que ce soit, et les cailloux qui en étaient versés n’avaient plus de couleur propre tellement ils étaient altérés. Frank s’étonna de trouver plusieurs drachmes d’or, la monnaie grecque, à côté de ces pierres. Il fit main basse dessus, puis ramassa le Romain qu’il laissa choir sur le dos de sa monture.
« Rentrons. Nous avons déjà trop tardé. »


« Frank ! Elizabeth ! On ne vous attendait plus ! » s’écria un des soldats qui était de garde cette nuit-là.
Le soleil commençait à percer à l’horizon alors que les deux enfants d’Apollon achevaient leur retour du front. Elizabeth ne sentait plus ses jambes d’avoir chevauché toute la nuit, si bien qu’elle tituba sur plusieurs pas avant de réapprendre à marcher. Elle confia sa monture au premier venu qui lui offrit ses soins, insista pour que son compagnon de voyage conservât le sien au moins jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé Chiron. Ce dernier se reposait encore quand ils le convoquèrent. Elizabeth lut dans son regard qu’il aurait préféré rester dans ses draps un moment encore, bien qu’elle engagea directement la conversation. Elle était éreintée, souhaitait prendre congé le plus tôt possible, cependant la responsabilité d’avoir ramené un ennemi dans le camp lui incombait formidablement.
Il fallut donner dans les moindres détails sur la rencontre avec le Romain au centaure, décrire les circonstances, le lieu, son état. L’être divin congédia Frank, conseilla à Elizabeth de se tenir encore éveillée quelques heures – à son plus grand damne – puis l’entraîna à sa suite. Ils se risquèrent dans une partie du camp dont l’accès avait été résolument réglementé depuis le début de la guerre. Pour y avoir longuement purgé sa peine, la fille d’Apollon connaissait les lieux : c’était ici que l’on entreposait les prisonniers. Les cellules avaient été construites par les enfants d’Héphaïstos de façon à ce qu’ils ne purent ni se voir, ni communiquer de quelque façon que se soit.
Ce fut dans l’une d’elles que Chiron fit descendre le Romain de cheval. Elizabeth le trouvait plus pâle encore que lorsqu’elle l’avait trouvé. Passerait-il la journée ? Rien ne l’affirmait ; nombre de prisonniers de guerre avaient trépassé dans leurs premiers jours au camp.
« Il était fort loin dans nos terres, et je doute que ce soit Arion qui lui ait fait passer la ligne de front, fit-elle remarquer en se penchant au-dessus de lui. Nous aurions fort à faire de lui soutirer les renseignements dont il dispose. Faudrait-il tout de même qu’il ne soit pas trop abîmé pour cela…
– Si Arion l’a bel et bien pris sur son dos, je te conseille de prendre garde à toi, Elizabeth. Ce garçon doit avoir bien des qualités pour qu’il ait accepté de le transporter.
– Il a l’air d’être un habile magicien, commenta-t-elle. Peut-être le meilleur que nous ayons vu jusque-là. Ses propres frères d’arme devaient le craindre…
– Hécate, en dépit de son statut de divinité mineure, est plus puissante qu’il n’y paraît. C’est elle qui principalement régit la vision du monde de tous les êtres-vivants. Elle a, en outre, un pied dans tous les mondes. »
Elizabeth acquiesça évasivement tandis qu’elle allumait un feu à l’extérieur de la cellule.
« A-t-on eu des nouvelles de Daniel et Jefferson durant notre absence ? Ils commençaient leur chasse à l’homme à notre départ…
– Aucune, ce qui est loin d’être étonnant quand on connaît notre ennemi. Le Chat Noir est redoutable et futé, ils ont conscience que le terrain doit leur être favorable s’ils veulent le toucher…
– C’est sûrement l’un des plus grands atouts de la Nouvelle Rome dans cette guerre, et plus que tout notre pire adversaire. Un être qu’on ne peut ni voir, ni entendre, mais qui sait tout de nous… Que pouvait-on souhaiter de plus défavorable ? Sa survie pourrait nous coûter encore bien des vies… C’est l’Amérique entière qui subit sa tyrannie.
– Sa mort n’apportera pas avec certitude la victoire à l’Union, fit remarquer Chiron.
– Mais elle pourrait grandement y contribuer. »
Elizabeth sortit son tison chauffé à blanc des flammes ; il était temps de colmater les plaies. Le corps de l’inconnu se rétracta mécaniquement sur lui-même dès la première sensation de brûlure, malgré son inconscience. Sa fièvre sembla augmenter d’un coup, comme si un acide commençait à lui dévorer veines et muscles. Les râles naissant dans sa gorge se muaient en grognements plaintifs, bien qu’il demeurait docile.
La jeune grecque n’appréciait pas ces méthodes radicales visant à souder les plaies et prévenir l’infection – l’odeur de chair brûlée qui en résultait lui faisait tourner la tête – mais s’en contentait silencieusement. Elle avait appris dans la douleur ce que signifiait soigner, et peu importaient les méthodes employées tant qu’on avait le pouvoir de maintenir en vie une population sans compromettre son avenir. Comme on ne pouvait gagner une guerre sans sacrifices, on ne pouvait sauver des vies sans y mettre du sien ; elle s’en était fait une philosophie, une ligne à suivre.
Une fois pansées, il fallut couvrir les blessures. Elizabeth se félicita d’avoir récupérer quelques vieux chiffons – on manquait cruellement de tout en ces périodes de rationnement. Le Romain resta impassible aux attentions qu’elle lui porta, ce qui ne déplut pas à l’infirmière tant on l’avait déjà complimentée par le passé. Éduquée par des sœurs, elle avait encore du mal à accepter la nature courtisane des hommes, et se révoltait en silence contre les accidentels effleurements dont il était question à répétition dans les baraquements où l’on assignait les convalescents. Elle avait développé une affection pour les tours dans les cellules ; les prisonniers de guerre étaient rendus pudiques par la population grecque, et étaient devenus avares de tous types de contact. Ils n’en restaient pourtant pas moins dangereux, mais la fille d’Apollon se sentait loin d’être démunie, elle saurait faire face si danger il devait y avoir.
Chiron s’apprêtait à s’effacer alors que le soleil était encore rasant, tandis qu’Elizabeth lavait avec précaution la peau tannée du soldat romain. Ses membres détendus jusque-là se crispèrent, et, d’un mouvement unique, ce fut tout son corps qui – sous la pression d’un même sursaut – se redressa. Il explosa en une violente quinte de toux devant le corps tout recroquevillé de la fille du dieu des arts. Quelques perles écarlates roulèrent sur le sol, sur son visage. L’infirmière grecque frissonnait encore de stupeur tandis qu’il retombait choir plus bas en gémissements plaintifs.
S’approchant presque à contre-cœur, elle essuya sa figure qui témoignait de la faiblesse qui l’entraînerait peut-être. La mâchoire du garçon se contracta à la sensation du tissus humide. Ainsi furent ravalés ses râles fiévreux, et ses yeux ouvert. La pureté noire qui s’en dégageait électrifia Elizabeth qui, de ce fait, s’arracha immédiatement au contact. Cependant, en dépit de l’adynamie qui s’abattait sur le prisonnier, Elizabeth sentit toute l’intensité de son regard sur elle tandis qu’elle s’éloignait. Ce fut alors qu’elle entendit la brisure dans sa voix qui n’était qu’un souffle agonisant :
« Ma perte… ? Vraiment… ? »
En cette instant, la fille d’Apollon n’eut su être tout à fait certaine que ces paroles s’adressaient non pas à elle, mais à n’importe laquelle des divinités qui se révoltaient contre elles-mêmes au-dessus de leurs têtes.

_________________________________________
Dernière modification par NassumiShione le mer. 29 mars, 2017 9:32 pm, modifié 2 fois.
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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

Waaah, génial ! :o Vraiment, tu as une plume ciselée, précise, et qui nous porte dans l'histoire... Nul doute que tu si tu deviens écrivain plus tard, tes livres seront appréciés ;)
Une petite faute d'orthographe à corriger, en revanche : On ne vous attendez plus... -> On ne vous attendait plus ;)
Hâte d'avoir la suite !
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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Merchiii ! Ça fait chaud au cœur un si joli commentaire *-* J'aimerais bien x)
Mes dieux ! En fait, je crois que je l'avais remarquée en relisant sur Wattpad au lycée, l'avais corrigée, mais n'avais pas reporté les modifications sur mon document pc et ici. En somme : merchiii ! Je fais ça tout de suite !
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Le Chat Noir de la Guerre de Sécession - Partie 3 - Les Chaînes de la Loyauté [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Partie 3 – Les Chaînes de la Loyauté


La lumière de la soirée était tamisée dans la cellule dont on avait consciencieusement tapissé le sol. Les mains liées dans le dos, Lewis observait d’un œil morne la poussière soulevée par la bise à l’extérieur voletait tranquillement par gracieuses volutes dans son carré d’espace vital. Il se savait prisonnier des Grecs qui n’avaient – pour le moment – nul renseignement sur ses origines ou son identité, bien que cela ne saurait tardé s’ils avaient le coup aussi facile que certains spécialistes de la Nouvelle Rome. Il regretta aussi ironiquement qu’amèrement de ne s’être penché sur ce sujet du temps où il espionnait ces troupes vaillamment disciplinées et fièrement entraînées par deux chefs d’exception dont l’âme avait déjà rejoint le Styx à l’heure qu’il était. Le regret de ne s’être laissé mourir sous le fléau de leurs armes nouait presque le ventre de Lewis qui s’efforçait de faire passer sa loyauté avant la douleur qui lui lacérait le dos et la conscience.
Aucun frisson ne se glissa le long de sa colonne vertébrale quand on s’introduisit dans sa geôle, seule naquit la surprise d’avoir affaire à une femme, ou plutôt une très jeune femme. L’adolescente, lui adressa un salut froid et lointain tandis qu’elle essorait déjà une serviette qui savait témoigner du passage du temps. Lewis prit le parti de rester silencieux ; le regard vide qu’elle lui jeta par-dessus l’épaule ne l’incita pas à engager la conversation.
S’il était resté impassible jusque-là, le Romain se replia sur lui-même puisqu’elle s’agenouilla à un souffle de visage qui s’était peint d’agressivité en la sentant si proche. Il regretta qu’il ne se fut agit d’un homme : il aurait eût moins de remords à lui cacher au visage pour le faire fuir. Discernant sa réticence à être approché, l’inconnue lui décrocha un regard cinglement sévère, et, percevant l’entêtement du garçon, elle l’attrapa soudainement d’une poigne violente, le cogna contre le mur. Assurant sa prise sur la chevelure rendue grasse par le manque de temps à s’accorder à lui-même, elle le maintint ainsi plaqué contre les briques apparentes qui n’étaient pas des plus confortables, se fichant éperdument de la toux qu’avait soulevé le choc auquel il ne s’était préparé.
« Sache que si tu veux t’éviter tortures inutiles, tu ferais mieux de changer de comportement, Romain. Je ne te dis pas cela par plaisir de te voir t’étouffer, mais plutôt par compassion : si tu n’acceptes pas les soins que je me propose de te prodiguer, je peux t’assurer que les jours qu’il te reste à passer en ces lieux ne seront pas des plus agréables. Baisse le regard, réponds sagement, et ne te fais pas remarquer. »
Quand elle défit son emprise sur lui, il eut à peine la force de ne pas basculer dans ses bras tant ses nerfs sonnaient l’alarme sur ses omoplates. Le masque de l’adolescente s’estompa doucement ; une certaine inquiétude perçait dans les entrailles de son regard faussement agacé, et une tendresse mal ravalée faisait remonter ses maternels instincts. Les yeux vitreux de Lewis captèrent la luminosité de sa peau qui chatoyait avec les rayons présents, le blé de sa chevelure noblement relevée. Il reconnaissait ici le portrait craché d’une fille d’Apollon fraîchement déposée sur cette terre par la dernière rosée passée.
La sensation froide du linge trempé sur son front brûlant de sueur soulagea le soldat romain, si bien qu’il la laissa nettoyer son visage où la poussière s’était accumulée. Lui donner son nom ; voilà qu’elle lui parlait d’un octave plus doux. Il se pinça les lèvres. En réponse, elle stoppa ses soins, ses yeux furent autant de pieux de glace qui se figèrent en lui. Il détourna un peu plus le regard ; elle le menaça. Comme il ne réagissait guère, elle posa deux doigts sous sa cage thoracique, appuya. Le corps du malheureux se contracta sous les spasmes de douleur dont elle le faisait victime. Si quelques gémissements franchir ses lèvres, il se garda pourtant de toute réponse. Elle n’en fit de son calvaire que plus inconfortable encore ; sa main manquait presque de plonger un couteau qu’elle remuerait dans la plaie encore sanguinolente héritée de son duel contre les leaders grecs.
« L-Lewis… ! »
Elle relâcha la pression appliquée sur la région souffrante de son torse. La tête légèrement inclinée sur le côté, elle le considéra en silence tandis qu’il retrouvait raidement son souffle.
« Tu le portes mal, déclara-t-elle, avec indifférence. Ton parent divin le plus proche ? »
Elle recommençait déjà à le laver en posant sa question à laquelle il fit entièrement abstraction. Le soupir qui accueillit son silence fut révélateur de son exaspération grandissante, et il grimaçait par avance de la prochaine torture.
« Ça ne me dérange pas de passer aux aveux, articula-t-il avec difficulté. En dépit de toute la loyauté que je porte aux miens, je me reconnais vaincu, et, acceptant par ce fait de m’exposer aux représailles de la Nouvelle Rome, je ne me déroberai point, pour quelque renseignement que se soit concernant ses armées. Je prierai cependant pour qu’on me laisse mon identité, et ignore mes aïeux.
– J’imagine, supposa la jeune Grecque, que nous finirons par le découvrir de nous-mêmes. » Elle jeta un coup d’œil appuyé à son avant-bras. « Quant au reste, je te trouve fort docile pour un prisonnier ayant parié sa vie sur le fil de son épée devant les siens.
– J’ai mes raisons, mes valeurs ; c’est ma vision de la défaite : le perdant donne compensation au vainqueur. Ne tentez rien d’inconscient avec ceci en tête, ou je risquerais de me laisser expirer sous vos coups en ayant tu l’ensemble des renseignements en ma possession. »
S’entama alors un duel silencieux entre Lewis et la belle inconnue. La froide flamme bleue des alchimistes brûlait dans les abîmes de ses yeux tandis que le Romain lui imposait un visage vide de sentiment, des iris sans lumière si lisses que nulle émotion ne put y être inscrite. Elle attendait sûrement qu’il baissa le regard, se délesta de son port de menton légèrement relevé.
« Soit, fit-elle en s’éloignant. Jusqu’à ce que ta marque paraisse, tu seras Lewis, fils de personne. Pour ma part, sache que je suis Elizabeth, fille d’Apollon.
– Vous avez tout mon respect, Elizabeth. » répondit humblement le garçon.
Elle pinçait ses lèvres en rapprochant élégamment ses jupes autour de sa mince silhouette alors qu’il fermait les yeux, s’adossait plus confortablement contre le mur derrière lui. Il n’avait nullement l’intention de s’étendre sur le sol sous les yeux d’un quelconque Grec, infirmier ou non – il en allait de son honneur. Par ailleurs, la présence de cette jeune fille en particulier le mettait mal à l’aise : Hécate lui avait prédit nombre d’ennuis avenirs mettant en cause ses relations futures avec certaines personnalités descendant des formes primitives des divinités.
« C’est impudique de votre part, mademoiselle. » fit remarquer Lewis, la voix tremblante, en sentant les mains de sa geôlière se glisser sur son torse pour en chasser le chemisier.
Terriblement confus, il se fit violence afin d’empêcher ses muscles de se contracter au passage de ses doigts gelés. À travers ses paupières mi-closes, il fixa avec obstination le plafond plongé dans la pénombre. Le tissus roulait sous ses épaules, et elle lui répondait enfin :
« N’oublie pas que ta vie repose entre mes mains, Lewis. Laisse-moi inspecter les blessures de ton dos, et en vitesse. »
La situation dégénérait un peu plus chaque instant, du point de vue du Romain. Le paradoxe qui animait le ridicule de cette scène était tissé d’un si sombre humour qu’il priait presque pour ne pas voir l’aube prochaine. Comment était-il possible qu’une enfant grecque pansât ses blessures alors qu’il était en partie responsable du massacre des siens, tandis qu’on n’avait donné pour tout remède au Camp Jupiter uniquement du sel à appliquer sur les plaies ? N’avait-il pourtant pas œuvré pour la disparition définitive de la Colonie des mois durant ? Dans le cœur de l’ensemble des Grecs, il était le plus haï, le plus maudit, ce qui ne l’empêchait pas de fort mieux être accueilli entre ces murs plutôt qu’au centre des armées soutenant les états confédérés.
Finalement, les dieux n’étaient pas seuls à être victimes de folies…

_____________________________

À peine deux semaines s’étaient écoulées depuis sa capture, quand, un après-midi pluvieux d’août, on vint glaner auprès de Lewis des informations qu’il ne pouvait avoir tant il s’était dévoué jusqu’ici à se livrer. Les Grecs étaient conscients de son incapacité à prendre contact avec l’extérieur et de la source asséchée qu’il était – Lewis s’en était rendu compte avec aisance – pourtant Elizabeth avait pris le parti d’accepter une entrevue entre le prisonnier de guerre et une personnalité reconnue du camp.
La stupeur frappa l’ancien espion alors que Chiron se présentait à lui. Derrière lui, la fille d’Apollon réprimait en silence sa gratitude aux dieux. L’état du champs avait-il évolué ? Certainement les armées du Nord avaient-elles remporté un combat décisif pour que les traits continuellement tirées de la jeune personne se relâchèrent un moment durant.
« Je voudrais lui parler seul-à-seul, je te prie, Elizabeth. »
Un air résigné – et légèrement indigné – se peignit sur le visage de la concernée ; elle ne fit, malgré la demande de l’être mythologique, pas mine de s’éloigner, et entra à sa suite dans la cellule. L’expression du centaure témoigna de la sympathie qu’il éprouvait à son égard. Elle se fit plus froide en s’adressant au Romain. Ce dernier choisit pourtant de répondre à l’interrogatoire prochain avec le profond respect que tout héros se devait d’adresser à ce formateur de génie.
« Quelles sont tes réelles motivations, Lewis, fils de personne ?
– Qu’entendez-vous par là ? Je ne suis pas certain de saisir. »
Le garçon fronça les sourcils, contrarié. Il avait conscience par delà ses mots de la volonté de Chiron de le faire parler sur cet unique sujet qu’il s’était défendu d’évoquer, soit lui-même. Aussi, sa voix se brisa un éclat glacé par l’éternité de sa résignation quand il rétorqua, acerbe, au regard insistant du centaure.
« J’ai d’ores et déjà juré sur le Styx à jamais taire mes raisons, messire Chiron. Vous ne l’ignorez nullement, et vous n’êtes guère en position d’affirmer le contraire. Sachez que je n’ai jamais eu qu’une parole, messire, sur laquelle je parie chaque instant de ma misérable existence, la même qui m’a amené à pourrir dans ce cachot, à la merci des ennemis de ceux que j’ai épaulé de mon mieux. Vous dévoiler mon nom était déjà tout particulièrement révoltant à mon âme, si bien que je ne vous laisserai nullement le loisir d’en apprendre plus que ce que vous ne savez déjà sur quelque point que ce soit.
– Je crains que tu n’aies point le choix, Lewis, fit remarquer l’entraîneur de héros.
– Vraiment ? » Il arqua nonchalamment un sourcil, désireux de ne paraître ébranlé de quelque façon que ce soit aux paroles de son interlocuteur. « C’est donc ce que vous croyez ? Ne soyez pas si sûr de vous, messire Chiron, j’ai beau être enchaîné et à votre merci, il subsiste encore quelques moyens de pression que je pourrais utiliser pour faire plier votre détermination à ne pas me laisser cultiver mon jardin secret.
– Tu l’as toi-même dit, tu es mains liées. Comment comptes-tu mettre tes menaces à exécution ? Cherchais-tu à nous moquer ? »
Le sourire qui s’étira sur le visage de Lewis n’eut rien d’accueillant ; intimant sombrement silence et insoumission, il suffit pour qu’Elizabeth – qui s’était installée dans son dos et entretenait jusque-là, sans intervenir, ses poignets dont la chair avait été mise à feu par les frottements involontaires des fers sur la peau – leva la tête avec un regain d’intérêt. Déjà le prisonnier en faisait son otage en la plaquant violemment entre sa colonne vertébrale et le mur. Il sentit le choc jusque dans ses chevilles, et la jeune fille derrière lui eut le souffle coupé suite à son action dernière. L’entreprise du Romain se joua à l’instant où elle reprit ses esprits : s’il n’était capable de régresser la tentative d’évasion de l’infirmière, son pari l’amènerait à une perte certaine de toute crédibilité auprès de la population grecque.
La réplique de l’enfant d’Apollon à cette agression fut plus musclée que ce à quoi s’attendait l’espion ; il se félicita part ailleurs d’avoir eu l’ingénieuse idée de piéger les mains – et tous les muscles jusqu’aux épaules – de la jeune personne entre ses propres chaînes tant elle se montra combative à refouler le poids qui s’abattait sur son petit être sans défense. Elizabeth se montrait plus maline encore qu’elle ne le paraissait à se défendre, prouvant qu’il aurait été mal venu de la sous-estimer sous réserve qu’elle était une femme. Elle ne cessa de se débattre quand Lewis enfonça les os de ses épaules au-dessus de la clavicule pour avoir meilleure prise et l’épingler plus efficacement au mur.
« C’est assez ! »
Le Romain se dégagea en ouvrant galamment le passage à la belle enfant qu’il tenait sous sa tutelle l’instant qui précédait. Rouge de colère – ou bien était-ce de honte ? – elle tenait une lame découverte qu’il n’avait pris soin de repérer braquée sur sa gorge. Il nota le rythme effréné auquel se soulevait sa poitrine, les tremblements qui s’agitaient sous sa peau, ses lèvres doucereusement pincées… Il l’avait surprise, peut-être encore plus que Chiron, et savait dorénavant qu’elle ne saurait user des talents ancestraux pour le combat des demi-dieux. Cette petite expérience avait à présent le goût du jeu dans la bouche de Lewis, ce qui ne laissa pas son ancienne captive indifférente.
« Je n’aurai aucune raison de vous faire de mal, mademoiselle, si les vôtres respectent les accords que je leur ai imposé avant mes interrogatoires. Vous avez ma parole. Messire Chiron, ajouta-t-il à l’intention du centaure, la décision quant à la sécurité de votre protégée repose entre vos mains. Préférez-vous tenter de me soutirer quelques informations inutiles au péril de la vie de vos infirmier, ou choisissez-vous la voie de la raison en délaissant celles-ci qui ne sont convoitées uniquement par recherche de victoire personnelles ?
– As-tu simplement conscience, mon garçon, que le jeu dans lequel tu cherches à nous précipiter pourrait te coûter la vie ? La personne à l’ego et à l’audace trop ambitieux ici ne se trouve pas dans les rangs grecs, mais est plutôt abritée dans ton enveloppe charnelle.
– Je connais mes limites, messire Chiron, sans quoi je ne me serais jamais engagé sur un terrain miné comme celui-ci. Je suis un habitué de la torture, et j’ai vécu sous la menace permanente de la mort depuis – et même avant – le début de cette guerre. Pensez-vous vraiment que j’ai quelque chose à ici perdre ?
– Ta fierté, proposa la fille d’Apollon d’une voix glaciale.
– On n’a pas de fierté, mademoiselle Elizabeth, dit-il d’une voix détachée, quand on vit sous le joug des personnes que l’on se doit de défendre, et qui nous martyrisent en retour. Mais plus que cela, on n’a pas de fierté quand notre existence propre est effacée. »
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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

NassumiShione a écrit :Merchiii ! Ça fait chaud au cœur un si joli commentaire *-* J'aimerais bien x)
Mes dieux ! En fait, je crois que je l'avais remarquée en relisant sur Wattpad au lycée, l'avais corrigée, mais n'avais pas reporté les modifications sur mon document pc et ici. En somme : merchiii ! Je fais ça tout de suite !
De rien! Contente d'avoir été utile :)
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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

Coucou ! je commente à la suite, après avoir lu la partie 3 ;)
Alors... franchement, c'est toujours aussi super :D Juste, je ne comprends pas très bien : Lewis et le Chat Noir, ce sont une seule et même personne, ou ce sont deux personnes distinctes? O_O
Hâte de lire la suite :p
Jeanny
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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Zaz90 a écrit :Coucou ! je commente à la suite, après avoir lu la partie 3 ;)
Alors... franchement, c'est toujours aussi super :D Juste, je ne comprends pas très bien : Lewis et le Chat Noir, ce sont une seule et même personne, ou ce sont deux personnes distinctes? O_O
Hâte de lire la suite :p
Jeanny
Pour commencer... Merchii ! (Je crois que je vais dire ça à chaque fois, vraiment ^^)
Lewis et le Chat Noir sont bel et bien la même personne, c'est juste un choix de ne pas l'avoir évoqué dans cette partie. La focalisation est interne, du point de vue de Lewis qui a conscience qu'il ne peut laisser entrevoir sa véritable identité, ce qui reporte le rapprochement.
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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

NassumiShione a écrit :
Zaz90 a écrit :Coucou ! je commente à la suite, après avoir lu la partie 3 ;)
Alors... franchement, c'est toujours aussi super :D Juste, je ne comprends pas très bien : Lewis et le Chat Noir, ce sont une seule et même personne, ou ce sont deux personnes distinctes? O_O
Hâte de lire la suite :p
Jeanny
Pour commencer... Merchii ! (Je crois que je vais dire ça à chaque fois, vraiment ^^)
Lewis et le Chat Noir sont bel et bien la même personne, c'est juste un choix de ne pas l'avoir évoqué dans cette partie. La focalisation est interne, du point de vue de Lewis qui a conscience qu'il ne peut laisser entrevoir sa véritable identité, ce qui reporte le rapprochement.
De rieeen ;3 Et tu sais, c'est pas grave si tu dis "merchiii" à chaque fois, j'aime bien :D
D'accord, c'est bien ce que je me disais (je suis très perspicace, semblerait-il)... Il a un peu une double personnalité, d'une certaine manière?
Et, désolée, mais moi, cette histoire de Chat Noir, ça me fait penser à Miraculous Ladybug x)
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Zaz90 a écrit :
NassumiShione a écrit :
Zaz90 a écrit :Coucou ! je commente à la suite, après avoir lu la partie 3 ;)
Alors... franchement, c'est toujours aussi super :D Juste, je ne comprends pas très bien : Lewis et le Chat Noir, ce sont une seule et même personne, ou ce sont deux personnes distinctes? O_O
Hâte de lire la suite :p
Jeanny
Pour commencer... Merchii ! (Je crois que je vais dire ça à chaque fois, vraiment ^^)
Lewis et le Chat Noir sont bel et bien la même personne, c'est juste un choix de ne pas l'avoir évoqué dans cette partie. La focalisation est interne, du point de vue de Lewis qui a conscience qu'il ne peut laisser entrevoir sa véritable identité, ce qui reporte le rapprochement.
De rieeen ;3 Et tu sais, c'est pas grave si tu dis "merchiii" à chaque fois, j'aime bien :D
D'accord, c'est bien ce que je me disais (je suis très perspicace, semblerait-il)... Il a un peu une double personnalité, d'une certaine manière?
Et, désolée, mais moi, cette histoire de Chat Noir, ça me fait penser à Miraculous Ladybug x)

Bon, bah je te remercierai à chaque fois x)
(Très perspicace, même x) ) Non, pas tellement... Disons plutôt qu'il se détache plutôt facilement de son identité et donne l'impression d'endosser des rôles. Il a une personnalité très limpide, et un instinct de survie très développé ; je le voyais plutôt comme ça. Mais si ça te fait plaisir, d'une "certaine" manière, il a une double personnalité.
Je vois vaguement ce que c'est... C'est un gosse le "Chat Noir", non ? Un dans le genre bien simplet et naïf ?
Zaz90

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

Bon, bah je te remercierai à chaque fois x)
(Très perspicace, même x) ) Non, pas tellement... Disons plutôt qu'il se détache plutôt facilement de son identité et donne l'impression d'endosser des rôles. Il a une personnalité très limpide, et un instinct de survie très développé ; je le voyais plutôt comme ça. Mais si ça te fait plaisir, d'une "certaine" manière, il a une double personnalité.
Je vois vaguement ce que c'est... C'est un gosse le "Chat Noir", non ? Un dans le genre bien simplet et naïf ?
C'est un plaisir de d'être remerciée par vous, votre Seigneurie x)
Huhu :D Je vois *^* C'est un personnage très intéressant je trouve ;) Hâte d'en savoir plus sur lui !
Pas vraiment, c'est un super-héros qui mène une double vie x) (en gros)
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Mais ce n'est rien, très chère x)
Oui, bah, euh... Le prochain chapitre, on suit le point de vue d'Elizabeth, donc tu ne risques pas d'apprendre grand chose... Pour compenser, dis-toi que j'ai écrit la moitié du chapitre lundi en perm, et que j'espère garder le rythme jeudi pour publier le soir même ^^
Ah d'accord...
NassumiShione

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Le Chat Noir de la Guerre de Sécession - Partie 4 - Adieux à une Personne d'Exception [Percy Jackson / Héros de l'Olympe

Message par NassumiShione »

Partie 4 : Adieux à une Personne d’Exception


Le temps tournait lentement à l’orage au-dessus du camp grec, tandis qu’Elizabeth se dirigeait vers la dernière cellule qu’elle se devait d’inspecter. Elle allait lentement, le cœur lourd de se sentir si seule depuis des semaines déjà. La victoire des Nordistes sur les Confédérés, à Gettysburg, avait beau galvaniser les troupes de la Colonie, elle ne savait partager cette allégresse envoûtante. De nombreux guerriers grecs étaient encore portés disparus, et ce, après même une semaine depuis l’avènement de la bataille. Le nombre de morts était considérable, bien que nettement moins important que celui de blessés. On comptait par dizaines les convalescents dans le camp, sur une centaine de résidents et survivants.
Refoulant un sentiment de réticence, la fille d’Apollon s’introduisit dans le bâtiment abritant Lewis. Le visage fermé, elle tenta de mettre le plus d’espace possible entre le Romain et elle-même, peu confiante suite à la démonstration de la personnalité belliqueuse et insoumise du garçon. Elle se sentait d’autant plus mal-à-l’aise qu’il ne semblait pas le moins du monde préoccupé par sa présence ; il somnolait tranquillement, patientant calmement en attendant la fin de la guerre – ou, du moins, c’était ce qu’il semblait laisser paraître.
S’approchant en tremblant légèrement, Elizabeth tendit le bras, effleura du bout des doigts la chair tendre et rosée de sa joue. Un frisson superficiel courut sur la peau du prisonnier qui entre-ouvrit un œil, visiblement un peu importuné par la visite quotidienne de l’infirmière qui sentit naître en elle un sentiment répugnant qu’elle balaya d’un hochement de tête. Lewis l’exaspérait, depuis quelques temps, bien plus que tous les soldats en manque d’affection de la Colonie grecque. Tout chez lui résonnait d’une différence marquée, de l’arc sournois de ses sourcils à ses épaules tantôt affaissées, tantôt rejetées en arrière. L’arête effilée de son nez, le brun impeccable de sa chevelure de corbeau, le teint cadavérique et immaculé de sa peau… chaque détail ne coïncidait avec rien qu’elle eût jamais chez un homme. Cependant, outre son physique peu commun et – en soit – peu importun, le fils de personne semblait façonné d’une personnalité aux facettes multiples, régies par un instinct capable d’analysé le plus anodin des événements et d’en tirer une synthèse parfaite et efficace. Sous ses airs de soldat dévoué à sa cause, Lewis se devait sûrement d’être un être magnanime, animé d’une fervente ambition de vivre, au caractère froid et aux sentiments peu compatibles.
Il ne pipa mot tandis qu’elle nettoyait son visage, ni quand elle vérifia l’état de ses poignets. Il grogna doucement au moment où elle fit mine d’ouvrir sa chemise. Elle avait, en cet instant-là, le cœur qui battait à cent à l’heure, horriblement gênée par la situation : son éducation de bonne sœur la rendait particulièrement pudique en présence d’hommes, et la situation actuellement lui donnait l’impression déstabilisante de renier l’être qu’elle s’était construit au fil des années. En jetant un coup d’œil au détenu, Elizabeth se rendit compte qu’il n’en menait pas plus large qu’elle ; le regard fixé au plafond, il attendait, la mâchoire serrée, qu’elle le laissât en paix.
Il nécessita une dizaine de minutes à la jeune fille pour panser entièrement les plaies de ce quasi-inconnu qui s’était révélé une parfaite source de gêne. Déliant enfin ses poignets, elle s’installa gracieusement face à lui, l’invitant silencieusement à attaquer le maigre repas qu’elle avait été autorisée à lui apporter. Comme à son habitude, il hésita un moment, pria discrètement, avant d’enfin se décider à se nourrir. Il resta sage et humble, paisiblement installé dans la pénombre, à même le sol, sous le regard volontairement désintéressé de la fille du dieu des arts.
Le silence régnait dans la cellule quand un appel retentit à l’extérieur. Lewis releva la tête, visiblement surpris par cette agitation nouvelle, puis retourna à son repas, sans plus de questionnements. Elizabeth, quant à elle, après s’être assuré de la passivité de son captif, esquissa quelques pas vers l’extérieur. Patientant sur le seuil de la cellule, le vent caressant sa silhouette, elle regarda s’approcher le soldat qui l’appelait dans le lointain.
« Ne devriez-vous pas, murmura – avec une certaine timidité – Lewis, toujours installé dans son coin, refermer cette geôle dans les plus brefs délais ?
– Si tu ne fais pas de grabuge, je considère qu’il est mérité de te laisser t’aérer. » répondit-elle tranquillement.
Appuyant un instant sur regard sur le jeune homme, elle nota la façon vide qu’il eut de fixer le mur, avant d’acquiescer dans un souffle. L’infirmière sourit discrètement, adoucie par son comportement pudique, ses manies simples.
Frank parvint enfin, à bout de souffle. Jetant un coup d’œil surpris par l’entrebâillement de la porte, derrière Elizabeth, il rendit, incrédule, le salut poli de Lewis, toujours occupé à son repas. Portant un regard confus vers sa demi-sœur, il haussa finalement les épaules comme elle lui assura qu’il n’y avait pas de danger immédiat. Aussi, reprenant des couleurs, le visage du visiteur se ferma tout-à-coup. La voix grave, il lâcha :
« Ils ont retrouvé David et Jefferson. »
Le cœur battant la chamade, la jeune fille ne sut d’abord que répondre. Son souffle s’emballait, soulagé à l’idée que le camp grec eût retrouvé ses leaders. L’espoir que lui insufflait la nouvelle la souleva tant et si bien qu’elle ne nota pas le fait que Lewis, dans le fond, manqua de s’étouffer.
« Où étaient-ils ? Comment vont-ils ? »
Les yeux écarquillés par la joie, la chute lui parut d’autant plus douloureuse qu’elle croisa son reflet dans les yeux de son demi-frère. Frank, dévasté, cherchait ses mots dans le but de ne pas lui offrir la nouvelle de manière trop crue. Il hésitait, semblait déraper, et comme il s’apprêtait à prendre la parole pour annoncer cette fin funeste, elle le coupa d’une voix qu’elle aurait préféré ne jamais entendre dans sa bouche :
« David et Jefferson sont… morts ?
– Suis-moi. On prépare déjà la veillé. »

Elizabeth ne s’attarda dans aucune cellule le lendemain. La vision des linges dans lesquels avaient été enroulés les cadavres des fils des Grands lui donnait encore la nausée, malgré toutes les heures déjà écoulées. Il suffisait qu’elle pensât à l’un d’eux pour que sa gorge se serra et que son corps s’agitât de sanglots incontrôlables. La sensation d’être encore entourée par les sentiments de Jefferson était insoutenable : elle se remémorait inlassablement leur dernière discussion, la pointe déconcertante d’un désir mutuel de s’enlacer à l’instant de leur au-revoir.
« Toutes mes condoléances, dit Lewis quand elle le quitta. J’imagine qu’ils étaient d’honnêtes gens…
– Merci. »
Elle jeta un regard par-dessus son épaule. Les perles noires qui composaient les yeux du Romains brillaient à peine dans la pénombre, si bien qu’elle ne parvenait à les distinguer qu’au prix d’un grand effort. Il hocha la tête, comprenant, visiblement, ce poids indescriptible du deuil, cette douleur intense et déchirante, cette solitude infinie de celui qui reste.
Abandonnant le prisonnier à son compte inlassable des heures, elle songea amèrement au fils de Poséidon qu’elle avait un jour aimé, bien que cela lui parut être dans une autre vie. Son retour vers le centre du camp où la vie foisonnante se mêlait aux relents aigres de la mort lui sembla être un catharsis d’un genre nouveau, comme marquant le début d’un voyage initiatique qui saurait la guider autant que la perdre, suivant le destin dont les Dieux avaient forgé la volonté.
M’attendras-tu ? La question de Jefferson brûlait doucereusement sur son cœur d’enfant.

« Combien de temps es-tu prête à sacrifier, à m’attendre ? Non, non : oublie ça… Dis-moi plutôt : combien de mots es-tu prête à me réserver ? Lesquels ? »
Il avait, en cet instant, l’air irrésistible de ceux qui portaient leur cœur sur les lèvres, le sourcil agréablement arqué, l’éclat dans l’œil charmeur et charmant. Elizabeth frémit, une vague de chaleur lui balayant le visage, tandis que les doigts du second du camp effleuraient pudiquement sa hanche. Gênée, elle esquissa un pas en arrière, puis s’installa sur le banc derrière elle. Les pans colorés de sa robe tournoyèrent adorablement autour de ses jambes, les embrassèrent, et elle garda le même visage tranquille tout en s’asseyant avec grâce. Jefferson, la tête légèrement penchée sur le côté droit, la regarda faire sans piper mot ; la jeune fille sentait sur elle son regard intense et dévorant, celui-là même qui épousa chacune de ses formes, de ses courbes, se nourrit du chatoiement blond de sa peau, nota le petit geste hautain de son menton… Elle avait conscience du sourire satisfait qui dansait sur ses lèvres ; Jefferson ne semblait rien laisser au hasard, bien qu’il resta naturel, muant ses sentiments rebelles en un printemps plus doux.
Elizabeth jaugea le jeune homme se pliant galamment à la révérence, le laissa s’installer à son côté. Elle devait reconnaître que la pression de son épaule contre la sienne était loin d’être déplaisante, mais son visage penché vers elle, le poids significatif de son regard se faisait plus déstabilisant. Elle l’esquiva poliment, lui tirant un petit cri d’indignation ; elle souriait tout bas, amusée. Afin de regagner son intérêt, il posa sa main sur la sienne. Ne se sentant pas chassé, le fils de Poséidon se montra plus intime, glissant ses doigts sur ses phalanges, saisissant les siens d’un étau d’affection particulière.
« Elizabeth… l’apostropha-t-il en chuchotant à son oreille. Elizabeth, répond-moi, s’il-te-plaît. Tu sais que mon cœur n’attend que toi…
– Mon commandant, voyons, rétorqua-t-elle doucement, un air de défi dans l’éclat de ses yeux. Avez-vous songé être en tort en me faisant ainsi la cour ? Que croyez-vous que je puisse vous répondre ?
– Qui se soucie donc de ces règles, Elizabeth ? Tu tentes de t’esquiver, je le vois bien…
– Que direz-vous, si l’on nous surprenait ?
– Qui viendrait nous surprendre ?
– Commandant… le mit-elle en garde.
– Elizabeth. » répliqua-t-il sur le même ton, quoique plus enjôleur.
Jefferson resta assis à son côté un moment encore, le vent dans les cheveux. Ils écoutaient un enfant d’Apollon jouer, dans le lointain, et restaient seuls, à l’écart, savourant leur moment pudique et commun. Elizabeth trouvait la journée trop belle pour partir à la guerre ; le fils de Poséidon s’obstinait à ne pas l’évoquer.
« Combien de temps accepteras-tu de m’attendre ? » demanda-t-il.
Elle secoua lentement la tête, incapable de donner un réponse. Il soupira en retour, puis se lança :
« Disons que je pars pour un petit moment, d’accord ? Je vais revenir, et dans peu de temps – enfin je l’espère. Mais, pendant mon absence, promets-moi de réfléchir à toi, à moi, à nous deux. Je veux une réponse à mon retour, ta réponse. Y songeras-tu ? »
Un appel retentit, marquant l’arrivée de David. Il jugea la scène sans commentaire, et dit simplement :
« Jefferson, fais-moi le plaisir de laisser cette pauvre Elizabeth , puis de m’annoncer sur-le-champ que tu es prêt à prendre le départ…
– Évidemment que je le suis ! »
Se redressant aussi sec, l’enfant de la divinité de la mer récupéra ses armes sous le regard fatigué de son aîné. D’un signe de tête, il adressa ses excuses à la fille d’Apollon de n’avoir empêché le comportement légèrement indécent de son commandant, bien que conscient de la nature sérieuse et droite de la jeune fille. Il s’éloigna, Jefferson sur les talons. Se retournant une dernière fois, ce dernier lui adressa un signe de la main.
« À la revoyure ! »

Elizabeth désespéra longtemps sur le perron de la Grande Maison, dépérissant de sa solitude nouvelle. Elle regrettait ne pas avoir songé plus tôt à ses sentiments pour le second du camp, de l’avoir tant de fois empêché de lui voler un baiser. À présent qu’il n’était plus, le caractère enflammé et sauvage de ces moments passés à son côté lui manquait, et chacune des peurs qui ne s’étaient réalisées en sa compagnie avait perdu de son fondement. Jefferson l’avait tant de fois intimidée…
« Bonsoir, Elizabeth. » salua une jeune femme en s’approchant.
Relevant la tête, la fille d’Apollon reconnut la figure maigre à en mourir d’Anny, l’Oracle. Ses jours étaient comptés, nul n’avait pu ne pas y prêter attention, mais cela semblait ne pas l’entraver au point de ne plus pouvoir se déplacer par ses propres moyens. Elizabeth l’appréciait, autant parce qu’elle se trouvait être une des rares membres de la gente féminine du camp, autant car elle avait une façon de parler, de penser parfaitement réfléchie en dépit de la maladie. Elle comptait, en outre, parmi ses patients.
« Anny, répondit-elle poliment. Tu viens voir Chiron ? Il n’est pas encore rentré…
y – Je ne suis pas pressée par le temps, répondit calmement l’Oracle, haussant les épaules. Un petit casse-tête pour t’occuper l’esprit ? »
La fille d’Apollon soupira longuement, et, comme son amie s’installait face à elle, elle se saisit de l’assemblement de pièces de bois qu’elle commença à faire jouer entre-elles. La structure était complexe, le but du jeu lassant. Elizabeth oubliait de réfléchir à comment déplacer les tiges brunes. Quand, enfin, par miracle, le tout s’emboîta correctement, elle poussa un petit cri de contentement, une flamme ayant ravivé la chandelle de sa fierté.
« Dis-moi, Anny : si ce n’est pas trop indiscret, as-tu eu une vision, dernièrement ?
Y – Non, mais… je suppose… Je suppose qu’on ne serait trop de deux à se concentrer là-dessus. »
Attrapant un bloc note qui traînait là, elle arracha sèchement une page. Le beige du papier dû avoir un effet hypnotique, car, en fermant les yeux, d’un trait, la diseuse de prophétie traça huit vers, un masque de gravité extrême posé sur son visage dont s’échappait des volutes verdâtres.

Héros au pouvoir guidant ta marche solitaire
Que le manteau de la nuit guide, fier,
Sous le joug de la flèche martiale,
Laisse brûler le dilemme aux issues à toutes deux fatales,
D’un cœur à immoler, d’une raison à sauvegarder.
Soit l’unique déterminant du sort de tous convoité,
Noyé entre les amnésies de la haine
Aux racines exhumées de ta peine.


« Elizabeth, quoi qu’il puisse m’arriver par la suite, surtout, ne répète jamais cette prédiction. C’est à l’Oracle qu’est confiée la Grande Prophétie, et, jusqu’à temps qu’on me trouve une remplaçante, tu es autorisée à en avoir connaissance, car je considère que de tous, ici, tu es la mieux placée pour me venir en aide pour résoudre ce puzzle-là.
– L’issue de la guerre en dépendra. »
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession - Annexe : Notes de l'"Auteur" [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Annexe : Notes de l'"Auteur"

Hey ! Voilà déjà environ cinq mois que Lewis existe, et je suis fière d’annoncer qu’au bout de 65 000 caractères, nous en sommes déjà à la moitié de ses péripéties ! Enfin, « péripéties » est un bien grand mot, car, outre se faire jeter en prison, il ne lui est pas arrivé grand-chose à notre héros. Il n’empêche qu’on l’aime quand même, non ?
Brefff… Que va donc devenir cette histoire, si elle est déjà à demi-achevée ? Eh bien, pas grand-chose, à vrai dire. Le rythme de parution restera toujours aussi irrégulier, se fera au fil de mes libertés du moment. Question quantité de texte, on restera sur du trois pages et demie, soit du environ 14 500 caractères, parce que je trouve ça plutôt bien, c’est amplement suffisant pour une histoire en huit parties.
Mais passons à l’annonce plus importante ! Je suis fière d’annoncer que la trame va franchement s’accélérer dès la partie prochaine ! Comme l’alternance des points de vue est d’ores et déjà posée, pas besoin de trop se casser la tête pour comprendre que Lewis prépare un coup d’ampleur ! Mais je n’en dis pas plus, et laisse cela à votre curiosité… Étant donné que l’intrigue est déjà toute claire et tracée dans ma caboche, je m’amuse déjà à faire péter la machine à feux d’artifices ! La partie prochaine, je fais exploser la palette de couleurs !
Zaz90

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

Aaaaaah, c'est formidable, tout ça ! Des rebondissements : je ne peux que plussoyer ! :D Et cette prophétie ne fait que nous mettre encore plus en haleine...;)
Bravoooow, ma p'tite Fanny number two ;)
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Chui pas PETITEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEUX ! x(
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Partie 5 – L’Éclat des Pierres


La soirée était agréablement chaude ; une douce brise portait les odeurs de l’automne jusqu’à Lewis qui faisait mine de dormir. Elizabeth lui jetait, de temps à autres, un regard, comme pour vérifier que sa présence n’importunait pas son sommeil. Aux yeux de l’enfant d’Apollon, les paupières du Chat Noir étaient closes, sa respiration profonde, son esprit délivré, pour un moment, des chaînes qu’il tenait passées aux poignets depuis des mois. Pourtant, il suivait le moindre de ses gestes de ses iris noires, captant la plus infime information qui eût pu lui rapporter que l’infirmière grecque se sentît piégée par la Brume qu’il manipulait aisément autour d’eux.
Il procédait méthodiquement depuis de longues minutes, sans qu’elle ne semblât se rendre compte de la supercherie. Petit bout par petit bout, Lewis modifiait sa perception de la réalité, se frayait un chemin à travers ses sens qu’il contraignait sans compassion. Les impressions, les pensées fugaces de la jeune fille, sa mémoire qui dressait le tableau de la scène actuelle furent autant de paramètres qu’il se devait d’altérer s’il souhaitait parvenir à ses fins.
Elle quitta la cellule sans un mot, et, ayant refermé la porte, se figea un instant, comme perdue, avant de rependre son chemin, sa routine. Dans la pénombre, Lewis se relevait tranquillement : elle n’avait pas verrouillé. Il était parvenu à falsifier ses souvenirs pour qu’elle lui laissa l’opportunité de s’en aller. Il souriait du coin de la lèvre, satisfait. Dans une mesure préventive, il s’autorisa à consommer le repas qu’on lui avait porté, puis déserta en vitesse le cachot dans lequel il avait pourri des mois durant.

Le Bunker 9 se dressait fièrement face à Lewis. Abrité des regards indiscrets par les feuillages des arbres environnant celui dans lequel il s’était perché, il observait la ronde des fils d’Héphaïstos qui lui semblait inchangée depuis sa dernière visite. Le repaire de ces inventeurs de génie avait su attiser l’attention de l’espion, et ce, dès le début de la guerre. Il connaissait chaque recoin des ateliers – mieux peut-être que certains ingénieurs – les têtes, les noms. Il avait plus d’une fois dérober quelque technologie aux Grecs en se faufilant dans ces lieux chargés d’une atmosphère particulière, pesante de par la complexité des travaux qu’on exécutait là, bien que confortable et inquisitrice, de l’avis du Romain.
Les fers à ses poignets chantèrent doucement, annonçant sa descente prochaine ; il n’avait pas encore songé à les retirer. Peu enchanté à l’idée de poursuivre les mains enchaînées, le Chat Noir poussa un long soupir exaspéré, approcha ses canines de l’intérieur de son avant-bras. Les dents déchirèrent, ardentes, sa peau qui s’ouvrit en une multitude de points écarlates. Quelques gouttes de sang roulèrent sur sa peau blême telle la lune. Sous le regard froid du garçon, les billes salées perdirent bientôt de leur élan, se figèrent.
Leur couleur vermeille se fana, tel le pétale brunissant, bascula dans des tons sombres tel le bois d’if. Il semblait que des fleurs de charbon eurent éclos sur les terres arides de sa peau vierge. Une lumière rougeoyante se dégagea, embaumant doucement les fragments qui se consumèrent lentement. De leur cœur se dégageait une intense activité de vie, qu’un voile de jais veiné de lumière dissimulait innocemment. Il nécessita quelques instants encore pour que les anciennes perles de sang se transformassent en gouttelettes d’ambre.
Lewis les recueillit précieusement, et, les ayant placés au niveau des verrous de ses menottes, il se concentra sur le pouvoir qu’elles renfermaient. Ses muscles, ses articulations se crispèrent, et suivirent deux explosions distinctes. Une odeur de chair brûlée s’éleva ; le Romain inspectait déjà ses poignets meurtris par la déflagration soudaine. Les menottes n’avaient su opposer aucune résistance devant cette démonstration, cette maîtrise d’un pouvoir aussi rare que dévastateur, à la puissance parfaitement contrôlée, calculée.
Son pas feutré camouflé par quelques résidus de Brume, il s’engagea à l’intérieur des ateliers brûlant d’activité et de vie. Tranquille, il longea les murs familiers, s’écartant par moment pour esquiver un enfant d’Héphaïstos trop pressé, s’immisça dans ce monde pareil à une machine infernale, aux engrenages complexes et parfaitement agencés. Un écho murmurait à travers lui, une résonance le guidait mécaniquement dans ces ateliers titanesques.
Comme Lewis l’avait prédit, ses biens avaient été déposés dans l’une des réserves reculées du Bunker 9. Une bouffée d’air frais réveilla sa poitrine en sentant, de nouveau, le poids du ceinturon, de la spatha à son côté. Un sentiment papillonnait sur le bout de ses doigts : il se souvenait de la confusion qui l’avait frappé au cours de son dernier combat. Peut-être était-ce l’appréhension de se frotter une nouvelle fois à l’aura de la lame insensible de diamant, ou simplement le regret de s’être abandonné à l’inconscience, quelques temps plus tôt.
Faisant main-basse sur la bourse qu’on lui avait volé, il détalla aussi sec. Le soleil était à présent couché, le voile de la nuit serait son meilleur allié pour, à présent, procéder. Sa foulée, légère, lui donnait l’impression de voler à proximité du vide, le long des rambardes métalliques qui prévenaient des chutes. Il croisa dans sa course le chef des Héphaïstos qui sembla remarquer le sillage de Brume que le Romain abandonnait derrière lui. Il n’en fallut pas plus pour que Lewis abandonna définitivement l’idée de s’attarder en ces lieux.

Le secteur réservé aux prisonniers de guerre de la Colonie des Sang-Mêlés se trouvait être un amas de boîtes métalliques fermées, éparpillées entre les arbres de la forêt qui bordait le camp grec. À l’ombre des arbres, la vie prospérait, apportant des gris d’une vitalité exquise en cette nuit d’octobre. Une pellicule d’argent nimbait chaque feuillage, comme si un joaillier avait ici exercé son art. Les mousses découlaient à foison des troncs noueux, tels des tapis aux milles nuances. La nature environnante enchantait fantastiquement, endormant tout soupçon qu’elle put être une complice de la guerre qui faisait rage et déchirait d’Amérique entière.
S’approchant d’une première cellule, Lewis dégaina l’épée de cavalerie qui battait doucement contre sa cuisse. Le diamant menaça de son éclat blafard la serrure, un instant durant, avant que le Romain leva la lame. Le métal ne saurait résister à une pareille attaque, cela allait de soit. Le coup était sur le point de s’abattre quand Lewis s’écarta brutalement des murs du cachot.
Les sens en alerte, il scruta les ombres qui s’élançaient à perte de vue, autour de lui. La seule lueur de la pleine lune ne suffisait à éclaircir les alentours, et aucune forme de vie ne semblait propice à trahir sa présence. Le jeune homme se savait exposé à un danger, bien qu’il n’en connut la forme ; sûrement cherchait-on à en attenter à ses jours.
La tension électrifiant le futur champ de bataille, Lewis porta la main à sa ceinture. En aveugle, il tira trois pierres de la bourse dont il n’aurait souhaité jamais être séparé. Instinctivement, il aurait pu citer leurs noms ; il ne connaissait que trop bien leur touché. Leur froide présence rappela son cœur à l’ordre, le forçant à retrouver son débit habituel. Il se sentit soudain prêt à combattre, qu’importa l’adversaire qui se tiendrait face à lui.
Un sifflement transcenda, tout d’un coup, la nuit. Trois trois d’argent tracèrent leur volée sur l’ardoise vierge des ténèbres nocturnes ; tels des oiseaux de proie, elles fusèrent sur la poitrine de Lewis qui, d’un instant sur l’autre, ne se tenait déjà plus au même endroit. Les traits se fichèrent dans le sol, en un bruit mat, puis explosèrent, laissant place à une tempête nouvelle, un rosier enflammé, dont les branches et les épines se jetèrent voracement sur le Romain. Ce dernier, reprenant à peine son équilibre, riposta en un battement de cil : une des pierres de sa main gauche volait déjà à la rencontre du cyclone de feu. L’aigue-marine brilla, un bref instant, d’une lueur bleutée particulière, avant de se métamorphoser un en geyser rugissant, puissant comme les lames de la mer qui balaient les côtes. Les éléments fusionnèrent en une explosion de vapeur, opposant mutuellement leurs forces, et celles de leurs utilisateurs, s’annulant l’une, l’autre.
Lewis lança ses deux pierres restantes : les éclats vert de l’émeraude et cyan de l’amazonite éclatèrent sous la lune. Le Romain commanda à son premier joyau d’affiner sa vision, tandis que l’autre faisait se lever de puissantes bourrasques qui chassèrent, en un instant, la vapeur embrumant le terrain, révélant l’archer à l’air hautain qui venait de le prendre pour cible. Les deux adversaires se jaugèrent un moment du regard, puis, si vite que l’espion de la Nouvelle Rome le nota à peine, l’autre banda de nouveau son arc, et relâcha une nouvelle flèche.
Sans autre solution sur l’instant, Lewis se jeta à terre, roula adroitement, se débarrassa du danger du trait d’argent qui s’ouvrait déjà en un tourbillon incandescent. Sans un temps d’hésitation, il fonça sur son opposant, plantant dans le sol, durant sa course, une multitude de cailloux translucides, à tout endroit sur le champ de bataille. L’autre, confiant, esquissa un sourire devant la tentative d’offensive de celui qu’on nommait en ces lieux le Chat Noir. Lewis nota, par expérience, chacun de ses gestes. Aussi, quand l’archer changea de pied d’appui, et s’effaça de sa course, le Romain joua la pierre qu’il avait gardé dans le creux de sa main.
Le diamant décrivit une parabole devant lui, et, en instant, le happa entièrement. Le temps d’un battement de cil plus tard, sa silhouette renaissait d’une pierre jumelle à la précédente. L’assaillant eut à peine le temps de tourner les talons pour faire face à Lewis que ce dernier était déjà sur lui. La spatha de diamant luit dans l’argent des heures nocturnes, puis traça son arc de mort.
Lewis ne s’attendait pas à un choc aussi brutal que celui qui advint. La lame de son épée de cavalerie refusa – ou plutôt, ne se révéla capable – d’entamer l’arme de son adversaire, qui le repoussa sans ménagement. Une vive douleur naquit dans son épaule, lui chauffa le bras droit dans son intégralité. Ayant perdu l’équilibre, il n’attendit pas de retrouver ses repères pour se saisir d’un nouveau diamant afin de se téléporter autre-part. Le souffle court, il plongea la main gauche dans la bourse qui pendait à sa ceinture, et en tira une diopside et une pierre de lune, qu’il présenta aux lumières stellaires. Le second joyau attira, autour de lui, une phénoménale quantité de Brume dont il capta l’énergie, que Lewis s’empressa de convertir dans la pierre verte. L’unique magie de soin qu’il avait à sa disposition appliqua ses effets dans les secondes qui suivirent, laissant cependant le guerrier romain gravement affaibli. Le sort renfermé par la diopside était à double-tranchant, le vidait de son énergie d’un coup, pouvant laisser son corps sans défense sur une période plus ou moins étalée, par la suite.
« Je ne pensais pas croiser une divinité, en ces lieux, monseigneur Cupidon, haleta-t-il pour gagner du temps.
– Je dois bien reconnaître que tu m’impressionnes, fils de Pluton, déclara l’autre, d’un ton glaçant. Peut-être est-ce pour cette raison que ton existence m’exaspère autant ?
– Ne le prenez pas mal, mais un certain nombre de personnes me haïssent déjà, et rêvent de me savoir mort.
– Je n’ai jamais envisagé de te tuer de mes propres mains, rétorqua le fils de Vénus.
– Un sort pire que la mort, n’est-ce pas ? souffla Lewis. Je ne peux vous laisser disposer de moi de la façon dont vous le souhaitez, de toute manière... »
Cupidon banda lentement son arc, comme pour lui faire profiter de cet instant, révélant une facette empreinte de sadisme de sa personnalité.
« Qu’est-ce qui te fait croire que tu es en mesure de t’opposer à ma volonté ? Je suis le dieu de l’Amour, la force dominante, celle qui fait et défait les guerres. Aussi importantes soient tes hérédités, tu n’es pas de taille à esquiver le destin que mes flèches ont tracé pour toi. Je t’ai choisi une partenaire qui promet de déchirer ta vie entre deux pôles opposés. »
Il lâchait la corde à ces mots, tandis que Lewis déployait un sortilège nouveau. De l’onyx et de l’agate, qu’il lança devant lui, jaillirent un bouclier, qui stoppa net la courses des flèches empoisonnées de la divinité. Le guerrier tira, en urgence, une autre pierre de sa ceinture. La puissante décharge électrique qui s’échappa de la citrine qu’il tenait en main fit fondre les traits d’argent, avant même qu’ils ne se transformassent en colonnes de flammes.
« Je te pensais plus affaibli. » remarqua Cupidon, toujours égal à lui-même.
Le fils de Pluton ouvrit la main gauche, découvrant un nouveau joyau.
« Le péridot, pierre de la vitalité. Je ne peux pas user de son pouvoir comme bon me semble, mais il a eu plus que le temps nécessaire pour se recharger, pendant que j’étais retenu captif.
– Tu n’auras pas toujours de telles cartes à abattre, Lewis. » le mit en garde l’autre.
Pour toute réponse, l’espion romain se saisit de nouveaux cailloux précieux, en appela aux enchantements qu’ils renfermaient. De la tourmaline, il obtint la capacité d’être en mesure de renforcer son corps ; grâce au topaze, il améliora sa clarté mentale. Enfin, il se reposa sur l’œil de tigre pour convertir la peur et l’anxiété qui lui nouaient l’estomac – n’affrontait-il pas un dieu ? – en puissance de réflexion, logique et aptitude au combat. Il stabilisa l’accumulation de sortilèges par la bénédiction du quartz fumé, pierre de l’endurance, et celle de la fluorite, pierre de l’équilibre.
Conscient de ses capacités nouvelles, Lewis s’élança à la rencontre de Cupidon, toute lame dehors. Il disparut, tout à coup, pour réapparaître un peu plus loin, et reprit son manège. Le dieu de l’Amour, brandissait son arc dans le vide, tandis que l’ancien captif se téléportait d’un diamant-balise à un autre, misant sur le pari risqué d’ainsi parvenir à blesser le fils de Mars et Vénus. Il fallait qu’il déguerpît pour que le Romain délivrât ses camarades, afin de rentrer à la Nouvelle Rome. Il n’avait pas d’autre choix que de consumer son énergie dans ces tours de passe-passe, puisse ce jeu-là le conduire à la mort. Il avait, d’ores et déjà, accepté le sort qui lui serait réservé, qu’importât l’issue de ce combat, excepté celui d’être maudit par une flèche de charme.
Lewis jeta un rubis dans le dos de la divinité, qui s’embrasa instantanément. Un geyser enflammé leva ses bras vers le ciel, allumant la nuit, menaçant les ailes de Cupidon qui fit volte-face, non pas insensible au danger. Il baissa sa garde quand les liens du lapis lazuli enroulèrent leurs chaînes autour de ses jambes, puis de son buste – paralysant sur le moment ses bras – , et le Chat Noir s’engouffra dans la faille sans plus se poser de question. L’instinct, l’expérience, amenèrent sa spatha à déchirer, dans son intégralité, de l’épaule à la cuisse, la chair du dos exposé. L’ichor, le sang doré des dieux, s’échappa par vagues de la plaie qu’il avait coupée parfaitement nette.
« Blesser de la sorte un être qui t’es, en tout, supérieur… Penses-tu vraiment que ton crime restera impuni ? Les héritiers des divinités grecques ne sont pas seuls à te maudire… Toi qu’on appelle Chat Noir, sache que ton tour est venu de connaître le malheur – un malheur, je l’espère, pire encore que celui que tu as causé, jusqu’ici.
– Mes aïeux ont accepté les actes que j’ai commis. Hécate me protège. Je suis obligé de balayer vos menaces du revers de la main, monseigneur. »
Zaz90

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par Zaz90 »

Le péridot x) #StevenUniverse
(faut que j'arrête avec mes références de dessin animé moi :D)
Sinon.... wow. Poignant. ET ENFIN LEWIS FAIT QUELQUE CHOSE, PARDIEU! B) *sort le champomi*
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Je n'ai pas les références culturelles pour répondre à ça...
Oui, c'est un peu ça... effectivement... (Oublie pas de me garder une coupe ! Moi aussi, je veux des bulles !)
vampiredelivres

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par vampiredelivres »

Hello !

Ça fait un petit moment que je suis cette fanfic en silence, en me demandant si je vais commenter ou non. Mais au bout du compte, il faut bien que je le fasse, ne serait-ce que pour souligner le talent d'écriture que tu possèdes. C'est... Waw. Une plume irréprochable, avec un vocabulaire historique qui s'adapte très bien à l'époque. C'est assez étonnant, parce que dans tes descriptions, tu me fais un peu penser à George R.R. Martin, avec un petit soupçon de je ne sais quoi, une petite touche personnelle, qui rend ton texte vraiment incroyable.
Je pense qu'il y a des gens qui, habitués au style léger et humoristique de Rick Riordan, risquent de trouver tes descriptions et tes tournures de phrase peut-être un peu longuettes, voire lourdes. Personnellement, ça ne me dérange pas, c'est ce qui fait pour moi le charme de ce récit, mais c'est pour que tu saches.
En terme d'équilibre, clairement, rien à redire. Tout est maîtrisé à la perfection, les descriptions, les scènes d'action, les "effets spéciaux" (faut vraiment que j'arrête de me croire au cinéma), les dialogues, les caractères (enfin, surtout pour Chiron, qui est le seul qu'on connaisse), breef, tout, absolument tout.

J'adore Lewis. Inconditionnellement. Il est vraiment fantastique, dans son côté mystérieux, ses aptitudes, sa manière d'agir... Ce qui est impressionnant, en fait, c'est que tu arrives à trouver le juste milieu entre un personnage surpuissant (blesser un dieu, à part Percy, je n'en connais pas beaucoup, de demi-dieux qui y soient parvenus), et particulièrement vulnérable dans certains moments. Et, accessoirement, il a la classe la plus absolue pendant les affrontements, avec son mode « Je suis obligé de balayer vos menaces du revers de la main, monseigneur. » :mrgreen:

Breef. Avalanche de compliments, peut-être, dans ce petit commentaire, mais des compliments mérités, à mon sens, vu le travail énorme qu'il y a derrière l'histoire de ce Chat Noir.
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Hillo, petit personnage tout fraichement arrivé dans la partie « commentaires » de ce forum :)
Tout d'abord (commençons par le commencement...) : merci énormément pour cette « avalanche de compliments » ! Ça m'a fait vraiment chaud au cœur ! Bon, pour être honnête, c'était plutôt mon visage qui était en feu, parce qu'un si joli pavé rassemblant autant de retours positifs, ben... ça m'a mise vraiment mal à l'aise...

Concernant mon style d'écriture :
Eh bien, je suppose que s'il ne t'avait pas plu, tu ne serais pas restée pour en parler - ou du moins, c'est ce que j'aurais sûrement fait à ta place, soit passer mon chemin. Je ne connais pas George R.R. Martin, si bien que je ne peux pas répondre à cette remarque-là, mais la seule chose que je peux affirmer, c'est que j'écris selon un rythme, disons, de façon à ce que si je trouve le passage désagréable, je reprends, je corrige, ou je supprime, puis recommence. Après, il arrive qu'il y ait des passages, des idées, des groupes de mots, des procédés que je veuille absolument caser, mais il reste que je travaille, la grande majorité du temps, au talent.
Je suis parfaitement consciente que ce style lourd et chargé en figures de style - un peu plus littéraire, si on veut - n'a rien à voir avec l'atmosphère que cherche à communiquer Rick Riordan, mais je l'assume entièrement ! Je n'aurai jamais une plume simple et directe, ni un sens de l'humour que je pourrai retranscrire de la sorte. Et pis, je ne me vois vraiment pas essayer de changer, parce que ce rythme, dont je te parlais plus haut, deviendrait dissonant, à mes yeux. De ce fait, je ne cherche pas un style qui plait aux autres, mais qui arrive à m'entraîner moi-même - sinon je n'arriverais pas à écrire, tout simplement.
Ensuite, l'histoire de Lewis est entièrement à part ; presque rien ne la relie aux aventures des personnages de Rick Riordan. Le contexte historique est sombre : on parle de la guerre la plus meurtrière des États-Unis. Et le personnage lui-même n'a pas vraiment ce côté jovial que l'on retrouve chez Percy et co.
Brefff... Un trois mots : contente que ça te plaise :)

Au niveau de cet équilibre scène de description/scène d'action, ça vient naturellement, ça se mêle, ça s'alterne... De toute façon, dès lors que la description prend trop de place, ça se sent, et ça pèse. Du coup, on insère des pensées, des points de vue, des pitites actions sans répercussions...
Les dialogues, c'est plus compliqué. C'est plutôt rare que je me sente à mon aise quand il faut passer par ces moments-là... Mais on s'en commode quand même, je suppose.
J'ai une image très humble, très sage de Chiron. Pour moi, c'est un personnage qui laisse toujours parler son expérience, mais qui ne peut exprimer de sentance étant donné son âge, mais avant tout son appartenance à la mythologie. Je tente, tant bien que mal, de retranscrire une impression de respect qui émane de lui.

Je suis vraiment agréablement surprise de ces retours sur Lewis, et plus particulièrement du fait que tu aies remarqué les deux pôles que j'ai souhaité exploiter. De mon point de vue, un personnage doit être humain, pour qu'on puisse l'apprécier. Partant de là, il ne peut pas être fort à chaque instant. D'où ces deux extrémités qui se complètent, et donne - je l'espère - un résultat intéressant.
Nan, en fait, cette réplique vient plutôt du fait qu'il est bien trop loyal pour accepter de céder, et le « monseigneur » c'est une simple marque de respect, un peu comme il le faisait avec Chiron. Mais, en effet, on peut aussi dire que ça marque son charme naturel x)

Brefff... Merci beaucoup pour ton soutien bien marqué dans ce « petit commentaire » , et, à l'avenir, n'hésite pas à te lancer, si tu souhaites écrire une ou deux remarques ! Je suis ouverte à tout !
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Les dates de parution des dernières parties sont officiellement fixées !

Partie 6 : Mardi 20 Juin
Partie 7 : Vendredi 23 Juin
Partie 8 : Mardi 27 Juin
Partie 9 / Épilogue : Vendredi 30 Juin

Profitez bien de votre mois de Juin !
NassumiShione

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession - Partie 6 [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Partie 6 : Le Joyau d’Ébène de la Nouvelle Rome


« Père ! » s’exclama Elizabeth en ouvrant les yeux sur un champ de néant.
Le dieu des arts, un air fier collé au visage, la laissa s’approcher en souriant, bien qu’une ombre se glissât sur ses traits. Sa fille guetta tout signe de folie, ou de schizophrénie, resta craintivement en retrait. Apollon, égal à lui-même, ne s’offusqua pas le moins du monde de cette réaction, aussi tint-il ce discourt :
« Eh bien ! Ma fille préférée – elle-même ! – serait-elle forcée de, déjà, s’arrêter pour contempler ma beauté, bien qu’elle ne se soit suffisamment approchée ? Ne suis-je pas la divinité de la beauté ? Ah ! ma fille, comme tu as bon goût ! Je suis fier d’être le père d’une si agréable créature !
– Mon père… Permettez-moi de vous couper, mais… ne suis-je pas votre seule fille ?
– Hum… Effectivement… Quoique, peut-être… ? Passons ; tu me donnes mal à la tête !J’ai déjà bien du mal à rester à peu près moi-même… C’est que ces fichus Romains ne cessent de penser à moi dans les pires moments ! Je ne dis pas que je n’aime pas être au centre de toutes les attentions – au contraire – , mais dans le cas présent, c’est plutôt douloureux…
– Ne vous faites pas de mal, mon père. Que me vaut donc l’honneur de votre présence ?
– Ah ! Mais que ces gueux se taisent ! Je veux être grec pour un moment, laissez-moi donc en paix ! Je disais donc… Arrêtez de penser à moi sous ma forme romaine ! Elizabeth... » Il haleta quelques secondes, visiblement en piteux état. « Elizabeth, ma fille, tu dois absolument te rendre là où tu as oublié quelque chose, compris ? Immédiatement. C’est un ordre de ton illustre père. »
La jeune infirmière dévisagea son paternel un moment, incrédule. Quelque chose la dérangeait dans cette vision, sans qu’elle sut vraiment quoi.
« Je m’en remets à votre jugement, mon père. » annonça-t-elle finalement.

Elizabeth se réveilla en sueur. Les bribes de son rêve ayant survécu la guidèrent dans le noir de la chambre, tandis qu’elle s’habillait en silence. Les paroles énigmatiques de son père faisaient travailler son esprit, bien qu’elle eût l’impression de broyer du vide. Tu dois absolument te rendre là où tu as oublié quelque chose. L’ordre n’avait, en réalité, ni queue, ni tête – comment était-il possible qu’elle se souvînt d’une chose qu’elle eût omise ? – , portant la confusion dans son esprit, une gangrène particulière dans son estomac.
Elle s’échappa dans les ténèbres de la nuit, joliment illuminées par l’aura d’argent de la lune. Le disque céleste semblait immense, ce soir-là, comme s’il avait souhaité avaler le monde. La fille d’Apollon se demanda s’il se put agir d’un mirage créer par la Brume, une sorte d’effet n’ayant pas été escompté aux origines de ce puissant sortilège. Sans qu’elle ne s’en rendit vraiment compte, ses pensées se fixèrent sur ces aléas surnaturels qu’elle caressait d’une main mélancolique. Et dire que les simples mortels vivaient prisonniers de leur ignorance jusqu’à leur mort…
Se faisant violence pour retourner à son dilemme du moment, Elizabeth se résolut à penser que la force surnaturelle contrôlée par la déesse Hécate était la source de son amnésie. Supposant que ce qu’elle cherchait ne pouvait être trop éloigné, ni dans l’espace, ni dans le temps – dans le cas contraire, pourquoi Apollon aurait-il souligné l’idée d’urgence ? – , elle tenta de remonter la liste des manipulateurs de magie dont elle avait fait la connaissance. Elle chemina un moment sur les dernières paroles qu’elle avait partagé avec chacun des enfants d’Hécate, qui eussent facilement pu abuser de sa mémoire par quelque enchantement que ce soit. Aucun détail ne lui sauta aux yeux, mais, incapable de se défaire du sentiment qui la poussait, l’infirmière se dirigea, songeuse, vers le secteur des prisonniers.
La forêt était étonnamment calme, tapie dans la torpeur imposée par la nuit. Pour autant, Elizabeth ne se sentait pas en sécurité : les volutes de Brume n’avaient de cesse de s’intensifier, tandis qu’elle approchait. La sensation d’être ainsi embaumée par cette force surnaturelle n’avait rien d’appréciable. Une tension indescriptible s’installait, au fur et à mesure, entre les arbres.
D’un instant sur l’autre, le masque de légèreté et de calme qui voilait les environs tomba. Des séries de lumières traversaient les feuillages, rouges et agressives, suivies d’explosions sonores en tous genres, du long sifflement du vent au cliquetis des armes qui s’entrechoquent. Le tempo des déplacements était rapide, anormalement rapide, celui des attaques, plus dissonant, éparpillé.
Elizabeth émergea, en trombe, des sous-bois. La vision qui s’offrit à elle l’horrifia : son père, le dos en sang, se tenait, arc bandé, face à une silhouette sombre, qu’elle ne parvint pas à identifier immédiatement. En dépit du rythme alarmant auquel battait son cœur, elle se força à rassembler tout le bon sens qui lui restait, en cette situation de crise, et, finalement, reconnut Lewis. Comment avait-il pu bien s’échapper de sa cellule ? Ça, elle n’en avait pas la moindre idée, et s’en préoccupait à peine. Le jeune homme était en mesure de blesser un dieu, ce qui en faisait son problème du moment. Sur l’étrange épée, qu’il gardait fermement en main, ruisselait encore le sang couleur d’or du dieu, témoignant de son fait d’arme.
Elizabeth fixa, interdite, le Romain, qui, mettant à peine le pied à terre, repartait déjà à la charge. La scène était à couper le souffle : il semblait voler au dessus du champ de bataille, apparaissant à son gré à un endroit, pour finalement s’évaporer, comme par magie, et se retrouver plus loin, un instant plus tard. Ses gestes, sa tenue, dégageaient une impression d’imperméabilité complète aux aléas du combat ; sa personne en elle-même criait presque qu’elle avait été conçue, puis éduquée pour la guerre.
Il lança, à un moment donné, un petit objet brillant sous la lune d’une majestueuse couleur citronnée, qui décrivit, par la suite, une parabole audacieuse. Elizabeth clignait à peine des yeux pour mieux suivre sa course que, déjà, la foudre, furieuse, s’abattait autour des combattants. Un éclair paralysa, dans son grand instant de malheur, le bras d’Apollon. L’œil expert de l’ancien prisonnier avait déjà capté la faiblesse, puis calculé le meilleur angle d’attaque. Il s’élança, sans peur, sans hésitation, simplement beau et efficace dans son mouvement.
Sûrement le coup qu’il avait voulu porté à la divinité en gage des arts et de la lumière eût fait mouche, si tenté qu’Elizabeth ne se fut découverte – interposée – à cet instant-là, renversant le champ de bataille.
« Qui t’as donc octroyé le droit d’ainsi lever la main sur mon père ? » s’exclama-t-elle, à demi-consumée par la haine et la peur.
Le regard du Romain s’éclaira, une seconde durant, d’une lueur incrédule, qui passa du paternel à la fille, de la fille au paternel. Il secoua vaguement la tête, comme pour mettre de l’ordre dans ses pensées, et, déjà, sans qu’elle eût le temps de s’y préparer, il était sur elle. Le poing qui la cueillit au creux de l’estomac lui coupa, littéralement, le souffle, l’envoya valser jusqu’à ce qu’elle s’affaissât contre un arbre voisin. Aux prises avec la confusion, elle remarqua à peine le petit caillou, gelé, qui atterrit entre les plis de sa robe.
La fatigue fondit sur elle, tel un oiseau de proie, en dépit de la situation de détresse dans laquelle elle se trouvait terrée. Ses membres, engourdis, répondirent à peine aux appels insensés de sa raison ; ses paupières glissaient sur le combat qui reprenait, toujours animé d’une pareille violence. C’est le Chat Noir, lui souffla Apollon à l’oreille. Celui-là même qui t’a pris l’être que tu aimais.
Un faible déclic eut lieu dans l’être d’Elizabeth. Elle reconnut un sort de torpeur, aussi usa-t-elle de ses propres enchantements pour en contrer l’effet. La kyanite, noyée par le tissu de son vêtement, cessa momentanément d’émettre sa magie dérivée de celle qu’on employait en médecine. Assurée de l’inefficacité de la pierre précieuse, l’infirmière étendit son pouvoir sur le reste de son corps, défaisant la douleur, soulageant les blessures. Lewis l’avait sous-estimée.
Plaquant un masque de cire sur ses traits, elle se saisit de son couteau de bronze céleste. Apollon choisit ce moment-là pour éteindre, définitivement, sa présence. Le combattant romain se relâcha légèrement, se tourna vers elle. La jeune grecque fut frappée par le magnétisme de son regard ; jamais elle n’avait rencontré d’yeux aussi énigmatiques que ceux-ci, animés d’un pareil éclat froid, à la force sauvage, et pourtant si habillement contrôlée.
Le goût de la rancœur sur les lèvres, elle chargea, toute lame dehors, pressée de lui porter le coup d’estoc qui mettrait fin à la menace qu’il représentait. Sa spatha pendant mollement à son côté, il l’écarta d’un simple mouvement de sa main livre. Stupéfaite, elle trébucha, ayant perdu l’équilibre. Son œil craintif se tourna, sans attendre vers lui ; il n’avait pas esquissé le moindre déplacement. L’ébène de son iris la scrutait, patiente et vide, insondable.
Doucement, il plongea la main dans la bourse accrochée à sa ceinture. De là, il tira un nouveau joyau, qui s’illumina brièvement quand il insuffla en lui un peu de son énergie. Tel un aimant, le jade attira jusqu’à lui une dizaine de points brillants. Elizabeth récitait mentalement, sans y croire vraiment, le nom des pierres qu’elle reconnaissait : diamants, rubis, citrines, agates…
« Je vous laisse la chance de vous en tirer vivante, mademoiselle Elizabeth. Partez immédiatement, informez, si cela vous chante, vos camarades de la Colonie des Sang-Mêlés. Cela ne me regarde nullement. »
Il l’observa encore un moment, puis tourna les talons. Profondément blessée par ce manque de considération, la jeune femme se releva, et, une fois de plus, chargea inutilement : Lewis bloqua son mouvement, son corps dans son intégralité.
« Comment… s’étrangla-t-elle. Comment puis-je te laisser partir… de cette manière, qui plus est ? »
Il garda le silence. Elle tenta de s’approcher plus. Haletante, elle voulut lui cracher ses menaces – c’était bien la seule vengeance qu’elle pourrait jamais s’offrir. Ce fut sans compter la douleur cuisante qui lui déchira la poitrine, et la projeta dans les bras du Romain, lequel, instinctivement, la rattrapa avec légèreté. En cet instant, il semblait avoir oublié le veto qui dût, en normales circonstances, les opposer.
Elizabeth l’entrevoyait à peine, entre ses paupières mi-closes. Chaque partie de son corps était mise à rude épreuve, combattait un poison inconnu. Il lui semblait que le sang qui circulait dans ses veines était devenu feu liquide ; sa conscience se fanait, privée de sa capacité de penser mesurément. Elle se raccrochait uniquement à la lueur haineuse flamboyant dans les abîmes du regard de Lewis, dont les traits étaient affreusement tirés par une colère sans nom. L’adolescente ne savait qui se tenait dans son dos, mais il était certain qu’il possédait des antécédents avec le Romain.
« Enflure ! cracha ce dernier à l’attention de l’ennemi qu’Elizabeth n’était en mesure de voir. Ne te voilà pas dieu de l’Amour pour rien ! Sinon toi, quelle divinité serait capable de tant de bassesse pour parvenir à ses fins ?
– L’Amour n’est jamais juste, fils de Pluton. Pourquoi devrais-je jouer franc-jeu, sachant cela ? »
Elizabeth eut vaguement conscience du fait que Lewis tenta de se dégager d’elle, dans les plus brefs délais. Sûrement leur étreinte, leur proximité joua-t-elle en sa défaveur, puisqu’il ne l’avait pas lâchée quand un second trait transperça, de part en part, la poitrine de la jeune fille, et vint se ficher jusque dans son cœur.
Sous le regard affaibli de l’infirmière grecque, son visage se décomposa graduellement. Il chuta, aucune force ne subsistant dans ses jambes, entraînant Elizabeth à sa suite. Cette dernière le regarda se démener pour atteindre la poche renfermant ses pierres, en tirer deux nouvelles. Il cracha une série d’injures à l’égard de son bourreau, appela son être à convertir son énergie restante dans les deux joyaux dont il disposait. L’opale et la tanzanite brillèrent faiblement, sans qu’Elizabeth n’eut l’impression du moindre changement.
« Le poison d’Amour est bien plus puissant que tout ce que tu peux t’imaginer, Lewis. Ce n’est pas avec tes cailloux que tu t’en débarrasseras, aussi talentueux sois-tu. »
La résidente de la Colonie des Sang-Mêlés observa la silhouette de Cupidon s’estomper dans les ténèbres, la gorge sèche. Celui qu’on avait nommé « Chat Noir », à son oreille, s’affaissa sous elle. Le regard fiévreux, il murmura doucement son nom :
« Mademoiselle Elizabeth… souffla-t-il.
– Je suis désolée, Lewis. » répondit-elle, d’une voix involontairement empreinte d’amour.
Il la sonda, surprit, sans comprendre. Ses yeux s’écarquillèrent une seconde plus tard ; son corps entier esquissa un mouvement vers l’avant. Un râle de douleur mourut sur ses lèvres.
Le sang ruisselait, épais et sombre, le long de la lame du coutelas d’Elizabeth, plantée dans l’abdomen du jeune homme.

La terrasse de la Grande Maison se voyait habitée, depuis quelques heures, par les sombres pensées d’Elizabeth. Aux côtés de celle-ci, Anny travaillait calmement, lui adressant, de temps à autres, un message de soutien. La fille d’Apollon savait que l’Oracle s’était rendue, un peu plus tôt, en compagnie de Chiron, dans la cellule de Lewis. Elle n’avait, cependant, idée de ce qu’il avait pu y être raconté.
« J’aurais dû le tuer, tant que j’en avais encore la possibilité, marmonna la fille d’Apollon en ravalant ses sanglots.
– De quoi parles-tu donc ? Fit Anny, interloquée.
– Lewis. J’aurais dû le tuer. Ça aurait été beaucoup plus simple. Pour tout le monde.
– Hum... »
Son amie, bien que songeuse, ne semblait pas convaincue. Elle considéra un moment la question, silencieuse, puis lâcha :
« Je ne crois pas.
– C’est le Chat ! Je n’aurais jamais dû hésiter !
– Et te plonger dans le pire des malheurs pour l’éternité ? Elizabeth ! Use de ta raison, et non de ton cœur, un moment seulement ! Tu es maudite par la magie d’Éros – ou Cupidon, cela importe peu – , cela t’aurait uniquement conduite à la folie, ou au suicide ! Tu vaux mieux que cela ! »
La concernée n’osa répondre ; en face d’elle, Anny prit un ton moins direct et alarmé. Sa voix, douce, chuchota rapidement :
« Je pense qu’il est l’enfant de la prophétie. »
Elizabeth s’étrangla à ces mots, se mit à bégayer quelque phrase sans signification particulière. Lewis – le Chat Noir, le fléau des Grecs – serait donc celui qui porterait la guerre à son avènement ?
« Quand j’ai appris pour l’épisode de cette nuit, je… j’ai immédiatement fait le rapprochement avec le troisième vers… Sous le joug de la flèche martiale… Tu te trouves être, qui plus est, la fille du dieu archer… Tu vois où je veux en venir ?
– Ça n’a rien à voir !
– Cupidon n’avait pas l’air de porter Lewis dans son cœur, je me trompe ? »
Elle secoua lentement la tête.
« Pendant longtemps, reprit Anny, j’ai cru que l’élu était David ; à sa mort, je… j’étais perdue.
– Jefferson est mort, lui aussi… ressassa Elizabeth. Et c’est de la faute de Lewis !
– Nous n’avons aucune preuve !
– Apollon me l’a dit ! Je… pardonnes-moi, Anny, d’être aussi impulsive. Je ne sais plus où j’en suis… Je suis amoureuse du bourreau de celui que j’aimais, et… je n’en sais rien ! » Elle explosa en sanglots. « Tout ce temps – toute cette nuit – , ce n’était pas mon père, mais Cupidon ! Et si… Et si… ? Oh, je ne sais pas…
– Tu as été abusée, c’est normal que tu sois ainsi perdue, la rassura chaudement l’Oracle. Respire un bon coup, ça va aller. Tu es forte, te souviens-tu ? »
Le regard encore vide, la maudite se tourna vers son amie, l’interrogeant d’une voix faible :
« Et si tu me racontais quels indices autres t’ont mise sur cette voie-là ?
– Bien sûr, acquiesça-t-elle. En fait, Lewis a reconnu être un fils de Pluton, et… un arrière-petit-fils d’Hécate.
– Le sang d’un des Trois Grands, en plus de celui de la déesse de la Magie, n’est-ce pas ? C’est… une combinaison dangereuse ; c’est le moins qu’on puisse dire…
– Et pour cause, il est tout de même parvenu à porter plusieurs coups à une divinité, ce n’est pas rien !
– Cupidon a reconnu qu’il était doué… très talentueux…
– Cela semble être justifié. Enfin, je me dis que, peut-être, ce grand pouvoir qu’il détient pourrait avoir, pour conséquence, une profonde solitude, aurait pu lui valoir le rejet de ses camarades de la Nouvelle Rome.
– Il portait des marques de torture, à son arrivée ici, se remémora Elizabeth. Ton hypothèse se tient… et coïncide donc avec le premier vers de la Grande Prophétie. Je suppose que nous n’avons plus qu’à attendre, et à espérer que Lewis ne fasse pas pencher la balance en défaveur de l’Union…
– Tu sais… Je pense que quelqu’un perdra énormément, avant l’avènement de cette guerre. Te souviens-tu qu’il est dit « D’un cœur à immoler » ?
– Où veux-tu en venir, Anny ?
– Ce cœur dont il est question, eh bien… N’est-il pas possible que ce soit toi, Elizabeth ? »

« Que penses-tu de tout cela, Lewis ? Que penses-tu de… » Elizabeth hésita un moment, s’éclaircit la gorge. « Que penses-tu de nous deux ? »
Le jeune homme de la Nouvelle Rome afficha un visage surpris à la question, la première véritable interrogation qu’ils avaient échangée en plusieurs mois. Très vite, cependant, ses traits se dépeignirent de toute forme d’émotion, et le regard qui avait glissé sur elle se concentra de nouveau sur le vide du plafond.
La fille d’Apollon se sentait particulièrement mal à l’aise en sa présence, n’osait lui adressait la parole. La flèche d’argent qui s’était plantée dans son cœur, des mois plus tôt, s’y était fondue, avait libéré son douceâtre poison, qui grignotait, à présent, sa raison, chaque fois qu’elle voyait l’être aimé. Le charme de Cupidon lui rendait Lewis tout à fait irrésistible ; le côté sombre du jeune homme, sa personnalité tissée de mystères, sa singulière beauté, son pouvoir sans pareil… autant d’excuses qui l’appelaient à se blottir dans ses bras, à lui avouer son amour.
« Lewis… ? l’appela-t-elle, la voix tremblante. Je t’en supplie, réponds-moi ! Je n’en peux plus de vivre comme ça, avec… avec se sentiment-là qui grandit au fond de moi ! »
Dans le regard qu’elle lui adressa s’illustrèrent le malheur et la dévastation qui se jouaient d’elle, jour après jour. Finalement, il souffla simplement :
« Vous êtes Grecque, et je suis Romain. Nous ne sommes pas faits pour vivre ensemble ; ça ne marchera jamais. Il n’y a rien à ajouter.
– Tu m’oublieras donc ? » demanda-t-elle, au bord des larmes.
Lewis la considéra des deux orbes de jais de son regard, interdit. Dans le froid soleil de ce début de printemps de 1865, au-dessus du symbole de Pluton, brillèrent les noires lettres incrustées dans son avant-bras.
« Oui. »

_________________________
Notes :
Apollon et Cupidon sont deux divinités différentes (qui ont eu des antécédents, par ailleurs...). En réalité, le dieu des arts n'apparaît pas dans cette partie, mais Cupidon prend son apparence pour se montrer à Elizabeth, et la berner...

Je tenais juste à préciser !
Bonne journée à vous !
Dernière modification par NassumiShione le mar. 27 juin, 2017 2:05 pm, modifié 1 fois.
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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession - Annexe : Notes de l'"Auteur" [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par NassumiShione »

Notes de l’« auteur » :

Eh bien ! Heureusement que j’avais pris soin d’annoncer des parties de 14 500 caractères, parce que là, on en est à 18 808. Nan, en vrai, je ne pensais pas en écrire autant, mais il fallait absolument que tous les éléments tiennent dans ce chapitre, réservé à Elizabeth, histoire de ne pas plomber l’unique plan que j’ai dressé de toute ma vie !
Zaz, on va pas se mentir, il est loin d’être exceptionnel, mon plan… Le voilà dans sa quasi-intégralité (parce qu’il faudrait pas tout te spoiler, ça serait pas drôle pour moi x) ) :

*Partie 1 / Lewis / Combat entre les fils des trois Grands // Seul le Sang Peut Entacher le Diamant
*Partie 2 / Elizabeth / Trouver Lewis // La Première Vision d’un Condamné
*Partie 3 / Lewis / Opposition ferme face à Chiron // Les Chaînes de la Loyauté
*Partie 4 / Elizabeth / Pleurer son amant / Prophétie // Adieux à une Personne d’Exception
*Partie 5 / Lewis / Combat contre Cupidon // L’Éclat des Pierres
*Partie 6 / Elizabeth / Flèche de Cupidon / Ellipse // Le Joyau d’Ébène de la Nouvelle Rome
Partie 7 / Lewis / ?????? / ????

Bon, sinon, j’espère que tu digères bien le fait que ça soit « retour à la case départ » pour Lewis x) Je sais que tu avais habilement noté  : « ET ENFIN LEWIS FAIT QUELQUE CHOSE, PARDIEU! B) *sort le champomi* »… Brefff…

Sinon, on approche bientôt de la fin, ceux qui ont des repères historiques l’auront compris. Indice pour ceux que ça intéresserait, et qui ne l’auraient pas noté : on est début printemps 1865… Et qu’est-ce qui se passe au printemps 1865 ? (florae, à toi la parole, vu que je sais que tu es particulièrement calée en histoire !)

Brefff… Pour fêter cette trèèèèèèèès longue partie, je vous demande – si vous le voulez bien, chers lecteurs, chères lectrices – de me donner un retour sur vos impressions sur Elizabeth. En fait, on la voit un chapitre sur deux, mais jamais personne ne me l’a évoquée… Bon, en même temps, je le conçois : moi aussi, elle m’ennuie, parfois.
Exemple : j’ai bien cru que jamais je ne parviendrais à débuter cette partie-là. Bon, au final, c’est passé comme une lettre à la Poste après qu’elle ait retrouvé Lewis, mais voilà, quoi… (j’aime raconter ma vie ~)

Sujet tout autre : si je créais un tableau répertoriant les pouvoirs des différentes pierres précieuses de Lewis, quelqu’un voudrait-il que je le poste ici ? Voilà, voilà…

Brefff… On se retrouve bientôt ( soit vendredi ), les gens, pour la septième partie de cette FanFiction, qui sera aussi l’avant-avant-dernière (si on compte l’épilogue) !
florae

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Re: Le Chat Noir de la Guerre de Sécession [Percy Jackson / Héros de l'Olympe]

Message par florae »

En fait je viens juste de comprendre ce que tu voulais dire par poster que sir Bn, au debut je pensait que tu posterais la note de l auteur plus tard~_~ fin bref comme tu l as dit je suis très calée en histoire : en printemps 1865 et ben il y avait la guerre de sécession et puis quelque part de l'autre côté de la terre les japonais pic-niquaient sous les cerisiers en fleurs : ) :b
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