Gabrielle Filteau-Chiba

Quitter la ville, tout plaquer pour s’exiler en plein cœur de la nature et tenter de renouer avec les fondamentaux : voilà une thématique qui ne date pas d’hier en matière de littérature. Thoreau et son Walden ont ouvert la voie, une poignée de contemporains, Sylvain Tesson en tête de cortège, ont suivi avec plus ou moins de réussite.

Avec “Encabanée”, Gabrielle-Filteau-Chiba propose sa propre expérience. L’hiver installé, elle file en douce de Montréal pour s’installer dans une cabane au milieu des bois à Saint-Bruno-de-Kamouraska. “Kamouraska” désigne là où l’eau rencontre les roseaux. Sur cette vision poétique, on se dit que ce récit commence très bien, d’autant plus que l’auteure en appelle à une “simplicité volontaire” qui n’est pas sans rappeler son mentor Thoreau.

Mais voilà, sans grande surprise, l’aventure s’avère plus difficile que prévu. Le froid est très froid, il faut déblayer la neige chaque matin, marquer son territoire pour éloigner les bêtes, ramener des buches lourdes pour faire fonctionner le poêle. Malgré une certaine auto-dérision qui prête à sourire, Gabrielle-Filteau-Chiba enfonce autant de portes ouvertes qu’elle empile les clichés tout au long de son récit. L’écriture, prometteuse au début, se révèle empoisonnée par des tournures faciles et convenues. Dès sa blessure à la hache qui lui laisse une balafre à vie, l’auteure se positionne en victime et noie le lecteur dans des complaintes aussi exaspérantes qu’interminables. La rencontre tant attendue et annoncée dans le texte de quatrième de couverture finit de transformer ce récit d’aventures en roman érotico-écologiste potache et aux antipodes du projet de départ. Cette rencontre, complètement fortuite et romanesque, ne semble être qu’un médium maladroit visant à relayer les propres idéaux politiques et activistes de l’auteure. Oui notre monde se meurt, oui il est pollué, oui les ressources naturelles sont surexploitées et nos gouvernements s’en fichent.

Entre son écriture irritante et ses constats de néo bourgeoise, Gabrielle-Filteau-Chiba tombe dans son propre piège et livre une sorte de longue dissertation narcissique dans lequel son sujet se perd. Malgré sa belle ambition, “Encabanée” n’a pas l’étoffe d’un récit d’aventures et son dénouement aussi tiède qu’improbable laisse pantois. Que retenir de ce livre, à part que le hasard fait extrêmement bien les choses ?

Une très belle lecture qui se termine, sombre et lumineuse à la fois 🖤

Un roman profondément inspirant, qui tire sa force de la beauté brute de cette nature sauvage et de ce lien entre cette dernière et les personnages si touchants : Raphaëlle l éco guerrière qui se bat pour ses convictions, Anouk la femme renarde qui tempère sa fougue, Lionel la figure paternelle qui veille sur ce petit monde, et une mention spéciale à la fidèle Coyote et à Gros Pin, véritables personnages à part entière dans cette histoire.

Une intrigue qui porte haut et fort un message écoféministe, puissant et nécessaire.

Une ôde à la nature, aux animaux, à ce monde boréal qui réconcilie le cœur des Hommes à la Terre.

Que j'aime ces romans qui nous transportent dans un autre monde, en portant fièrement les couleurs d un engagement profond et de la si belle région de Kamouraska.

Un vrai coup de coeur 🖤

Pour le Défi Lecture 2023, il me fallait lire un livre dans lequel il y a une expression québécoise. Mon choix s'était arrêté sur Patrick Senécal, sans encore savoir lequel de ses livres je lirai. Mais ce dernier étant aux abonnés absents dans mon réseau de bibliothèques (au nombre de onze quand même), je me suis rabattue sur "Encabanée" de Gabrielle Filteau-Chiba, elle-même québécoise. Ma première surprise a été de constater, lorsque je suis allée le récupérer après réservation, que c'est en fait un très court roman, de tout juste 120 pages. Mais même si j'aime les romans un peu plus consistants, je ne rechigne plus autant qu'avant devant des romans plus petits, étant tombée de temps à autre sur de petites mais jolies pépites.

Et en ce qui concerne les expressions québécoises, là j'ai eu mon compte ! L'autrice étant « une ardente défenseuse de la langue québécoise », ce livre en regorge, au point d'avoir même glissé un glossaire en fin d'ouvrage pour les expressions qui nous paraîtraient quelque peu biscornues. J'ai lu ce livre sans pouvoir m'empêcher d'entendre l'accent québécois tout du long, surtout dans les dialogues. C'était dément.

C'est bien évidemment au Québec que se déroule l'histoire, dans laquelle nous serons aux côtés d'Anouk durant neuf petits jours :

« Lassée de participer au cirque social qu'elle observe quotidiennement à Montréal, Anouk quitte son appartement pour une cabane rustique au Kamouraska, là où naissent les bélugas. Encabanée dans le plus rude des hivers, elle apprend à se détacher de son ancienne vie et renoue avec ses racines. Couper du bois, s'approvisionner en eau, dégager les chemins, les gestes du quotidien deviennent ceux de la survie. Débarrassée du superflu, accompagnée par quelques-uns de ses poètes essentiels et de sa Marie-Jeanne, elle se recentre, sur ses désirs, ses envies et apprivoise cahin-caha la terre des coyotes et les sublimes nuits glacées du Bas-Saint-Laurent. »

Ce qui a arrêté mon choix sur ce livre, c'est le côté nature-writing. En cela, je suis un peu déçue. Si l'on ressent parfaitement l'atmosphère glaciale et enneigée, les paysages en revanche ne sont pas décrits. Je trouve dommage d'avoir été invitée dans un tel environnement sans pouvoir me le représenter autrement que par une cabane au milieu des bois enneigés, sans le moindre petit détail.

Et puis, ça pêche aussi un peu du côté des personnages, ou plutôt du personnage puisqu'il y en a qu'un (deux en fait, mais le second est plutôt insignifiant). Anouk étant seule et isolée, on est essentiellement dans de l'introspection. En cela, elle est plutôt bien maîtrisée, le style net et spontané de l'autrice n'y étant pas pour rien. Seulement voilà, à part nous dire qu'elle a froid, très froid, et qu'elle a besoin d'un amant, elle ne nous révèle pas grand chose de sa personne et de sa personnalité. On sait les raisons qui l'ont poussée à "s'encabaner", mais comment s'y est-elle prise ? Comment cela a-t-il été possible pour commencer ? Comment en est-elle venue à trouver cette cabane ? Que faisait-elle avant ? Pourquoi ce revirement de situation ? Pourquoi à ce moment-là précisément ? Tant de questions auxquelles on n'a pas les réponses. Tant d'éléments manquants ne nous permettant pas de mieux cerner le personnage.

Quant aux sujets évoquant la crise écologique et le féminisme, là encore, ça manque d'approfondissement et d'argumentation. Le message est pourtant clair et peu subtil, mais arrive clairement comme un cheveu sur la soupe, pour repartir aussi sec.

Pour 120 pages, je m'attendais effectivement à ce que ce livre ne réponde pas à toutes mes attentes, mais pas autant je dois dire et c'est pour cela que j'en ressors plus déçue que ravie.

Mais il a tout de même du potentiel. Comme je l'ai déjà dit, on subit parfaitement l'atmosphère hivernale à (très) basse température, avec les bruits et sons de la nature et des animaux au cœur même du silence glacial. Le cheminement intérieur d'Anouk est bien mené, dans le sens où l'on comprend bien son quotidien solitaire et pesant (froid, bois à couper et à rentrer, eau à dégeler et à chauffer, pas de moyens de communication, isolement, vie en autonomie, etc). Le style de l'autrice, aiguisé, franc, aux phrases courtes, n'est pas désagréable.

Je n'ai donc pas passé un mauvais moment. L'ensemble est même plaisant, mais j'en ressors avec un goût d'inachevé. Un peu (beaucoup) plus développé m'aurait sans doute convaincue davantage.

Sauvagines, quel ouvrage.

On est vite happé.e dans la vie de Raphaëlle, cette envie de vivrez avec des valeurs saines et en accord avec ses principes. Raphaëlle nous livre sa vie intime, ses doutes, ses cauchemars (trigger warning, mis en garde paragraphe violent/agression), ses envies de changer le monde, de se battre pour mère nature et ses enfants sauvages, sa vengeance, son sentiment de trahison, cette sensationnelle de peur et d’aimer et d’être aimer.. la mort. Nous découvrons une ermite gardienne de la faune au Canada, avec des principes et des valeurs pour le bien être de tous. Sauf qu’au moment où son bébé, aka Coyote; est piégée par les vices humaines, le début d’une enquête, l’avancement d’une ancienne… Le retour d’Anouk amène un petit souvenir à l’ancienne lecture d’Encabanée où l’on constate l’évolution de son personnage.

La fin laisse place à une simple et belle action : la Nature reprend ses droits (and karma !)

J'ai eu un peu de mal par moment à comprendre certains mots québécois malgré le glossaire, néanmoins la lecture reste fluide.

J'apprécie qu'il y ait des petites illustrations tout le long du livre, ainsi qu'une carte au début pour se situer.

Ce livre nous montre que les chasseurs à la recherche de gloire et surtout les braconniers sont en train de détruire les espèces et les lieux, tuant pour avoir un trophée ou une jolie peau. Les populations animales ne peuvent pas se remettre, les effectifs pour les protéger sont tellement réduits qu'ils ne servent presque à rien, et se font même assassiner pour que la tuerie continue.

Les personnes qui gèrent les quotas laissent faire, voir les augmentent, car cela rapporte de l'argent, alors que le nombre d'animaux s'effondre continuellement...

On se sent désespéré, on a envie d'employer les gros moyens et de tout saccager, les pièges illégaux, les collets, les appâts, mais malheureusement on se trouve dans la même situation que notre héroïne, on ne peut rien faire .

Quand en plus de ça certains braconniers terrorisent les gens des villages, violent les femmes, tuent les animaux de compagnie, et violent la propriété privée de Raphaëlle (entre autre ), c'en est trop.

On a juste envie d'aller lui flanquer une balle dans le crâne, mais c'est un peu illégal.

Alors, avec l'aide de ses amis, notre garde forestiere va devoir trouver un plan pour s'en débarrasser...

https://lessortilegesdesmots.blogspot.com/2023/07/encabanee-de-gabrielle-filteau-chiba.html

Ma libraire a encore frappé. Elle a présenté cette autrice lors du club de lecture. J'ai un peu hésité et j'ai craqué. Je découvre pas mal de livres qui se déroulent exclusivement dans la nature. J'adore ça. Je me suis dit que ce roman devrait correspondre à mes attentes et c'est le cas. Il reste quand même différent de ceux que j'ai lu.

On suit Anouk qui a quitté sa vie de citadine pour vivre dans une cabane sans eau ni électricité ni gaz au fin fond d'une forêt. Le premier point positif est que l'héroïne fait preuve d'autodérision. Elle a fait ce choix de vie difficile et l'assume pleinement. Elle montre les aspects positifs mais aussi les gaffes qu'elle peut faire comme lorsqu'elle coupe le bois.

Le sourire naît à plusieurs moments. L'autrice utilise beaucoup d'expressions québécoises. Ça permet de mettre en avant la personnalité de Anouk. Elle est en recherche d'elle-même, de reconnexion à elle-même et à la nature et surtout de simplicité. Elle fait des remarques subtiles sur des choses de son ancienne vie qui ne lui manquent pas.

Ça me permet de basculer sur les thèmes abordés. On y parle de féminisme de base. Je le précise parce que je trouve que ce mot est utilisé à tort et à travers. Ici, elle montre juste les avantages de sa nouvelle vie : ne plus avoir besoin de faire attention à son apparence par exemple. En fait, c'était évident d'avoir affaire à une femme mais on sentait juste un être humain plus qu'un genre. Ça fait du bien. On revient au base.

Pour le prochain thème, ne vous arrêtez pas au mot généraliste qui va suivre. C'est pareil. C'est tellement vaste : écologie. Anouk montre à quel point ça fait du bien de se couper de toute forme de pollution y compris médiatiques ou technologique. Combien de fois elle montre qu'elle ne ressent pas le besoin de brancher la radio.

En bref, ce roman est fascinant, subtil et drôle. Je vous invite vraiment à lire ce roman sans prise de tête et sans jugement. Bien au contraire. Pour Anouk, son choix est un challenge pour elle-même. Je lirai les autres romans de l'autrice qui sont dans la continuité.

L'autrice aborde un sujet puissant et très actuel. On ressent tous son engagement envers la faune et la flore, la nature et sa préservation.

Je précise en plus que l'argent qu'elle reçoit pour ses livres sert à acheter des terres sauvages pour en faire des espaces protégés.

Une superbe histoire

Sauvagine : ensemble de peaux vendues par les chasseurs dans les marchés.

Le ton du livre est donné.

Raphaëlle est une agent embauchée par le ministère pour contrôler la chasse régulée de la faune dans le Haut Kamouraska,au nord est de Québec. Là elle séjourne dans une roulotte de manière rudimentaire,sans eau,ni électricité.

Elle contrôle,dénonce mais les riches terriens, appâtés par le gain règnent en maîtres,défiant les lois et faisant en sorte qu'ils puissent tuer à leur convenance les animaux de cette forêt boréale,saigner la forêt.

Raphaëlle et le braconnier qu'elle traque puis par lequel elle est traquée se livrent une lutte sourde et sournoise, dans laquelle se confrontent deux visions.Celle de la société d'abondance au profit des puissants capitalistes avec comme exécutant le peuple qui les cautionne. Celle de l'autosuffisance de ces personnes qui vivent dans la forêt en la respectant et en faisant corps avec elle.

Raphaëlle rencontre Anouk qui comme elle fuit cette société moderne et froide et à elles deux sont les sauvagines.

Le Grand Nord,la forêt,la nature,les plantes et les animaux sont décrits somptueusemen et nous connectent à cette nature que l'humanité pille sans scrupules au nom d'un modernisme sans nom.

C'est un vibrant appel à se couler dans la nature,vivre avec elle,la respecter pour mieux vivre et se sauver et aussi à lutter à leurs côtés.

C'est aussi une belle histoire d'amitié et d'amour, simple,sans artifices ni duperies.

Encore un très beau roman de Gabrielle FILTEAU- CHINA. Je vais m'empresser de lire son troisième.

Ce roman, écologique et féministe, nous entraine dans une forêt profonde, au nord est du Canada. Ecrit dans une langue râpeuse, forte et incroyablement inventive, le récit nous propulse dans un monde sauvage, presque primitif, où le quotidien n'a rien de douillet et où les périls sont multitude. Les hommes y sont frustes, les animaux dangereux, la nature impitoyable, mais la liberté omniprésente.

Autant j'ai été emportée par cette dimension hors norme, sur les pas d'une femme écorchée par la vie, autant l'histoire d'amour, au demeurant flamboyante, m'a semblé alourdir le texte au détriment de tout le reste. Ce fut tout de même une belle lecture, instructive et dépaysante dans ce langage coloré et imagé du Québec.

Ce n'est pas un mauvais roman, mais je suis un peu passé à côté. Je m'attendais à une vraie chasse à l'homme, en pleine nature, avec de l'intrigue, des rebondissement et de beaux moments de forêt. Or, il s'agit surtout d'une romance. Les côtés crus et vulgaire n'apportent rien aux romans. Et l'héroïne fume constamment des joints comme si, il n'y avait que ça d'intéressant dans la vie :/