Merci à tous pour vos commentaires!
Voici le premier chapitre, j'espère qu'il vous plaira, même si j'ai toujours un peu de mal avec les débuts de récit...
~ Chapitre un ~
Drake ôta ses lunettes noires à peine assis à l’arrière de la limousine.
— Saloperie de soleil, murmura-t-il pour lui même.
— À trop vouloir te prendre pour un être humain, tu finiras par y laisser la vie. Et pour de bon, cette fois.
En entendant la voix profonde teintée d’accent russe qu’il connaissait si bien, Drake leva les yeux vers l’autre bout du véhicule. Demyan se tenait là, affalé sur la banquette en cuir, les jambes tendues devant lui, en train de faire tourner son verre de vodka entre ses mains.
Le visage de Drake se ferma lorsqu’il le reconnut. Il ne manquait vraiment plus que lui.
— Qu’est ce que tu fous ici ? cracha-t-il, visiblement agacé par la présence de cet homme.
— Je viens voir comment se portent mes affaires. Et puis, j’avais envie de changer d’air.
— Et venir polluer le mien ? Trop aimable.
Demyan rit, ce qui arracha un frisson à Drake.
Il détestait ce type. Qui était également son associé soit dit en passant.
— Alors, comment ça se passe au Styx ? J’ai jeté un œil dans les comptes, et ça ne me plait pas beaucoup.
Depuis quand s’intéressait-il aux chiffres ? C’était vraiment une première. S’était-il autant ennuyé ces derniers temps qu’il n’avait rien trouvé de mieux que plonger le nez dans les finances ? Drake en doutait fortement. Non, selon lui, il s’était juste trouvé une excuse – plus ou moins – valable pour réapparaitre et le faire tourner en bourrique. Ce qui semblait être une de ses activités favorites lorsqu’il se trouvait dans les parages.
— On a eu quelques soucis, soupira Drake.
— Et tu comptais m’en parler quand au juste ? gronda Demyan, menaçant.
Mais il en fallait bien plus pour faire flancher Drake. Il y avait bien longtemps que Demyan ne l’impressionnait plus, enfin pas de cette manière-là du moins.
— Honnêtement. Jamais. Je pensais régler le problème moi-même, figure-toi.
— Et tu as brillamment réussi ! Bordel Drake. Tu ne peux pas agir comme bon te semble, répondit-il en levant les mains au ciel.
— Pourquoi pas ? Ce n’est pas comme si tu t’intéressais à cette boite de toute façon.
— Tu te trompes, se contenta-t-il de répliquer.
Drake laissa échapper un petit rire sarcastique, mais cela ne parut pas offusquer son interlocuteur.
— Alors où étais-tu cette dernière année hein ? En train de te souler à la Belvedere avec le clan Askakov ? Passionnant.
— Entre autres. Mais tu dois avouer que Nina est une vraie beauté. Rien que sa présence a rendu mon séjour dans leur palais bien plus… disons, sympathique.
Drake ne pouvait que lui donner raison sur ce point. La fille du clan Askakov était une vraie beauté slave. Un corps aussi blanc que la plus pure des neiges, et des longs cheveux blonds encadrant un visage d’une douceur incroyable. Sans oublier des yeux d’un bleu si clair que l’on pourrait se noyer dedans. Une véritable apparence angélique cachant le plus vil des démons.
— Ce n’est pas mon genre, souffla Drake.
Et pour cause. Il avait beau multiplier les conquêtes féminines, pour le sexe autant que pour le sang, son idéal se trouvait juste devant lui. Des cheveux noirs comme la nuit coiffée en bataille, un corps grand et massif, une mâchoire carrée, Demyan étaient un véritable canon. Mais également un véritable connard. Un vrai gâchis.
— Bon, raconte-moi. Quel est le problème ?
Apparemment, Demyan avait choisi de ne pas s’éterniser sur les raisons de sa longue absence, préférant parer au plus urgent. Tant mieux. Drake n’était vraiment pas d’humeur à supporter les histoires grivoises de son acolyte.
— À ton avis ? Le Cercle, encore et toujours. Ils ne nous lâchent jamais.
Le Cercle désignait en réalité des humains – quoique pas tout à fait – dont le seul but était d’éradiquer toute la population vampirique. Ils étaient partout, dans tous les pays, dans toutes les villes. Ils traquaient les démons sans relâche.
Voyant que Demyan ne répondait pas, attendant la suite, il continua.
— Ils ont mis le feu au Styx qui a subi d’importants dommages, et fait de nombreux morts, autant de notre côté que de celui des humains.
Demyan ne sembla pas réagir à cette nouvelle et se contenta de siroter une gorgée de vodka. Puis il commença à tapoter l’accoudoir en cuir de ses doigts fins.
— Ils deviennent de plus en plus hargneux, soupira-t-il. Ça ne me plait pas trop. Sans compter que chaque jour qui passe me fait perdre du fric, et je n’aime pas ça.
Drake leva les yeux au ciel. Ce type était obnubilé par l’argent.
— Nous sommes en train de le retaper, expliqua-t-il. Et il est actuellement fermé pour travaux. Mais nous ne pouvons plus le garder. Ils réitéreront leurs actes. Et nous ne pouvons absolument pas prendre le risque que les humains découvrent notre existence.
— Les humains sont stupides. Cela n’arrivera jamais.
— Tu me parais bien sûr de toi. Et permets-moi de te détromper. Certains commencent déjà à se poser des questions. Tu le saurais si tu te mêlais au monde au lieu de rester retranché parmi les nôtres.
— Me mêler au commun des mortels ? Et puis quoi encore ? Je n’en vois pas l’intérêt, répondit-il d’un ton condescendant.
Drake secoua la tête, agacé. Demyan semblait vite oublier qu’il en avait lui-même été un, autrefois. L’air supérieur qu’il affichait constamment le rendait dingue et lui donnait envie de lui foutre son poing dans la gueule pour ôter ce petit sourire narquois de son visage parfait.
Constatant que son interlocuteur ne disait rien, Demyan haussa les épaules.
— Très bien, mets-le en vente et dégote-nous un nouveau local.
— Tu crois que j’ai attendu que tu débarques pour m’en occuper ? répondit Drake d’un air agacé. J’ai déjà trouvé un autre lieu, j’étais sur le point de m’y rendre justement.
— Parfait. Il me tarde de voir ce que tu nous as déniché. Et une fois que cela sera fait, on ira s’entrainer. Je me sens légèrement rouillé.
Drake ne put empêcher un petit rire de sortir de sa gorge. S’il y en avait bien un que personne ne pouvait battre, il s’agissait bien de Demyan. Même s’il se retint de le dire à haute voix. Inutile de flatter son égo déjà surdimensionné.
Le reste du trajet se déroula dans un silence total. Chacun semblait perdu dans ses pensées. Toutefois, Drake ne pouvait s’empêcher de jeter des petits coups d’œil furtif à Demyan. Il était vêtu de manière identique à la dernière fois qu’il l’avait vu, et qu’il ne le verrait surement jamais. Des boots noires sur un pantalon de cuir de la même couleur.
Son look état à l’opposé de celui de Drake, qui ne vivait que pour les costumes italiens à plusieurs milliers d’euros. Ce qui provoquait d’ailleurs de nombreuses railleries de la part de son partenaire.
La limousine finit par se garer juste devant la porte de l’entrepôt, afin que les deux hommes ne soient pas indisposés par la lumière du soleil. Drake la supportait toujours assez bien, même s’il ne pouvait pas en profiter longtemps. En revanche, Demyan l’abhorrait. Les rayons lui causaient de brûlures et des démangeaisons qui le rendait dingue. Autant être un vampire de plusieurs centaines d’années pouvait se révéler un avantage, autant cet aspect semblait un véritable inconvénient.
Drake sortit le premier et frappa du poing à la lourde porte en fer. Il n’attendit que quelques secondes avant que le propriétaire des lieux – enfin le futur ex-propriétaire, si tout se déroulait comme prévu – vienne lui ouvrir.
Un immense sourire se dessina sur le visage rubicond de l’homme.
— M. Warnes, je suis heureux de vous recevoir, déclara-t-il d’un ton mielleux qui agaça rapidement Drake.
— Merci. Mon associé a décidé de se joindre à moi à la dernière minute, l’informa-t-il pendant que Demyan s’extirpait de la voiture pour s’engouffrer immédiatement dans l’entrepôt.
— Oh, parfait, enchanté, répondit-il en serrant la main de Demyan. Suivez moi, je vais préparer le contrat.
Les deux vampires emboitèrent le pas au petit homme qui avançait rapidement.
— C’est… poussiéreux, déclara Demyan tandis qu’ils s’immobilisaient au centre de la pièce.
Drake leva les yeux au ciel. À peine vingt minutes qu’il était là et il avait déjà envie de le voir s’en aller. Sa présence le rendait nerveux, et surtout, l’agaçait au plus haut point.
— Arrête de râler. De toute façon, j’ai déjà monté les plans.
— Est-ce que je dois commencer à m’inquiéter ? C’est quand même une partie de mon argent que tu t’apprêtes à investir.
— Arrête de faire ton rabat-joie. Je sais parfaitement ce que je fais, et tu le sais aussi bien que moi.
Demyan ancra son regard bleu dans les yeux couleur d’ambre de Drake. Signe qu’il n’était pas là pour plaisanter.
— Je veux voir ces plans.
Décidément, Demyan ne comptait pas se montrer enthousiaste.
— Ils sont au loft. Je te les ferais voir tout à l’heure, mais de toute façon, d’accord ou pas, je signe. C’est non négociable.
Il allait suivre l’homme qui s’éloignait vers une petite pièce qui servait certainement de bureau lorsque Demyan l’attrapa brutalement par le bras pour l’arrêter.
— Écoute-moi bien, cracha-t-il entre ses dents. Je ne t’autorise pas à prendre des décisions seul. Nous sommes associés je te rappelle.
— C’est ça, rappelle-le-moi. Je te signale que tu ne m’as pas posé la question avant d’utiliser une bonne partie de notre argent pour l’investir dans le groupe LVMH.
— Et tu remarqueras qu’ils nous rapportent un fric fou.
— Oui, mais en grande partie parce que Nina dévalise Vuitton dès qu’elle en a l’occasion et que de ton côté tu te fais un devoir d’écouler les bouteilles de Belvedere. Ils seraient beaucoup moins prospères sans vous deux.
Demyan haussa les épaules, un infime sourire en coin. Il ne pouvait pas le contredire, mais sa réflexion l’amusa tout de même.
— M. Warnes ? s’enquit le petit homme en se rapprochant de deux acolytes. Le contrat est prêt, si vous voulez bien me suivre.
Drake se tourna alors vers Demyan dont le regard détaillait à présent la vaste pièce. Vue comme ça, elle ne payait pas de mine. Des canapés trônaient dans un coin, juste à côté de l’escalier de fer en colimaçon qui permettait d’accéder à une large mezzanine ouverte sur le bas. Mais il savait qu’il ne devait pas se fier à ce qu’il avait sous les yeux. Drake avait beau avoir de nombreux défauts, dont le principal était de lui tenir tête sans arrêt, il avait de l’or au bout des doigts. S’il pensait que cet endroit avait du potentiel, alors il avait raison. Demyan lui faisait confiance et le suivrait sans sourciller, même s’il se gardait bien de le lui dire. Et puis, il n’y avait rien de plus drôle que de le faire sortir de ses gonds.
Demyan prit son air blasé et finit par soupirer :
— Oh, et puis après tout, fais comme tu le sens. J’en m’en fous pas mal.
Drake ricana et suivit l’homme dans un coin de la pièce.
Il parcourut rapidement le contrat avant d’attraper son téléphone dans la poche intérieure de sa veste.
— David, tu peux ramener la mallette.
Il raccrocha aussitôt tandis qu’un immense sourire se dessinait sur le visage de son hôte. S’il avait pu, il se serait frotté les mains de contentement, mais Drake le devinait bien trop poli pour ça.
Moins d’une demi-heure plus tard, lui et Demyan sortirent, délestés d’un bon paquet de fric, mais heureux propriétaires d’un nouvel endroit qui leur rapporterait, il en était certain, bien plus que le montant qu’il venait de céder. Enfin, si le Cercle se montrait assez aimable pour ne pas s’entêter à leur gâcher la vie. Ce dont il doutait fortement.
Chapitre 2
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