Rachid Benzine

Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable. Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses sœurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu'il débarrasse l'appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu. Il en écoute une et entend la voix de son père qui s'adresse à son propre père resté au Maroc. Il y raconte sa vie en France, année après année. Notre narrateur décide alors de partir sur les traces de ce taiseux dont la voix semble comme resurgir du passé. Le nord de la France, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d'Aubervilliers et de Besançon, les maraichages et les camps de harkis en Camargue : le fils entend l'histoire de son père et le sens de ses silences.

[Source : Éditions du Seuil 2023]

Rachid Benzine nous invite dans un récit profondément intime qui explore la complexité des liens familiaux. Le roman commence par une citation de l'écrivain américain Paul Auster, "le silence oblitère tout" ; l'auteur nous plonge au coeur de la relation entre un père et son fils, une relation marquée par les malentendus, les silences, et une distance qui les a séparés pendant deux décennies. Le récit débute avec la nouvelle du décès du père, un événement qui amène le fils à revenir dans le quartier de son enfance à Trappes. Là, il entreprend la tâche de trier les affaires de son père, découvrant une enveloppe épaisse remplie de cassettes audio, enregistrées et adressées à divers membres de la famille au cours des 40 dernières années, en différents endroits de la France. "Les silences des pères" aborde de multiples thèmes, parmi lesquels la question du silence et des non-dits. Il explore comment les individus construisent leur propre identité lorsque des pans entiers de leur histoire, particulièrement ceux liés à leur père, demeurant inexprimés. L'auteur s'attache à "sonder" les différentes raisons derrières ces silences. Pourquoi un homme/père choisit de ne pas raconter sa propre vie à ses enfants ? Est-ce par pudeur afin de ne pas les embarasser ? Ou est-ce lié aux drames, notamment ceux des exilés, que l'on préfère enfouis, comme si le fait de les raconter signifiait transmettre sa propre souffrance ? C'est un roman qui nous emmène dans un voyage émotionnel à travers les méandres des relations familiales, explorant les répercussions des non-dits et des silences sur l'identité et la transmission des histoires familiales. C'est un récit profondément touchant qui nous invite à réfléchir sur la signification de nos silences et de nos mots, et sur la manière dont ils façonnent notre héritage personnel.

"Les silences des pères" se distingue sans aucun doute comme l'un des coups de coeur parmi les livres de la rentrée littéraire de l'année 2023.

Roman.

Une histoire très émouvante.

Amine est pianiste. Son père, qu'il n'a pas vu depuis une vingtaine d'années, vient de mourir. Amine n'était pas très proche de son père et ne le comprenait pas. C'est après son enterrement et après avoir vidé l'appartement avec ses sœurs, qu'il découvre une enveloppe avec des cassettes audio. Il va les écouter : ce sont des cassettes que son père a enregistrées à compter de 1965 pour son père au Maroc. Amine découvre un père qu'il ne connaissait pas. Il se rend compte que son père était un homme très apprécié ; c'est là qu'il va connaître les amis de son père et celle qu'il a aimé avant de connaître sa mère.

A lire absolument.

Un regard d'enfant, très dur mais si réaliste, sur cet exil en Syrie pour Daesh, la guerre, le conditionnement des enfants dès leur plus jeune âge, les trahisons et les exactions de tout ordre. A lire et faire lire.

Belle découverte !!!

C’est un romain épistolaire entre un père et sa fille.

Celle-ci décide de suivre son compagnon qui s’engage avec Daesh, tandis que le père reste en France essayant de raisonner sa fille.

Agréablement surprise de la fin, peu de pages, il est vraiment bien.

Un thème difficile, un personnage attachant, j'ai aimé ce livre qui semble relater la triste vérité. La lecture reste facile et agréable. La fin est inattendue et pourtant juste et logique.

Un concept intéressant qui nous montre deux visions opposées sans qu'elles ne soient forcément motivées par la haine, mais au contraire par l'amour.

Un récit poignant, intense, juste.

Ce roman relativement court aborde plusieurs thématiques: les relations familiales, le silence entre les générations, la transmission; et aussi la condition des immigrés, les souffrances endurées pour assurer à la métropole l'aisance des Trente Glorieuses, la fierté et la souffrance des mineurs.

Très beau témoignage humain.

Avec une plume très poétique, l'auteur nous conte le récit d'une famille intégrant DAESH. L'histoire est d'autant plus émouvante car racontée par Fabien, un enfant contraint de se plier à des règles et de commettre des actes sans en comprendre les raisons.

Récit grave, au combien terrible mais les propos sont nuancés car plus basés sur la description des faits.

L'auteur aurait pu, dû peut-être ? être plus violents dans ses écrits. Je pense que c'est un parti pris mais son récit non édulcoré se veut, il me semble, empreint d'humanité malgré les atrocités vécues par Fabien/ Farid.